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Titre original :  Title page of "The Indian chief: an account of the labours, losses, sufferings and oppression of Ke-zig-ko-e-ne-ne (David Sawyer), a chief of the Ojibbeway Indians in Canada West" by Conrad Van Dusen. London, 1867. 
Source: https://archive.org/details/cihm_25329/page/n5/mode/1up

Provenance : Lien

KEZHEGOWINNINNE (Geezhigo-w-ininih, Kezigkoenene, Kishigowininy, littéralement « homme du ciel » ou « exalté », connu également sous le nom de David Sawyer), chef de la tribu des Sauteux et membre du clan de l’Aigle, prédicateur méthodiste laïque, instituteur et fermier, né probablement en 1812, à la tête du lac Ontario, Haut-Canada, fils aîné du chef Joseph Sawyer [Nawahjegezhegwabe*] et de son épouse Wetosy (Jane) ; il épousa, probablement en 1830, Anna Springer, et ils eurent au moins trois fils et une fille ; décédé le 11 novembre 1889 à la réserve de New Crédit, canton de Tuscarora, Ontario.

Kezhegowinninne grandit à une époque où son peuple, la bande des Mississagués (Sauteux) de la rivière Crédit, traversait une période de crise. Ayant cédé la presque totalité de son territoire à la couronne britannique, elle errait sans but, à la recherche de réserves de plus en plus rares de gibier et de poisson. La tribu des Sauteux avait été décimée par des maladies venues d’Europe, comme la petite vérole et la tuberculose, contre lesquelles ses membres n’avaient pas d’immunité naturelle. Alors que plus de 500 d’entre eux se retrouvaient sur la rive nord-ouest du lac Ontario en 1787, ils n’étaient plus qu’environ 200 en 1819. Beaucoup de Sauteux croyaient que la tribu n’allait pas tarder à s’éteindre.

Mais, au début des années 1820, la destinée de la tribu changea du tout au tout. Peter Jones [Kahkewaquonaby*] se convertit au méthodisme en 1823 et, l’année suivante, il retourna auprès du peuple auquel appartenait sa mère pour y prêcher l’Évangile. Non seulement la conversion au christianisme apporta l’espoir à la bande découragée, mais elle l’aida aussi à adopter un nouveau mode de vie basé sur l’agriculture et l’éducation à la manière des Blancs. L’un des premiers membres que Jones convertit fut son cousin Kezhegowinninne, baptisé en 1825 du nom de David Sawyer par le révérend Alvin Torry ; Sawyer adhéra par la suite à l’Église méthodiste épiscopale (qui devint après 1833 l’Église méthodiste wesleyenne), à laquelle il devait consacrer sa vie. Aussitôt converti au christianisme, il emmena ses parents à la réserve de la rivière Grand où ils se joignirent à la communauté méthodiste indienne, en pleine expansion. Ils se fixèrent dans le village indien méthodiste qui était en train de s’établir à l’embouchure de la rivière Crédit au cours de l’hiver de 1825–1826, et David fréquenta l’école de la mission, où enseignait John Jones [Thayendanegea*], frère de Peter.

À la fin des années 1820, Peter Jones avait amené presque toute la bande à se convertir au christianisme. Après avoir terminé ses études, Sawyer devint l’un des collaborateurs en qui Jones avait le plus confiance. En juillet 1829, il obtint son premier poste d’instituteur, à l’école de la mission du lac Simcoe, et, l’année suivante, il fut nommé à l’école méthodiste de la bande des Matchedashs dans la région de la baie Géorgienne. Il servait aussi d’interprète au missionnaire méthodiste blanc de la région et prêchait à l’occasion la « bonne nouvelle » aux Indiens en sauteux. Au cours de l’été de 1832, Sawyer et deux autres membres de la bande de la rivière Crédit se virent confier une mission spéciale auprès des Indiens de la région de Sault-Sainte-Marie. Le journal de voyage de Sawyer, dont le Christian Guardian publia par la suite la traduction, constitue un document fascinant, dans lequel il raconte les épreuves qu’ils eurent à surmonter : « Un Indien sait toujours comment s’en sortir, quelle que soit la situation où il se trouve », y écrivait Sawyer avec fierté. En 1833, on l’envoya à l’établissement de Saugeen, sur le lac Huron, et, l’année suivante, satisfaits de son travail, ses supérieurs l’affectèrent à Muncey, dans le comté de Middlesex. Dans les deux missions, Sawyer faisait à la fois fonction d’instituteur et d’interprète auprès du missionnaire blanc. Après avoir passé deux ans à Muncey, il retourna à la mission de la rivière Crédit où le conseil de la bande décida immédiatement de l’engager comme employé auquel il verserait un salaire.

D’après les rares témoignages écrits qui subsistent, Sawyer semble avoir été un homme compétent et très indépendant. Entièrement voué à la foi méthodiste, il fustigeait tout prédicateur qui ne lui semblait pas prêcher l’Évangile avec assez de zèle. Un jour, en 1840, il déclara au conseil de bande de la rivière Crédit qu’il « ne faisait aucune différence entre les [prédicateurs méthodistes] britanniques et canadiens [...] ils aim[ent] leur confort et craign[ent] d’aller dans le bois de peur de se mouiller les pieds ». Il se montrait aussi sévère pour les Indiens qui, d’après lui, ne faisaient pas vraiment d’efforts pour cultiver la terre. Dans une lettre du 1er mal 1849 adressée à Peter Jones, il écrivait : « si le lait et le miel coulaient littéralement à flots, cela n’empêcherait pas certains d’entre eux, qui ont été la honte du village, de mourir de faim, car ils ne prendraient jamais le temps ni la peine de les recueillir, tant qu’ils pou[mont] obtenir du whisky ». Par la suite, l’Eglise méthodiste wesleyenne devait prendre Sawyer à l’essai en 1851 et, l’année suivante, il fut ordonné « pour [remplir des] missions spéciales ».

En 1847, les pressions des colons et des entrepreneurs forestiers, qui cherchaient à occuper leur territoire, avaient forcé les Indiens de la rivière Crédit à rechercher des terres plus reculées. Au début de cette année-là, Sawyer et d’autres membres de la bande allèrent s’établir plus au nord, dans la région d’Owen Sound, avec l’intention d’y cultiver des terres qui appartenaient encore aux Sauteux. Cependant, la pauvreté du sol convainquit la plupart de retourner dans le sud où ils se fixèrent dans une région fertile, à l’extrémité sud-ouest de la réserve de la rivière Grand, près de Brantford, sur des terres que leur avait offertes le Conseil de la ligue des Six-Nations ; en 1848, ils donnèrent à leur nouvelle réserve le nom de New Crédit. Sawyer et une poignée d’autres membres demeurèrent avec la bande des Newashs près d’Owen Sound. Reconnaissant les talents de Sawyer, la bande lui demanda d’agir comme son représentant et de l’assister dans ses négociations avec le gouvernement. En échange, la bande l’adopta, ainsi que sa famille, lui donna 43 acres de terre pour son usage personnel et l’aida à se construire une maison.

Sawyer était entré dans une société indienne profondément divisée en factions religieuses (méthodistes, catholiques et non-chrétiens) et tribales (Sauteux et Potéouatamis). Le département des Affaires indiennes s’opposa au choix de Sawyer comme représentant de la bande, en partie parce qu’il craignait que son méthodisme ardent n’avivât les tensions religieuses. Lorsque Sawyer s’absenta de Newash pour un an, en 1851, afin d’aider le missionnaire méthodiste œuvrant dans la mission voisine de Saugeen, le département des Affaires indiennes se hâta de le remplacer par Charles Keeshick (Kezicks), Potéouatami récemment adopté par la bande, qui était le beau-frère du chef Peter Jones Kegedonce, un des porte-parole de la faction des Potéouatamis, majoritairement catholique. Pendant le mandat de Keeshick, la bande céda au gouvernement, en 1854, la plus grande partie de la presqu’île de Bruce et, à la suite de cette cession, l’hostilité des autochtones envers la faction catholique s’accrut rapidement. Le 9 mars 1855, la bande adopta une résolution par laquelle Sawyer remplaçait Kegedonce comme chef, tout en faisant fonction de scribe et d’interprète. Le département des Affaires indiennes refusa ce choix, en dépit d’une lettre du 30 juin 1855 adressée par le révérend Conrad Vandusen*, missionnaire méthodiste œuvrant à Newash et Colpoys Bay depuis 1852, au surintendant des Affaires indiennes, lord Bury ; dans cette lettre, Vandusen faisait remarquer que, sur les 106 Indiens adultes de la région d’Owen Sound et de Saugeen qui avaient des droits sur cette terre, 78 avaient appuyé la pétition demandant la destitution de Keeshick et de Kegedonce, lesquels n’étaient soutenus que par quelques Potéouatamis récemment adoptés par la tribu. Mais le département des Affaires indiennes, sans aucun doute heureux de négocier avec les autorités indiennes dociles qui se trouvaient en place, s’arrangea pour les y maintenir.

En 1856, en l’absence de Sawyer de la région d’Owen Sound, le département des Affaires indiennes se fit céder les terres de la réserve de Newash que la bande avait conservées pour son propre usage deux ans plus tôt. Invités à Toronto, « quelques Indiens » signèrent, en février 1857, un traité par lequel ils abandonnaient toutes ces terres, y compris la ferme de Sawyer. Celui-ci se retrouva sans aucun recours, car les Indiens, considérés comme mineurs par le gouvernement, ne pouvaient avoir de titres de propriété en tant que particuliers. Une Indienne, Catherine Sutton [Nahnebahwequay*], se rendit spécialement à Londres et réussit à recouvrer son titre, mais les pétitions présentées par Sawyer demeurèrent sans réponse.

N’ayant pas d’autres moyens de subsistance que sa ferme, Sawyer revint finalement à la réserve de New Crédit, en octobre 1861 ; à la mort de son père, deux ans plus tard, il lui succéda au poste de grand chef. Sous sa direction, exercée avec compétence pendant 25 ans, la réserve de New Credit devint l’un des premiers établissements agricoles indiens d’Amérique du Nord. Sawyer aida à réaliser à la réserve l’expérience qu’il avait tentée auparavant à l’établissement indien d’Owen Sound. À sa mort, le révérend Thomas S. Howard, ministre méthodiste de la région, rendit hommage à « son intégrité de chrétien, dans tous les aspects de sa vie ».

Les Sauteux qui, comme David Sawyer, fréquentèrent les écoles de mission méthodistes dans les années 1820 et 1830, constituaient des exceptions parmi les autochtones, dont la plupart ne connaissaient pas grand-chose du mode de vie des Blancs. Le département des Affaires indiennes se heurtait fréquemment à ces Indiens européanisés, qui protestaient contre tout ce qu’ils considéraient comme un traitement injuste fait aux Indiens. Se méfiant de leur méthodisme ardent et de leur esprit indépendant, le département cherchait parfois à contrecarrer leur influence, comme semble l’indiquer la carrière de David Sawyer.

Donald B. Smith

Le journal de Kezhegowinninne a été traduit par John Jones et publié dans le Christian Guardian, le 13 févr. 1833.

APC, RG 10, A6, 1 011.— UCA, Mission register for the Credit River Mission.— Victoria Univ. Library (Toronto), Peter Jones coll., Anecdote book, no 4.— Woodland Indian Cultural Educational Centre (Brantford, Ontario), New Credit registry, 1847–1874, Sawyer à Peter Jones, 1er mai 1849.— Enemikeese [Conrad Vandusen], The Indian chief : an account of the labours, losses, sufferings, and oppression of Ke-zig-ko-e-ne-ne (David Sawyer), a chief of the Ojibbeway Indians in Canada West (Londres, 1867).— T. S. Howard, « David Sawyer », Christian Guardian, 19 mars 1890.— Peter Jones (Kahkewaquonaby), History of the Ojebway Indians ; with especial reference to their conversion to Christianity [...], [Elizabeth Field, édit.] (Londres, 1861) ; Life and journals of Kah-ke-wa-quo-nā-by (Rev. Peter Jones), Wesleyan missionary, [Elizabeth Field, édit.] (Toronto, 1860).— P. S. Schmalz, The history of the Saugeen Indians ([Toronto], 1977).

Bibliographie générale

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Donald B. Smith, « KEZHEGOWINNINNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kezhegowinninne_11F.html.

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Auteur de l'article:    Donald B. Smith
Titre de l'article:    KEZHEGOWINNINNE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    19 mars 2024