HOUGHTON, CHARLES FREDERICK, éleveur de bétail, juge de paix, homme politique et officier de milice, né le 26 avril 1839 à Glashare Castle, comté de Kilkenny (république d’Irlande) ; le 27 mars 1879, il épousa à Nanaimo, Colombie-Britannique, Marion Dunsmuir, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 13 août 1898 à Victoria.

Charles Frederick Houghton entra dans l’armée britannique en 1855. Il servit dans le 57th Foot durant trois ans, puis dans le 20th Foot. En 1861, il accéda au grade de capitaine. Le 4 mars 1863, de Clontarf Castle, à Dublin, son ami le lieutenant Forbes George Vernon écrivit au ministère des Colonies pour s’informer des règlements fonciers de la Colombie-Britannique. On peut probablement en déduire que Houghton avait lu une circulaire de colonisation qui offrait des concessions gratuites de terrains de 1 440 acres aux colons militaires qui avaient le grade de capitaine. Dans le courant de l’année, il immigra en Colombie-Britannique avec Vernon et le frère de celui-ci, le lieutenant Charles Albert Vernon.

Débarqué à Victoria en septembre 1863, Houghton et ses compagnons découvrirent qu’on venait de réduire la superficie des concessions réservées aux militaires. Le capitaine Henry Maynard Ball, juge de paix à Lytton, lui conseilla, ainsi qu’aux Vernon, de s’établir dans la vallée de l’Okanagan :les terres ne coûtaient pas cher et l’élevage s’y pratiquait déjà dans des ranchs. Chacun des trois compagnons prit un droit de préemption sur une terre de 160 acres près de l’extrémité du lac Okanagan. Bientôt cependant, après avoir borné sa terre et commencé à y exploiter un ranch, Houghton découvrit qu’elle empiétait sur la réserve gouvernementale de dix milles carrés constituée en 1862 par le gouverneur James Douglas*. Le 10 novembre 1863, il s’en plaignit au gouverneur. En mars suivant, il porta sa cause devant le Conseil législatif et, en juin, en appela au duc de Cambridge, commandant en chef de l’armée britannique. Peu après l’intervention du duc, le gouverneur Frederick Seymour*, qui succéda à Douglas en 1864, ramena la concession militaire aux dimensions initiales et autorisa Houghton à conserver en plus une portion de la réserve gouvernementale. Toutefois, en raison de questions soulevées par le fait que Houghton n’avait eu le grade de capitaine que pendant une brève période, il ne devint propriétaire de Coldstream qu’en juin 1872. Quelques mois plus tard, il revendait cette terre de 1 450 acres aux Vernon. Elle allait former le noyau du fameux Coldstream Ranch, qui s’étendait sur 13 000 acres et que Forbes George Vernon vendit à lord Aberdeen [Hamilton-Gordon*] en 1891.

Grâce, en partie, à son tempérament agréable, Houghton devint populaire parmi le petit groupe d’« exilés de pure race » qui habitaient l’intérieur de la Colombie-Britannique. De plus, il avait le don d’obtenir des faveurs politiques. Malgré son expérience militaire limitée (pendant la guerre de Crimée, Houghton s’était rendu seulement jusqu’à Malte) et même s’il était un immigrant de fraîche date, il fut autorisé par Seymour, en 1864, puis par le secrétaire de la colonie de la Colombie-Britannique, Arthur Nonus Birch, en 1865, à mener des équipes d’exploration jusqu’aux mines du Columbia en passant par la Gold Range. En outre, on le nomma juge de paix le 16 octobre 1866.

Le 19 décembre 1871, Houghton devint député de la circonscription de Yale-Kootenay à la chambre des Communes à la suite de l’élection spéciale tenue après l’entrée de la colonie dans la Confédération en juillet de cette année-là. Au cours de ses deux sessions à Ottawa, il convainquit les députés et sénateurs de la Colombie-Britannique de l’aider à obtenir la nomination militaire qu’il désirait. Après avoir amélioré son dossier en passant par l’école de tir de Québec, il fut promu lieutenant-colonel ; le 21 mars 1873, il devint adjudant général adjoint de milice du district militaire no 11 (Colombie-Britannique).

Au printemps de 1877, le gouvernement provincial fit appel à Houghton pour qu’il participe à la répression de la grève des mineurs à la mine de charbon de Robert Dunsmuir* à Wellington. Outre 60 soldats d’infanterie transportés à Nanaimo à partir de Victoria, Houghton avait une canonnière, le Grappler, ainsi que de l’artillerie d’infanterie et de campagne envoyée de New Westminster. Il se plaça sous le commandement du juge de paix de Nanaimo et partit pour la mine avec sa troupe, le shérif, le surintendant de police et des constables spéciaux. Un groupe de 150 à 200 mineurs les attaqua, mais seulement 4 employés furent expulsés de la propriété de la compagnie.

Dunsmuir se montra satisfait de l’intervention des militaires, et quand Houghton, alors âgé de 39 ans, lui demanda la main de sa fille Marion, qui en avait 22, il ne souleva aucune objection. Après le mariage, Houghton passa six mois en Europe en compagnie de sa femme ; à son retour, il apprit qu’on le muterait probablement au district militaire no 10 (Manitoba et Territoires du Nord-Ouest).

Arrivé à Winnipeg en avril 1881, Houghton dut bientôt faire face à un mécontentement de plus en plus sérieux de la part des Métis et des fermiers du Nord-Ouest. Il commença donc à organiser le 90th (Winnipeg) Battalion of Rifles. En 1884, la situation s’aggrava ; le premier ministre sir John Alexander Macdonald demanda alors à son fils, avocat à Winnipeg, ce que Houghton valait comme officier de milice. Hugh John Macdonald* répondit qu’il n’avait « pas beaucoup de cervelle et encore moins de jugement », et qu’il « [buvait] du matin au soir, plus que de raison ». À la veille de la rébellion de mars 1885 dans le Nord-Ouest [V. Louis Riel*], le gouvernement confia la répression au major général Frederick Dobson Middleton. Houghton fut indigné d’avoir été laissé pour compte. Même si Middleton trouvait qu’il était « absolument inutile » au sein de son état-major, il ne le renvoya à Winnipeg que le 19 mai, après qu’il eut combattu à Fish Creek et à Batoche (Saskatchewan).

Muté à Montréal le 1er mars 1888, Houghton put y exercer son commandement en toute tranquillité, mais la santé délicate de sa femme limitait sa vie mondaine. Au début de 1892, il la ramena à Victoria, où elle mourut peu de temps après à Craigdarroch Castle, la résidence de sa mère. Houghton vécut ensuite à Montréal avec sa fille Marie, née d’une Indienne okanagane, Sophie N’Kwala. Marie, qui avait fait de bonnes études, allait acquérir une grande célébrité dans le nord de la vallée de l’Okanagan et écrire plusieurs articles historiques. À l’occasion, en raison de leurs liens avec le ranch de Coldstream, Houghton et sa fille étaient invités par les Aberdeen à Rideau Hall, à Ottawa.

Irlandais accommodant, amateur de chasse et de pêche, Charles Frederick Houghton n’avait pas l’esprit d’entreprise des Vernon et d’autres Anglo-Irlandais qui s’établirent dans la vallée de l’Okanagan. Il prit sa retraite en 1897, et sa santé se mit à décliner. Son vieil ami, Charles Albert Vernon, l’accueillit dans sa maison de Victoria et s’occupa de lui jusqu’à sa mort, en 1898.

Margaret A. Ormsby

AN, RG 9, II, A1, 41, docket nos 6521, 6653 ; 51, docket no 7994.— PABC, Add. mss 523 ; Add. mss 759, C. F. Cornwall, « The story of the coyote hounds » (1868–1888) ; GR 1372, F 799, F 937.— PRO, CO 60/15–17 (mfm aux PABC).— Telegrams of the North-West campaign, 1885, Desmond Morton et R. H. Roy, édit. (Toronto, 1972).— Daily Colonist (Victoria), 7 mai 1864, 16 oct. 1866, 24 oct. 1871, 4 mars 1872, 24 févr., 24 mars 1877, 8, 30 mars 1879, 14 févr. 1892, 14, 15 août 1898.— Montreal Daily Star, 16 août 1898.— Canada, an encyclopædia (Hopkins), 4 : 512–513.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Edna Oram, The history of Vernon, 1867–1937 (Vernon, C.-B., 1985).— Anne Pearson, An early history of Coldstream and Lavington (Vernon, 1986).— A. J. Splawn, Ka-mi-akin, the last hero of the Yakimas (Portland, Oreg., 1917).— Marie Houghton Brent, « Indian lore », Mme Harold Cochrane, compil., Okanagan Hist. Soc., Report (Vernon), 30 (1966) : 105–113.— J. [K.] Nesbitt, « Old homes. and families », Daily Colonist (Victoria), 3 mai 1953.— Leonard Norris, « The explorations of Captain Houghton », Okanagan Hist. and Natural Hist. Soc., Report (Vernon), 5 (1931) : 30–32.— M. A. Ormsby, « Captain Houghton’s exploratory trip, 1864 », Okanagan Hist. Soc., Report, 13 (1949) : 38–44 ; « Some Irish figures in colonial days », BCHQ, 14 (1950) : 61–82.— R. H. Roy, « The early militia and defence of British Columbia », BCHQ, 18 (1954) : 1–28.— P. G. Silverman, « Military aid to civil power in British Columbia », Pacific Northwest Quarterly (Seattle, Wash.), 61 (1970) : 156–161.— E. G. Turnbull, « Recollections of Marie Houghton Brent », British Columbia Hist. News (Vancouver), 18 (1984), no 2 : 21–22.

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Margaret A. Ormsby, « HOUGHTON, CHARLES FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/houghton_charles_frederick_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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