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Titre original :  Victor-Alphonse Huard. Créateur: J.E. Livernois Photo. Québec
Date: [Vers 1910].
http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3115070

Provenance : Lien

HUARD, VICTOR-ALPHONSE (baptisé Joseph-Alphonse) (jusqu’au début des années 1890, il orthographia parfois son nom de famille Huart), prêtre catholique, professeur, administrateur scolaire, naturaliste, auteur, rédacteur, conservateur d’un musée et premier entomologiste provincial, né le 28 février 1853 dans le quartier Saint-Roch, à Québec, fils de Laurent Huard, menuisier, et d’Ursule Thérien ; décédé le 15 octobre 1929 à Québec.

Victor-Alphonse Huard fréquente le petit séminaire de Québec comme externe de 1863 à 1872, année où il termine de brillantes études classiques. L’événement qui fait naître en lui un intérêt particulier pour les sciences naturelles se produit en juin 1869. Comme il le racontera dans la Vie et l’Œuvre de l’abbé Provancher, volume qu’il publiera à Québec en 1926, il devient alors le compagnon de marche du naturaliste à l’occasion d’une excursion des élèves du séminaire de Québec à Montréal. Léon Provancher* vient de fonder à Québec le Naturaliste canadien, revue dédiée à la diffusion de l’histoire naturelle au Canada français. Une amitié tenace naît entre le jeune collégien et celui qui deviendra son maître. Leur correspondance, qui commence en 1872, ne s’interrompra qu’à la mort de Provancher, en mars 1892. À partir de 1872, Huard poursuit ses études au grand séminaire de Québec. Il est reçu bachelier en théologie en 1875 et sera ordonné prêtre à la basilique Notre-Dame, à Québec, le 13 août 1876.

Le 6 octobre 1875, Huard arrive à Chicoutimi. Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau*, archevêque de Québec, vient de l’y inviter pour participer à l’œuvre naissante du séminaire. Les ressources professorales font défaut dans la région du Saguenay, nouvellement ouverte à la colonisation [V. Nicolas-Tolentin Hébert*]. Jusqu’en 1893, année où il commencera à s’occuper exclusivement de l’administration du séminaire, il enseignera la religion, les langues, la rhétorique, la zoologie et la géographie. Il assume également d’autres charges importantes ; il sera notamment premier directeur du grand séminaire (1878–1880), secrétaire (1880–1889), préfet des études (1881–1887), vice-supérieur (1892–1896, 1899–1900) et supérieur (1896–1899) du séminaire. De multiples tâches l’occupent aussi grandement : fondation de l’académie Saint-François-de-Sales (1877), organisation de la bibliothèque (1876–1878 et 1880–1881) et de la librairie (1880–1894). Il est également promoteur de l’orchestre de la maison, conservateur du musée, annaliste, cofondateur et corédacteur du journal étudiant du collège, l’Oiseau-Mouche.

Huard intègre à ses fonctions sa passion pour l’histoire naturelle. Le 14 mai 1876, il écrit dans les annales du séminaire : « Les petits se livrent avec ardeur à la chasse aux insectes, qu’ils capturent en levant les cailloux dans les champs. Dans tous les environs, on ne trouve plus une pierre qui n’ait été soulevée. C’est ainsi qu’ils ont recueilli au moins 500 coléoptères depuis le commencement du mois. » Cependant, sa contribution au domaine des sciences naturelles prend vraiment son envol à partir de 1894, soit au moment où le « disciple » de Provancher – comme il se plaît à s’appeler – reprend la publication du Naturaliste canadien, qui a cessé de paraître en juin 1891. Au début, Huard réussit à faire revivre la revue sans subvention. Le gouvernement de sir Lomer Gouin, puis celui de Louis-Alexandre Taschereau* lui accorderont une aide financière à partir de 1919. Par rapport à celle de Provancher, la revue de Huard est plus modeste et moins technique ; cette tendance persistera jusque vers 1910. Par la suite, grâce à l’apport de plusieurs collaborateurs dans les domaines de la géologie, de la zoologie, de l’ornithologie, de la microbiologie et de l’entomologie, le Naturaliste canadien deviendra une revue de vulgarisation au contenu diversifié et original que Huard fera paraître sans interruption jusqu’à sa mort, en 1929.

En 1901, Huard retourne vivre à Québec où il continue son œuvre de vulgarisation en rédigeant plusieurs manuels. Le premier, paru en 1905, s’intitule Traité élémentaire de zoologie et d’hygiène. Suivront, entre 1907 et 1925, l’édition et la réédition, à Québec, de toute une série d’abrégés à l’usage des maisons d’éducation, notamment l’Abrégé de zoologie, le Manuel des sciences usuelles (l’abbé Henri Simard en écrit une partie), l’Abrégé de minéralogie, l’Abrégé de botanique et l’Abrégé de géologie. Leur popularité, qui ne se dément pas, prouve que les manuels de Huard comblent une lacune dans les écoles de la province.

Au fil des ans, Huard acquiert une certaine renommée dans le domaine des sciences naturelles. En 1904, il devient conservateur du Musée de l’Instruction publique. Ce poste, qu’il occupera jusqu’en 1927, lui permet de garder un œil sur les collections scientifiques que son maître a vendues en 1877 au département provincial des Travaux publics et de l’Agriculture pour l’édification de ce musée. De 1913 à 1916, Huard est le premier entomologiste en titre de la province.

Huard nourrit en outre de grands espoirs. Il souhaite terminer l’œuvre entomologique que Provancher a interrompue après l’étude de cinq ordres d’insectes, soit avant de traiter des lépidoptères, des diptères et des aptères. Si le projet de Huard s’était concrétisé, il aurait donné lieu à un ouvrage en dix volumes. Tout au long de sa vie, il veut se mettre au travail, mais la rédaction de ses manuels l’en empêche jusqu’au printemps de 1927. Il a finalement le temps de mettre à jour un seul manuscrit de Provancher, celui que ce dernier a rédigé en 1880 sur « les Lépidoptères lepidoptera ». Huard en publie une version augmentée à Québec en 1929, sous le titre général de Faune entomologique de la province de Québec. Ce volume sur les lépidoptères diurnes constitue sa seule publication entomologique en taxinomie, puisque la mort le frappe peu après. Le travail qu’il préparait alors sur les papillons nocturnes ne sera jamais publié.

Huard s’est aussi activement impliqué dans la vie religieuse de son époque. Si un défaut de langage (il est un peu bègue) et sa timidité l’éloignent de la pratique curiale, ils ne l’empêchent pas de posséder un talent certain de communicateur. En 1895, quand il habite Chicoutimi, il participe à la fondation du Messager de Saint-Antoine ; l’année suivante, il commence à collaborer également à la version anglaise du périodique. Avec Elzéar De Lamarre, il est corédacteur du mensuel (en français et en anglais) jusqu’à son départ de Chicoutimi, en 1901. Dès son retour à Québec, il devient directeur de la Semaine religieuse de Québec, hebdomadaire qu’a fondé Provancher en 1888. Huard maintient cette occupation jusqu’en août 1913.

Dans le domaine religieux, comme dans le domaine des sciences naturelles, Huard obtient plusieurs nominations prestigieuses. Le 27 mai 1913, la Société royale du Canada l’accueille comme membre de sa section des sciences biologiques et géologiques et, en 1916, il est reçu docteur ès sciences honoris causa de l’université Laval. Détenteur de la croix Pro Ecclesia et Pontifice dès 1903 et chanoine honoraire du chapitre métropolitain de Québec en 1915, il reçoit en 1924 une bénédiction apostolique spéciale de Pie XI. La nouvelle de sa dernière nomination, soit celle de prélat domestique du pape, arrive le lendemain de sa mort.

Éducateur apprécié de ses élèves, vulgarisateur de talent et organisateur consciencieux, Victor-Alphonse Huard a su concilier ses tâches de professeur, de directeur, de rédacteur, de conservateur et d’homme religieux. Parce qu’il a fait le lien entre l’activité des naturalistes du xixe siècle et le renouveau scientifique canadien-français du début du xxe siècle, les spécialistes le considèrent comme le continuateur de Provancher. Modèle tant pour les naturalistes de son époque que pour les savants en devenir, Huard a laissé l’image d’un « travailleur intellectuel acharné, [d’un] parfait gentilhomme, [d’un] prêtre accompli » : tels ont été les mots que Mgr Eugène Lapointe*, du séminaire de Chicoutimi, a utilisés pour lui rendre hommage peu après son décès.

Mélanie Desmeules

Outre les ouvrages ci-dessus mentionnés, Victor-Alphonse Huard a publié plusieurs livres et opuscules, notamment : Impressions d’un passant : Amérique, Europe, Afrique (Québec, 1906) et Manuel théorique et pratique d’entomologie (Québec, 1927). Les autres peuvent pour la plupart être consultés sur microfiches à l’ICMH et figurent dans son Répertoire. À titre de conservateur du Musée de l’Instruction publique, Huard a publié dans Québec, Parl., Doc. de la session, 1908–1909, un rapport qui couvre les années 1893 à 1909 et, comme entomologiste du ministère de l’Agriculture, un rapport paru aussi dans les Doc. de la session, 1912–1913.

Huard est également l’auteur de centaines d’articles parus dans les périodiques suivants entre 1877 et 1929 : l’Abeille (Québec), l’Alma mater (Chicoutimi, Québec), l’Almanach de l’Action sociale catholique (Québec), le BRH, le Canada français (Québec), la Kermesse (Québec), le Messager de Saint-Antoine (Chicoutimi), le Naturaliste canadien (Chicoutimi ; Québec), la Nouvelle-France (Québec), l’Oiseau-Mouche (Chicoutimi), la Semaine religieuse de Québec et SRC, Mémoires.

De nombreux documents sur Huard sont conservés aux Arch. du séminaire de Chicoutimi (Chicoutimi), soit dans le fonds de l’abbé V.-A. Huard (C-11 et C-12) et dans le fonds général du séminaire de Chicoutimi (C-20 et C-21). Le premier contient environ 24 000 lettres qu’il a reçues, de même que divers manuscrits de ses ouvrages. Il n’a pas été traité, mais les chercheurs disposent d’un index onomastique et d’un fichier qui en répertorie les 344 dossiers. Dans le second se trouvent notamment quelques portraits de Huard (C-20, fiche 587). La bibliothèque scientifique et religieuse de Huard est gardée dans la salle Huard des Arch. du séminaire de Chicoutimi, où l’on retrouve également ses volumes de découpures de journaux (de 500 pages chacun), que Huard a classés sous différentes rubriques : « Varia Saguenayensia » (15 volumes), « Varia Scientifica » (9 volumes) et « Varia de Variis » (70 volumes).

La collection entomologique de Huard, conservée au pavillon Louis-Jacques-Casault, figure parmi les Coll. de l’univ. Laval.

Aux ANQ-SLSJ, dans la Coll. de la Soc. hist. du Saguenay (P2), se trouvent des copies de la correspondance de Huard entre 1875 et 1912 (S1, D1050), des articles et des notes de sa main (S1, D1206), une lettre, datée de 1896, de Charles Arnaud* à Huard (S2, D6), des rapports, ainsi que d’autres lettres et articles (S2, D174) et sa correspondance au sujet du Naturaliste canadien entre 1866 et 1922 (S2, D316). Les archives ont aussi la correspondance que Huard a entretenue avec François-Xavier Gosselin entre 1888 et 1929 (P165).

Il n’existe aucune biographie détaillée de Huard. Les références suivantes comptent parmi les plus utiles pour l’étude de sa vie : l’Action catholique (Québec), 8 nov. 1929 ; le Devoir, 15, 19 oct. 1929 ; Yvon Paré, « À la découverte de notre littérature », le Quotidien du Saguenay–Lac-Saint-Jean (Chicoutimi), 1er sept. 1979 ; la Semaine religieuse de Québec, 12 août 1926, 17, 24 oct. 1929, 6 mars 1930 ; Yves Thériault, « Un exquis prosateur du siècle dernier », la Patrie du dimanche (Montréal), 20 déc. 1959 ; BCF, 1926 ; Luc Chartrand et al., Histoire des sciences au Québec (Montréal, 1987) ; Raymond Desgagné, « Mgr Victor-Alph. Huard », Saguenayensia (Chicoutimi), 1 (1959) : 102–104 ; Mélanie Desmeules, « les Années chicoutimiennes du Naturaliste canadien », Saguenayensia, 43 (2002), no 3 : 19–21 ; Conrad Laforte, « Essai de bio-bibliographie de monseigneur Joseph-Victor-Alphonse Huard, p.d. » (école de bibliothécaires, univ. de Montréal, 1949) ; Georges Maheux, « Feu le chanoine V.-A. Huard, 1853–1929 », le Naturaliste canadien, 57 (1930) : 6–10 ; J.-M. Perron, « la Course à relais du Naturaliste canadien », le Naturaliste canadien, 125 (2001), no 2 : 6–10 ; Adrien Robert, « le Chanoine V.-A. Huard, 1853–1929 », Soc. entomologique du Québec, Annales (Sainte-Foy, Québec), 6 (1960) : 148s. ; André Simard, les Évêques et les Prêtres séculiers au diocèse de Chicoutimi, 1878–1968 ; notices biographiques (Chicoutimi, 1969), 569–571 ; SRC, Mémoires, 3e sér., 24 (1930), proc. : vi–vii. [m. d.]

Bibliographie générale

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Mélanie Desmeules, « HUARD, VICTOR-ALPHONSE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/huard_victor_alphonse_15F.html.

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Auteur de l'article:    Mélanie Desmeules
Titre de l'article:    HUARD, VICTOR-ALPHONSE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024