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CROZIER, LIEF (Leif) NEWRY FITZROY (il signait L. N. F. Crozier), officier de milice et officier de la Police à cheval du Nord-Ouest, né le 11 juin 1846, probablement à Newry (Irlande du Nord), troisième fils de St George Baron Le Poer Crozier* et d’Isabella Deacon ; décédé célibataire le 25 février 1901 à Cushing, Oklahoma.

Au début des années 1860, la famille Crozier s’était établie à Belleville, dans le Haut-Canada. Lief Newry Fitzroy Crozier décida assez jeune de devenir soldat. En 1863, il s’enrôla dans le 15th Battalion de la Volunteer Militia Infantry à Belleville. Il servit au cours des raids féniens de 1866 [V. John O’Neill*], sans participer à aucun affrontement ; dès 1873, il détenait, dans la milice, le grade de major. Il occupa tout un éventail de postes à Belleville. Il fut apprenti imprimeur, commis de magasin et greffier avant d’entreprendre un stage de droit. Il décida finalement de devenir médecin et alla étudier dans un collège américain de médecine. Toutefois, cette vie ne lui convenant pas davantage, il revint poursuivre ses ambitions militaires au Canada.

En 1873, Crozier fit pression sur des hommes politiques fédéraux afin d’obtenir une commission dans la Police à cheval du Nord-Ouest, qui venait d’être constituée. Nommé sous-inspecteur, il participa, au cours de l’été de 1874, à la Longue Marche vers l’ouest [V. James Farquharson Macleod*]. En octobre de la même année, il devint le premier membre de la Police à cheval à arrêter des trafiquants américains de whisky dans les Prairies canadiennes. Son ascension fut rapide. Promu inspecteur au cours du trajet vers l’ouest, il figurait dès 1876 parmi les six surintendants de la Police à cheval. En 1885, il devint commissaire adjoint ; l’année suivante, il était candidat au poste de commissaire. Le tenant pour un homme plein de sang-froid et de pragmatisme, ses collègues avaient beaucoup de respect pour lui. Après avoir passé en revue la Police à cheval, en 1875, le major-général Edward Selby Smyth, commandant de la milice canadienne, le qualifia d’« officier stable et consciencieux ».

Aux yeux de ses collègues, Crozier (« Paddy » pour ses amis) était l’un de ceux qui faisaient preuve du plus grand professionalisme. Pourtant, ses actes ne justifient pas la confiance qu’ils avaient en lui. Tout au long de sa carrière dans la Police à cheval du Nord-Ouest, « Paddy » frôla le désastre ; plusieurs fois, seul le hasard lui permit de l’éviter. Indiscutablement, cet homme souvent autoritaire et impétueux avait de la chance.

À l’été de 1875, Crozier fut placé à la tête des 12 hommes qui devaient passer l’hiver au fort Carlton (Fort Carlton, Saskatchewan), propriété de la Hudson’s Bay Company. Le gouvernement tenait à avoir l’aide de la Police à cheval pour réunir les conditions favorables à la signature d’un important traité avec les Cris (le traité no 6). Crozier devait distribuer des présents aux Indiens de la région du fort Carlton, qui seraient partie à ce traité. En septembre, comme les Cris se trouvaient dans les plaines, Crozier décida d’aller leur porter les vivres et les marchandises de traite là-bas, à leurs campements. Le commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest, George Arthur French*, s’y opposa et lui interdit nommément de gagner le fort Pitt (Fort Pitt), poste de la Hudson’s Bay Company situé plus au nord. Cependant, Crozier croyait qu’Ottawa, par l’entremise du commissaire aux Affaires indiennes, Joseph-Alfred-Norbert Provencher*, lui avait donné l’ordre de suivre les Indiens dans les plaines. Le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie* se méfiait de French, qui avait été nommé par les conservateurs, et lui disputait l’autorité sur la Police à cheval. Il est fort possible que Crozier, en quittant le fort Carlton, ait eu deux séries d’instructions contraires.

Au fort Pitt, tandis qu’il se préparait à se rendre aux campements indiens, on remarqua que sa conduite devenait bizarre. À Noël, lui-même et son équipe étaient bien loin dans les plaines, au sud-ouest du poste. Ses hommes, le croyant devenu fou, envoyèrent des messages de détresse. Crozier n’avait plus toute sa tête et n’était plus en mesure de commander. Il finit par atteindre le poste auxiliaire que la Police à cheval avait au ruisseau Tail (Alberta) ; de là, on l’escorta jusqu’au fort Macleod (Fort Macleod).

Crozier et ses supérieurs firent comme si de rien n’était. Apparemment, son accès de « folie des Prairies » n’eut aucun effet sur sa carrière. Bientôt, on lui confia à titre temporaire le commandement du fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan), dans les monts Cypress. Il y était quand, en juin 1876, les Sioux remportèrent la victoire sur le lieutenant-colonel George Armstrong Custer dans le territoire du Montana. Des réfugiés sioux commencèrent d’arriver au fort Walsh vers la fin de 1876, à peu près au moment où Crozier fut promu surintendant et placé à la tête du fort Calgary (Calgary, Alberta).

Crozier fut témoin à la signature du traité no 7 à Blackfoot Crossing en septembre 1877. Peu après, il se rendit au fort Walsh avec le commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest, Macleod, pour tenter de convaincre le chef Sitting Bull [Ta-tanka I-yotank*] et les Sioux de retourner aux États-Unis. À l’automne de 1878, il était pour de bon commandant du fort Walsh, de loin le poste le plus important et le plus dangereux de la Police à cheval.

À la fin du printemps de 1880, Crozier essayait de trouver des rations pour les quelque 5 000 Indiens du fort. Le bison avait pour ainsi dire disparu. Les autochtones, ayant désormais peu de moyens de subsistance, se rassemblaient dans les monts Cypress ; étant de plusieurs nations différentes, ils s’irritaient mutuellement. Crozier craignait que des conflits sanglants n’éclatent parmi eux, mais il n’y en eut pas. Pendant son séjour au fort Walsh, il avait assez bien réussi à maîtriser des situations qui risquaient de devenir explosives. La Police à cheval du Nord-Ouest décida donc de lui confier le plus grave problème posé par des autochtones au gouvernement du Canada : Sitting Bull et ses Sioux, qui campaient près du mont Wood, à l’est du fort Walsh. En juillet, Crozier prit le commandement du poste de la Police à cheval à cet endroit. Il avait assisté aux négociations que Macleod et Alfred Howe Terry, major-général de l’armée américaine, avaient tenues avec Sitting Bull à la fin de 1877. Le commissaire et d’autres membres de la Police à cheval avaient usé de patience et de diplomatie pour tenter de persuader le chef sioux de retourner aux États-Unis. Ils avaient échoué, et Crozier n’avait pas l’intention d’employer la même tactique. Il s’employa plutôt à miner l’autorité de Sitting Bull, refusant de lui montrer du respect et traitant plutôt avec d’autres chefs.

En décembre 1880, Crozier crut avoir résolu le problème. Le chef sioux Low Dog acceptait de rompre avec Sitting Bull et de se rendre aux États-Unis. Non seulement bon nombre de Sioux étaient-ils prêts à suivre Low Dog, mais Sitting Bull lui-même était disposé à le faire aussi. Vers la fin du mois, presque tous les 4 000 réfugiés étaient passés de l’autre côté de la frontière. Cependant, quand ils arrivèrent en vue d’un poste de l’armée américaine, ils crurent à un guet-apens et environ la moitié d’entre eux, sous la direction de Sitting Bull, repassèrent au Canada. En février 1881, Crozier remit à ce dernier une lettre dans laquelle les autorités militaires des États-Unis affirmaient que les Sioux ne seraient pas maltraités s’ils se rendaient. Quand Sitting Bull déclara qu’il n’en croyait rien, Crozier lui cria : « Vous m’avez déjà causé bien assez de problèmes. Vous pouvez tous aller au diable. » Peu après, Crozier alla même jusqu’à jeter Sitting Bull hors du fort. Sûr que les centaines de Sioux qui se trouvaient aux alentours attaqueraient, Crozier mit son détachement de 50 hommes sur un pied de guerre, mais aucune offensive ne vint. Lorsque finalement, en juillet 1881, Sitting Bull retourna aux États-Unis et décida de se rendre, c’était bien parce que d’autres que Crozier avaient usé de diplomatie.

Peu avant que Sitting Bull ne quitte le Canada, Crozier fut muté au commandement du fort Macleod. Au début de 1882, il fut mêlé à un incident qui faillit gâcher les bonnes relations que la Police à cheval avait mis tant de soin à établir avec les Pieds-Noirs. À Blackfoot Crossing, le chef Bull Elk tira plusieurs coups de feu en direction d’un marchand blanc. Des Indiens en colère ayant empêché l’inspecteur Francis Jeffrey Dickens* de l’arrêter, Crozier et 20 hommes arrivèrent sur les lieux le 6 janvier. Malgré les véhémentes protestations du chef Pied de Corbeau [Isapomuxika*], qui était convaincu que la Police à cheval avait accepté de tenir le procès à Blackfoot Crossing, Crozier emmena Bull Elk au fort Macleod. Comme on ne pouvait guère conclure à une tentative de meurtre, l’accusé ne fut condamné qu’à 14 jours de prison. Quand Dickens avait tenté de l’arrêter, il y avait eu des coups de feu. À son arrivée, Crozier avait craint le pire et fortifié des bâtiments appartenant au département des Affaires indiennes. « Assurément, rapporta-t-il, j’étais tout à fait résolu à recourir à des mesures extrêmes si l’on [avait] tent[é] de m’empêcher d’appliquer la loi dans les règles. Lorsque les émotions et l’énervement sont à leur comble [...], il y a lieu de redouter les Indiens. »

Samuel Benfield Steele*, qui servit avec lui au fort Walsh, dirait de Crozier qu’il « s’inquiétait toujours de ses hommes ». Pourtant, en septembre 1883, les constables du fort Macleod firent une courte grève ; ils se plaignaient que leurs conditions de travail étaient inutilement dures et leur colère se dirigeait contre Crozier. Leur commandant, disaient-ils, n’avait pas tenu compte de leurs griefs antérieurs. Crozier dut reconnaître qu’ils disaient vrai et fit des concessions pour les apaiser.

En mai 1884, on envoya Crozier commander le détachement de Battleford (Saskatchewan) ; c’était alors l’affectation la plus difficile de la Police à cheval du Nord-Ouest. Le mécontentement et l’activisme augmentaient parmi les forts groupes de Cris de la région. Peu après l’arrivée de Crozier à Battleford, la situation devint plus dangereuse que jamais, en partie à cause de lui. En juin, environ 2 000 Cris appartenant à plusieurs bandes s’assemblèrent sur la réserve de Faiseur d’enclos [Pītikwahanapiwīyin*], à une quarantaine de milles à l’ouest de Battleford, pour une danse de la Soif et un conseil. Au cours d’une dispute sur les rations, un Cri frappa un instructeur agricole avec un manche de hache. L’instructeur ne subit pas de blessures, mais il exigea l’intervention de la police. Les chefs déclarèrent que leurs guerriers combattraient plutôt que de laisser quiconque se faire arrêter.

Comme dans l’incident de Bull Elk, Crozier entendait appliquer la loi, sans égard à la légèreté du délit. Même s’il n’avait que 50 hommes sous son commandement, il était prêt à toiser des centaines de guerriers. Le 20 juin, après une journée de négociations, les guerriers et les policiers se retrouvèrent face à face, sur la réserve, devant une petite maison que Crozier avait fortifiée. Pendant qu’on parlait, Crozier et plusieurs policiers se précipitèrent dans la foule et saisirent le coupable. La bagarre éclata ; on se donna des coups de poing, mais personne ne tira. Dans la confusion générale, les policiers traînèrent l’Indien jusqu’à la maison fortifiée. Encore là, il n’y eut aucun coup de feu, ce qui ne surprit personne autant que Crozier : « Je ne comprends toujours pas comment il se fait que personne n’ait tiré, et il est plus qu’heureux qu’ils ne l’aient pas fait. Si la police ou les Indiens avaient fait feu, je crains que cela aurait déclenché un affrontement. » Crozier, indemne, retourna à Battleford avec son prisonnier, qui allait être condamné à une semaine de prison.

Au milieu de 1884, Louis Riel* rentra d’exil et s’établit dans le village de Batoche pour aider les Métis à obtenir justice. Crozier suivait la situation de près et, au début de 1885, il pressa Ottawa de trouver un arrangement avec Riel et les Métis : « Je ne saurais trop insister [sur le fait] que ces questions et d’autres [...] requièrent une attention immédiate. L’attente engendre de plus en plus de malaise et de mécontement, non seulement parmi les sang-mêlé mais aussi parmi les Indiens. » Avec environ 25 hommes, il quitta ensuite Battleford pour le fort Carlton, qui était plus près de Batoche. Le 13 mars, il télégraphia au lieutenant-gouverneur Edgar Dewdney* : « Rébellion sang-mêlé imminente [...] Si sang-mêlé se soulèvent, Indiens se joindront à eux. » Crozier avait ordonné que 25 autres hommes viennent de Battleford et demandé que des citoyens volontaires soient envoyés de Prince Albert. Le 18 mars, les Métis se mirent à s’emparer des provisions et à faire des prisonniers. Le lendemain, ils instaurèrent un gouvernement provisoire et menacèrent d’attaquer Crozier au fort Carlton. Dans l’après-midi du 25 mars, les Métis de Batoche, sous le commandement de Gabriel Dumont, commencèrent à traverser la Saskatchewan-du-Sud pour gagner l’établissement du lac aux Canards (Duck Lake), à peu près à mi-chemin entre le fort Carlton et Batoche.

Le 26 mars, vers quatre heures du matin, Crozier envoya un petit groupe de policiers et de volontaires saisir les provisions et les armes qui étaient accumulées au magasin du lac aux Canards. Non seulement pensait-il que tout était calme à cet endroit, mais il ignorait que toute l’armée métisse, renforcée de Cris des réserves avoisinantes, tenait le village. Peu après le lever du jour, les policiers et les volontaires, sur la piste Carlton, se trouvèrent face à un petit groupe de Métis qui les força à retourner au fort. Quand Crozier apprit que les Métis tenaient Duck Lake, sa première résolution fut d’attendre les renforts qui devaient bientôt arriver au fort Carlton sous le commandement du commissaire Acheson Gosford Irvine. Puis, piqué par des volontaires zélés qui le traitaient de lâche, il changea d’avis. Vers dix heures du matin le même jour, il sortit du fort à la tête d’une centaine de policiers et de volontaires.

Ils rencontrèrent les Métis sur la piste Carlton, au nord de Duck Lake. Crozier disposa des traîneaux en travers de la piste et posta des hommes de chaque côté. La plupart des Métis allèrent se placer dans une forte dépression du côté nord de la piste, en face du groupe de Crozier. Les adversaires s’apprêtaient à parlementer à mi-chemin entre la position de deux groupes lorsqu’un des deux émissaires des Métis fit un mouvement pour saisir le fusil de l’interprète de Crozier. L’interprète dégaina son revolver et abattit les deux hommes. En regagnant ses lignes à toutes jambes, Crozier donna l’ordre de tirer. La rébellion du Nord-Ouest venait de commencer. La bataille de Duck Lake ne dura qu’une trentaine de minutes, mais elle fut terriblement meurtrière. Avant que Crozier et ses hommes ne battent en retraite, neuf volontaires et trois policiers furent tués. Crozier eut plus de chance qu’il ne le crut. La tuerie aurait été pire si Riel n’avait pas convaincu ses combattants de ne pas poursuivre les forces gouvernementales dans leur fuite. Irvine arriva au fort Carlton vers trois heures de l’après-midi, tout de suite après que Crozier eut ramené ses hommes en loques. Tôt au matin du 28 mars, les policiers abandonnèrent le fort ; jusqu’à la fin de la rébellion, ils passèrent la plus grande partie de leur temps inactifs, à Prince Albert.

Cette fois encore, la catastrophe ou la quasi-catastrophe eut apparemment peu d’incidences sur la carrière de Crozier. Irvine était furieux qu’il ait agi avec impétuosité ; Ottawa se plaignit amèrement que son premier compte rendu de la bataille était insuffisant. Pourtant, le 1er avril, il fut promu commissaire adjoint de la Police à cheval du Nord-Ouest. La rébellion se poursuivit presque sans lui. Il regagna son poste à Battleford et y resta jusqu’à la fin de l’année. En 1886, il fut muté au quartier général à Regina.

La bonne fortune abandonna Crozier en mars 1886. Le gouvernement mettait le commissaire Irvine à la retraite ; pour beaucoup – et notamment pour Crozier lui-même – la succession, bien évidemment, irait à Crozier. Cependant, le gouvernement voulait quelqu’un de l’extérieur, quelqu’un qui n’avait rien eu à voir avec la défaite de Duck Lake et qui saurait déployer toute l’efficacité nécessaire pour moderniser la Police à cheval. Cet homme, c’était Lawrence William Herchmer*. Plein d’amertume, Crozier démissionna à la fin de juin 1886. Peu après, il se rendit à San Francisco, où il tenta de se lancer dans le commerce du bétail. Il séjourna un moment au Canada, mais s’installa en 1889 à Guthrie, en Oklahoma, où il resta jusqu’en 1897 et devint vice-président de l’Indian Territory Bank. Ensuite, il ouvrit un magasin général à Cushing. En Oklahoma, il était une vedette. Il régalait ses nombreux amis d’anecdotes sur sa carrière de policier, et surtout sur les huit heures qu’il avait passées à Duck Lake, sous le feu des rebelles, avant de leur flanquer une terrible raclée. Jusqu’à la fin de sa vie, il en voulut au gouvernement du Canada de lui avoir préféré quelqu’un d’autre et de l’avoir forcé à quitter le seul travail auquel il avait jamais pu prendre plaisir. Il mourut d’une crise cardiaque à Cushing le 25 février 1901. Sa dépouille fut inhumée à Belleville.

Les journaux de l’Oklahoma publièrent de longs panégyriques sur Lief Newry Fitzroy Crozier. Au Canada, on l’avait oublié. Seul le journal de sa ville annonça la mort de ce policier qui avait commandé les forces gouvernementales à la première bataille de la rébellion. On ne saurait douter ni du courage de Crozier, ni de l’amitié qu’il manifestait à ses pairs. Par contre, la diplomatie et le doigté ne figuraient pas au nombre de ses points forts. En trois occasions célèbres, il se prépara à la guerre à la suite de provocations bénignes. Une quatrième fois, il se retrouva, à cause de sa maladresse, dans une vraie guerre à laquelle il était mal préparé.

Bob Beal

La participation de L. N. F. Crozier à la rébellion du Nord-Ouest et aux événements qui l’ont suscitée est traitée dans plusieurs ouvrages dont ceux de Bob Beal et R. [C.] Macleod, Prairie fire : the North-West rebellion of 1885 (Edmonton, 1984) et de Stanley, Birth of western Canada. Le reste de sa carrière est difficile à documenter. Ses dossiers personnels contenus dans les archives de la GRC aux AN, RG 18, 3316, dossier 27-73, et 3436, dossier 0-10, sont utiles, mais souvent trompeurs. Les rapports officiels de la Police à cheval du Nord-Ouest pour 1874–1885, qui se retrouvent dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1875–1886, contiennent des renseignements. Ils ont été réimprimés dans Opening up the west : being the official reports to parliament of the activities of the Royal North-West Mounted Police Force from 1874–1881 et dans Settlers and rebels [...] 1882–1885, publiés tous deux à Toronto en 1973. La meilleure analyse des débuts de la gendarmerie à cheval est celle de R. C. Macleod, The NWMP and law enforcement, 1873–1905 (Toronto, 1976) ; le récit le plus approfondi sur cette période est l’ouvrage de J. P. Turner, The North-West Mounted Police, 1873–1893 [...] (2 vol., Ottawa, 1950), mais une grande partie est extraite de sources non reconnues et n’est pas toujours fiable.

On trouve des détails sur les relations de Crozier avec les autochtones dans diverses collections d’archives, y compris les documents des Affaires indiennes (séries noires) aux AN, RG 10, B3, et les papiers Dewdney aux AN, MG 27, I, C4, et les GA à Calgary, M320.

Plusieurs contemporains de Crozier ont publié leurs mémoires, dans lesquels il ne figure généralement pas au premier plan. Parmi ceux-ci, mentionnons C. E. Denny, The law marches west, W. B. Cameron, édit. (2e éd., Toronto, 1972), S. B. Steele, Forty years in Canada : reminiscences of the great north-west [...], M. G. Niblett, édit. (Toronto et Londres, 1915 ; réimpr., 1972), et Robert Jefferson, Fifty years on the Saskatchewan [...] (Battleford, Sask., 1929). Les nécrologies du Cushing Herald (Cushing, Okla), 1er mars 1901, et du Guthrie Daily Leader (Guthrie, Okla), 26 févr. 1901, sont utiles. [b. b.]

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Bob Beal, « CROZIER, LIEF NEWRY FITZROY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crozier_lief_newry_fitzroy_13F.html.

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Auteur de l'article:    Bob Beal
Titre de l'article:    CROZIER, LIEF NEWRY FITZROY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024