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BRUCE, WILLIAM BLAIR, peintre, né le 8 octobre 1859 à Hamilton, Haut-Canada, fils de William Bruce et de Janet Blair ; le 4 décembre 1888, il épousa à Stockholm Carolina Benedicks, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 17 novembre 1906 au même endroit.

William Blair Bruce étudia le droit au Hamilton Collegiate Institute puis travailla trois ans dans une école de calligraphie tenue par son père, talentueux calligraphe et aquarelliste amateur. Sa mère comme son père l’encouragèrent à développer ses talents artistiques. Il reçut des leçons de peinture de son père, de John Herbert Caddy* et de Henry Martin, et il fréquenta un moment la Hamilton Art School en 1877. Après avoir étudié trois ans dans un bureau d’architecte, il opta pour le métier de peintre. En mai 1881, l’Ontario Society of Artists [V. John Arthur Fraser*] exposa deux huiles et une aquarelle de lui.

Comme nombre de peintres canadiens de sa génération, tels Paul Peel* et George Agnew Reid*, Bruce se devait, pour faire carrière, d’aller se perfectionner et exposer à Paris. Avec la bénédiction et l’aide financière de sa mère, de sa grand-mère et de sa tante, il s’embarqua pour Liverpool, en Angleterre. Le 10 juillet 1881, il écrivait de Paris la première des quelque 120 lettres qu’il allait envoyer à sa famille. Document inestimable sur la vie d’un artiste canadien à l’étranger, cette correspondance montre combien, par moments, survivre et réussir exigeait de sacrifices.

Dès le mois d’octobre, Bruce était à l’Académie Julian, où il avait pour maîtres Adolphe-William Bouguereau et Tony Robert-Fleury. Praticiens respectés du style alors dominant, l’académisme, ils lui instillèrent la foi en la primauté de la forme humaine et lui enseignèrent à l’observer minutieusement puis à l’intégrer, par un long travail de dessin et de croquis à l’huile, à ces grands tableaux qui étaient jugés dignes de figurer au Salon annuel de Paris. Toutefois, parallèlement à cet apprentissage, Bruce peignait des paysages en plein air – des toiles emplies, disait-il, du « sentiment des choses, du spirituel plutôt que du matériel ». Le Salon de 1882 accepta Une lisière de la forêt – matin (emplacement actuel inconnu), ce qui était un honneur pour un peintre arrivé si récemment.

Durant les deux années suivantes, Bruce séjourna surtout à Barbizon, petit village et foyer artistique situé non loin de Paris. Il n’avait qu’un seul but, produire une toile où s’exprimerait avec force « le plus grand sentiment » afin de remporter un prix au Salon et d’assurer son avenir. Ce but, il le poursuivit avec acharnement. En fait, il travailla tant, et les couleurs, la toile, les modèles, l’encadrement et l’atelier lui coûtèrent si cher qu’il fut bien près de s’effondrer. Cependant, il réalisa une huile imposante et ambitieuse, où le touchant contraste entre la vieillesse et la jeunesse visait manifestement à attirer l’attention : Temps passé, aujourd’hui à l’Owens Art Gallery de Sackville, au Nouveau-Brunswick, qui fut exposée en bonne place au Salon de 1884 et reçut des critiques favorables. Mais aucun prix ne s’annonçait.

Épuisé, Bruce travailla encore un an puis fit une dépression. « Il me semble parfois que mon cerveau est ébranlé », disait-il. À l’automne de 1885, il revint au Canada afin de refaire ses forces, mais un autre malheur, peut-être pire, l’attendait. Le 8 novembre, le navire qui transportait les quelque 200 toiles qu’il projetait d’exposer à Toronto, à Hamilton et à London coula au large de l’île d’Anticosti. Toutes furent perdues.

Bruce resta un an à Hamilton puis retourna à Paris à la fin de 1886. Après quelques mois passés à Barbizon, il s’installa à Giverny, auprès de plusieurs amis peintres américains. Parmi ce groupe, Theodore Robinson, proche collaborateur de Claude Monet, qui vivait non loin de là, allait avoir une influence considérable sur son orientation. Bientôt, Bruce cessa de peindre dans un style bien léché de grandes toiles à personnages, comme il le faisait depuis le début des années 1880 et, adoptant résolument la manière impressionniste, exécuta d’un pinceau alerte de petits paysages aux couleurs brillantes. (Dans les années 1890, il allait revenir aux grandes « machines » qu’affectionnait le Salon de Paris, abandonnant ainsi l’un des styles les plus avant-gardistes de l’époque pour revenir à son conservatisme antérieur.) Peint en 1887, Landscape with red fowers est un tableau vibrant et éblouissant, un chef-d’œuvre de l’impressionnisme canadien ; aujourd’hui au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à Toronto, il prouve de manière irréfutable l’exceptionnel talent de Bruce.

Le 4 décembre 1888, à l’ambassade de Grande-Bretagne à Stockholm, Bruce épousa Carolina Benedicks, riche sculpteure suédoise qui appartenait au meilleur monde ; une cérémonie religieuse eut lieu le lendemain à la cathédrale. Dès lors, durant une vingtaine d’années, ils voyagèrent et travaillèrent ; ils allèrent à Paris, à Capri, en Italie, à Hamilton (en 1895, où Bruce peignit à la réserve des Six-Nations) et, de plus en plus, vécurent à Stockholm et dans l’île suédoise de Gotland. C’est là que, vers 1900, près de Visby, ils achevèrent la construction d’une vaste maison, Brucebo, qui allait être leur domicile principal.

Le remarquable potentiel que Bruce avait manifesté, surtout à Giverny, n’allait jamais se réaliser complètement. Il aurait facilement pu devenir le plus grand maître canadien de l’impressionnisme, mais il s’éparpilla. Certes, sa production est considérable, et dans sa dernière période, il peignit bon nombre de belles toiles – surtout des portraits de sa femme et des vues de Stockholm et de la mer au crépuscule. Cependant, sa réputation a souffert de la grande diversité de ses sujets (portraits, paysages, scènes de genre, scènes mythologiques et nus) et, surtout, de l’éclectisme de son style (oscillation entre l’impressionnisme et l’académisme des débuts de sa carrière, et influences de James Abbott McNeill Whistler, de l’École de Barbizon et du romantisme scandinave). Il reste que, à son époque, Bruce fut très connu en Europe et que le public put souvent admirer ses toiles. De 1882 à 1906, il exposa 15 fois au prestigieux Salon de Paris ; en 1900, il participa à l’Exposition universelle (où, dit-il, « il semble » qu’il ait reçu une médaille) ; il exposa à Londres, à la Royal Academy of Arts et à Toronto, à l’Académie royale des arts du Canada ; en 1897, plus de 130 de ses toiles furent présentées à Stockholm ; en 1901, il reçut une médaille d’or à la Pan-American Exposition de Buffalo, dans l’État de New York ; enfin, 122 de ses toiles furent exposées à l’occasion d’une rétrospective posthume organisée à Paris en 1907.

C’est par suite d’une donation, par sa veuve, de 29 tableaux de William Blair Bruce à la ville de Hamilton que fut fondé ce qui est aujourd’hui l’Art Gallery of Hamilton. Ces tableaux s’y trouvent encore et, si l’on excepte ceux qui sont à Brucebo, ils constituent la plus vaste collection de ses œuvres. Chaque été, grâce à une bourse instituée par Carolina Benedicks, un étudiant canadien en art peut aller se perfectionner à Brucebo.

David Wistow

Une sélection de la correspondance de William Blair Bruce à sa famille a été publiée sous le titre de Letters home, 1859–1906 : the letters of William Blair Bruce, introd. de Joan Murray, édit. (Moonbeam, Ontario, 1982). Les originaux sont conservés dans les Bruce papers à l’Art Gallery of Hamilton, Ontario, qui détient le gros de la documentation primaire sur l’artiste. Quelques articles importants sont à la HPL. Outre les musées mentionnés dans le texte, les collections publiques canadiennes qui renferment des œuvres de Bruce sont celles du musée des Beaux-Arts du Canada, du Centre de la Confédération, galerie d’art et musée (Charlottetown), et de la Robert McLaughlin Gallery (Oshawa, Ontario).

Musée des Beaux-Arts de l’Ontario, Library (Toronto), W. B. Bruce artist file (microfiche), « Short sketch of W. Blair Bruce, artist, Paris » (copie dactylographiée, [circa 1901]).— Hamilton Spectator, 16 nov. 1935.— Saturday Night, 26 févr. 1927.— Sylvain Allaire, « les Canadiens au Salon officiel de Paris entre 1870 et 1910 : sections peinture et dessin », Annales d’hist. de l’art canadien (Montréal), 4 (1977–1978) : 141–154.— DHB.— Exposition rétrospective de l’œuvre de W. Blair Bruce ; ouverte du 11 au 26 mai 1907 (catalogue d’exposition, Georges Petit Galeries, Paris, 1907).— Harper, Early painters and engravers.— Joan Murray, William Blair Bruce (catalogue d’exposition, Robert McLaughlin Gallery, 1975).— Robert Stacey, « A contact in context : the influence of Scandinavian landscape painting on Canadian artists before and after 1913 », Northward Journal (Moonbeam), no 18/19 (1980) : 36–56.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— David Wistow, Canadians in Paris, 1867–1914 ([Toronto], 1979).

Bibliographie générale

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David Wistow, « BRUCE, WILLIAM BLAIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bruce_william_blair_13F.html.

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Auteur de l'article:    David Wistow
Titre de l'article:    BRUCE, WILLIAM BLAIR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024