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LANOULLIER DE BOISCLERC, JEAN-EUSTACHE, contrôleur de la Marine, grand voyer, né en 1689 ou en 1694 à Paris, fils de Jean Lanoullier, bourgeois, et de Marie-Reine Grasse, de la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, décédé le 25 novembre 1750 à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Les détails concernant les premières années de la vie de Jean-Eustache Lanoullier de Boisclerc sont fragmentaires et se confondent souvent avec ceux qui ont trait à son demi-frère Nicolas avec qui il traversa en Nouvelle-France en 1712. Il était sans doute en quête d’un avenir plus brillant que celui que pouvait lui offrir son père à Paris, lequel devait finalement faire faillite. Tout comme Nicolas, il comptait peut-être obtenir un poste avantageux dans la colonie en mettant à profit l’influence dont jouissait à la cour de France, Mme Mercier, une belle-sœur qui avait été la nourrice de Louis XV. En 1719, il fut nommé contrôleur de la Marine ; le 21 décembre de la même année, il épousa Marie-Marguerite Duroy, veuve de Claude Chasle. Dix ans plus tard, l’arrivée à Québec de Gilles Hocquart* en qualité de commissaire ordonnateur marqua un tournant important dans sa carrière. Le 14 juin 1729, le grand voyer de la Nouvelle-France, Pierre Robinau* de Bécancour, mourut, et Hocquart, qui se plaignait que les détenteurs de cette fonction l’avaient jusqu’à présent surtout considérée comme une sinécure, chercha à pourvoir la charge d’un titulaire énergique qui saurait doter la colonie d’un système routier susceptible de favoriser le commerce et la colonisation. Le 26 octobre 1730, il recommanda à ce poste Jean-Eustache Lanoullier, signalant que celui-ci avait fait preuve d’énergie et de sens de l’organisation en disposant des marchandises sauvées du naufrage du navire royal l’Éléphant en 1729. Le 10 avril 1731, Lanoullier reçut les lettres patentes le nommant grand voyer ; celles-ci furent enregistrées au Conseil supérieur le 20 août. Il occupa cette charge jusqu’à sa mort, en 1750.

Lanoullier fut le premier grand voyer à prendre les devoirs de sa charge au sérieux ; ces devoirs comprenaient la construction, l’entretien et l’inspection de toutes les routes et de tous les ponts tant des villes que des campagnes. Il dressa des centaines de procès-verbaux, 34 seulement pour l’année 1731, établissant en détail les améliorations qu’il avait apportées au système routier déjà existant et il persuada Hocquart d’émettre des ordonnances réglementant l’entretien et l’utilisation des routes. Lui-même et son adjoint à Montréal, René de Couagne, en venaient généralement à une entente avec les parties en cause – seigneurs, curés, marguilliers, cultivateurs – avant de mettre un projet en œuvre, néanmoins ils étaient souvent contraints de faire peser la menace des amendes prévues dans les ordonnances, et qui pouvaient s’élever jusqu’à 20#, pour convaincre les habitants de prendre part aux corvées royales, principales sources de main-d’œuvre. En 1732, Hocquart déclara que Lanoullier faisait l’éducation de bien des gens touchant leurs obligations à ce sujet et, ce faisant, il contribuait à répandre le respect de l’autorité du roi dans les campagne. À la fin des années 40, on avait amélioré les routes et les ponts d’à peu près toutes les paroisses de la Nouvelle-France.

La plus grande réalisation de Lanoullier fut la construction de deux chemins du roi lesquels, en 1750, allaient parcourir en long et en large la partie centrale de la colonie. Le premier et le plus impressionnant de ces chemins reliait Québec à Montréal en suivant la rive nord du Saint-Laurent, et couvrait une distance de près de 200 milles. Les travaux commencèrent à la rivière Maskinongé en juillet 1732 ; on ouvrit de nouveaux tronçons de 24 pieds de largeur, à travers 23 seigneuries tout en améliorant les 14 routes seigneuriales que ces nouveaux tronçons reliaient. En 1733, la difficile section autour du lac Saint-Pierre était terminée ; Lanoullier, dans cette seule année, avait passé 45 jours à cheval ; 10 des 13 ponts nécessaires entre la Maskinongé et la rivière du Loup étaient en place ; un système de bacs, fonctionnant selon un plan de péage établi par l’intendant, permettait de franchir les rivières sur lesquelles il était impossible de jeter un pont. Un an plus tard, un équipage pouvait franchir en quatre jours la distance entre Québec et Trois-Rivières et, à l’achèvement de la route, en 1737, le cavalier qu’un peu de boue n’effrayait pas, atteignait Montréal en quatre jours et demi. Lanoullier consacra encore dix ans au parachèvement de cette route. En 1739, il avait mis en branle les travaux de construction d’une route en direction nord-sud qui partait à l’est de Montréal, longeait la rive sud du Saint-Laurent jusqu’au fort Chambly situé sur le haut Richelieu, puis descendait le long du Richelieu jusqu’au fort Saint-Jean où elle faisait la jonction avec un traversier, sorte de bateau plat construit en 1741 pour naviguer sur le lac Champlain jusqu’au fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.). En 1747, cette route fut, prolongée plus au sud pour finalement atteindre le fort Saint-Frédéric.

Compte tenu des obstacles qu’il fallut surmonter, ces routes étaient raisonnablement bien construites. Hocquart les trouvait excellentes et il souligna l’avantage qu’elles représentaient pour la colonie. « Ces chemins procurent les communications d’un endroit a une autre plus facilles qu’elles ne l’on jamais esté », déclarait-il en 1735, et il ajoutait qu’ils permettaient aux colons de se rendre aux marchés des villes pour y vendre leurs produits. En outre, de nouvelles régions devenaient accessibles à l’établissement des colons. Hocquart affirma que l’expansion rapide que connut la région du lac Saint-Pierre au cours des années 30 était la conséquence directe de l’ouverture des chemins de Lanoullier et que la colonisation de la vallée du Richelieu en fut grandement facilitée. Il ne fait pas de doute que ces routes constituèrent une des plus grandes réussites matérielles du régime français.

La connaissance profonde que Lanoullier avait de la géographie de la Nouvelle-France, de même que les contacts quotidiens qu’il avait avec la population des campagnes en faisaient l’homme tout désigné pour remplir d’autres fonctions. Hocquart en fit son agent spécial et lui confia les tâches les plus diverses allant de l’évaluation de la condition des récoltes à la participation au recensement bisannuel. En outre, lorsque parvenait à Québec un rapport sur l’existence de riches dépôts miniers, c’est à Lanoullier qu’on confiait la mission d’aller vérifier sur place. En 1734, par exemple, il passa plusieurs mois au portage des Chats, sur la rivière Outaouais, à prélever des échantillons de gisements de plomb et, en 1740, il partit avec Jacques Simonet d’Abergemont des forges du Saint-Maurice à la recherche de minerai de fer à la Pointe-du-Lac. En fait, il était surveillant officieux pour le compte de Hocquart aux forges du Saint-Maurice ; il était présent lorsque Pierre-François Olivier* de Vézin dressa les plans des forges, en 1735. À la suite de ses nombreuses expéditions à travers la colonie, Lanoullier prépara des rapports qui établissaient si les terres qu’ils traversaient étaient propices à la culture et, en 1739, on l’envoya au fort Saint-Frédéric délimiter 90 concessions en vue d’établissements ultérieurs. Lors des mauvaises récoltes des années 1736–1737 et 1742–1743, Hocquart l’envoya calmer les frayeurs superstitieuses des colons et les persuader de vendre leurs surplus de blé plutôt que de les entasser dans des greniers. Au cours de la deuxième crise, Lanoullier employa la force pour vider toutes les granges de l’île d’Orléans. De fait, à titre de préposé à l’exécution de la corvée royale et d’agent de l’autorité centrale, il était sans doute vu par la population avec une aversion semblable à celle qu’inspiraient aux paysans français les collecteurs d’impôts.

Hocquart, toutefois, ne fut pas ingrat. En plus de son traitement annuel de 600#, Lanoullier reçut à peu près chaque année une gratification de 500# et on le défrayait pour les dépenses faites au cours de ses nombreux voyages. De plus, en 1734, Hocquart et le gouverneur, Charles de Beauharnois, recommandèrent que lui soit concédée une seigneurie derrière la mission des jésuites à Sault-Saint-Louis. Cette recommandation fut approuvée en 1735 mais annulée un an plus tard à la suite des protestations énergiques des jésuites, qui firent valoir que cette concession séparerait les Indiens de la mission de leur territoire de chasse. La déception qu’il éprouva de ne pouvoir constituer le vaste patrimoine qu’il destinait aux 6 de ses 15 enfants qui avaient vécu au-delà de l’enfance fut adoucie par la bonne volonté de Hocquart de confier à ses fils des postes à l’intendance. Tout compte fait, les années d’efforts ardus de Lanoullier eurent le grand mérite de concourir à ouvrir à la colonisation et au commerce les vastes campagnes de la Nouvelle-France. Sa contribution à l’expansion économique de la colonie au cours des années 1730 fut de longue portée.

Donald J. Horton

Les meilleures sources touchant la famille et la carrière de Lanoullier se trouvent dans P.-G. Roy, Les grands voyers de 1667 à 1842, BRH, XXXVII (1931) : 449s. et La famille Lanoullier (Lévis, 1935). On consultera aussi AN, Col., C11A, 57–80 ; cette série de même que P.-G. Roy, Inv. procès-verbaux des grands voyers V, et Inv. ord. int., III, constituent les meilleures sources sur son activité de constructeur de routes. La construction du premier chemin Québec-Montréal et le problème des corvées (1706–1737), RHAF, XII (1958–1959) : 3–29 de Roland Sanfaçon et Roads in New France and the policy of expension, CHA Report, 1934, 48–56, de G. P. de T. Glazebrook contiennent les meilleures descriptions de la route de Québec à Montréal. Histoire du Canada, III, de Lanctot et La colonisation de la Nouvelle-France : étude sur les origines de la nation canadienne française (Paris, 1906 ; Trois-Rivières, 1970) d’Émile Salone fournissent des analyses succinctes sur l’effet général que la construction des routes produisit sur l’économie de la colonie. [d. j. h]

Bibliographie générale

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Donald J. Horton, « LANOULLIER DE BOISCLERC, JEAN-EUSTACHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lanoullier_de_boisclerc_jean_eustache_3F.html.

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Auteur de l'article:    Donald J. Horton
Titre de l'article:    LANOULLIER DE BOISCLERC, JEAN-EUSTACHE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    16 avril 2024