LANDRY, DAVID-VITAL, médecin, homme politique, agriculteur et fonctionnaire, né le 14 juillet 1866 à Memramcook, Nouveau-Brunswick, fils de Vital-J. Landry et de Mathilde-D. Cormier ; le 6 octobre 1896, il épousa à Saint-Léonard, Nouveau-Brunswick, Annie-Marie Michaud, et ils eurent trois fils et cinq filles ; décédé le 18 décembre 1929 à Bathurst, Nouveau-Brunswick.

David-Vital Landry fréquenta l’école publique et le collège Saint-Joseph [V. Camille Lefebvre*] à Memramcook. En 1892, il reçut de l’université Laval à Montréal un doctorat en médecine avec grande distinction. Avant la fin de ses études, il avait enseigné un court moment dans le réseau public du Nouveau-Brunswick. Il exerça la médecine à Memramcook de 1892 à 1894 puis à Bouctouche, où il résiderait jusqu’à son décès.

Conseiller municipal de la paroisse de Wellington en 1900-1901, Landry devint député conservateur de la circonscription de Kent à l’Assemblée législative aux élections générales du 3 mars 1908. Il entra le 24 mars au cabinet de John Douglas Hazen* en tant que commissaire de l’Agriculture et fut élu sans opposition à l’élection partielle subséquente du 7 avril. Sa nomination n’avait rien d’étonnant. Certes, l’influence des Acadiens sur la scène politique de la province déclinait, mais Landry était un notable dans son milieu et possédait une ferme lucrative à Bouctouche. Plus tard, il aurait un bel élevage de renards noirs.

À la tête du département, Landry présida une commission chargée en 1908 d’examiner la situation de l’agriculture dans la province, ce qui l’amena à tenir des audiences dans beaucoup de petites collectivités rurales. Il encouragea la formation des fermiers en favorisant la création de sociétés d’agriculture et en nommant un horticulteur provincial. De plus, afin d’améliorer la vie à la campagne, il proposa d’augmenter le nombre de téléphones et de réduire la quantité d’automobiles, d’intensifier l’immigration à destination du Nouveau-Brunswick et d’ouvrir plus de terres publiques à la colonisation. À cause de sa position sur l’immigration, il prêtait flanc à la critique des Acadiens, qui craignaient l’arrivée de colons anglophones dans leurs régions. À l’Assemblée, on l’interrogeait sur des cas de favoritisme et sur les dépenses engagées par son département pour importer des chevaux du Kentucky. Néanmoins, le successeur de Hazen, James Kidd Flemming, lui confia le même portefeuille le 16 octobre 1911.

Landry remporta la victoire aux élections générales de juin 1912 malgré l’obstination avec laquelle le libéral Peter John Veniot*, étoile montante de la politique acadienne, tentait de lui faire porter le poids des agissements de son gouvernement, surtout en matière de favoritisme. La même année, son titre ayant été modifié, il devint ministre de l’Agriculture. Il démissionna le 22 janvier 1914, date de sa nomination au poste de secrétaire-trésorier de la province. Rien ne porte à croire qu’il était personnellement impliqué dans le gros scandale qui força Flemming à quitter le fauteuil de premier ministre au début de décembre. Toujours secrétaire-trésorier sous le premier ministre conservateur George Johnson Clarke, il continua cependant de promouvoir l’agriculture, surtout auprès des Acadiens. En 1915, il invita Mgr Marcel-François Richard* à ouvrir un collège d’agriculture à Rogersville. Bien qu’il ait été le doyen des membres du gouvernement Clarke, il était manifestement incapable de convaincre les Acadiens de voter pour le Parti conservateur. L’opposition libérale comptait seulement deux députés, et ils étaient Acadiens. L’emprise traditionnelle des conservateurs sur les francophones du Nouveau-Brunswick s’effritait. Cette situation pourrait expliquer pourquoi, lorsque, en février 1917, à l’approche des élections, il fallut choisir quelqu’un pour remplacer Clarke, trop malade, le poste de premier ministre intérimaire n’alla pas à Landry. Ce dernier resta secrétaire-trésorier sous le nouveau premier ministre conservateur James Alexander Murray.

Fervent partisan de la formation d’un bataillon acadien au cours de la Première Guerre mondiale, Landry ne semble pas s’être prononcé sur la conscription. Toutefois, ni son silence sur cette question, ni le dégoût que, dit-on, lui inspiraient les scandales qui éclaboussaient l’un après l’autre les gouvernements conservateurs, ni la vigueur avec laquelle il fit campagne en prévision des élections du 24 février 1917 ne l’empêchèrent de subir la défaite, tout comme son parti. Il démissionna avec le gouvernement Murray le 29 mars. L’hostilité des anglophones envers les Acadiens, prétendument indifférents à l’effort de guerre, ainsi que le tort causé aux conservateurs par les scandales avaient gravement compromis ses chances de réélection. Il essuierait un autre échec dans Kent en octobre 1920, à titre de candidat des Fermiers unis du Nouveau-Brunswick.

Landry s’identifiait à ses concitoyens francophones et composa quelques poèmes patriotiques pour la presse acadienne. À ses yeux, l’histoire de son peuple était, comme le voulait la tradition, une lutte pour la survivance. En 1911, au premier institut acadien de formation des enseignants, à Saint-Louis de Kent, il avait annoncé que le gouvernement parrainerait le premier manuel d’histoire du Canada en langue française destiné aux écoles publiques de la province. Philéas-Frédéric Bourgeois* en était l’auteur. Les pressions de Landry et des deux inspecteurs d’écoles acadiens, Jean-Flavien Doucet et Charles-D. Hébert, avaient dû influencer la décision des conservateurs. Par la suite, les Acadiens reprocheraient au gouvernement d’avoir retardé la diffusion du manuel jusqu’en 1914.

Membre de la Société l’Assomption [V. Rémi Benoît*] presque dès les débuts, Landry en avait fondé la première section au Canada en 1904. Au sein de cette mutuelle, il s’occupa beaucoup du programme de bourses d’études et exerça diverses fonctions au comité directeur de 1904 à 1927, y compris la présidence de 1913 à 1919. Il fut, en 1917, à la tête d’un comité formé par la Société l’Assomption en vue d’acheter à Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse, le terrain sur lequel s’élevait autrefois l’église Saint-Charles-des-Mines, où le lieutenant-colonel John Winslow* avait annoncé la déportation des Acadiens de la région en 1755. Le comité projetait d’aménager un parc et de bâtir une église commémorative. Landry avait milité également à la Société nationale de l’Assomption [V. Pascal Poirier*], notamment en qualité de conseiller et de vice-président en 1907. Le congrès de la société qu’il présida en 1921 à Church Point, en Nouvelle-Écosse, donna l’impulsion à une vaste collecte de fonds pour l’église commémorative.

En 1925, des rumeurs voulaient que les conservateurs se servent de Landry pour mobiliser les Acadiens contre Veniot, premier ministre depuis deux ans. Landry posa en véritable porte-étendard du nationalisme acadien - il fit valoir qu’il soutenait la Société l’Assomption alors que Veniot n’y était même pas inscrit -, ce qui, semble-t-il, embarrassa d’autres membres de la société. Il subit la défaite aux élections générales d’août 1925. Deux ans plus tard, il reçut par faveur le poste de médecin hygiéniste des comtés du nord du Nouveau-Brunswick.

Landry mourut subitement à Bathurst en 1929, juste avant de présider une réunion du bureau de santé. Plusieurs années membre du conseil d’administration de l’Évangéline, journal plutôt libéral, il avait exercé cette fonction consciencieusement, sans tenter d’imposer ses opinions conservatrices. En outre, il avait appartenu à la League of Nations Society in Canada et appuyé le mouvement de tempérance.

David-Vital Landry était renommé pour son éloquence et pour son application au travail. Sa réputation d’intégrité avait survécu aux nombreux scandales politiques. À une époque où les Acadiens optaient en nombre croissant pour le Parti libéral, il avait assuré aux francophones une présence continue parmi les conservateurs.

Sheila Andrew

APNB, F 4761 (mfm) ; MC 1156, 9.- Centre d’études acadiennes, univ. de Moncton, N.-B., Fonds R.-A. Arsenault, 506.1-1 ; Fonds M.-F. Richard, 8.2-18.- L’Évangéline (Weymouth Bridge, N.-É.), 1er oct. 1896 ; publié par la suite à Moncton, 1er, 22 mai, 12, 19 juin 1912, 30 mars 1916, 28 févr. 1917, 22 août 1921, 24 juill., 4, 18 déc. 1924, 5 févr., 7, 14 mai 1925, 26 déc. 1929.- Moncton Transcript, 1er mars 1916.- Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 3 sept. 1908, 15 avril, 13 mai, 12 août 1909.- CPG, 1908-1925.- Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.- A. T. Doyle, Front benches & back rooms : a story of corruption, muckraking, raw partisanship and intrigue in New Brunswick (Toronto, 1976).- A.-J. Léger, les Grandes Lignes de l’histoire de la Société l’Assomption (Québec, 1933).- A.-J. Savoie, « l’Enseignement en Acadie de 1604 à 1970 », dans les Acadiens des Maritimes : études thématiques, Jean Daigle, édit. (Moncton, 1970), 419-466 ; Un siècle de revendications scolaires au Nouveau-Brunswick, 1871-1971 (2 vol., [Edmundston, N.-B.], 1978-1980).— Univ. Laval, Annuaire, 1893–1894.— [J.] R. [H.] Wilbur, The rise of French New Brunswick (Halifax, 1989).

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Sheila Andrew, « LANDRY, DAVID-VITAL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/landry_david_vital_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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