MUIR, ANDREW, mineur et fonctionnaire, né vers 1828, probablement dans l’Ayrshire, Écosse, fils aîné de John Muir* et d’Annie Miller ; le 31 janvier 1854, il épousa à Victoria Isabella Weir, et ils eurent une fille ; décédé le 11 janvier 1859 au même endroit.

Andrew Muir avait environ 20 ans quand, en 1848, il s’engagea comme mineur à la Hudson’s Bay Company, pour travailler à l’exploitation des gisements de charbon du fort Rupert (près de Port Hardy), dans l’île de Vancouver. Le 5 décembre, il s’embarqua à Gravesend, en Angleterre, à bord du trois-mâts barque Harpooner de la compagnie. Il faisait partie d’un groupe de camarades mineurs – dont son père, qui devait être chef d’équipe, trois frères et deux cousins – et leurs familles. Traversant l’Atlantique, le navire doubla le cap Horn et remonta ensuite le littoral du Pacifique ; le voyage dura sept mois, au cours desquels Andrew Muir tint un journal. Il y nota les nombreuses difficultés qu’ils eurent à affronter, comme une mer houleuse, les disettes, un équipage mutiné et des conflits entre les passagers. Après son arrivée au fort Victoria (Victoria) le 1er juin 1849, le groupe fut employé à la construction d’un chantier naval et au creusage d’un puits. À la fin d’août, les hommes s’embarquèrent sur le brick Mary Dare de la Hudson’s Bay Company, à destination du Fort Rupert.

À cet endroit, les Muir trouvèrent des gisements inexploités, un équipement insuffisant et des conditions de vie primitives, au lieu de mines en état de fonctionnement comme ils s’y attendaient. Les Indiens de la région, que la compagnie avait engagés pour ramasser du charbon sur la plage, considérèrent la nouvelle exploitation comme une ingérence et menacèrent les mineurs d’user de violence. Les Muir creusèrent des puits du mieux qu’ils purent et s’aperçurent rapidement que le rendement de l’exploitation prévue resterait faible. On fit appel à eux pour effectuer des tâches serviles autour et à l’intérieur du fort. Ils adressèrent des plaintes au sujet de ces conditions aux administrateurs locaux de la compagnie, lesquels, peu intéressés à la production de charbon, les reçurent avec indifférence. Il s’ensuivit que les rapports entre les mineurs et les hommes de la compagnie se détériorèrent rapidement. Pendant une semaine, à partir du 16 avril 1850, les mineurs refusèrent de travailler. George Blenkinsop, gérant de la compagnie au fort Rupert, accusa Andrew Muir d’être « un rebelle [qui] pêchait les hommes de travailler ». Par la suite, après que Muir et son cousin John McGregor eurent paralysé le travail pendant une autre semaine, Blenkinsop les fit arrêter tous deux, le 2 mai, et les fit mettre aux fers dans le bastion du fort, où ils furent détenus six jours. On les relâcha après une audition devant Blenkinsop, le capitaine William Henry McNeill*, Charles Beardmore, le capitaine Charles Dodd et le docteur John Sebastian Helmcken*. D’après ce que nota Muir dans son journal, lui et son cousin étaient néanmoins « décidés à se rendre dans un endroit civilisé – puisque [...] aucun droit ou privilège » ne leur était octroyé en ce lieu.

L’occasion se présenta au début de juillet. Muir et McGregor quittèrent le fort le 2 de ce mois ; six jours plus tard, avec quelques autres mineurs et leurs familles, ils s’embarquèrent sur le brick England, qui transportait une cargaison de charbon, et se rendirent à San Francisco. Tous les mineurs, à l’exception de John Muir père et de son plus jeune fils Michael, finirent par déserter le fort. Attiré par la ruée vers l’or en Californie, Andrew Muir ne se rendit pas plus loin que San Francisco où il trouva un emploi de mineur et de matelot dans le commerce de la rivière Sacramento. Dans les mois suivants, il déménagea de nouveau, se rendant cette fois à Astoria, en Oregon. À la fin de l’été de 1851, il était de retour dans l’île de Vancouver, à temps pour remettre au gouverneur Richard Blanshard*, à la veille de partir, une plainte écrite concernant le traitement qu’il avait reçu au fort Rupert. Le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company critiqua plus tard Blenkinsop et les autres fonctionnaires du fort Rupert pour leurs actes.

Avec son cousin Archibald Muir, Andrew Muir rejoignit sa famille dans la ferme achetée par son père à Sooke, dans l’île de Vancouver. Ils y dirigèrent une exploitation de coupe et de sciage de bois, fournissant des pieux et du bois équarri pour le marché de San Francisco. Toutefois, Andrew n’y resta pas très longtemps et, en 1853, il habitait Victoria, où il fut nommé premier shérif de la ville. Six ans plus tard, le lendemain même de la fin de son mandat de shérif, il mourut d’alcoolisme chronique à l’âge de 31 ans, sans laisser de testament. On l’enterra dans le cimetière de l’église Victoria District (cathédrale Christ Church), le 13 janvier 1859, jour du baptême de son seul enfant, Isabella Ellen.

Daniel T. Gallacher

Bancroft Library, Univ. of California (Berkeley), H. H. Bancroft, « British Columbia sketches », 13–18.— PABC, Add. mss 520, 3, dossier 1 : 41 ; dossier 3 : 12 ; dossier 6 : 11 ; Andrew Muir diary, 9 nov. 1848–5 août 1850 ; Vert. file, Muir family.— PAM, HBCA, A.6/29–30 ; A.11/72.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1857 (session ii), 15 : nos 224, 260 ; Report from the select committee on the Hudson’s Bay Company, 292–293.— Helmcken, Reminiscences of Helmcken (Blakey Smith et Lamb).— Daily Colonist (Victoria), 17 janv. 1888.— Gazette (Victoria), 13 janv., 16 août 1859.— Derek Pethick, Men of British Columbia (Saanichton, C.-B., 1975).— Keith Ralston, « Coal miners’ contracts with the Hudson’s Bay Company, 1848–1858 » (communication faite à la B. C. Studies Conférence, 1981).— P. M. Johnson, « Fort Rupert », Beaver, outfit 302 (printemps 1972) : 4–15.— W. K. Lamb, « The governorship of Richard Blanshard », BCHQ, 14 (1950) : 1–40.— B. A. McKelvie, « Coal for the warships », Beaver, outfit 282 (juin 1951) : 8–11.

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Daniel T. Gallacher, « MUIR, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/muir_andrew_8F.html.

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Auteur de l'article:    Daniel T. Gallacher
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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