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HÉBERT, NICOLAS-TOLENTIN, prêtre catholique et colonisateur, né à Saint-Grégoire (maintenant partie de Bécancour, Québec) le 10 septembre 1810, fils de Jean-Baptiste Hébert, notaire, et de Judith Lemire, décédé à Kamouraska, Québec, le 17 janvier 1888.

Nicolas-Tolentin Hébert fit ses études classiques et théologiques au séminaire de Nicolet et fut ordonné prêtre à Québec le 13 octobre 1833. Vicaire à Québec jusqu’en 1840, il devint alors curé de Saint-Pascal qu’il quitta en 1852 pour occuper la cure de Saint-Louis, à Kamouraska, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort.

C’est par son œuvre de colonisation que Hébert retient l’attention. Vers les années 1850, le clergé bas-canadien tentait de susciter un vaste mouvement de colonisation dans le but de freiner l’exode de la population catholique vers les États-Unis. Engagés dans ce mouvement, les prêtres des circonscriptions de L’Islet et de Kamouraska, réunis à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière), à la fin de 1848, décidèrent de jeter les bases de l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska pour coloniser le Saguenay et en confièrent la responsabilité à Hébert, reconnu pour son esprit pratique et son sens de l’organisation.

Cette association est en quelque sorte un prototype des sociétés québécoises de colonisation au xixe siècle. Sa structure était celle d’une coopérative dont la paroisse servait d’unité constituante de base. Chaque paroisse participante – il y en aura huit – était dotée d’un comité représentatif du nombre d’actionnaires. Les actions se vendaient au coût unitaire de £12 10 shillings (environ $50), mais la société pouvait accepter, sur recommandation des comités de paroisse, le paiement des actions sous forme de travail ; un actionnaire ne pouvait en détenir plus de trois. La possession d’une action donnait droit à un lot de 100 acres. Après cinq ans, l’association devait être dissoute et les lots distribués par tirage au sort. La société connut un sommet en 1851, année où 296 actionnaires détenaient 360 actions. En principe, l’argent recueilli devait servir à l’achat des terres, à l’ouverture des voies d’accès et, dans la mesure du possible, au défrichement partiel des terres et à la construction d’une maison sur chaque lot. Rien dans le règlement ne stipulait que les actionnaires devaient assumer la prise de possession de leur terre. En réalité, les actionnaires se divisaient en deux catégories fondamentalement différentes : les actionnaires-protecteurs de colons, surtout des membres du clergé et de la petite bourgeoisie locale, ainsi que les actionnaires-colons qui, en 1851, ne représentaient que 31 p. cent des membres et ne détenaient que 20 p. cent des actions. Ces quelques chiffres donnent une image saisissante de ce que fut vraiment l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska pour coloniser le Saguenay : une alliance du clergé et de la petite bourgeoisie rurale au service de l’idéologie agrarienne théocentrique du xixe siècle.

L’organisation du curé Hébert n’était pas la première à s’introduire au Saguenay. En 1846, Jean-Baptiste Honorat*, supérieur des oblats au Saguenay, avait fondé un premier établissement de colonisation à Grand-Brûlé (Laterrière). Un an plus tard, les gens de La Malbaie fondèrent une colonie à la rivière aux Sables (Jonquière). En 1848, poussant plus vers l’ouest, deux sociétés tentaient de prendre pied à l’est du lac Saint-Jean : l’une de Baie-Saint-Paul, dans le canton de Signay, l’autre, celle du curé François Boucher, dans le canton de Caron, voisin de Signay. Les difficultés rencontrées par ces organisations influencèrent fortement l’action du curé Hébert. À Laterrière, l’œuvre de colonisation avait grandement souffert de la lutte acharnée menée par le supérieur des oblats contre le capitalisme sauvage incarné par le tandem William Price*-Peter McLeod* à la tête d’un vaste monopole forestier dans la région. Par ailleurs, les établissements des cantons de Signay et Caron étaient condamnés à végéter, sinon à mourir, faute d’appui. Le curé Hébert conclut que seule une organisation sans faille pouvait permettre l’implantation d’une colonie viable et qu’il était dans l’intérêt de toute entreprise de colonisation de savoir composer avec les détenteurs du monopole forestier de la région. Ainsi, après des affrontements avec les hommes de Peter McLeod qui cherchaient à dépouiller de leur bois commercial les terres de l’association, Hébert réussit à faire entendre raison à l’associé de Price, qui acheta de la société billots et denrées agricoles, ce qui procura quelques revenus. Tels sont, en définitive, les éléments qui ont assuré le succès de l’œuvre de l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska. Hébert n’a pas, à proprement parler, ouvert la région du lac Saint-Jean à la colonisation, mais c’est lui qui rompit le terrible isolement dans lequel cette zone était plongée, débloquant ainsi au Saguenay le mouvement de colonisation vers l’ouest.

Pendant tout le temps que durèrent ses opérations et même après sa dissolution en 1856 (quelques années plus tard que prévu), la société de colonisation put compter sur le leadership du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, en la personne de l’abbé François Pilote. C’est sans doute cette institution qui fut le creuset idéologique du projet de colonisation de l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska, dont Pilote fut le dernier président. En la personne de Pilote, la société bénéficia d’un médiateur politique efficace et d’un publiciste non moins habile. Il publia, en 1852 à Québec, le Saguenay en 1851 [...], ouvrage destiné à faire connaître le Saguenay et l’œuvre de la société dans cette région.

Le 14 février 1849, un arrêté ministériel accordait à l’association deux cantons à proximité du lac Saint-Jean : Labarre et Métabetchouan. La société devait assumer elle-même le coût d’arpentage des terres, et le prix de ces dernières fut par faveur fixé à un shilling l’acre jusqu’au 1er janvier 1850, après quoi il devait être relevé à deux shillings l’acre. La première action du curé Hébert en vue de la colonisation du lac Saint-Jean fut d’explorer les lieux au début de juin 1849. Il fixa définitivement son choix sur le canton de Labarre. Et, le 21 août suivant, l’occupation et le défrichement du nouveau domaine commencèrent. Deux ans plus tard, la nouvelle colonie comptait 120 résidants permanents.

Le plus grand obstacle auquel eut à faire face la nouvelle colonie était l’absence complète de voies d’accès. Faute de route, la colonie risquait l’asphyxie. Après de nombreuses suppliques, le gouvernement consentit à débloquer £1 500 (environ $6 000) pour la construction d’une route régionale devant unir le Haut-Saguenay au lac Saint-Jean. En 1855, un an après le début des travaux, les fonds étaient épuisés. La route sera complétée après la dissolution de la société. La distance et les difficultés de transport grevèrent lourdement les finances de la nouvelle colonie. De plus, l’association était loin d’avoir rempli ses promesses. En 1855, une centaine de lots étaient occupés sur une possibilité de 337. Mais chose plus grave encore, la société avait accumulé des dettes pour un montant de $6 800 envers des marchands, et l’État refusait d’émettre en bloc les titres de propriété des terres aussi longtemps qu’elles ne seraient pas occupées par les actionnaires ou des colons recrutés par ces derniers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le plus gros effort de recrutement eut lieu après la dissolution de la société, mais il fallut attendre jusqu’en 1871 pour que toutes les terres soient occupées. L’absentéisme des actionnaires-protecteurs de colons fut vite dénoncé par les nouveaux habitants comme une entrave sérieuse au mouvement de colonisation, et seules les nombreuses interventions du curé Hébert et de l’abbé Pilote empêchèrent le gouvernement de révoquer la vente des terres restées vacantes aussi longtemps.

Dans le but de faciliter la prise de possession des terres, le curé Hébert avait accordé aux colons d’importantes marges de crédit sur l’achat des lots et des marchandises. Pour éponger la dette de la société et surtout pour rembourser de leurs frais les actionnaires-protecteurs de colons, Hébert transforma en créances hypothécaires toutes les dettes des colons. Le 26 août 1857, il cédait au créancier universel de la société, Jean-Baptiste Renaud, marchand de Québec, des créances s’élevant à £1 253 11 shillings et 1 penny en paiement partiel d’une dette de £1 720 7 shillings et 11 pence. Neuf ans plus tard, il en cédait d’autres au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière qui assumait le reste de la dette contractée envers Renaud. Ainsi furent liquidées les affaires de la société. Le recouvrement des créances dura jusqu’à la fin du siècle et entraîna la ruine de bien des colons.

Si l’œuvre de Nicolas-Tolentin Hébert n’a pas connu un plein succès, elle a toutefois permis à la colonisation au Saguenay de faire un bond vers l’ouest. Depuis 1857, l’ancienne colonie du canton de Labarre porte le nom d’Hébertville, et un monument y fut érigé en 1925, en l’honneur du curé Hébert.

Normand Séguin

APC, MG 24, 181.— Arch. du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière, Québec), 38XIV.— BE, Chicoutimi ; Lac-Saint-Jean-Est (Hébertville).— Québec, Ministère de l’Agriculture, Reg. des lettres, Corr. de N.-T. Hébert.— Michèle Le Roux, « La colonisation du Saguenay et l’action de l’Association des comtés de l’Islet et de Kamouraska » (mémoire de d.e.s., univ. de Montréal, 1972).— François Pilote, Le Saguenay en 1851 ; histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay, au point de vue de la colonisation (Québec, 1852).— P.-M. Hébert, « Un Acadien ouvre la vallée du Lac-St-Jean », Soc. hist. acadienne, Cahiers (Moncton, N.-B.), 3 (1968–1971) 224–236.

Bibliographie générale

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Normand Séguin, « HÉBERT, NICOLAS-TOLENTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hebert_nicolas_tolentin_11F.html.

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Auteur de l'article:    Normand Séguin
Titre de l'article:    HÉBERT, NICOLAS-TOLENTIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    18 mars 2024