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Titre original :  Sir Arthur William Buller. Image by Clarkington & Co (Charles Clarkington). [albumen carte-de-visite, 1860s]
NPG Ax8655 - National Portrait Gallery, St Martin's Place, London WC2H OHE
Source: https://www.npg.org.uk/collections/search/person/mp102726/sir-arthur-william-buller 

Used under Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported (CC BY-NC-ND 3.0) https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/

Provenance : Lien

BULLER, sir ARTHUR WILLIAM, membre du Conseil exécutif et du Conseil spécial du Bas-Canada et responsable d’une enquête sur l’éducation, né le 5 septembre 1808 à Calcutta, Inde, fils de Charles Buller, fonctionnaire au Bengale, et de Barbara Isabella Kirkpatrick ; il épousa en 1842 Annie Templar ; décédé le 30 avril 1869 à Londres.

Arthur William Buller fait ses études primaires à Édimbourg et entre au Trinity College, à Cambridge, où il obtient un baccalauréat (1830) et une maîtrise ès arts (1834) avant d’être admis au barreau. Le 27 mai 1838, Arthur William et son frère Charles* arrivent à Québec en compagnie de lord Durham [Lambton*] chargé par le parlement britannique d’enquêter sur la situation au Bas-Canada à la suite de la rébellion. Constatant l’état lamentable de l’éducation dans la province, Durham signe, le 4 juillet, une commission qui confie à Buller la responsabilité d’une enquête sur l’éducation. Membre du Conseil exécutif du Bas-Canada depuis le 28 juin, Buller doit « procéder avec la plus grande diligence à une investigation sur les modes passés et présents de disposer du produit de quelques terres ou fonds que ce soit pour les fins de l’éducation dans le Bas-Canada ». La commission stipule, en outre, qu’il est « expédient et souhaitable d’établir un système d’éducation pour diffuser les connaissances, la religion et la vertu », et Buller est chargé de présenter ses suggestions à cet effet. Pour remplir sa tâche, Buller peut interroger des personnes, consulter les documents publics, les lois, les papiers officiels et s’adjoindre, si nécessaire, des assistants commissaires munis de la même autorité.

Soucieux de mener à bonne fin son enquête, Buller prépare avec l’aide de son secrétaire, Christopher Dunkin*, un questionnaire destiné aux notables et au curé de chaque paroisse dans le but de recueillir le plus de renseignements possible sur l’organisation scolaire. Cependant, la plupart des personnes susceptibles de lui fournir des indications utiles se désintéressent de l’enquête, certaines tentant même d’en empêcher la réalisation. Buller fait alors appel à un collaborateur qui recueille les renseignements et les classe ; il lui en fera parvenir en Angleterre après son départ. L’enquête ne se fait pas sans de multiples consultations et une certaine publicité dans les journaux. Mgr Jean-Jacques Lartigue*, évêque de Montréal, accepte, malgré sa méfiance, de donner au commissaire des renseignements sur les écoles catholiques de son diocèse. Le journal le Populaire de Montréal, dirigé par Hyacinthe-Poirier Leblanc de Marconnay, publie du 23 juillet au 29 octobre 1838, 21 articles sur l’éducation. Le docteur Jean-Baptiste Meilleur* répond aussi à l’invitation de Buller et expose ses vues sur l’éducation dans une série de sept articles parus dans le Populaire en août 1838 et reproduits dans le Canadien de Québec. Bien accueillies, ces suggestions ne correspondent pas cependant aux vues des enquêteurs qui désirent l’anglicisation des Canadiens français. Commencée le 1er août, l’enquête se termine dès novembre 1838 ; ce court laps de temps était nettement insuffisant pour avoir une idée exacte d’une situation complexe.

Curieusement daté du 18 novembre 1838 (trois jours avant le départ de Buller pour l’Angleterre) mais présenté au parlement britannique en juin 1839, le rapport de Buller comprend deux parties : une sur l’état passé et présent de l’éducation dans le Bas-Canada, l’autre sur le futur système d’éducation nationale. Dans la première partie, où s’insèrent les résultats de son enquête, Buller étudie le contenu et l’application des différentes lois scolaires depuis 1801. Il y répète avec insistance que les octrois pour l’instruction ont servi à des fins politiques et n’ont contribué qu’à promouvoir les intérêts du parti canadien de Louis-Joseph Papineau* plutôt que ceux des écoles. De plus, il souligne les éminentes qualités de la classe populaire du Bas-Canada, celles de la femme canadienne, dénonce l’agriculture routinière des Canadiens et fait l’éloge des séminaires dirigés par le clergé catholique, notamment du séminaire de Québec et de l’abbé John Holmes*.

Après ce bref historique, Arthur Buller trace une esquisse de son nouveau système scolaire basé sur l’anglicisation des Canadiens français, l’exclusion de la politique de l’école, l’enseignement religieux et l’imposition d’une taxe scolaire obligatoire. Pour atteindre le premier objectif, Buller propose de réunir le plus souvent possible la jeunesse des deux races dans des écoles communes et aussi à l’occasion des jeux et des activités sociales. Après quelques considérations sur la façon de tenir la politique en dehors des écoles, Buller aborde le délicat problème de l’enseignement religieux. Comme il existe un certain nombre de points sur lesquels tous les chrétiens s’entendent, il prône la création d’un comité chargé de choisir les passages de la Bible acceptables à tous et de préparer des commentaires pour chaque chapitre du catéchisme. Si l’une des dénominations religieuses trouve cet enseignement insuffisant, elle pourra compléter, hors des heures de cours, l’instruction religieuse qu’elle estime essentielle. Ce projet suscite de sérieuses objections de la part des catholiques pour qui l’éducation doit relever de l’Église catholique seule. De leur côté, les protestants jugent que le projet de Buller sape à la base le principe de la libre interprétation de la Bible.

Pour régler le problème du financement des écoles, Buller suggère l’imposition d’une taxe directe. Selon lui, les contribuables (propriétaires fonciers) et le trésor public doivent fournir une somme au moins égale, l’aide de l’État ne devant constituer désormais qu’un complément aux efforts volontaires de chaque district scolaire.

Plus loin dans son rapport, le commissaire prévoit l’établissement d’écoles élémentaires, modèles, normales, supérieures ou académiques et d’une université à Québec. Il insiste aussi sur la formation de bons instituteurs à qui il serait formellement interdit de faire de la politique sous peine de renvoi. Dans l’esprit de Buller, le nouveau système scolaire doit reposer sur un contrôle suivi de l’enseignement. À cette fin, il élabore un plan d’inspection et de supervision des futures écoles nationales d’où le clergé catholique serait totalement exclu.

Le rapport de Buller, qui préconise un système d’éducation inspiré de ceux des États-Unis et de la Prusse, et dont le but principal est l’unification des deux races au Bas-Canada par l’anglicisation des Canadiens français, est loin d’être parfait. Préparé en vitesse par un fonctionnaire complètement étranger aux problèmes particuliers du Bas-Canada et dont le séjour au pays a été trop bref, ce rapport contient, en effet, des assertions erronées et des projets irréalisables. Par contre, il présente des suggestions intéressantes, notamment en ce qui concerne l’exclusion de la politique de l’école, le recrutement des futurs maîtres, l’enseignement de l’agriculture dans les écoles normales et l’amélioration du salaire des instituteurs. D’autres propositions, comme l’établissement des municipalités responsables des problèmes locaux, la création du poste de surintendant de l’Éducation et d’un fonds permanent de l’éducation provenant des biens des jésuites, des « réserves » du clergé et des taxes obligatoires, apparaîtront dans les différentes lois scolaires des années 1840. Mal accueilli par les autorités religieuses du pays, le rapport de Buller inspire, en 1841, les Letters on elementary and practical education de Charles-Elzéar Mondelet*. Ces dernières influenceront la rédaction du projet de loi sur l’éducation, présenté par Sydenham [Thomson*] et adopté le 18 septembre 1841.

Arthur Buller, membre du Conseil spécial du 22 août au 2 novembre 1838, retourne en Angleterre le 21 novembre suivant. En 1840, il est nommé procureur de la couronne au Ceylan et conserve ce poste jusqu’en 1848. Cette même année, il est fait juge à la Cour suprême de Calcutta et en exerce les fonctions jusqu’en 1858. Après avoir été député aux Communes britanniques pendant 10 ans, Buller s’éteint à Londres en avril 1869.

Louis-Philippe Audet

[F. G. Lambton], Lord Durham’s report on the affairs of British North America, C. P. Lucas, édit. (3 vol., Oxford, 1912), III ; Le rapport de Durham, M.-P. Hamel, trad. et édit. (Montréal, 1948).— Le Populaire (Montréal), août–sept. 1838.— Boase, Modern English biog., I : 469.— Debrett’s illustrated peerage and baronetage of the United Kingdom of Great Britain and Ireland (Londres, 1868).— Desjardins, Guide parlementaire.— L.-A. Desrosiers, Correspondance de Mgr Lartigue et de son coadjuteur, Mgr Bourget, de 1837 à 1840, ANQ Rapport, 1945–1946.— L.-P. Audet, Hist. de l’enseignement, I : 386–403 ; Le système scolaire, VI.— Lionel Groulx, L’enseignement français au Canada (2 vol., Montréal, 1931–1933).— André Labarrère-Paulé, Les instituteurs laïques au Canada français, 1836–1900 (Québec, 1965).

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Louis-Philippe Audet, « BULLER, sir ARTHUR WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/buller_arthur_william_9F.html.

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Auteur de l'article:    Louis-Philippe Audet
Titre de l'article:    BULLER, sir ARTHUR WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    19 mars 2024