SANDHAM, HENRY, peintre et illustrateur, né le 24 mai 1842 à Montréal et baptisé le 8 février 1863, fils de John Sandham, peintre en bâtiments, et d’Elizabeth Tate ; le 23 mai 1865, il épousa à Montréal Agnes Amelia Fraser, et ils eurent six enfants dont quatre moururent en bas âge ; décédé le 21 juin 1910 à Londres.

Le père de Henry Sandham avait à Montréal, dans le quartier Griffintown, une petite entreprise de peinture en bâtiments à laquelle participèrent ses fils Frederick et Alfred. Henry décida dès son jeune âge de poursuivre une carrière artistique, à l’encontre des désirs de son père, et le conflit qui s’ensuivit força le jeune homme à pourvoir à sa propre subsistance. Il entra au service du photographe William Notman* comme garçon de courses, dès l’âge de 14 ans selon certaines sources orales, et devint à 18 ans l’assistant de John Arthur Fraser* ; son nom apparaît au premier livre de paye du studio montréalais, en août 1864.

Notman avait ajouté à sa firme, en 1860, un service artistique dont il avait confié la direction à Fraser. Vu l’absence d’école d’art à Montréal, Sandham acquit sa formation en dessin, en aquarelle et en peinture à l’huile au contact de Fraser et de trois artistes qui évoluaient dans le cercle de Notman ; Otto Reinhold Jacobi, Adolphe Vogt et Charles Jones Way. Quelques années plus tard, Sandham développait son habileté à dessiner la figure humaine en étudiant l’anatomie auprès d’un médecin.

En 1868, Sandham prit la succession de Fraser à la tête du service artistique, lorsque ce dernier partit pour fonder la succursale torontoise de Notman and Fraser. Au cours des années 1870, Sandham raffina la technique des grandes photographies composites qui firent la renommée du studio Notman. Des photographies individuelles, dont les poses suivaient un plan prédéterminé, étaient montées sur un fond peint auquel elles s’intégraient. Un composite particulièrement ambitieux, montrant plus de 300 membres du Montreal Snow Shoe Club sur les pentes du mont Royal, valut à Sandham une médaille d’argent à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1878. Sandham était devenu l’associé de William Notman en septembre 1877 et la firme avait pris dès lors le nom de Notman and Sandham. L’association fut toutefois de courte durée, puisqu’elle fut dissoute en 1882.

En dehors de ses activités dans le domaine de la photographie, Sandham participait aussi à la vie artistique de Montréal. Dès 1865, l’Association des beaux-arts de Montréal exposait de ses œuvres à son salon annuel. Il fut l’un des membres actifs de la Société des artistes canadiens, fondée en 1867, et il participa à ses quatre expositions, tenues de 1868 à 1872. Sandham présenta aussi ses œuvres, en 1874 puis entre 1880 et 1885, à l’Ontario Society of Artists de Toronto.

En 1877, Sandham illustrait un premier article pour le magazine new-yorkais Scribner’s Monthly, « Canadian Sports » de William George Beers*, paru au mois d’août et suivi en novembre 1878 de « Chambly Fort, on the Richelieu River », dont il était à la fois l’auteur et l’illustrateur. En 1879, il réalisa une commande importante pour le même magazine, l’illustration d’un article en quatre parties écrit par George Monro Grant et intitulé « The Dominion of Canada » (mai à août 1880). Une participation aussi importante à l’un des principaux mensuels illustrés des États-Unis contribua grandement à établir la réputation de Sandham comme illustrateur. Cette période d’activité intense dans les domaines de la peinture, de l’illustration et de la photographie fut couronnée par sa nomination au nombre des premiers membres de l’Académie royale des arts du Canada, fondée en 1880 ; il y exposa fréquemment ses œuvres pendant près de 20 ans.

En avril 1880, après que l’académie eut voté une clause définissant le statut de membre honoraire en résidence à l’étranger, Sandham partit pour l’Angleterre. Un séjour de quelques mois seulement lui permit néanmoins d’établir des contacts à Londres et de voir des œuvres de maîtres dans les musées de France et d’Angleterre. En décembre de la même année, Sandham se trouvait à Boston pour exécuter une commande de portrait. Depuis quelque temps déjà, il cherchait à se dégager des affaires pour se consacrer entièrement à l’art ; il semble qu’il ait trouvé à Boston, grâce à son métier d’illustrateur, l’occasion de réaliser cette ambition et il se fixa dans cette ville.

Aux commandes de portraits s’ajoutèrent l’illustration de livres et de périodiques illustrés. Vers la fin de 1882, le Century Monthly Magazine, autrefois le Scribner’s Monthly, l’envoyait dans le sud de la Californie pour accompagner Helen Maria Jackson dans son enquête sur les conditions de vie des Indiens des Missions. Il en résulta une série de quatre articles publiés à son retour en 1883 et l’illustration de l’important roman à succès de la même auteure, intitulé Ramona (1900). Sandham réalisa aussi quelques grands tableaux d’histoire, notamment The down of liberty (1886) et The march of time (1890). Au cours de cette période, il exposa régulièrement ses œuvres au Boston Art Club et à l’American Water Color Society de New York. De plus, il participa fréquemment aux manifestations artistiques de plusieurs autres associations américaines de même qu’à l’Exposition universelle de Chicago (1893) et aux expositions d’Atlanta (1895) et de Nashville (1897).

Sandham quitta Boston pour vivre à Londres en 1901. Il venait alors de faire un séjour de quelques mois à l’archipel des Açores, où il avait réuni le matériel nécessaire à un article illustré publié à Londres, dans Studio, en décembre 1902. Il poursuivit dans cette ville ses travaux d’illustration et sut faire accepter quelques œuvres aux expositions annuelles de la Royal Academy of Arts, de 1905 à 1908. Sandham s’éteignit le 21 juin 1910 et fut inhumé au cimetière de Kensal Green, à Londres. Une exposition commémorative de ses œuvres eut lieu à Earl’s Court, à Londres, de juillet à octobre 1911.

Le domaine où Henry Sandham excella fut certainement celui de l’illustration. Il était un fin observateur et les illustrations des contrées qu’il parcourut – le Canada, la Californie, Haïti, les Açores – comptent parmi ses meilleures. Ses sujets historiques ou tirés de l’imaginaire tendent parfois à la sentimentalité. Tout au long de sa carrière, Sandham demeura lié à John Arthur Fraser, dont il avait épousé la sœur, Agnes, en 1865. Avec Fraser, il participa au mouvement de peinture paysagiste qui marqua l’art canadien à l’époque de la Confédération ; ses propres tableaux et aquarelles de sujets canadiens, notamment des vues du fleuve Saint-Laurent et des scènes de la Gaspésie et des Maritimes, demeurent les œuvres les plus remarquables de sa production.

Pierre B. Landry

ANQ-M, CE1-68, 23 mai 1865.— American art and American art collections, Walter Montgomery, édit. (2 vol., Boston, 1889), 2 : 609–624.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), 904.— Catalogue of paintings by Hy Sandham (Boston, s.d.).— Catalogue of the memorial exhibition of pictures left by the late Henry Sandham, Royal Canadian Academician (Londres, 1911).— DAB.— C. C. Davis et W. A. Alderson, The true story of « Ramona » ; its facts and fictions, inspiration and purpose (Toronto, 1914), 234–255.— DNB.— Hy. Sandham ; collection empruntée de M. et Mme Leo J. Heaps [George Hardy], compil. ([Montréal, 1976]).— Will Jenkins, « A Canadian artist in the Azores : H. Sandham, r.c.a. », Studio (Londres), 27 (oct. 1902 janv. 1903) : 173–177.— D. [R.] Reid, « Notre patrie le Canada » : mémoires sur les aspirations nationales des principaux paysagistes de Montréal et de Toronto, 1860–1890 (Ottawa, 1979).— F. T. Robinson, Living New England artists (Boston, 1888), 145–151.— S. G. Triggs, William Notman : l’empreinte d’un studio (Toronto, 1986), 140–161.

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Pierre B. Landry, « SANDHAM, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sandham_henry_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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