LIND, HENRY, ministre de l’Église d’Angleterre, missionnaire et éducateur, né en 1805 en Angleterre ; il se maria et eut deux enfants ; décédé le 19 mai 1870 à St George’s, Terre-Neuve.

On ne sait rien d’Henry Lind avant de le retrouver à Terre-Neuve en 1829 où il était missionnaire laïc travaillant pour la Newfoundland School Society en qualité de maître d’école à Port de Grave dans la baie de la Conception. Lui et sa femme firent un tel succès de leur enseignement qu’en moins d’un an 150 élèves fréquentaient l’externat, 60 personnes assistaient à l’école du dimanche et 36 adultes suivaient les cours donnés à leur intention.

En 1840, Aubrey George Spencer*, premier évêque anglican de Terre-Neuve, décida d’augmenter le nombre des prêtres en ordonnant les maîtres d’école de la Newfoundland School Society, même s’ils n’avaient pas les diplômes requis ou une formation théologique en règle. Lind fut reçu diacre et alla se fixer à Catalina sur la baie de la Trinité ; ordonné prêtre en 1841, il fut transféré à Heart’s Content sur la même baie. Il y prit charge d’une vaste mission qui comptait neuf établissements et cinq églises et, pendant une bonne partie du temps qu’il y passa, il mena la paisible existence d’un missionnaire. Toutefois, sa mission était pauvre et, de 1855 à 1857, elle fut incapable de fournir sa contribution au fonds missionnaire de la Newfoundland Church Society.

Au début de 1856, au moment où Lind se préparait à partir pour l’Angleterre en congé, l’évêque Edward Feild* reçut une note d’une femme mariée qui accusait Lind de « commerce illicite avec elle ». À la demande de Feild, Lind signa une déclaration dans laquelle il niait l’accusation puis s’embarqua pour l’Angleterre. À son retour, quelques mois plus tard, un dénommé Ollerhead, magistrat de Heart’s Content, « répandit et exagéra » la rumeur de la prétendue conduite adultère de Lind, en dépit du fait que la femme qui avait porté l’accusation eût signé une déclaration assermentée affirmant l’innocence de Lind. Il se peut que Lind ait éveillé l’hostilité du juge par son manque de diplomatie, car l’évêque Feild déclara par la suite : « Le trouble fut fomenté par un méchant homme pour se débarrasser d’un clerc désagréable. »

Lorsque des fidèles de Heart’s Content refusèrent l’entrée de l’église à Lind, Feild consentit à ce que des procédures judiciaires soient entamées contre Ollerhead pour diffamation. La cause devait être entendue en mai 1856, mais on dut la renvoyer parce que les témoins tant de la poursuite que de la défense ne s’étaient pas présentés en cour. Convaincus par Ollerhead que Lind craignait d’intenter des poursuites, les gens de Heart’s Content accablèrent Lind de leur ostracisme et demandèrent son congédiement. Feild refusa toutefois d’agir avant qu’un jugement ne soit rendu. Le procès débuta finalement en novembre 1856, mais on dut le suspendre par suite de la maladie d’un juré. Il ne fut pas repris parce que les avocats de la poursuite, Bryan Robinson* et Hugh William Hoyles*, étaient d’avis qu’il avait déjà été démontré que la preuve contre Lind était trop faible pour mériter la crédibilité.

Feild proclama sa foi en l’innocence de Lind en 1857 et le muta dans la région de la baie de Saint-Georges, de l’autre côté de l’île de Terre-Neuve. La Newfoundland Church Society et la Society for the Propagation of the Gospel assumèrent les frais judiciaires. Feild déclara en privé : « Aucune autre affaire ne m’a causé autant d’angoisse, je puis même dire d’affliction, depuis que je suis dans le diocèse. » Dans ses nouvelles fonctions, Lind se comporta en missionnaire compétent ; de 1857 à 1864, il tint un journal qui fournit un compte rendu intéressant et détaillé des habitudes locales. C’est à la baie de Saint-Georges qu’il mourut en 1870.

Lind fut un missionnaire sans grand talent, et sa compréhension de la doctrine de son Église laissait à désirer, au dire de Feild. Mais son cas constitue l’exemple d’un ministre qui, à l’instar de deux de ses contemporains, les révérends William Kepple White, de Harbour Buffet, et John Cyrus A. Gathercole, de Burin, eut le malheur de déplaire à un magistrat de l’endroit et qui atteignit la notoriété en tant que victime de l’intolérance qui peut régner au sein d’une petite communauté aux horizons limités et repliée sur elle-même.

Frederick Jones

PANL, P6/A/9 (Henry Lind, diary, 1857–1864 (copie)).— USPG, D9B, 753–756, 783–788, 873–876, 891–897, 899–904, 925–928.— Prowse, History of Nfld. (1896).

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Frederick Jones, « LIND, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lind_henry_9F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick Jones
Titre de l'article:    LIND, HENRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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