FORTON, MICHEL, orfèvre, marchand bijoutier-joaillier et graveur, né le 25 novembre 1754 à Québec, fils de Jean Forton, poulieur, et de Louise Chamard ; décédé le 12 février 1817 au même endroit.

La première activité connue de Michel Forton se situe en 1775, au moment où il signe un document concernant une expédition à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) équipée par Joseph Schindler*, spécialiste en orfèvrerie de traite. L’année suivante, il témoigne à titre d’apprenti de Schindler lors d’un procès intenté à ce dernier à Detroit. Il se peut que Forton ait connu Schindler par l’intermédiaire de son frère Jean, cousin par alliance de Joseph Lucas qui avait été apprenti de Schindler.

En 1790, Forton est à Québec où il tient boutique au 19, rue de la Montagne. En mars 1795, il engage James Sullivan, âgé de 14 ans, comme apprenti pour une période de six ans. Renseignement précieux et inusité, à la demande du père de Sullivan, stipulée dans le contrat d’apprentissage, Forton fait aussitôt suivre à son apprenti des cours de dessin chez François Baillairgé*. Forton doit aussi l’envoyer à l’école durant une année. Le journal de Baillairgé révèle que Forton fait sculpter plusieurs petites figurines de bois, qu’il utilise probablement comme modèles dans la fabrication de pièces d’orfèvrerie ou de joaillerieécureuil, têtes de griffon, de cerf, de licorne, griffon à mi-corps, taureau, chien, coq, et de nombreux autres modèles dont une couronne et une étoile. Par ailleurs, dans son journal, Baillairgé désigne Forton comme « graveur ».

Toujours en 1795, la Cour des sessions générales de la paix ordonne qu’à compter du 21 octobre toute personne utilisant une forge ou un four devra le faire dans un local entièrement fini de pierre ou de brique. Les orfèvres de Québec, Forton, François Ranvoyzé, James G. Hanna, Laurent Amiot*, James Orkney*, Jean-Nicolas Amiot et Louis-Alexandre Picard*, signent une pétition, revendiquant le droit d’être exemptés de cette réglementation en raison des conditions particulières de leur travail : aucun accident ne peut-être provoqué par leurs forges, puisqu’ils n’y utilisent que peu de feu à la fois et jamais de façon constante ; Picard, qui exerce son métier à Québec depuis 40 ans, témoigne qu’aucun accident n’est jamais survenu ; il serait préjudiciable pour les orfèvres de travailler sur des pavés, car ils pourraient y perdre inéluctablement leurs rognures d’or ou d’argent ; enfin, leur métier les obligeant à travailler assis la plupart du temps, un local pavé pourrait attaquer irrémédiablement leur santé, étant donné l’humidité malsaine qui s’en dégage continuellement. On ne sait ce qu’il advint de cette requête.

Le dénombrement de 1798 est le premier document à qualifier Forton de « jouaillier ». Sullivan demeure toujours avec lui. En 1805, Forton achète au prix de £400 une propriété sise rues « st. George et de Laval », qu’il loue d’abord à Charlotte Duchouquet. Ayant ajouté un étage et une mansarde à cette maison, il la loue à l’avocat Andrew Stuart* en 1811, puis au négociant James Tod en 1813. Également en 1811, il loue au marchand Joseph Fournier une autre propriété, avec maison et dépendances, située dans le faubourg Saint-Roch, rue Saint-Vallier. En plus, Forton prête avec intérêts des sommes allant de £50 à £150. C’est donc un homme fortuné que la mort terrassera le 12 février 1817.

La vie sociale de Michel Forton a été tout aussi régulière et effacée que son activité professionnelle. Il est membre de la Société du feu de Québec, qui regroupe les élites locales, et il n’hésite pas à manifester occasionnellement sa loyauté à la couronne britannique. Le poinçon identifié à ses initiales se retrouve sur quantité d’ustensiles et quelques tabatières ; mais sa boutique contient également des bijoux et des articles de joaillerie, ainsi que de l’arrow-root, « article très utile et fort rare ». Quantitativement limitée, son œuvre est sobre, sans prétention ni défauts majeurs ; bref, une production moyenne d’une honnête qualité.

Robert Derome

On retrouve des œuvres de Michel Forton à Québec, au Musée du Québec, au séminaire et à l’Hôtel-Dieu ; à Montréal, à l’Hôpital Général, et à Ottawa, dans la collection Henry-Birks, conservée à la Galerie nationale du Canada.

ANQ-Q, CE1-1, 25 nov. 1754, 13 févr. 1817 ; CN1-26, 27 sept. 1804, 23 oct., 25 nov. 1805, 21 mai 1806, 23 mars, 3 déc. 1807, 5 mai 1809, 30 janv., 6 févr. 1811 ; CN1-27, 18 févr. 1813 ; CN1-92, 27 mars 1795 ; CN1-189, 20 déc. 1766 ; CN1-205, 21, 23, 25 mars 1775 ; CN1-230, 3 juill. 1806, 14 oct. 1818 ; P-398, journal, 1784–1800 : 158s., 166, 171–173, 175–177, 180s., 185.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, F74/M623 ; R213.5/F825 ; S336/J83.— « Les dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 126.— Quebec Mercury, 18 févr. 1817.— F. W. Robinson, « Silversmiths of early Detroit », Detroit Hist. Soc., Bull. (Detroit), 9 (1952–1953), no 2 : 5–8.

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Robert Derome, « FORTON, MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/forton_michel_5F.html.

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Auteur de l'article:    Robert Derome
Titre de l'article:    FORTON, MICHEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    11 oct. 2024