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HOYLES, sir HUGH WILLIAM, avocat, juge et homme politique, né le 17 octobre 1814 à St John’s, fils de Newman Wright Hoyles* et de Lucretia Brown ; le 7 septembre 1842, il épousa Jean Liddell, de Halifax, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé à Halifax le 1er février 1888.

Après des études à la Pictou Academy, en Nouvelle-Écosse, Hugh William Hoyles fit l’apprentissage du droit sous la direction de Samuel George William Archibald*, procureur général de la Nouvelle-Écosse, et fut reçu au barreau en 1837. Un peu avant 1842, il retourna à St John’s où il ne tarda pas à se faire un nom et une vaste clientèle en raison de ses talents d’avocat et des excellentes relations qu’il avait dans sa famille et dans les milieux d’affaires. En outre, il acquit une certaine popularité à titre de soutien de la Natives’ Society, de membre du comité de direction de la Newfoundland Church Society, mise sur pied par l’évêque Aubrey George Spencer*, et d’ardent sportif, car il excellait dans le canotage.

En 1848, Hoyles fut élu à l’Assemblée comme député conservateur de la baie de Fortune, circonscription dont son père avait déjà été le représentant. Il devint bientôt l’une des personnalités de son parti et se fit connaître notamment par ses opinions sur la question scolaire et sur le gouvernement responsable. Il critiqua la General Academy, maison laïque d’enseignement secondaire créée à St John’s en 1845 dans le but de faire opposition à la St John’s Collegiate School de l’évêque anglican Edward Feild* ; celle-ci, devenue par la suite la Church of England Academy, avait été fondée en septembre 1844. Hoyles appuya l’évêque, soutenant que la General Academy était handicapée par le fait qu’elle ne donnait aucun enseignement religieux ; en 1850, il obtint que cette institution disparaît et que sa subvention gouvernementale fût répartie entre trois autres maisons d’enseignement. Il s’opposa également au système d’enseignement primaire établi sur une base non confessionnelle en 1836 mais modifié en 1843 de façon à permettre la création d’écoles catholiques « séparées ». Jusqu’en 1853, il fit campagne aux côtés de Feild, au moyen d’allocutions, de propositions, de pétitions et d’assemblées publiques, pour que la subvention accordée par le gouvernement aux écoles élémentaires protestantes fût partagée de manière que les anglicans puissent mettre sur pied leur propre système. Les autres confessions protestantes n’appuyèrent pas nécessairement cette proposition, et Hoyles échoua dans ses efforts, mais sa campagne eut une grande influence sur le débat relatif au gouvernement responsable.

Le parti libéral, qui dominait l’Assemblée depuis 1848 et avait à sa tête, depuis 1852, un homme politique habile en la personne de Philip Francis Little*, se faisait le champion du gouvernement responsable. Même si le parti adoptait publiquement une attitude non sectaire, son leader parlait, en privé, du « parti catholique » ; les libéraux recueillaient le vote unanime des catholiques et bénéficiaient de l’appui officiel de l’évêque catholique John Thomas Mullock*. Toutefois, les protestants étaient en majorité à Terre-Neuve, où l’appartenance religieuse déterminait l’allégeance politique, et, dans la mesure où ils pouvaient rester unis, il devenait possible au parti conservateur de dominer l’Assemblée. Mais en suivant Feild, Hoyles amena un grand nombre de méthodistes favorables au statu quo dans le domaine de l’éducation à quitter le parti conservateur qui semblait être dominé par les anglicans de la High Church. Dès lors, ces méthodistes et quelques anglicans évangéliques donnèrent leur appui aux libéraux catholiques.

Lorsque Hoyles se rendit compte du danger que constituait sur le plan électoral son association avec Feild et qu’il cessa, en 1853, de réclamer des écoles élémentaires confessionnelles dans l’espoir de réunir tous les protestants pour une campagne axée sur une lutte populaire contre les catholiques, il était trop tard. À l’Assemblée et par l’intermédiaire du Courier de Joseph Woods*, Little avait obtenu l’appui de quelques protestants et, quand Hoyles se rendit à Londres en 1854 pour discuter de la question du gouvernement responsable avec le ministre des Colonies, le duc de Newcastle, il représenta l’opposition comme un groupe de fanatiques sectaires. Jugeant qu’on ne pouvait différer plus longtemps l’octroi du gouvernement responsable, Newcastle se montrait disposé à l’accorder la même année à certaines conditions, dont celle de rendre plus équitable la représentation à la chambre d’Assemblée. Hoyles forma un comité protestant ayant pour but de combattre cette décision en préparant une pétition qui fut signée par 1 600 des quelque 6 210 protestants de sexe masculin de St John’s, et il fit paraître une brochure intitulée Case of the Protestant inhabitants []. Le Central Protestant Committee l’avait envoyé à Londres en juillet 1854 en vue de soutenir la cause des opposants au gouvernement responsable, régime qui, selon lui, et selon le gouverneur, Ker Baillie Hamilton, ainsi que le nouveau ministre des Colonies, sir George Grey, ne convenait pas à Terre-Neuve en raison des divisions religieuses existant dans la colonie [V. Edward Mortimer Archibald ; William Bickford Row*]. Tous ses efforts s’avérèrent vains ; les autorités britanniques voulaient absolument qu’on arrivât à un accord. Le gouvernement responsable fut donc accordé à la colonie vers la fin de 1854. En novembre, Hoyles retourna à Londres pour y défendre la décision du gouverneur de remettre les élections au mois de mai 1855. À la suite de ces élections, Little fut le premier à occuper le poste de premier ministre. Malgré cet échec, Hoyles s’était fait une réputation d’homme politique éminent : il avait été sur la première ligne de la campagne conservatrice en prononçant des discours à la chambre d’Assemblée, en prenant la parole au cours de réunions publiques et en fréquentant les couloirs du ministère des Colonies en vue d’en influencer les fonctionnaires.

Hoyles sut tirer profit de ses erreurs. Pendant les six années qui suivirent, il s’appliqua, en qualité de chef de l’opposition, à refaire l’unité des protestants brisée par la campagne qu’il avait menée dans le domaine scolaire. En 1857, il se joignit au comité de correspondance de la Colonial Church Society, organisme évangélique anglican qui avait maintenu des écoles à Terre-Neuve depuis 1823. En 1859, il accepta la vice-présidence de la Bible Society, dominée par les méthodistes, et que désapprouvait Feild. Lors des élections à l’Assemblée, la même année, Hoyles et le méthodiste Edward Evans se portèrent candidats aux deux sièges de la circonscription clé de Burin. Ils furent défaits, toutefois, par Ambrose Shea* et James J. Rogerson.

Durant cette période, Hoyles continua de jouer un rôle important dans les affaires de l’Église à laquelle il appartenait. Il fit partie du comité de la Church Society ainsi que du conseil d’administration de la Church of England Academy et compta parmi ceux qui parrainèrent le Church of England Asylum for Widows and Orphans. Son cabinet d’avocat prospéra dans les années 1850 et il fut l’un des personnages principaux de deux procès en diffamation qui eurent un grand retentissement : en 1856, il poursuivit le magistrat Ollerhead qui avait diffamé le révérend Henry Lind* et, en novembre 1858, il intenta une action en justice, mais sans succès, contre le consul d’Espagne au nom du riche marchand Walter Grieve. Il devint membre du conseil d’administration de la filiale de St John’s de l’International Life Assurance Company et membre du comité de la Water Company. Il joua également un rôle prépondérant à la tête du mouvement de protestation des Terre-Neuviens contre la convention sur les pêcheries de 1857 ; il présenta à l’Assemblée une résolution dénonçant l’accord et fit partie, avec Little, Laurence O’Brien* et James William Tobin, d’une délégation qui se rendit à Londres en mars 1857 pour protester contre sa signature par les gouvernements britannique et français.

Au début des années 1860, les libéraux se retrouvaient divisés et accusés de corruption et d’inefficacité, tandis que Mgr Mullock était mécontent des hommes politiques qui se servaient de lui pour se maintenir en poste mais ne s’occupaient aucunement des causes qu’il soutenait. En 1860, Ambrose Shea, libéral modéré, faisait des ouvertures à Hoyles en vue d’une coalition. L’occasion d’un changement se présenta avec une rapidité surprenante en février 1861. Le gouvernement, alors dirigé par John Kent*, présenta un projet de loi visant à payer les salaires des fonctionnaires en monnaie coloniale, dont la valeur était moindre, plutôt qu’en monnaie britannique. Les juges protestèrent et, sur le conseil de Hoyles, prièrent le gouverneur, sir Alexander Bannerman*, de suspendre l’application de la loi. Là-dessus, Kent accusa le gouverneur d’agir de concert avec l’opposition. Bannerman, qui n’avait jamais aimé les libéraux et avait patiemment attendu qu’ils se discréditent, exigea des excuses de Kent. Comme celles-ci ne venaient pas, il prit l’avis de Hoyles en sa qualité d’homme de loi, procéda à la dissolution du cabinet et invita Hoyles à former le nouveau gouvernement. Les anglicans Robert Carter* et Hoyles, les méthodistes John Bemister* et Nicholas Stabb, le catholique Laurence O’Brien, ainsi que John Henry Warren, composèrent le nouveau cabinet. Prié de se joindre à eux, Shea déclina l’invitation. Défait à l’Assemblée par suite d’un vote de défiance, Hoyles déclencha des élections le 2 mai 1861. Il comptait sur une lutte dépourvue de tout esprit sectaire, mais ses espoirs s’envolèrent lorsque Feild et Mullock entrèrent dans la mêlée. Les résultats donnèrent à Hoyles une majorité de deux députés ; l’élection dans Harbour Main fut l’objet d’une controverse et, dans Harbour Grace, la violence empêcha le dépouillement du scrutin. Les extrémistes du parti libéral tentèrent alors d’imposer à la chambre d’Assemblée les candidats qu’ils avaient présentés dans Harbour Main, soit George James Hogsett* et Charles Furey. Des émeutes éclatèrent par la suite à St John’s au cours desquelles trois personnes périrent, des biens – dont la maison de campagne de Hoyles – furent incendiés et Feild assailli à coups de pierre. Cependant, Hoyles tint ferme et son refus de permettre aux deux hommes de siéger en tant que députés finit par faire renaître un calme relatif. À la suite d’une élection partielle tenue dans Harbour Grace en novembre 1861, les conservateurs obtinrent une majorité, plus confortable, de quatre députés dans une chambre qui en comptait 30.

Assuré du pouvoir, Hoyles s’efforça de diviser ses adversaires. Il comprit qu’une fois que la religion cesserait d’être la cause de distinction des partis, les intérêts d’ordre social et économique prendraient une importance plus grande et les plus riches parmi les libéraux se rapprocheraient progressivement du parti conservateur. Il adopta donc une ligne de conduite consistant à distribuer les faveurs politiques proportionnellement au nombre de membres de chaque secte et tenta résolument, mais en vain, d’amener Kent et Shea à faire partie de son gouvernement. Il offensa Feild en se rangeant du côté des méthodistes qui, en 1859, s’étaient prononcés en faveur des écoles confessionnelles et, faisant maintenant volte-face, avaient décidé de lutter contre elles. Il essaya, sans grand succès, de réduire les dépenses relatives à l’aide aux pauvres et adopta une politique de réformes prudentes ; il accrut les forces policières, interdit les mascarades du temps de Noël, affecta des douaniers à la côte du Labrador et consolida la dette publique de façon à faire face aux mauvaises conditions économiques de la colonie. Quand le projet de confédération fut mis de l’avant, il eut soin de faire participer l’opposition au débat ; pour représenter Terre-Neuve à la conférence de Québec en 1864, il invita non seulement le conservateur Frederic Bowker Terrington Carter*, mais aussi le libéral Shea. Malade à cette époque, Hoyles se retira de la politique pour devenir juge en chef de Terre-Neuve en 1865. Carter le remplaça comme premier ministre, et Shea ainsi que Kent entrèrent au cabinet.

Au poste de juge en chef, Hoyles ne tarda pas à gagner l’estime et l’affection de tous. Daniel Woodley Prowse* le représenta comme « un juge modèle, l’administrateur le plus assidu, le plus compétent et le plus impartial qui ait jamais fait honneur à la magistrature de n’importe quelle colonie britannique ». En août 1869, Anthony Musgrave, gouverneur depuis 1864, quitta la colonie pour celle de la Colombie-Britannique. Il avait cru que Terre-Neuve était sur le point de se joindre à la Confédération et avait fait de Hoyles le nouveau lieutenant-gouverneur. À la fin de cette année-là, ceux qui étaient opposés à la Confédération remportèrent les élections. Frustré dans ses espoirs, Hoyles eut cependant la consolation de se voir élevé, cette même année, au rang de chevalier par la reine Victoria. En 1875, on ouvrit des écoles confessionnelles dans l’île ; Hoyles, qui avait lutté pour une telle initiative durant sa jeunesse, s’y opposa vivement dans les années 1870.

Pendant l’absence de sir John Hawley Glover en 1876, Hoyles fut en charge du gouvernement de Terre-Neuve. En 1880, il se retira en Nouvelle-Écosse où il vécut de sa pension, en compagnie de sa fille mariée. Il garda néanmoins des relations avec Terre-Neuve : il continua de contribuer aux œuvres charitables et à la Church Society de la colonie. Lorsqu’il mourut en 1888, l’auteur de sa notice nécrologique, parue dans la Royal Gazette de St John’s, affirma à son sujet : « Son nom était devenu synonyme de droiture et d’intégrité, et [était] respecté et, pourrait-on dire, révéré plus que celui de toute autre personne née dans la colonie. » Prowse résuma en ces termes le sentiment général des habitants de l’île envers Hoyles : « Nous sommes tous fiers de sir Hugh, le plus remarquable Terre-Neuvien de notre temps. » Hoyles méritait ces éloges. À l’époque où il était un jeune anglican conservateur, l’expérience l’avait amené à discerner le danger que comportait l’intrusion de la religion dans la politique et, au début des années 1860, il avait entrepris de séparer ces deux domaines. C’est ainsi qu’avaient finalement été désamorcés la violence et l’extrémisme qui caractérisaient la politique terre-neuvienne du milieu du xixe siècle.

Frederick Jones

Hugh William Hoyles est l’auteur de Case of the Protestant inhabitants against the unconditional concession of responsible government (Londres, 1854).

APC, MG 24, B51.— Guildhall Library (Londres), Commonwealth and Continental Church Soc., Newfoundland School Soc., Committee minutes, 1839–1880 ; Reports, 1823–1880.— PRO, CO 194/116–178 ; CO 197/4–63.— USPG, D9A ; D9B ; D27 ; D39.— Church of England, Nfld. Church Soc., Annual report (St John’s), 1842 ; 1850–1855 ; 1863.— Edward Feild, Remarks on the subdivision of the legislative grant for the encouragement of education in this colony (St John’s, 1852).— Newfoundlander, 1855–1859, 1864–1876.— Patriot (St John’s), 1839–1853, 1864–1866.— Public Ledger, 1839–1860, 1862–1864.— Royal Gazette (St John’s), 1842–1853, 1864–1876.— Times (Londres), 3 févr. 1888.— Times and General Commercial Gazette, 1842–1855, 1864–1876.— Gunn, Political hist. of Nfld.— John Little, The constitution of the government of Newfoundland, in its legislative and executive departments [...] ([St John’s], 1855).— R. B. McCrea, Lost amid the fogs : sketches of life in Newfoundland, England’s ancient colony (Londres, 1869).— Alfred Morine, Sir Hugh Hoyles, prime minister (1861–1865), chief justice Newfoundland (1865–1880) (s.l.n.d.).— E. C. Moulton, « The political history of Newfoundland, 1861–1869 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Newfoundland, St John’s, 1960).— S. J. R. Noel, Politics in Newfoundland (Toronto, 1971).— Prowse, Hist. of Nfld. (1896).— Wells, « Struggle for responsible government in Nfld. ».— Henry Winton, A chapter in the history of Newfoundland for the year 1861 (St John’s, 1861).— Frederick Jones, « John Bull’s other Ireland – nineteenth century Newfoundland », Dalhousie Rev., 55 (1975–1976) : 227–235 ; « Religion, education and politics in Newfoundland, 1836–1875 », Canadian Church Hist. Soc., Journal (Sudbury, Ontario), 12 (1970) : 64–76.

Bibliographie générale

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Frederick Jones, « HOYLES, sir HUGH WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hoyles_hugh_william_11F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick Jones
Titre de l'article:    HOYLES, sir HUGH WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    18 mars 2024