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HAMMOND, JOHN, artiste et éducateur, né le 11 avril 1843 à Montréal, deuxième fils de Robert Hammond, maçon en pierres, et d’Elizabeth Burrell Young ; le 12 juin 1872, il épousa dans cette ville Sarah Acres (décédée le 24 janvier 1900), et ils n’eurent pas d’enfants, puis le 19 juin 1902, à Arkville, New York, Katharine Jeanette Stark (décédée le 19 avril 1942), et de ce couple naquit une fille ; décédé le 10 août 1939 à Sackville, Nouveau-Brunswick.
Les parents de John Hammond immigrèrent dans le Bas-Canada peu après leur mariage à Southwark (Londres) en 1834. Ils s’installèrent à Montréal, où Robert finirait par établir une entreprise de taille de marbre. John travailla peut-être quelque temps à l’atelier de son père. Après avoir fréquenté la Montreal Collegiate School de 1858 à 1860, il fit durant six ans son apprentissage au sein de deux firmes spécialisées dans le commerce de marchandises sèches, la Ringland, Ewart and Company et l’entreprise de Thomas Mussen. En juin 1866, son frère cadet Henry et lui s’engagèrent comme volontaires dans les Victoria Rifles of Canada, au moment des raids fenians qui se déroulèrent au sud de Montréal [V. William Osborne Smith*].
Deux mois plus tard, John et Henry prirent le bateau pour se rendre à Londres afin de voir des parents. Après une visite à la National Gallery, John nota dans son journal qu’ils furent « particulièrement fascinés par les peintures de Turner ». Les deux frères partirent ensuite pour la Nouvelle-Zélande où, comme se le rappellerait John, ils espéraient profiter des « formidables débouchés offerts aux jeunes hommes dans les régions où on élevait des moutons », et dont parlait la documentation publicitaire. Au lieu de quoi, après avoir atterri à Lyttelton, sur l’île du Sud, ils marchèrent jusqu’aux terrains aurifères de Hokitika, sur la côte ouest. Après plus de deux ans de rude labeur physique et de nombreuses aventures, ils ne trouvèrent d’or ni en Nouvelle-Zélande ni à Queensland, en Australie. Ils revinrent à Montréal au printemps de 1868, pour assister au mariage de leur frère aîné Robert, en juin de l’année suivante. D’une certaine façon, leurs pérégrinations méridionales avaient changé leur vie. Au cours de leur voyage vers la Nouvelle-Zélande, John et Henry avaient vécu une expérience de conversion religieuse sous l’influence de M. Pole, ministre baptiste et compagnon de voyage. Plus tard, ils deviendraient membres des Frères de Plymouth.
Durant les années 1860, le photographe William Notman* et sa famille avaient loué une maison appartenant au père de John, adjacente à la résidence des Hammond, rue Saint-Urbain. Notman aurait une influence déterminante sur le jeune homme qui, selon un biographe, avait « décidé de devenir artiste » à l’âge de 11 ans. À partir de 1870, le studio de Notman à Montréal employa Hammond pour peindre des arrière-plans, et pour colorer et retoucher des photographies. En 1871, Hammond accepta d’assister pendant six mois Benjamin Franklin Baltzly, photographe de la Commission géologique du Canada pour une mission le long de la future route du chemin de fer canadien du Pacifique en Colombie-Britannique [V. Alfred Richard Cecil Selwyn*]. Son expérience récente en Nouvelle-Zélande l’avait physiquement préparé au difficile voyage en forêt et en terrain montagneux, où il devrait transporter un équipement photographique encombrant, tout en prélevant des échantillons botaniques aux fins de l’étude.
Hammond retourna à Montréal en décembre, épousa six mois plus tard son amoureuse de longue date, Sarah Acres, et continua de travailler à temps plein pour Notman. Grâce au studio de photographie, il noua de solides amitiés avec John Arthur Fraser*, Henry Sandham*, Wyatt Eaton* et d’autres peintres. Il demanda bientôt son adhésion à l’Ontario Society of Artists et commença à exposer ses œuvres. En 1877, il accompagna Fraser au Nouveau-Brunswick par le chemin de fer Intercolonial, dont la construction venait de prendre fin, pour y faire des croquis.
L’année suivante, Hammond avait déjà été muté à Saint-Jean et était responsable d’un studio de photographie à l’origine dirigé par James Notman, frère de William. Comme artiste, Hammond puisa de l’inspiration dans le port de Saint-Jean, qui tiendrait une place centrale dans beaucoup de ses œuvres les plus connues. Influencé par les effets atmosphériques sombres de Turner, il employa des techniques similaires pour représenter des sujets maritimes dans ses peintures à l’huile et, entre 1882 et 1886, dans ses gravures en creux. La minutie du dessin de Hammond transparaît dans ses carnets de croquis et convenait bien à la technique de la gravure, qu’il effectuait avec l’aide de l’artiste américain Stephen Parrish. Probablement dans le cadre de son travail au studio de Notman, Hammond fit la connaissance de Robert Reed, riche marchand qui s’affairait à la fondation d’une école des beaux-arts dans la ville grâce aux fonds provenant de la succession du constructeur de navires John Owens. En avril 1884, lorsqu’on l’engagea comme maître et directeur à l’Owens Art Institution, installée dans l’ancienne église Zion à Portland (Saint-Jean), Hammond quitta son poste chez Notman. On l’envoya en Europe durant 18 mois pour qu’il visite d’autres écoles et achète des œuvres d’art et des modèles en plâtre pour le nouvel établissement.
Au cours de son séjour, Hammond reprit contact avec des amis comme Eaton, qui le présenta sans doute à Jean-François Millet fils, William Blair Bruce*, Theodore Robinson, Louis Welden Hawkins et d’autres artistes à qui il acheta des peintures pour la collection Owens. Il fréquenta aussi quelque temps l’École nationale des beaux-arts de Paris, en 1884, où il étudia le portrait et la miniature. Le Salon de Paris de 1885 accepta deux de ses peintures à l’huile. Cette réussite marqua un point culminant de la carrière de Hammond, qui put dès lors se targuer d’avoir participé à ce prestigieux événement. Il n’exposerait plus qu’une fois au Salon, en 1887.
Hammond revint d’Europe à la fin de septembre 1885 et commença à enseigner à l’Owens Art Institution le 12 octobre. Vingt étudiants étaient présents le premier jour ; à la fin de janvier, le nombre d’inscrits avait grimpé à 80. En 1890, il fit la rencontre d’un autre personnage influent, le constructeur de chemins de fer William Cornelius Van Horne*, qui l’engagea, à la suite d’artistes comme Fraser, Lucius Richard O’Brien* et William Brymner*, pour peindre le long de la route du chemin de fer canadien du Pacifique afin de promouvoir les voyages ferroviaires d’un bout à l’autre du pays. Entre 1891 et 1906, Hammond consacra plusieurs étés à cette tâche. L’établissement, par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, de nouvelles lignes de navigation vers l’Asie lui donna l’occasion de se rendre en Chine en 1900 et au Japon l’année suivante. Il reçut notamment la commande de deux grandes murales représentant des paysages, qu’il peignit en 1904 et en 1905 pour les bureaux de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique à New York et à Londres.
Hammond était devenu membre à part entière de l’Académie royale des arts du Canada en 1893 et avait exposé plusieurs peintures à l’Exposition universelle de Chicago la même année. De plus, il avait élu domicile à Sackville pour enseigner les beaux-arts à l’école de jeunes filles du Mount Allison College, après la fermeture de l’Owens Art Institution au printemps de 1893 et le transfert de sa collection à l’université. (Une galerie conçue par Edmund Burke* et spécialement construite pour accueillir cette collection ouvrirait ses portes en 1895.) Hammond passerait le reste de sa vie au Mount Allison College. Professeur dévoué et respecté, il bonifia le programme d’enseignement en y ajoutant des cours de croquis en plein air, de miniatures, de gravure, d’histoire de l’art, de dessin et d’arts appliqués, comme la sculpture sur bois et le travail des métaux et du cuir.
Hammond demeura fortement attaché à Montréal ; il garda un studio à l’Association des arts de Montréal durant plusieurs années. De plus, il exposa et vendit fréquemment ses tableaux dans des galeries commerciales de cette ville, de Toronto et d’Ottawa. En 1901, près de 40 % de son revenu provenaient de sources autres que son salaire d’enseignant. Il présenta aussi régulièrement ses œuvres aux grandes expositions annuelles au Canada et dans de nombreux événements internationaux, comme à la Royal Academy of Arts à Londres en 1886, 1887, 1889 et 1890. Il remporta une médaille d’argent à la Pan-American Exposition de Buffalo, dans l’État de New York, en 1901, et une médaille de bronze à l’Exposition universelle de Saint Louis, dans le Missouri, trois ans plus tard. Tandis qu’il voyageait à l’étranger, il laissait souvent à eux-mêmes ses assistants d’enseignement à Sackville pendant plusieurs semaines d’affilée. Il était de notoriété publique que Hammond faisait des copies de ses œuvres les plus réputées, comme son Étude présentée au Salon en 1885, nombre de ses études européennes et ses représentations du port de Saint-Jean. Son travail jouissait d’une appréciation favorable ; sa production abondante et ses thèmes fréquemment répétés lui valurent toutefois des critiques de son vivant.
John Hammond prit sa retraite de l’enseignement en 1916, à l’âge de 73 ans, mais il continua à conseiller les étudiants, à peindre et à exposer à son studio sur le campus. En 1930, le Mount Allison College lui décerna un doctorat honorifique pour son apport important à l’éducation en art au sein de l’établissement. Même si Hammond travailla dans un relatif isolement dans l’est du Canada durant une grande partie de sa carrière, il était reconnu dans les organisations et expositions nationales et internationales. Son succès comme artiste rehaussa la réputation de l’école du Mount Allison College et sa connaissance des tendances internationales lui permit d’adapter le programme d’enseignement en ajoutant, par exemple, des cours de croquis en plein air et de dessin « de modèles drapés » en atelier en 1894. Si aucun de ses étudiants ne devint un artiste majeur, plusieurs, dont Greta Submit Ogden, Elizabeth Amelia McLeod, Christian McKiel et Sara Hart, enseignèrent à l’école, où ils exercèrent beaucoup d’influence et maintinrent la norme d’excellence qu’il avait fixée. L’Owens Art Gallery à la Mount Allison University possède la plus grande collection publique des œuvres de Hammond, hommage légitime à l’artiste et au professeur qui compte parmi les figures importantes de l’histoire des débuts de l’établissement.
Le portrait de John Hammond a été peint par Robert Harris* (avec qui il a partagé quelque temps un atelier à Montréal), Edmond Dyonnet et la fille de Hammond, Katharine Elizabeth Hammond Krug. On trouve des photographies de l’artiste aux Mount Allison Univ. Arch., Sackville, N.-B., au Musée McCord, Arch. photographiques Notman, Montréal, aux AO et au Musée du N.-B., Arch. et Bibliothèque de recherche, Saint-Jean. Les œuvres de Hammond sont conservées à la Owens Art Gallery, Sackville, à l’Art Gallery of Ontario, Toronto, au Glenbow Museum, Calgary, au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, ainsi que dans diverses autres collections, publiques et privées.
BAnQ-CAM, CE601-S63, 6 août 1843 ; CE601-S95, 12 juin 1872.— Mount Allison Univ. Arch., 2004.12 (John Hammond fonds).— Musée McCord, Arch. photographiques Notman, Notman’s wages book, 1870–1878.— Allisonia (Sackville), 1 (1903–1904)–11 (1913–1914).— Andrew Birrell, Benjamin Baltzly : photographs & journal of an expedition through British Columbia, 1871 (Toronto, 1978).— Roger Boulet, Vistas : artists on the Canadian Pacific Railway, avec un essai de Terry Fenton (Calgary, 2009).— E. P. Evans, « Lost art : an examination of the applied arts programme at Mount Allison University, 1854–1961 » (travail de b.a., Mount Allison Univ., 2002).— John Hammond, 24 November 2002 to 12 January 2003 (catalogue d’exposition, Owens Art Gallery, 2003).— P. J. Larocque, « Fine intentions : an account of the Owens Art Institution in Saint John, New Brunswick, 1884–1893 » (mémoire de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1996).— E. de R. McMann, Montreal Museum of Fine Arts, formerly Art Association of Montreal : spring exhibitions, 1880–1970 (Toronto, 1988).— J. A. Nesbitt, A short biography of Canada’s oldest artist, John Hammond, R.C.A. […] (Montréal, 1929).— J. G. Reid, Mount Allison University : a history, to 1963 (2 vol., Toronto, 1984).— G. F. G. Stanley, « John Hammond : painter for the CPR », dans The CPR west : the iron road and the making of a nation, H. A. Dempsey, édit. (Vancouver et Toronto, 1984), 208–227.— R. L. Tovell, A new class of art : the artist’s print in Canadian art, 1877–1920 (Ottawa, 1996).
Jane Tisdale, « HAMMOND, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hammond_john_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/hammond_john_16F.html |
Auteur de l'article: | Jane Tisdale |
Titre de l'article: | HAMMOND, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2019 |
Année de la révision: | 2019 |
Date de consultation: | 2 nov. 2024 |