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Titre original :  Jerry Lonecloud. Source: Nova Scotia Museum.

Provenance : Lien

LONECLOUD, JERRY (son nom à la naissance était Germain Bartlett Alexis et il utilisait parfois Jerry Bartlett ; connu en micmac sous le nom de Slme’n Laksi (Haselmah Luxcey), guide, bûcheron, forain, herboriste, sous-chef micmac et folkloriste, né le 4 juillet 1854 à Belfast, Maine, fils d’Abram Bartlett Alexis, du comté de Shelburne, Nouvelle-Écosse, et de Mary Ann Toma (Thomas), de St Croix, Nouvelle-Écosse ; en 1888, il épousa à Kentville, Nouvelle-Écosse, Mary Elizabeth Paul, de Fredericton, et ils eurent quatre filles et deux fils, ainsi que deux autres enfants qui moururent en bas âge ; il eut également un fils d’une mère inconnue ; décédé le 16 avril 1930 à Halifax.

Jerry Lonecloud naquit en 1854 dans une famille micmaque d’herboristes qui voyageaient dans toute l’Amérique du Nord britannique et dans le nord-est des États-Unis ; ils fabriquaient et vendaient des remèdes. Le père de Jerry fournissait des recettes aux embouteilleurs des Dr Morse’s Indian Root Pills. Les membres de sa famille se déplaçaient en canot sur les Grands Lacs lorsque Jerry était enfant et, à une occasion, ils empruntèrent le canal Érié et se rendirent à New York, où ils campèrent dans un marais peuplé d’aulnes, là où serait érigé le pont de Brooklyn. Lorsque la guerre de Sécession éclata aux États-Unis, le père de Lonecloud s’engagea dans l’armée de l’Union. Puisqu’il était parmi les volontaires qui avaient poursuivi et capturé John Wilkes Booth, meurtrier d’Abraham Lincoln, il se rendit à New York en 1866 pour toucher sa part de la récompense et y fut assassiné. La mère de Lonecloud mourut peu après, dans le Vermont, et ce dernier dut s’occuper de sa sœur ainsi que de deux frères plus jeunes que lui. Il les amena sains et saufs en Nouvelle-Écosse.

Lonecloud gagna sa vie comme guide et bûcheron dans cette province jusqu’à ce qu’un chasseur de talents du Healy and Bigelow’s Wild West Show le recrute et qu’il retourne ainsi aux États-Unis, au début des années 1880. Il vivait à ce moment-là à Bear River. Prétendu sorcier guérisseur au service de la Healy and Bigelow, on l’appelait « docteur Lone Cloud ». Il était tireur d’élite dans le spectacle et aidait à la préparation du remède breveté Kickapoo Indian Sagwa, produit qu’il colporta jusqu’en Amérique du Sud. Plus tard, il quitta cette troupe pour se joindre à celle de Buffalo Bill Cody, mais il la déserta lorsque Cody entreprit des préparatifs pour se rendre en Angleterre. Parmi les points saillants de cette période de la vie de Lonecloud, il y eut un voyage aux chutes du Niagara en 1885 et sa présence aux funérailles du président Ulysses S. Grant, à New York.

Après avoir participé à une autre tournée avec la troupe Healy and Bigelow, Lonecloud forma sa propre compagnie, le Kiowa Medicine Show, qui donnait des représentations dans de petites villes partout en Nouvelle-Angleterre. Il n’eut pas de succès avec cette entreprise, mais il créa plus tard, dans les Maritimes, au Canada, une adaptation pour la scène de l’histoire du capitaine John Smith et de Pocahontas et d’autres divertissements « indiens » semblables. Il épousa sa covedette de 17 ans, Mary Elizabeth Paul, jeune Malécite qui s’était jointe à la troupe. « J’aimais ses manières », expliqua-t-il. « Rien de plus. J’ai embauché son frère et elle voulait venir [avec nous]. » Pendant une grande partie du reste de sa vie, Lonecloud continuerait de donner des conférences et des représentations de temps à autre en Nouvelle-Écosse, souvent aidé de sa famille. « J’étais un homme de spectacle », raconterait-il avec fierté.

En 1890, Lonecloud amena Mary Elizabeth et leurs enfants à Liscomb Mills, en Nouvelle-Écosse, où il travailla comme prospecteur, herboriste, bûcheron et guide pour des chasseurs et des pêcheurs. Comme il chassa dans tous les recoins de la province pendant 20 ans, il en vint à connaître cette dernière à fond. En 1910, sa liaison avec une femme mariée du voisinage de Liscomb Mills fut mise au jour lorsqu’elle eut un fils de lui. Lonecloud se sépara de sa femme et s’installa à Halifax. Dans cette ville, il agit comme défenseur des Micmacs ; il écrivit inlassablement des lettres destinées aux agents des Affaires indiennes de la Nouvelle-Écosse et d’Ottawa au sujet de droits de propriété et d’autres questions. Il fut élu capitaine, puis sous-chef du comté de Halifax et devint, peut-être après s’être lui-même décerné ce titre, « chef sorcier guérisseur » du comté, puis, plus tard, de toute la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard.

Pendant qu’il vivait à Halifax, Lonecloud entreprit les deux plus importantes contributions de sa vie, l’une et l’autre relatives à la conservation de la culture micmaque. En 1910, il rencontra Harry Piers*, conservateur du Provincial Museum, et commença à transmettre des histoires issues de la tradition orale et des récits populaires ; il remit également plus de 200 objets d’intérêt culturel ou touchant l’histoire naturelle, y compris des photographies, des vêtements traditionnels, des oiseaux et des plantes. De plus, il fit des répliques d’objets micmacs impossibles à obtenir et, dans la foulée des travaux de Silas Tertius Rand*, du père Pacifique [Buisson*] ainsi que d’autres ethnologues des premiers jours, il contribua à faire connaître davantage la langue de son peuple en apprenant à Piers des toponymes et des mots de vocabulaire micmacs. Ce dernier, qui comptait de nombreux informateurs micmacs, consigna fréquemment des commentaires dans ses notes sur la vaste intelligence de Lonecloud et sur le fait qu’il « recelait une mine de renseignements ». « Je l’ai toujours trouvé franc, loyal, ajoutait-il, et il avait un sens de l’humour très aiguisé. Il connaissait chaque ruisseau, rivière et lac de Windsor à Canso. » En retour, Piers, qui croyait à tort que le prénom de Lonecloud était un dérivé de Jeremiah, rédigea la première version d’une partie de sa correspondance officielle, dont un certain nombre de pétitions adressées au ministère des Affaires indiennes.

À un moment quelconque avant 1917, la femme et la famille de Lonecloud vinrent le rejoindre. Ils vécurent ensemble dans un bidonville micmac à Tufts Cove, au nord-ouest de Dartmouth, localité située en face du port de Halifax. La tragédie frappa le 6 décembre de cette année-là lorsque le navire Mont Blanc, qui transportait des munitions, explosa et détruisit une grande partie de Halifax-Dartmouth ; deux filles de Lonecloud, Rosie et Hannah, moururent dans ce drame. Éprouvé par la perte de ses biens et aveugle d’un œil, Lonecloud était en mauvaise posture pour subvenir aux besoins de sa famille. Il fabriqua des paniers, des raquettes, des appeaux d’orignal ainsi que des casquettes destinés à la vente, et jusqu’en 1929 il continua de voyager dans la province pour recueillir des objets qu’il vendait ensuite au musée. En avril 1930, il tomba malade et mourut ; il fut inhumé au cimetière catholique St Peter, à Dartmouth.

Jerry Lonecloud laissa un héritage encore plus important que les objets et la documentation transmis à Piers. Entre 1923 et 1929, il avait accordé une série d’entrevues, qui ne furent publiées qu’en 2002, à la reporter Clarissa Archibald Dennis, de Halifax. Elle consigna le récit de sa vie et produisit ainsi la première autobiographie connue d’un Micmac. Lonecloud communiqua généreusement les souvenirs, contes et traditions qu’il avait amassés pendant toute sa vie dans un style populaire empreint d’une touche de poésie. Dans la description que fit Lonecloud des créatures qui existaient avant le Déluge, Pollywog explique en ces vers sa présence près d’un lac : « Je descends / Dans l’eau / Où il n’y a pas d’étoiles. » Cette matière première, riche de renseignements et bien vivante, dont une bonne partie ne se trouve pas ailleurs que dans le récit de Lonecloud à Dennis, contribua largement à la connaissance de la culture micmaque. « Ethnographe de la nation micmaque », voilà comment aurait pu se lire son épitaphe, son dernier honneur.

Ruth Holmes Whitehead

On trouve des photographies de Jerry Lonecloud et des portraits d’autres personnes collectionnés par ce dernier dans la « Mi’kmaq portraits coll. », R. H. Whitehead, compil. : museum.gov.ns.ca/mikmaq/index.htm (consulté le 3 janv. 2005). Une autre photographie de Lonecloud est conservée dans les collections de la Commission géologique du Canada, à Ottawa, sous la cote N-24253 (Mi’kmaq at a geological congress), 21 juill. 1913. Les papiers Harry Piers se trouvent à la N.S. Museum Library, à Halifax.

N.S. Museum, Hist. section, Mi’kmaw heritage resource files, Ruth Legge to Ruth Whitehead, taped interview and transcript, sept. 1995.— « Jerry Lonecloud and the Nova Scotia Museum : information acquired by the Nova Scotia Museum from Jerry Lonecloud, 1910–1930 », R. H. Whitehead, édit. : museum.gov.ns.ca/resources/lonecloud.htm (consulté le 3 janv. 2005).— The old man told us : excerpts from Micmac history, 1500–1950, R. H. Whitehead, compil. (Halifax, 1991).— R. H. Whitehead, Harry Piers papers in the Nova Scotia Museum (3 vol., Halifax, 2003) ; Tracking Doctor Lonecloud : showman to legend keeper, including the memoir of Jerry Lonecloud (Fredericton et Halifax, 2002).

Bibliographie générale

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Ruth Holmes Whitehead, « LONECLOUD, JERRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lonecloud_jerry_15F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/lonecloud_jerry_15F.html
Auteur de l'article:    Ruth Holmes Whitehead
Titre de l'article:    LONECLOUD, JERRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024