MACDONALD, sir HUGH JOHN, avocat, officier de milice, homme politique et magistrat de police, né le 13 mars 1850 à Kingston, Haut-Canada, unique fils survivant de John Alexander Macdonald* et d’Isabella Clark ; le 1er juin 1876, il épousa Mary Jean King, née Murray (décédée en 1881), et ils eurent une fille, puis le 23 avril 1883, à Toronto, Agnes Gertrude Vankoughnet, et de ce second mariage naquit un fils qui mourut jeune ; décédé le 29 mars 1929 à Winnipeg.

Hugh Macdonald grandit à Kingston et à Toronto, où sa famille s’installa en 1856. Son père, alors procureur général de la province depuis deux ans, s’absentait fréquemment. Après la mort de sa mère en 1857, Hugh retourna à Kingston et passa ses années de formation sous la garde de la sœur de son père, Margaret, et du mari de celle-ci, le révérend James Williamson*. Ministre presbytérien et professeur au Queen’s College, Williamson fit de Hugh un adversaire des catholiques et lui transmit une propension à une intolérance irraisonnée que l’on ne retrouvait pas chez son père. Hugh garderait ces opinions pour lui-même. Tout au plus y en a-t-il quelques traces dans sa correspondance privée avec Williamson.

Macdonald fréquenta la Queen’s College School à Kingston et la University of Toronto, où il obtint une licence ès arts en 1869. Il étudia ensuite le droit, d’abord à Ottawa puis auprès de Robert Alexander Harrison* à Toronto. Après son admission au barreau en 1872, il exerça à Toronto et à Kingston, généralement avec son père.

Dès son jeune âge, Macdonald avait manifesté de l’intérêt pour la milice. Il connut trois périodes de service actif. Il passa l’été de 1866 avec le 14th Battalion Volunteer Militia Rifles près de Cornwall dans l’attente d’une invasion fénienne. En 1870, à titre d’enseigne dans la 16th Company du 1st (Ontario) Battalion of Rifles, il participa à l’expédition que les forces placées sous le commandement du colonel Garnet Joseph Wolseley* firent jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Pendant la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*], il fut lieutenant dans une unité à l’organisation de laquelle il contribua, le 90th (Winnipeg) Battalion of Rifles, et il prit part au combat à Fish Creek (Saskatchewan).

En 1882, Macdonald s’établit à Winnipeg, peut-être pour des raisons personnelles (sa première femme était morte peu de temps auparavant), peut-être à cause des possibilités que l’Ouest offrait aux avocats qui avaient de bonnes relations. Durant 30 ans, il pratiqua le droit dans cette ville. Il eut plusieurs associés, dont James Stewart Tupper, fils de sir Charles Tupper*, un collègue de son père. Le titre de conseiller de la reine lui serait conféré en 1890. Tout au long des années 1880, où son père était premier ministre du Canada, Macdonald lui servit officieusement d’agent au Manitoba. Dans les années 1890, il se mêla plus directement de politique nationale et provinciale. Aux élections générales fédérales de 1891, il accepta à contrecœur l’investiture conservatrice dans Winnipeg et l’emporta dans cette circonscription par une majorité de 500 voix. Jusque-là, il était connu sous le nom de Hugh et signait Hugh J. Ensuite, les prénoms de Hugh John, utilisés dans les annonces parues dans la presse au cours de la campagne (pour mettre en évidence sa filiation avec John Alexander), lui restèrent accolés définitivement. Il quitta son siège le 4 mai 1893. Bien qu’il ait invoqué surtout des motifs financiers, plusieurs autres facteurs avaient joué. Timide et réservé, Macdonald n’aimait pas la vie publique. En outre, il entendait bien sortir de l’ombre de son illustre père. Ses vues sur d’importants problèmes auxquels faisait face le gouvernement conservateur d’Ottawa comptèrent tout autant. Il avait soutenu les lois par lesquelles le gouvernement provincial du libéral Thomas Greenway* avait aboli l’usage officiel du français et mis un terme au financement public des écoles confessionnelles. Il s’opposa donc à l’engagement du gouvernement fédéral visant à redresser les torts infligés à la minorité catholique au Manitoba.

À la fin de 1894, le premier ministre du pays, Mackenzie Bowell*, invita Macdonald à revenir sur la scène politique dans l’intérêt du Parti conservateur. Macdonald refusa, mais deux ans plus tard, il accéda à une requête semblable de la part du premier ministre sir Charles Tupper. L’insistance de Tupper, les efforts de son fils James Stewart et le respect de Macdonald envers le premier ministre aidèrent Tupper à réussir là où Bowell avait échoué. Le 1er mai 1896, Macdonald se joignit à l’éphémère gouvernement Tupper en qualité de ministre de l’Intérieur et de surintendant général des Affaires indiennes. Vainqueur dans la circonscription fédérale de Winnipeg aux élections générales du mois de juin, il démissionna pourtant de ses fonctions en même temps que le gouvernement Tupper en juillet et fut privé de son siège par décision judiciaire l’année suivante à la suite d’une protestation officielle de son adversaire, Joseph Martin. Il ne se présenta pas à l’élection partielle convoquée à la suite de ce jugement. Au lendemain du scrutin de juin 1896, certains membres du Parti conservateur voyaient en lui un possible futur chef.

En mars 1897, Macdonald prit la tête des conservateurs du Manitoba. Ce fut la hiérarchie provinciale et nationale du parti qui arrangea l’affaire, peut-être pour lui permettre d’acquérir de l’expérience politique et empêcher que la population ne l’oublie. Au scrutin provincial du 7 décembre 1899, son parti gagna de justesse et lui-même ne récolta que 60 voix de majorité dans la circonscription de Winnipeg South. Dans la première année de son mandat, son gouvernement légiféra pour imposer les compagnies, réformer le droit de vote et réduire les dépenses. Surtout, il fit adopter le Liquor Act ; rédigée par James Albert Manning Aikins, cette loi interdisait la vente de boissons alcooliques.

À la fin de sa première session législative, Macdonald démissionna du poste de premier ministre et de son siège de député. Il avait fait sa part pour les conservateurs provinciaux, qui étaient d’ailleurs nombreux à vouloir qu’il cède sa place pour permettre le retour de Rodmond Palen Roblin*. Au même moment, les conservateurs fédéraux estimaient qu’il pourrait être plus utile dans leur sphère. Tupper et Roblin, entre autres, le convainquirent de se porter candidat dans la circonscription fédérale de Brandon aux élections générales de 1900, apparemment parce qu’ils croyaient le député sortant, Clifford Sifton, vulnérable. En 1899, les conservateurs avaient gagné 9 des 12 sièges provinciaux compris dans la circonscription fédérale de Sifton. Leur organisation espérait que, avec le bon candidat, ils pourraient connaître à nouveau le succès. Les conservateurs fédéraux pensaient aussi qu’une lutte contre Sifton mettrait à l’épreuve les qualités de chef de Macdonald. Toutefois, Sifton l’emporta haut la main dans Brandon, et Macdonald quitta de nouveau la scène publique.

Pendant la décennie suivante, Macdonald pratiqua le droit. Puis, en décembre 1911, le gouvernement Roblin le nomma magistrat de police à Winnipeg ; il conserverait ce poste jusqu’à sa mort. Le 11 juin 1913, il fut créé chevalier. Deux ans plus tard, il fit partie de la commission qui, sous la présidence du juge Thomas Graham Mathers, enquêta sur des accusations d’irrégularités financières relativement à la construction des édifices du parlement du Manitoba. Les commissaires conclurent à l’unanimité que Roblin et plusieurs de ses collègues étaient coupables de conspiration en vue de frauder la province. Macdonald s’opposa à la syndicalisation de la police pendant l’agitation ouvrière de 1917–1918 et prit une très grande part à la répression de la grève générale de Winnipeg en 1919 [V. Mike Sokolowiski*]. Au lendemain de cette grève, il prôna la déportation de tous les « étrangers indésirables ». Il survécut à l’amputation d’une jambe en 1927, mais refusa une deuxième amputation deux ans plus tard. Il mourut le 29 mars 1929 des suites de l’infection.

En tant qu’homme politique, Hugh John Macdonald n’eut qu’une importance secondaire. Sa valeur reposait surtout sur le patronyme dont il avait hérité. Or, comme il avait grandi loin de son père, il était dépourvu de la tolérance qui fut longtemps associée au nom de Macdonald. Lorsque les conservateurs firent appel à l’héritier du Vieux Chef, ils trouvèrent non pas un second John Alexander Macdonald mais un second James Williamson. Tout au long de sa vie, Macdonald avait cherché en vain à éviter qu’on le compare à son père. À la fin, par loyauté envers la mémoire de celui-ci et envers le parti, il surmonta son aversion naturelle pour la vie publique, ce qui ne servit pas toujours au mieux ses intérêts. Pourtant, la population éprouvait de l’affection à l’endroit de cet homme parfois romantique, souvent méticuleux et toujours courtois.

Hal J. Guest

AO, RG 80-5-0-70, no 12878 ; RG 80-5-0-122, no 14879.— BAC, MG 26, A ; D ; F ; MG 27, II, D15 (mfm aux Univ. of Manitoba Libraries, Winnipeg).— QUA, James Williamson fonds.— Manitoba Free Press, 1883–1929.— Winnipeg Telegram, 1899–1920.— Winnipeg Tribune, 1891–1929.— Affectionately yours ; the letters of Sir John A. Macdonald and his family, introd. de J. K. Johnson, édit. (Toronto, 1969).— H. J. Guest, « The Old Man’s son : Sir Hugh John Macdonald », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Papers (Winnipeg), 3e sér., no 29 (1972–1973) : 49–67 ; « Reluctant politician : a biography of Sir Hugh John Macdonald » (mémoire de m.a., Univ. of Manitoba, 1973).— G. P. Macleod, « Sir Hugh John Macdonald », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Papers, 3e sér., no 14 (1957–1958) : 33–53.— R. St G. Stubbs, Lawyers and laymen of western Canada (Toronto, 1939).

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Hal J. Guest, « MACDONALD, sir HUGH JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_hugh_john_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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