JOHNSON, ARTHUR JUKES, médecin et coroner, né le 20 août 1848 à Yorkville (Toronto), fils de William Arthur Johnson* et de Laura Eliza Jukes ; le 14 juillet 1887, il épousa à Goderich, Ontario, Sophia Maud Elliot Widder, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 9 juin 1921 à Toronto.

Arthur Jukes Johnson vit le jour à Yorkville pendant que son père étudiait la théologie, mais la plus grande partie de son enfance se déroula alternativement à Cobourg, à Yorkville et enfin à Weston (Toronto), où son père fut nommé rector de l’église St Philip en 1856. Ses grands-pères s’étaient connus en Inde ; sa mère et son père y étaient nés. Le lieutenant-colonel John Johnson, officier dans l’East India Company, avait été aide de camp du duc de Wellington avant d’immigrer dans le district haut-canadien de Niagara dans les années 1830. Le docteur Arthur Jukes avait inspecté des hôpitaux en Inde.

Johnson fréquenta la Model Grammar School de Toronto, puis la Trinity College School de Weston, dont son père était le fondateur. Inscrit au Trinity College de Toronto pour l’année 1866–1867, probablement en arts, il s’orienta ensuite vers la médecine. L’exemple de son grand-père Jukes et de son père l’incitèrent fort probablement à suivre cette voie. William Arthur Johnson avait étudié quelque peu la médecine au Guy’s Hospital de Londres et conseillait ses ouailles de Weston en matière de santé.

En 1870, Johnson reçut une licence de médecine de la University of Toronto. Une deuxième licence, ad eundem, lui serait décernée en 1892 par le Trinity College. Après l’obtention de son premier diplôme, il passa environ deux ans en Grande-Bretagne, où les frères de sa mère étaient médecins. Il poursuivit ses études, fut admis en 1871 au Royal College of Surgeons of England et travailla comme chirurgien au St Thomas’s Hospital de Londres. Il deviendrait membre de la Pathological Society of London ainsi que fellow de l’Obstetrical Society of London et de la Royal Microscopical Society.

De retour à Toronto en 1873, Johnson s’inscrivit au College of Physicians and Surgeons of Ontario et ouvrit un cabinet au 1, rue William (avenue Yorkville). Deux ans plus tard, il accéda à l’un des postes de coroner du comté d’York. Il ne tarda pas à collaborer avec les médecins torontois les plus réputés, par exemple James Bovell*, Edward Mulberry Hodder* et Cornelius James Philbrick, à qui, dirait une nécrologie, il était « presque, sinon pratiquement, associé ». Au plus tard en 1885, il se fit construire une maison avec bureau au 52, rue Bloor Ouest à Toronto. C’est là qu’il habiterait jusqu’à son décès.

Johnson s’était vivement intéressé à la pathologie après son retour au Canada, et il travailla quelque temps comme pathologiste au Toronto General Hospital. Ses très solides connaissances en médecine légale, son expérience de coroner et sa réputation d’indépendance à l’égard des milieux politiques lui vaudraient d’être nommé par la province, en juin 1903, coroner en chef de Toronto. Premier titulaire de ce poste, il supervisait 30 coroners adjoints et décidait dans quels cas les décès survenus dans la ville feraient l’objet d’une investigation. Il présida des enquêtes sur des morts causées par des accidents de train, d’automobile et de tramway, sur des lieux de travail et à la suite d’un crime. Il avait le pouvoir de délivrer des mandats d’arrêt.

Le coroner Johnson témoigna pour la couronne dans bon nombre de poursuites criminelles, soit dans la région de Toronto soit ailleurs dans la province. Il comparut en 1890 au procès de Reginald Birchall*, où le procureur de la couronne était Britton Bath Osler*, frère de son ex-condisciple de classe et collègue médecin William Osler*. Il fit de nouveau partie de l’équipe du procureur Osler dans la fameuse affaire des frères Hyams, en 1895–1896. Le corps du jeune William Chinook (Willie) Wells – mort en 1893 à cause d’un accident de travail, semble-t-il – fut exhumé sur l’ordre d’un coroner de Toronto en 1895 après que la sœur du défunt eut révélé que son mari, Harry Place Hyams, avait pris à son bénéfice à elle une grosse police d’assurance sur la vie de Wells. À la suite d’un nouvel examen du crâne par Johnson et d’autres, Harry Place Hyams et son frère Dallas Theodore furent inculpés de meurtre. Johnson comparut en tant que témoin à charge, mais les poursuites se terminèrent par un acquittement. En 1897, dans une autre affaire plaidée par le procureur Osler, Olive Adele Sternaman fut accusée d’avoir administré de l’arsenic à son deuxième mari, George H. Sternaman. Spécialiste en toxicologie, Johnson dirigea l’équipe de cinq médecins convoqués par la couronne à titre de témoins experts. Olive Adele Sternaman fut reconnue coupable de meurtre mais acquittée l’année suivante en appel.

Soucieux d’être utile à la communauté, Arthur Jukes Johnson œuvra au College of Physicians and Surgeons of Ontario durant de nombreuses années. Il appartint au conseil de cet organisme de 1890 à 1895 et de 1903 à 1921 de même qu’à plusieurs de ses comités : publications, éducation, inscription, plaintes et propriétés. Il fut aussi chirurgien consultant au Toronto General Hospital, au St John’s Hospital et au St Michael’s Hospital. En outre, sa contribution s’étendit au domaine du savoir : il fut maître de conférences et examinateur au Trinity College et au Toronto General Hospital, fit partie du conseil d’administration de la Trinity College School de 1902 à 1921 et écrivit un livre paru à Toronto en 1911, Inquests and investigations : a practical guide for the use of coroners holding inquests in Ontario […]. Il succomba à un cancer du pancréas en juin 1921 à son domicile torontois. Fidèle de l’église anglicane St Thomas, il fut inhumé au cimetière St James. Dans son testament, il léguait 5 000 $ pour qu’un hôpital soit fondé en mémoire de son père à la Trinity College School.

Rosemary Wagner

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Rosemary Wagner, « JOHNSON, ARTHUR JUKES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_arthur_jukes_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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