CONDO, FRANCIS (quelquefois appelé François Est, dit Condeau), chef micmac, né vers 1761, fils et petit-fils de chef ; décédé le 24 juillet 1837 dans le Bas-Canada ou au Nouveau-Brunswick.

Francis Condo était troisième chef à la réserve indienne de Restigouche, dans la province de Québec, lorsque le chef Joseph Claude* négocia en 1786 les droits de pêche et les revendications territoriales des siens avec Nicholas Cox*, lieutenant-gouverneur du district de Gaspé. En 1812, sur la recommandation du missionnaire Charles-François Painchaud, il succéda à Jacques (Joseph) Gagnon à titre de grand chef.

Il incombait à Condo de préserver les droits territoriaux des Indiens de Restigouche contre les intrus de race blanche, mission extrêmement complexe en raison d’erreurs d’arpentage. Dans l’ensemble, les titres fonciers de la région étaient si vagues qu’on adopta une loi en 1819 « pour assurer aux habitants du district inférieur de Gaspé la possession et la jouissance de leurs terres ». On nomma alors des commissaires chargés d’examiner les revendications, et ce qu’ils découvrirent dans la région de Restigouche incita Condo à s’élever contre cet état de fait en juillet 1820 : les Indiens ne savaient pas qu’Edward Isaac Mann prétendait encore avoir droit aux terres qui avaient fait l’objet de la négociation de 1786. La protestation, reproduite dans la Gazette de Québec en juin 1823, fut jugée en avril de l’année suivante. Le conseil des terres accorda alors aux Indiens de Restigouche quelque 680 acres situées entre les terres que revendiquait Mann et celles d’un autre Blanc, Robert Ferguson*. À l’occasion d’une visite à Restigouche au cours de l’été de 1826, le gouverneur lord Dalhousie [Ramsay] pria Condo de venir le rencontrer à Québec à l’automne. Ce dernier fit le voyage, mais il n’obtint du gouverneur qu’une déclaration manuscrite qui disait aux Indiens que la décision du conseil constituait « désormais [leur] titre officiel » de propriété et qu’elle était sans appel. Les Indiens n’en continuèrent pas moins à exiger la pleine reconnaissance de leurs droits : en 1838 ils adressèrent une pétition à lord Durham [Lambton] puis en 1841 ils envoyèrent à Londres Joseph Malie, Pierre Basquet* et François Labauve.

Les Micmacs de Restigouche étaient dans une curieuse situation au Bas-Canada. Ils passaient une grande partie de leur temps au Nouveau-Brunswick, où vivaient leurs proches ; leur village, situé justement en bordure de la rivière qui séparait le Bas-Canada du Nouveau-Brunswick, était beaucoup plus une base de chasse et de pêche qu’un lieu de résidence permanent. Le Bas-Canada ne se sentait donc pas envers eux les obligations qui le liaient à d’autres Indiens. Ainsi ils ne recevaient pas de présents annuels, à l’encontre d’autres autochtones du Bas et du Haut-Canada. Cependant, pour marquer la visite de Condo à Québec, Dalhousie ordonna la distribution d’une certaine quantité de cadeaux, mais il prit la peine de souligner que ce geste ne devait pas créer de précédent. Dans une large mesure, les Micmacs de Restigouche relevaient de deux gouvernements, ce qui était loin de simplifier la tâche de leurs chefs.

En 1823, Painchaud, qui était demeuré en relation avec les Indiens même après avoir quitté la réserve, avait prôné la destitution de Francis Condo : c’était un ivrogne, disait-il, qui avait perdu le respect de son peuple et ne vivait plus à Restigouche. Condo finit cependant par regagner la confiance de l’Église. En 1836, un peu courbé sous le poids de ses 75 ans, deux médailles d’argent épinglées sur sa poitrine, c’est lui qui s’avança à la tête de son peuple pour accueillir Mgr Pierre-Flavien Turgeon* à son arrivée à Restigouche. À sa mort, Thomas Barnaby lui succéda.

L. F. S. Upton

Canada, prov. du, Assemblée législative, App. to the journals, 1847, 1 : app. T, n° 96.— Ramsay, Dalhousie journals (Whitelaw), 3 : 65–66, 71.— Père Pacifique [de Valigny] [H.-J.-L. Buisson], « Ristigouche, métropole des Micmacs, théâtre du « dernier effort de la France au Canada », Soc. de géographie de Québec, Bull. (Québec), 20 (1926) : 171–185.

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L. F. S. Upton, « CONDO, FRANCIS (François Est, dit Condeau) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/condo_francis_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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