Le journaliste français Hyacinthe-Poirier Leblanc de Marconnay (1794–1868) s’est opposé aux Patriotes en 1837–1838. Arrivé à Montréal probablement en 1834, il devient bientôt rédacteur à la Minerve et partisan de Louis-Joseph Papineau. Il change toutefois de camp trois ans plus tard et obtient le poste d’éditeur en chef du Populaire. En 1840, Leblanc de Marconnay rentre en France, après avoir collaboré à d’autres journaux loyalistes, l’Ami du peuple et l’Aurore des Canadas.

LEBLANC DE MARCONNAY, HYACINTHE-POIRIER, écrivain et journaliste, né le 20 janvier 1794 à Paris, décédé dans cette ville le 17 février 1868.

La famille de Leblanc de Marconnay, dont la noblesse remonte au début du xvie siècle, est d’origine poitevine. Fils probable d’un ancien page de la famille d’Orléans, Hyacinthe-Poirier est reçu apprenti à la loge franc-maçonne Clémente Amitié de Paris en 1820 et maître neuf mois après. En 1828, il a atteint le 32e degré. Le frère Leblanc change d’ailleurs d’obédience maçonnique puisqu’il passe du Grand Orient (1820–1827) au Rite écossais (1827–1834) pour revenir au Grand Orient (1834–1868). Neuf de ses publications montrent son activité au sein des loges.

Sans doute arrivé au Canada en 1834, Leblanc de Marconnay commence sa carrière dans la colonie en couvrant l’élection du comté de Deux-Montagnes, qui avait été entachée d’irrégularités à l’automne de 1834. À cette occasion, Jean-Joseph Girouard* et William Henry Scott*, représentants du parti patriote, avaient été élus alors que Frédéric-Eugène Globensky et son beau-frère, James Brown*, s’étaient désistés devant leur peu de chances de gagner. Ces derniers avaient empêché les sympathisants de Girouard et de Scott de voter à Saint-André-d’Argenteuil mais, à Saint-Eustache, ils avaient dû se replier avec les hommes qu’ils avaient amenés. Leblanc de Marconnay loue alors le courage et la ténacité des Canadiens favorisant le parti patriote. Le récit de ces évènements par Girouard, publié en partie dans la Minerve du 17 novembre 1834, où Leblanc de Marconnay est rédacteur depuis le 5 septembre, parut ensuite sous le titre de Relation historique des événements de l’élection du comté du lac des Deux Montagnes en 1834 [...]. Les années qui suivent marquent un tournant dans la carrière de Leblanc de Marconnay. Il obtient le poste d’éditeur en chef du Populaire, journal lancé par Léon Gosselin* en avril 1837, ce qui le conduit à s’opposer aux Patriotes pendant les rébellions de 1837–1838. Il se distingue aussi en y encourageant les femmes à développer leurs talents littéraires. À compter d’août 1839, il collabore à l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, autre journal loyaliste de Montréal. En février 1840, avant même la disparition de l’Ami du peuple, il est rédacteur à l’Aurore des Canadas. Il quitte le pays au cours de cette même année.

D’abord favorable aux Patriotes et à Louis-Joseph Papineau*, Leblanc de Marconnay avait pris parti pour les « Franco-Canadiens » afin qu’ils aient une juste représentation à la chambre d’Assemblée, jusqu’au jour où, comme il l’écrivait à sir Charles Bagot* dès son retour à Paris, des insensés les ont poussés à la révolte. Même s’il affirme que son but était de montrer que les Canadiens français avaient le droit de conserver leurs institutions autonomes, on ne peut s’empêcher de voir en Leblanc de Marconnay un transfuge et un arriviste. Non seulement il était passé de la Minerve au Populaire avec Léon Gosselin, fustigeant sans vergogne les Patriotes, mais il avait publié dès 1836 une violente diatribe contre Louis-Hippolyte La Fontaine, Edmund Bailey O’Callaghan* et Louis Perrault dans la Petite Clique dévoilée [...], les qualifiant d’hypocrites, de démocrates forcenés, d’aboyeurs « cliquocrates », les accusant même de vouloir renverser Papineau. En février 1840, il confie à l’éditeur de Québec John Neilson* qu’à Montréal les requêtes contre l’union sont l’affaire de La Fontaine, de Côme-Séraphin Cherrier*, de Charles Mondelet* et de la clique des Patriotes exaltés qui cherchent à reprendre les fils des opérations de Papineau. Il affirme qu’on ne l’a pas invité à participer à ces requêtes, même si le journal qu’il dirige, l’Aurore des Canadas, s’est prononcé contre l’union. Selon lui, c’est sans doute parce qu’on a présumé qu’il serait contre les opérations dans lesquelles on voulait s’engager. Sa dernière publication à Montréal serait une réfutation de l’Histoire de l’insurrection du Canada du chef patriote en exil, parue en 1839, et généralement attribuée à Charles-Clément Sabrevois de Bleury. Il n’est pas surprenant qu’une fois rentré à Paris, Leblanc de Marconnay écrive à Bagot, le 23 octobre 1841, qu’il a été dans les confidences de tous les partis et qu’il retournerait volontiers au Canada si on lui offrait un poste convenable. Il annonce par la même occasion qu’il prépare un ouvrage sur la « Véritable situation des Canadas », ouvrage qui ne semble pas avoir été publié.

Vraisemblablement marié en 1820 à Paris, Leblanc de Marconnay épousa ensuite Marguerite Nadeau au Bas-Canada, avant la naissance de leur fils en mai 1836. Il semble avoir participé à des activités maçonniques pendant son séjour au Canada. Longtemps après son retour d’Amérique, il écrira une lettre à la loge Albion de Québec, à titre de secrétaire de la loge Clémente Amitié de Paris, dans laquelle il affirme avoir assisté à quelques séances des loges de Montréal. Franc-maçon et journaliste, Leblanc de Marconnay s’intéressait aussi au théâtre. On lui doit un opéra-comique qu’il fit jouer à Paris en 1831, de même qu’un intermède en deux parties, exécuté en 1835 et 1836 au théâtre Royal de Montréal, et une comédie en un acte, Valentine, ou la Nina canadienne.

Claude Galarneau

[H.-P. Leblanc de Marconnay], La petite clique dévoilée, ou quelques explications sur les manœuvres dirigées contre la minorité patriote qui prit part au vote sur les subsides, dans la session de 1835 à 1836, et plus particulièrement contre C. C. Sabrevois de Bleury, écuyer, avocat du Barreau de Montréal, membre de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada (Rome, N.Y., 1836) ; Le soldat, intermède en 2 parties, mêlé de chants, exécuté sur le théâtre Royal de Montréal (Bas Canada) en 1835 et 1836, arrangé par M. Leblanc de Marconnay (Montréal, 1836) ; Valentine, ou la Nina canadienne, comédie en un acte (Montréal, 1836).

APC, MG 24, A13, 5, pp.30–32 ; B1, 10, pp.17s., 66–69.— Bibliothèque nationale de France (Paris), Fonds français, n° 29 971 ; Nouvelles acquisitions françaises, n° 1074.— L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois (Montréal), 1839.— L’Aurore des Canadas, 1840.— La Minerve, 17 nov. 1834.— Le Populaire (Montréal), 1837–1838.— [J.-J. Girouard], Relation historique des événements de l’élection du comté du lac des Deux Montagnes en 1834 ; épisode propre à faire connaître l’esprit public dans le Bas-Canada (Montréal, 1835).— [C.-C.] Sabrevois de Bleury, Réfutation de l’écrit de Louis-Joseph Papineau, ex-orateur de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, intitulé Histoire de l’insurrection du Canada [...] (Montréal, 1839).— Monet, Last cannon shot, passim.— P.-G. Roy, Toutes petites choses du régime anglais (2 séries, Québec, 1946), 2e sér. : 5s.— Caubet, Le F. Leblanc de Marconnay, Le Monde maçonnique ; revue de la franc-maçonnerie française et étrangère (Paris), 10 (1867–1868) : 700.— J.-N. Fauteux, Débuts du journalisme au Canada français, Le Journaliste canadien-français (Montréal), I (1955) : 27.— É.-Z. Massicotte, Leblanc de Marconnay, BRH, XXVI (1920) : 177–179.— Benjamin Sulte, Leblanc de Marconnay, BRH, XVIII (1912) : 353s.

Bibliographie de la version modifiée :
Ancestry.ca, « Naissances, mariages et décès, Paris, France, 1555 à 1929 », Paris, 30 sept. 1820 : www.ancestry.ca/search/collections/62058/ (consulté le 20 nov. 2023).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Montréal, CE601-S51, 22 mai 1836.— Julien Mauduit, « le “Livre du peuple” : la relation éditeur-public dans la presse francophone d’Amérique du Nord durant la Rébellion de 1837–1838 », RHAF, 72 (2019) : 5–28.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Claude Galarneau, « LEBLANC DE MARCONNAY, HYACINTHE-POIRIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/leblanc_de_marconnay_hyacinthe_poirier_9F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/leblanc_de_marconnay_hyacinthe_poirier_9F.html
Auteur de l'article:    Claude Galarneau
Titre de l'article:    LEBLANC DE MARCONNAY, HYACINTHE-POIRIER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    4 déc. 2025