McRAE, JOHN WILLIAM, homme d’affaires et homme politique, né le 31 janvier 1848 dans le canton de Horton, Haut-Canada, fils de John McRae et de Catharine McLeod ; le 18 décembre 1872, il épousa à Hull, Québec, Catherine Wallace Bell, fille aînée de Robert Bell*, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 29 novembre 1901 à Ottawa.

John William McRae fit ses études à Renfrew, dans le Haut-Canada, et travailla durant quelques années avec son père, d’origine écossaise, propriétaire d’un moulin à Smiths Creek, puis d’un autre à Renfrew. Parti pour Montréal assez jeune, il s’établit plus tard dans la région d’Ottawa, manifestement vers 1872 ; il était alors représentant de l’Ottawa and Rideau Forwarding Company de Montréal. Il avait son bureau dans l’île Victoria, aux chutes Chaudière, mais habitait dans la province de Québec, semble-t-il. Vers 1875, il s’installa avec sa famille dans le prestigieux quartier de la Côte-de-Sable, à Ottawa, et fonda une société de marchands de charbon et de transitaires, la J. W. McRae and Company. Il continua néanmoins à représenter l’Ottawa and Rideau Forwarding Company pendant quelques années. De 1877 à 1879, tandis qu’il habitait la Côte-de-Sable, il fut conseiller municipal du quartier St George.

Vers 1880, McRae s’installa dans la haute ville, plus près de son quartier d’affaires, et rompit ses liens avec la société montréalaise de transitaires. Son association, de courte durée, avec Benjamin Ahern, dans le secteur du charbon et dans celui des assurances, où ils représentaient la Compagnie canadienne d’assurance sur la vie, dite du Soleil, de Montréal, fut suivie en 1881 d’une association plus longue avec une firme de transitaires, la Denis Murphy and Company. Il continua à exploiter la J. W. McRae and Company qui, en 1883, ajouta divers produits à son stock, dont la fonte brute et les tuyaux de drainage. Dans les années 1890, McRae et Murphy avaient leur nom dans les annuaires de la ville comme associés de Cassius C. Ray dans le commerce du charbon et comme exploitants de l’Ottawa Transportation Company Limited.

Dans les années 1880, McRae était devenu l’un des « premiers associés » de Warren Young Soper et de Thomas Ahearn* dans la mise sur pied de sociétés de tramways et d’éclairage électriques à Ottawa, quoique ses relations avec eux semblent avoir été ambiguës et se soient rompues avant sa mort. Les trois hommes auraient d’abord fondé, en 1882, l’Ottawa Electric Light Company, en vue d’installer l’éclairage électrique dans les rues de la ville. McRae, Ahearn et le député libéral d’Ottawa à l’Assemblée législative de l’Ontario, Erskine Henry Bronson, firent partie du nouveau groupe d’hommes d’affaires qui, en 1894, constituèrent l’Ottawa Electric Company en vertu d’une charte fédérale qui, espéraient-ils, les soustrairait aux règlements municipaux et provinciaux, et leur permettrait ainsi d’absorber toutes les sociétés rivales, dont l’Ottawa Electric Light Company. McRae en fut vice-président en 1899. Il semble aussi avoir travaillé avec Ahearn et Soper, de 1891 à 1894, pour fusionner leur entreprise, l’Ottawa Electric Street Railway Company, avec l’Ottawa City Passenger Railway Company afin de se prévaloir de la charte fédérale et du privilège « perpétuel » de cette dernière. McRae fut président de la compagnie qui en résulta en 1898. Ces deux fusions visaient à créer un monopole dans le secteur de l’électricité et du transport en commun à Ottawa, avec l’appui des gouvernements libéraux fédéral et provincial. Il est cependant difficile de savoir quelle influence McRae eut dans ces initiatives ; il est probable qu’il fut un prête-nom.

En 1899, McRae devint « principal promoteur » et vice-président de la Consumers’ Electric Company, rivale de l’Ottawa Electric Company. Sur l’ordre de la municipalité, il fit inclure dans sa charte une clause antimonopole empêchant que la compagnie soit rachetée. Il est possible que, conservateur de longue date, il ait participé à la croisade du parti lancée par la municipalité contre les monopoles ; dès 1894, cette dernière avait réussi à faire annuler la charte et le privilège « perpétuel » de l’Ottawa City Passenger Railway Company. Selon la notice nécrologique qui parut dans l’Ottawa Evening Journal à la mort de McRae en 1901, la Consumers’ Electric était alors « à peu près sur le point de fournir l’éclairage électrique à la ville » ; on y lit également que McRae et la compagnie s’étaient « engagés rapidement [sur la vole] du succès, mais dans des conditions difficiles et malgré une opposition que peu d’hommes auraient pu supporter ». Entre autres difficultés, il y avait eu l’incendie de 1900, qui avait non seulement rasé les installations de la compagnie, mais aussi détruit les entreprises de carbure et de fabrication de papier fondées par McRae l’année précédente.

En 1901, McRae avait des intérêts dans plusieurs sociétés, particulièrement dans la Canadian Railway Accident Insurance Company, qu’il avait fondée avec d’autres en 1894 et dont il était président. Il avait également des liens avec la McRae Trading Company, la Prescott Elevator Company, l’Ottawa Car Company, l’Electric Mining Company, la North Star Mining Company et l’Ontario Graphite Company Limited. Dans sa notice nécrologique, le Journal soulignait que McRae, à la tête de 18 entreprises, était « peut-être le plus connu » de tous les hommes d’affaires d’Ottawa. L’épuisement de sa fortune et les articles de journaux sur ses difficultés financières donnent cependant à entendre que ses affaires étaient axées sur la spéculation. Membre à vie du conseil d’administration de l’Ottawa Protestant Home for the Aged, McRae fit aussi partie du comité des affaires séculières de l’église presbytérienne St Andrew, qu’il fréquentait ; il s’intéressait à la chasse et au tir, et fut « promoteur de l’athlétisme ».

John William McRae mourut subitement en novembre 1901, tué par une balle qu’il avait lui-même tirée, dans une salle de toilette des bureaux de la Canadian Railway Accident Insurance. À l’enquête du coroner, le jury, « composé d’hommes d’affaires en vue de la capitale » selon l’Ottawa Citizen, conclut qu’il avait trouvé la mort « en faisant accidentellement partir le pistolet qu’il nettoyait ». Le conseil municipal convoqua une séance spéciale pour fixer les modalités de sa représentation aux obsèques, et les magasins de la rue Wellington fermèrent leurs portes quand le cortège funèbre passa.

John Taylor

AN, MG 26, A : 147725 ; G : 24600 ; RG 31, C1, 1851, Horton Township ; 1871, Renfrew (village), Ontario.— AO, RG 22, Ser. 354, no 3874.— Ottawa Citizen, 19 déc. 1872, 1er mai 1874, 11 août 1875, 30 nov., 3 déc. 1901.— Ottawa Evening Journal, 29 nov. 1901.— Annuaire, Ottawa, 18721901.— Christopher Armstrong et H. V. Nelles, Monopoly’s moment : the organization and regulation of Canadian utilities, 1830–1930 (Philadelphie, 1986).— Canada, Statuts, 1894, c.111, c.118 ; 1899, c.82.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Dict. of Scottish emigrants (Whyte).— Ottawa, City Council, Minutes, 15 janv. 1877, 21 janv. 1878, 20 janv. 1879.— W. E. Smallfield et Robert Campbell, The story of Renfrew, from the coming of the first settlers about 1820 (Renfrew, Ontario, 1919), 28, 76.— St. James Anglican Cemetery, Hull, P.Q. : gravestone inscriptions, B. S. Elliott, compil. (Ottawa, 1977), no 373.— J. H. Taylor, Ottawa : an illustrated history, (Toronto, 1986), 102.

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John Taylor, « McRAE, JOHN WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcrae_john_william_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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