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McKAY, WILLIAM, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company (HBC), trafiquant de fourrures et interprète, né le 17 septembre 1852 au fort Pelly (Fort Pelly, Saskatchewan), fils de William McKay et de Mary Jane Cook ; en 1877, il épousa au fort Carlton (Fort Carlton, Saskatchewan) Eliza Tate (décédée le 9 décembre 1877), et ils eurent une fille qui mourut en bas âge, puis, en 1881, à Battleford (Saskatchewan), Maria Rowland, veuve de Henry Hardisty, et ils eurent cinq fils et cinq filles ; décédé le 29 août 1932 près de Prince Albert, Saskatchewan.

William McKay descendait d’une famille de trafiquants de fourrures prospère, d’origine écossaise et amérindienne. Il appartenait à la quatrième génération associée à la HBC dans le sud des Prairies. L’importance des McKay venait en bonne partie de leur habileté à négocier en fonction des différences interculturelles dans la traite des fourrures, à conclure des mariages stratégiques et à profiter des occasions de s’instruire. Le bisaïeul de William, John McKay*, avait été au service de la HBC de 1790 jusqu’à sa mort, en 1810. Le grand-père de William, John Richards McKay*, avait travaillé pour la compagnie pendant plus de 50 ans dans des postes de traite situés partout dans les Territoires du Nord-Ouest. Il était très respecté de tous ceux qui le connaissaient ; les Cris et les Sauteux le nommaient Mac-quay-ah-ness, « petite peau d’ours », dénomination qui serait longtemps liée à sa famille.

Le fils de John Richards, William, appelé Wahannah en langue dakota (qui signifie également « petite peau d’ours »), fut un employé de la HBC pendant 46 ans, notamment au fort Ellice (Fort Ellice, Manitoba), qu’il dirigea de 1858 à 1870. Isaac Cowie, qui travaillait sous ses ordres, témoigna dans ses écrits de l’excellente réputation de son supérieur, notant qu’« il se montrait juste et bon envers les Indiens, et apportait dans leurs échanges la bienveillance d’un homme averti […] Il était l’exemple parfait de ce qu’un très bon trafiquant devait être. » William McKay père expliqua à son gendre William Edward Traill sa manière de faire la traite : « Ne mens jamais à un Indien […] ne montre jamais à un Indien que tu as peur de lui, ou de quelque nombre [d’Indiens] que ce soit […] une fois que tu as pris position, maintiens-la jusqu’au bout – ne laisse jamais un Indien prendre le dessus. »

William McKay fils embrasserait la profession familiale ; lui aussi reçut le nom de « petite peau d’ours » et hérita du don pour entretenir des relations interculturelles positives. Il jouit d’une enfance où la chasse, la traite et l’apprentissage des langues locales s’ajoutaient à une éducation traditionnelle de style européen, au St John’s College, dans la colonie de la Rivière-Rouge. En 1862, son père négocia un pacte d’amitié entre les Cris et les réfugiés sioux venus des États-Unis, auquel MacKay assista. Plusieurs de ses frères et sœurs s’uniraient à des familles bien établies. L’une de ses deux sœurs, Harriet, se maria avec William Edward Traill, fils de Catharine Parr Traill [Strickland*], et l’autre, Catherine, devint la deuxième femme de Lawrence Clarke*, fonctionnaire de la HBC. Ses frères George et Henry étaient respectivement parents par alliance des familles de John McLean* et de John Inkster*. De même, William conclurait un mariage stratégique : sa seconde femme, Maria, était la belle-sœur de William Lucas Hardisty*, Richard Charles Hardisty* et Donald Alexander Smith*, notables de la HBC.

Après avoir terminé ses études, en 1869, William entra au service de la HBC en tant qu’apprenti maître de poste au fort Ellice, sous la direction de son père. Il occupa la même fonction à Riding Mountain House, au Manitoba, en 1870–1871 et quitta la compagnie l’année suivante pour, pendant quelque temps, faire le commerce des fourrures à son compte avec son frère Thomas. À son retour à la HBC, il travailla à titre de commis responsable de Moose Woods en 1874–1875, de fort Carlton en 1877–1878, de Cold Lake en 1878–1879 et de Battleford de 1879 à 1884. Il fut promu chef de poste suppléant le 1er juin 1884, neuf mois avant la rébellion métisse menée par Louis Riel* et des dissidents amérindiens.

Au milieu des années 1880, les Cris des Plaines, malgré leur appauvrissement causé par la disparition du bison, étaient toujours en position de force par rapport aux colons blancs dans l’Ouest, et, selon les conditions du traité no 6, avaient droit à de l’aide fédérale en cas de famine. Agissant avec les Amérindiens de manière rationnelle et respectueuse, McKay put désamorcer des situations potentiellement explosives et ainsi jouer un rôle de premier plan. La première confrontation eut lieu au mont Cut Knife dans la réserve du chef Poundmaker [Pītikwahanapiwīyin*], près de Battleford, où des guerriers affamés s’assemblèrent en juin 1884 pour exécuter une danse de la soif. Plusieurs d’entre eux réclamèrent des vivres à John Craig, instructeur agricole ; quand celui-ci refusa de leur en donner, un guerrier l’agressa et prit des provisions. Lorsqu’un détachement de la Police à cheval du Nord-Ouest, mené par le major Lief Newry Fitzroy Crozier*, arriva pour appréhender l’assaillant, les autres refusèrent de le livrer. À ce moment, McKay, qui jouissait d’une bonne réputation tant chez les fonctionnaires blancs que chez les chefs, dont Poundmaker et Gros Ours [Mistahimaskwa*], intervint pour servir d’interprète et exhorter les parties belligérantes à trouver une solution pacifique à cette situation tendue. Le suspect fut finalement arrêté par les officiers de la Police à cheval du Nord-Ouest ; il n’y eut pas de blessés et McKay s’assura ensuite que la police distribue des vivres aux Amérindiens affamés.

McKay fit de nouveau office d’intermédiaire le 30 mars 1885, après le début de la rébellion du Nord-Ouest, pendant une épreuve de force à Battleford opposant des Blancs et les guerriers de Poundmaker, venus apparemment pour obtenir des renseignements de John M. Rae, leur agent des Affaires indiennes, concernant la victoire militaire des Métis au lac aux Canards. Rae, redoutant des actes de violence, refusa de rencontrer Poundmaker. McKay s’entretint donc à sa place avec le chef, remit en question la raison de la venue en ville de ce dernier et montra qu’il n’était pas du genre à se laisser intimider. Puis, il s’adressa à tous les Cris et demanda : « Est-ce qu’un Indien peut dire que je lui ai déjà causé du tort – déjà réservé autre chose qu’un traitement équitable ? Pourquoi me faudrait-il craindre quiconque ? » Poundmaker répondit : « Oh, cela est complètement faux, Mukwyanasis – que tu allais être tué. Que de mensonges. » Après avoir prévenu les Amérindiens du danger d’entrer en guerre avec les Blancs, McKay distribua des vivres provenant des magasins de la HBC.

Deux indices témoignent de l’importance personnelle que William McKay accordait à son identité métisse : sa déclaration des origines métisses de ses deux parents sur sa demande de certificat de concession de terres et sa décision de s’établir près de Prince Albert après avoir pris sa retraite en 1892. Il se servit de son certificat de concession de la Half-Breed Land Claims Commission pour acheter le lot riverain 30 à St Catherine’s, collectivité métisse de langue anglaise qui vivait le long de la rivière Saskatchewan Sud et partageait des liens historiques avec le commerce des fourrures. Entouré des membres de sa famille, McKay y écoula tranquillement le reste de ses jours, le plus souvent dans l’anonymat, sauf dans les occasions où son nom survenait dans des histoires sur l’« aventure à l’époque romanesque de la traite des fourrures au Canada ».

Allyson Stevenson

Nous souhaitons remercier Hugh Dempsey, qui nous a fourni des renseignements utiles pour cet article.

AM, HBCA, Biog. sheets, McKay, William « C » ; McKay, William « J ».— BAC, RG 15, DII, 3, vol. 201, dossier no HB 6020, scrip 3957, 0157.— W. B. Cameron, « Sitting-on-the-tent : an adventure of the romantic days of Canada’s fur trade », Toronto Star Weekly, 6 oct. 1928.— Leader-Post (Regina), 30 août 1932.— W. B. Cameron, « Clan McKay in the west », Beaver (Winnipeg), outfit 275 (septembre 1944) : 3–7 ; « When Poundmaker defied the Mounties », Maclean’s, 1er mai 1926 : 20–21, 63–65.— M. L. Clarke, « Sitting Bull’s wedding gift : the McKays’ relations with the Dakota » (communication présentée à la Northern Great Plains History Conference, Brandon, Manitoba, 27–30 sept. 1995).— Isaac Cowie, The company of adventurers : a narrative of seven years in the service of the Hudson’s Bay Company during 1867–1874 […] (Toronto, 1913).— Norma Sluman, Poundmaker (Toronto, 1967).— Blair Stonechild et Bill Waiser, Loyal till death : Indians and the North-West rebellion (Calgary, 1997).— W. E. Traill, « So the poor Indian » (exemplaire conservé aux GA dans le Traill family fonds, ser. 1, M-1241-20).

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Allyson Stevenson, « McKAY, WILLIAM (1852-1932) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_william_16F.html.

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Auteur de l'article:    Allyson Stevenson
Titre de l'article:    McKAY, WILLIAM (1852-1932)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    2 nov. 2024