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Titre original :  Daniel Fowler - Fallen Birch (1886), watercolour on wove paper

Provenance : Lien

FOWLER, DANIEL, peintre, fermier, rédacteur et auteur, né le 10 février 1810 à Champion Hill, Camberwell (Londres), fils de Daniel Fowler et de Mary Ann Pope ; le 6 août 1835, il épousa à Londres Elizabeth Gale, et ils eurent trois filles et deux fils ; décédé le 14 septembre 1894 dans sa maison de l’île Amherst, Ontario.

Daniel Fowler naquit dans une famille assez riche de la haute bourgeoisie. Ses souvenirs d’enfance évoquent le village isolé de Downe (Londres), dans le Kent, où sa famille se fixa vers 1815. Une gouvernante à demeure s’occupait de lui et de ses trois sœurs aînées en faisant régner l’ordre et la discipline. Parlant de ces années, Fowler écrivit par la suite : « J’aimais beaucoup la lecture et le dessin. Jamais je ne me lassais de l’une ni de l’autre. Jamais je n’étais aussi heureux qu’avec un crayon et du papier, sinon avec un livre. » Quand il eut huit ans, on l’envoya à l’école, d’abord à l’Alfred House Academy de Camberwell, où il passa deux années assez tristes pour qu’il les qualifie plus tard de « mort vivante ». À dix ans, il entra à la Cogan’s School de Walthamstow (Londres), où il resta six ans et demi. Pendant un bref moment, Benjamin Disraeli fut l’un de ses condisciples. La Cogan’s School était un établissement purement classique et représentait, pour Fowler, un grand progrès par rapport à l’Alfred House. « Mon travail ne me donnait aucun mal, a-t-il écrit ; il arrivait très rarement que je ne sois pas le premier de ma classe. Je savais mon latin sur le bout de mes doigts, et j’étais parvenu à pouvoir lire du théâtre grec [...] Il y avait une impressionnante bibliothèque à l’école [...] Et puis j’eus la chance de pouvoir reprendre le dessin et de m’y exercer auprès du maître qui enseignait cette matière ; que de demi-congés j’y ai consacrés. » Dessiner directement d’après le modèle dès son jeune âge aida Fowler à acquérir la remarquable coordination de la main et de l’œil dont témoignent ses œuvres.

Après avoir quitté l’école, Fowler connut une période d’oisiveté au cours de laquelle il apprit, comme tout vrai gentleman de son temps, à conduire une voiture à deux chevaux et à chasser la perdrix. À 18 ans, il entra au Doctors’ Commons mais, comme il avait peu d’inclination pour le droit et que c’était son père qui l’avait poussé dans cette voie, il abandonna son stage à la mort de celui-ci en 1829. À titre de fils aîné, il prit alors en main la gestion des affaires maternelles, et il se remit au dessin. Suivirent des exercices intensifs et des leçons d’un ami artiste ; une visite à l’aquarelliste William Henry Hunt, vers 1830, eut l’effet d’une « véritable révélation ». Toutefois, les aquarelles de Turner, qu’il vit pour la première fois vers la même époque, l’impressionnèrent plus profondément.

Durant trois ans, à compter de 1831, Fowler suivit à Londres des leçons de James Duffield Harding, peintre reconnu pour ses publications sur le dessin de paysage et pour la maîtrise des aquarelles qu’il peignait en atelier, dans le style pittoresque. Bientôt cependant, à force d’observer les œuvres de paysagistes anglais comme Turner, Constable, David Cox, Peter De Wint et John Sell Cotman, Fowler souhaita peindre d’après nature plutôt qu’en atelier. Sa rencontre avec l’éminent lithographe Charles Joseph Hullmandel l’encouragea aussi dans cette voie. Déjà un dessinateur accompli, Fowler commença à donner des leçons de dessin vers 1832, sur le conseil de Harding. L’enseignement l’aidait un peu financièrement, mais l’empêchait de se consacrer entièrement à son art. Et puis il était d’un tempérament effacé et d’une constitution fragile (en date de 1834, quatre de ses sœurs et l’un de ses frères étaient morts de la tuberculose, qui le menaçait aussi). Les fréquentes excursions de dessin qu’il faisait en Angleterre et au pays de Galles lui plaisaient plus que l’enseignement. Il aima davantage la tournée européenne qu’il fit en 1834–1835 en compagnie de Robert Leake Gale, frère de sa future femme. Leur itinéraire, dressé par Hullmandel, les mena par les Alpes suisses et italiennes ; selon les peintres britanniques du xixe siècle, Turner surtout, un artiste se devait de voir ces paysages grandioses. Malheureusement, Fowler contracta la variole pendant le voyage et fut gravement malade à Rome durant un mois. Il profita de sa longue convalescence pour faire de nombreuses esquisses dans cette ville et ailleurs en Italie. Dès le début de l’été de 1835, assez en forme pour entreprendre son voyage de retour, il franchit, seul et à pied, le col du Grand-Saint-Bernard, ce qui n’était pas un mince exploit. Rentré à Londres, il se maria, ouvrit un atelier et se remit à l’enseignement et au dessin. De 1836 à 1842, il exposa 16 tableaux, principalement des paysages européens et anglais, à la Society of British Artists, et un à la Royal Academy of Arts. En outre, il renoua avec Edward Lear, humoriste et paysagiste bien connu. Ensemble, ils firent du dessin en Angleterre et sur le continent ; ils allaient demeurer des amis pour la vie.

Fowler n’aimait pas enseigner ; sa santé était précaire ; élever à Londres une famille de plus en plus nombreuse et y maintenir un atelier coûtait cher. Voilà de quoi le forcer à reconsidérer sa situation. On lui conseillait, pour des raisons de santé, de quitter l’Angleterre et de s’organiser pour vivre au grand air. Même s’il était très mortifié que son art ne lui permette pas de faire vivre sa famille, il fit face à la situation, ce qui était tout à son honneur : il décida d’immigrer dans le Haut-Canada. En juin 1843, avec sa femme, Elizabeth Gale, leurs trois enfants, une nurse et l’un de ses frères (probablement Reginald), il parvint à l’île Amherst, à l’extrémité est du lac Ontario, où Robert Leake Gale s’était établi. L’île lui plut tout de suite, mais il décida d’aller voir ailleurs avant de décider de s’y installer. Du 11 au 24 juin, avec son frère et d’autres compagnons, il alla vers l’ouest, jusqu’à London, qu’il décrivit ainsi : « littéralement arraché à la forêt – des souches jusqu’aux portes arrière. Un lieu neuf, hideux et âpre. » Rien de ce qu’il vit au cours de cette expédition n’égalait le charme de l’île Amherst ; elle lui rappelait la campagne de sa jeunesse. Il décida donc de s’y fixer et paya £500 comptant une ferme de 150 acres appelée Cedars et située face à la baie de Quinte. Sa troisième fille naquit en août.

Fowler n’était guère préparé à tenir une ferme dans un pays neuf. Durant 14 ans, il abandonna complètement la peinture pour apprendre à exploiter sa terre et aménager sa maison. Grâce à un dur labeur, il rendit la ferme autosuffisante et, comme on l’avait espéré, prit beaucoup de mieux, même s’il ne devint jamais robuste. L’incendie qui détruisit sa maison en décembre 1847 mit son courage à rude épreuve. Il la reconstruisit presque seul, de 1848 à 1850, et elle subsiste toujours. En 1857, il sentit qu’il pouvait confier la ferme à un employé et retourna pour la première fois en Angleterre afin de rendre visite à sa mère à Maidstone. Ce voyage, qui lui permit d’assister à des expositions à Londres et de voir les œuvres des préraphaélites, marqua un autre tournant dans sa vie. Avant la fin de l’année, il rentra à l’île Amherst avec des provisions de matériel ; son amour de la peinture était ranimé, et il était prêt, à 47 ans, à entreprendre une deuxième carrière artistique.

Fowler s’était installé un atelier chez lui et consacrait tous ses moments de loisir à l’aquarelle (il ne peignait pas à l’huile). Il développait ses idées à partir de petites esquisses en noir et blanc, dessinées en extérieur, et y ajoutait de la couleur « inventée et cherchée à tâtons », en atelier, à la manière de Harding. Ses œuvres étaient de dimensions variées ; certaines mesuraient environ 20 pouces sur 28, ce qui est passablement grand pour des aquarelles.

Dans le Haut-Canada, au milieu du xixe siècle, les amateurs d’art et les débouchés étaient peu nombreux. En 1859, Fowler emporta donc en Angleterre quelques dessins – « tous des essais de petites dimensions » – en partie pour trouver un marchand mais surtout pour avoir des avis sur son travail. Aucun marchand ne manifesta d’intérêt et, avec son honnêteté coutumière, il reconnut, une fois de retour chez lui, qu’il devait renouveler sa façon de travailler. Formé en Angleterre, où les maîtres accordaient beaucoup d’attention au dessin, Fowler se libéra, au Canada, de certaines contraintes inhérentes à la tradition de l’aquarelle anglaise et trouva son propre style, plus libre, qui consistait à appliquer directement la couleur. Cette année-là, il commença à peindre d’après nature, sans passer par l’étape de l’atelier. Quelques modestes tableaux représentant des objets qui se trouvaient autour de sa ferme – une corde, un harnais, une brouette – révèlent qu’il observait si attentivement les choses que les couleurs et les nuances devenaient des éléments structuraux, ce qui était nouveau et personnel.

L’Upper Canada Provincial Exhibition, qui se tenait à Kingston en 1863, fut pour Fowler, comme il le dit plus tard, une « première occasion de se présenter au public ». Ses œuvres, inscrites dans la catégorie des amateurs, reçurent quatre premiers prix et trois deuxièmes prix. Même s’il continua d’envoyer des aquarelles et des dessins aux expositions provinciales jusqu’en 1868 (dans la catégorie des professionnels à compter de 1866) et remporta constamment des prix, il vendait peu. Il exposa aussi à l’Association des beaux-arts de Montréal de 1867 à 1892, à la Société des artistes canadiens de 1868 à 1870, à l’American Society of Painters in Water Colors de 1868 à 1874, et à l’Ontario Society of Artists, dont il était membre fondateur, de 1873 à 1892 [V. John Arthur Fraser]. Grâce à ces expositions, il fit la connaissance de plusieurs peintres, dont Fraser, Lucius Richard O’Brien et Otto Reinhold Jacobi*, ainsi que de George A. Gilbert et James Spooner, tous deux de Toronto, qui devinrent ses amis et agents vers 1865 et l’encouragèrent beaucoup. Peu à peu, Fowler atteignit sa maturité, et ce à titre de peintre canadien, comme en témoignent surtout les paysages qu’il peignit à compter de 1875 environ. Ces tableaux sont réalisés dans un style libre et calligraphique, par une succession de petits coups de pinceau rapides. Fowler s’y distingue de la plupart des peintres immigrants anglais, tels John Herbert Caddy*, William Nichol Cresswell, Fraser et Thomas Mower Martin*, dont les paysages canadiens rappellent l’atmosphère feutrée de l’Angleterre. À propos de ce qui différenciait le Canada de son pays d’origine, Fowler écrivit plus tard : « Cela est particulièrement perceptible pour l’œil du peintre. Par contraste avec la lumière dansante et la vivacité de l’atmosphère canadienne, les lumières qui éclairaient le paysage anglais semblaient toutes atténuées, les ombres profondes et obscures. »

Les sujets canadiens de Fowler se regroupent en trois catégories : gibier mort, fleurs et paysages. Ses meilleurs tableaux (et il demeure l’un des aquarellistes les plus subtils du Canada) révèlent un remarquable sens de l’observation, l’assurance et l’économie de moyens ; en même temps, ils dégagent beaucoup de liberté, et le coup de pinceau, par sa franchise, en fait des œuvres audacieuses et rafraîchissantes. Fowler était très fier de la technique qu’il était parvenu à mettre au point pour peindre l’arrière-plan de ses natures mortes et de ses représentations de fleurs mais, souvent, ces arrière-plans créés de toutes pièces jurent par rapport au réalisme des oiseaux et des fleurs et nuisent à l’harmonie de l’ensemble. Une peinture de fleurs, Hollyhocks, réalisée en 1869, remporta une médaille de bronze et un diplôme en 1876 à l’Exposition universelle de Philadelphie. Quand il reçut ce prix, première récompense internationale décernée à un peintre canadien, Fowler estima qu’il avait atteint le faîte de sa carrière. Peint sur le conseil de Gilbert, Hollyhocks fut exposé pour la première fois à l’Association des beaux-arts de Montréal en 1870. Le prix de la « meilleure aquarelle, tous sujets » alla à Jacobi, qui protesta que celle de Fowler était meilleure que la sienne, si bien que le prix fut partagé entre eux. Opposé à ce compromis, Fowler exigea une explication ; une fois que le jury la lui eut donnée, une amitié chaleureuse naquit entre les deux artistes. Hollyhocks se trouve maintenant au Musée des beaux-arts du Canada. Bien que le tableau ait un peu pâli, on y discerne encore à quel point Fowler a su, par son extraordinaire sensibilité aux couleurs et aux nuances, rendre l’éclat de ces fleurs délicates. Dans son autobiographie, il raconte que, pendant qu’il y travaillait, il parcourait trois milles à pied chaque jour pour cueillir des bouquets parfaits.

Toutefois, c’est au cœur des paysages de l’île Amherst, qu’il peignit de 1875 environ à 1890, que Fowler parvint à saisir « la lumière dansante et la vivacité » de son pays d’adoption. Pour n’en nommer que deux, des tableaux comme Fallen birch (l’aquarelle de 1888 surtout) et A woodland wanderer, peint en 1888, sont des joyaux de la peinture de paysage, qui ne doivent rien aux conventions du pittoresque et rendent la luminosité et la vigueur de l’environnement canadien. L’amour de Fowler pour la campagne éclate dans ces tableaux étincelants, où l’on ne décèle pas la moindre sentimentalité. Avec une grande liberté et souvent une technique qui se rapproche plus de la calligraphie que de la peinture, il recrée les conditions atmosphériques avec la couleur elle-même. Tout autant que les toiles de Turner, ces œuvres expriment directement les sentiments de l’auteur devant la nature, à ce moment où la lumière se fond avec la terre. En cela, Fowler est unique parmi ses contemporains canadiens : aucun autre n’atteint une telle liberté dans son observation et son analyse de la nature. Ses toiles ont des affinités avec celles des impressionnistes, certainement avec celles de Constable, et même de Cézanne, quoiqu’il n’ait pas pu le connaître. Deux contemporains canadiens, O’Brien et Fraser, évoquaient la grandeur romantique ou poétique de la nature canadienne en insufflant au paysage une force spirituelle. Fowler, lui, se contentait de dépeindre les aspects plus intimes, plus communs de la nature, qu’il transformait par l’étincelle de la lumière et de la couleur en des peintures de paysage exquises et pleines de vie. En 1878, il écrivait à une amie, Louisa Annie Murray : « La nature est remplie de couleur, de couleur délicieuse, tout comme elle l’est d’autres harmonies. Ne devons-nous pas la faire entrer dans nos pièces ternes pour illuminer nos murs ? »

En 1880, Fowler devint l’un des membres fondateurs de l’Académie royale canadienne des arts [V. John Douglas Sutherland Campbell*], où il exposa jusqu’en 1893. Chaque académicien devait contribuer, par le don d’une œuvre, à la constitution du noyau de la collection nationale. Dead Canadian game, œuvre primée de Fowler, faisait partie de ses tableaux d’oiseaux morts qui furent si populaires dans les années 1870 et 1880. Bien que ces peintures varient par la qualité de leur composition, toutes sont des représentations méticuleuses, réalisées directement d’après le modèle. Fowler soumit des tableaux à l’Industrial Exhibition de Toronto de 1883 à 1894. En outre, il reçut une médaille et un diplôme à la Colonial and Indian Exhibition de Londres en 1886 et à l’Exposition universelle de Chicago en 1893. Ses amis se portaient à son secours quand les tableaux qu’il exposait soulevaient de la controverse. Une large proportion d’œuvres montrées dans les expositions canadiennes représentaient des sujets britanniques et européens, et celles de Fowler ne faisaient pas exception. Il exposait par exemple des scènes de rue et paysages à l’aquarelle exécutés à partir des centaines d’esquisses qu’il avait faites en Europe et qui, avec ses livres, avaient toutes échappé à l’incendie de 1847. En 1885, on l’accusa d’avoir copié ces aquarelles sur des illustrations parues dans des guides de voyage. Malgré le soutien d’amis comme Homer Ransford Watson*, qui prit la plume pour le défendre, cette controverse et cette accusation l’affectèrent beaucoup.

Esprit curieux, Fowler était demeuré grand liseur même une fois retranché dans sa maison de l’île Amherst. En 1892, il mentionnait encore recevoir régulièrement et lire avec intérêt plusieurs périodiques américains, britanniques et canadiens. Il trouvait l’Illustrated London News particulièrement utile pour l’éducation de ses enfants, qu’il dirigeait lui-même. Pendant au moins 20 ans, surtout dans les années 1870 et 1880, il publia des articles, des lettres et des critiques, parfois sous le couvert de l’anonymat, dans des périodiques comme le Week, le Chambers’s Journal, le All the Year Round et la Canadian Monthly and National Review. Ces textes portaient sur un large éventail de sujets, dont Darwin, Disraeli, Gladstone, les personnages féminins de Shakespeare, Harriet Martineau, la question irlandaise et Millet. Écrits dans un style lucide et puissant, ils n’étaient pas sans qualités, mais Fowler n’en faisait pas du tout un objet de vantardise. Cependant, son entreprise la plus ambitieuse fut une autobiographie, qu’il commença en 1893. Le journaliste Hector Willoughby Charlesworth* le rencontra à peu près à cette époque. Ne sachant pas, de toute évidence, que Fowler avait déjà publié, il faisait ce commentaire : « Il écrit dans un anglais concis et incisif, ce qui est remarquable chez un homme de plus de 80 ans qui n’a jamais fait de littérature. Il faudra un jour publier son histoire, non pas à cause de la place que son auteur occupe en tant que peintre, mais parce qu’elle donne un aperçu tout à fait intéressant de l’Angleterre de son enfance, celle de la période immédiatement postérieure aux guerres napoléoniennes, et parce qu’elle dépeint de manière intimiste et attachante la vie rurale du Haut-Canada avant la Confédération. » Fowler n’avait pas terminé son autobiographie quand il mourut en 1894.

Les rares descriptions de Daniel Fowler laissées par ses contemporains confirment l’impression qui se dégage de son autobiographie : c’était un homme simple, doux et passablement dénué de prétention. L’artiste Robert Ford Gagen, qui le connaissait, a dit de lui : « Fowler était de petite taille, avait des traits délicats bien dessinés, une voix grêle, des manières très raffinées et était fort bien mis – ce qui était assez remarquable chez un homme qui avait vécu à la dure pendant tant d’années. » Le premier conservateur du Musée des beaux-arts du Canada, John William Hurrell Watts*, avec qui Fowler correspondit au sujet des tableaux qu’il avait l’intention de léguer à l’établissement, a écrit : « M. Fowler était aimable et calme ; c’était un gentleman de la vieille école, aux manières impeccables. »

Frances K. Smith

La liste des croquis et peintures de Daniel Fowler que possède l’Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univ. (Kingston, Ontario), compte plus de 1 000 œuvres, dont environ les trois quarts ont été photographiés. Outre la collection qui appartient au centre, on trouve d’importantes quantités de ses travaux à l’Art Gallery of Hamilton (Hamilton, Ontario) ; à Ottawa, au Musée des beaux-arts du Canada et aux AN, Division de l’art documentaire ; à Toronto, au Musée des beaux-arts de l’Ontario et au Royal Ontario Museum, Sigmund Samuel Canadiana Building.

Le journal plein de vie du voyage que Fowler fit en 1843 dans le Haut-Canada à la recherche d’un endroit pour s’installer est conservé aux AO, MS 199 ; des extraits ont été publiés sous le titre de « An artist inspects Upper Canada : the diary of Daniel Fowler, 1843 », T. R. Lee, édit., OH, 50 (1958) : 211–218. Son propre dessin de la maison qu’il construisit dans l’île Amherst apparaît dans Illustrated historical atlas of the counties of Frontenac, Lennox and Addington, Ontario (Toronto, 1878 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1971). Le manuscrit de son autobiographie, « Old Times, Old Houses, and Old Habits » (1893–1894), conservé à l’Agnes Etherington Art Centre, a été publié en entier pour la première fois dans le livre de F. K. Smith, Daniel Fowler of Amherst Island, 1810–1894 (Kingston, 1979) ; une version antérieure, intitulée « The artist turns farmer : chapters from the autobiography of Daniel Fowler », T. R. Lee, édit., OH, 52 (1960) : 98–110, a été préparée à partir d’un manuscrit dactylographié qui appartient à ses descendants.

L’Agnes Etherington Art Centre détient aussi des photocopies des 17 lettres qui subsistent, écrites par Fowler à Louisa Annie Murray entre 1866 et 1894. Les lettres, qui traitent surtout de questions de littérature, de critiques et de lectures, viennent d’une collection plus vaste de lettres écrites à Louisa Murray que les York Univ. Arch. (Toronto) ont photocopiées en 1969 à partir d’originaux qui appartiennent à Louisa Murray King (North Andover, Mass.) ; on ne sait pas où se trouvent les lettres que Louisa Annie Murray a écrites à Fowler.

Les renseignements généalogiques ont été tirés surtout de la bible de famille de Fowler qui se trouve aux mains de ses descendants.

Des recensions, des articles et des lettres de Fowler ont paru dans quelque 30 numéros du Week entre 1884 et 1889, dans la Canadian Monthly and National Rev. (Toronto) 3 (janv.–juin 1873)–13 (juill.–déc. 1878), et dans la Rose-Belford’s Canadian Monthly and National Rev. (Toronto) 1 (juill.–déc. 1878)–8 (janv.–juin 1882).  [f. k. s.]

AN, RG 11, B2(a), 1027 : 158440 ; 1030 : 158816.— AO, MU 584, sect. iv, Fowler–Spooner corr.— Musée des beaux-arts de l’Ontario, Library, R. F. Gagen, « Ontario art chronicle » (copie dactylographiée, circa 1919) ; T. R. Lee coll., Daniel Fowler papers.— Musée des beaux-arts du Canada, H. R. Watson papers.— Week, 19 oct. 1894.— Académie royale des arts du Canada ; exhibitions and members, 1880–1979, E. de R. McMann, compil. (Toronto, 1981).— A checklist of literary materials in The Week (Toronto, 1883–1896), D. M. R. Bentley, assisté de M. L. Wickens, compil. (Ottawa, 1978).— J. W. L. Forster, « Art and artists in Ontario », Canada, an encyclopædia (Hopkins), 4 : 347–352.— Harper, Early painters and engravers.An index to the Canadian Monthly and National Review and to Rose-Belford’s Canadian Monthly and National Review, 1872–1882, M. G. Flitton, compil. (Toronto, 1976).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— Christopher Wood, The dictionary of Victorian painters (2e éd., Woodbridge, Angl., 1978).— J. R. Harper, Painting in Canada, a history ([Toronto], 1966).— W. S. Herrington, History of the county of Lennox and Addington (Toronto, 1913 ; réimpr., Belleville, 1972).— Vivien Noakes, Edward Lear : the life of a wanderer (Londres, 1968).— D. [R.] Reid, A concise history of Canadian painting (Toronto, 1973) ; « Our own country Canada ».— Rebecca Sisler, Passionate spirits ; a history of the Royal Canadian Academy of Arts, 1880–1980 (Toronto, 1980).— F. K. Smith, « Daniel Fowler (18101894) », Lives and works of the Canadian artists (série de 20 brochures, Toronto, [19771978]), no 3. Contient plusieurs erreurs de l’éditeur  [f. k. s.].— H. [W.] Charlesworth, « Autobiography of a Canadian painter », Queen’s Quarterly (Kingston), 45 (1938) : 88–96.— F. K. Smith, « Daniel Fowler of Amherst Island », Historic Kingston, no 28 (1980) : 25–34 ; « The will of Daniel Fowler of Amherst Island : « Memorials of the Early History of Canadian Art », RACAR (Ottawa), 6 (1979–1980) : 110–112.

Bibliographie générale

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Frances K. Smith, « FOWLER, DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fowler_daniel_12F.html.

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Auteur de l'article:    Frances K. Smith
Titre de l'article:    FOWLER, DANIEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    18 mars 2024