MURRAY, sir GEORGE, officier et administrateur colonial, né le 6 février 1772 à Ochtertyre, près de Crieff, Écosse, fils de sir William Murray et de lady Augusta Mackenzie, fille du 3e comte de Cromarty ; le 28 avril 1825, il épousa lady Louisa Erskine, avec qui il avait déjà eu une fille ; décédé le 28 juillet 1846 à Londres.

George Murray fit ses études à la High School of Edinburgh et à l’University of Edinburgh. Il reçut une commission dans le 71st Foot le 12 mars 1789 et le 5 juin, on le muta au 34th Foot ; le 7 juillet 1790, il acheta un poste d’enseigne dans le 3rd Foot Guards et devint capitaine le 16 janvier 1794. En 1793 et 1794, il combattit aux Pays-Bas. Le 5 août 1799, on le promut lieutenant-colonel et il entra au bureau du quartier-maître général. De 1799 à 1806, il participa à plusieurs campagnes mineures, et en 1807, durant l’expédition de Copenhague, il collabora étroitement avec le major général sir Arthur Wellesley, futur duc de Wellington. Devenu quartier-maître général de l’armée du Portugal en 1808, il fut promu colonel le 9 mars 1809. Pendant la guerre d’Espagne, ses manœuvres contribuèrent substantiellement aux victoires de Wellington ; le 4 juin 1811, il devint général de brigade et, le 2 décembre, il obtint le grade temporaire de major général. En raison de sa contribution essentielle à l’organisation de l’avance de Wellington au Portugal et en Espagne en 1812–1813, il reçut une distinction de chevalier du Portugal et on l’investit le 27 septembre 1813 de l’ordre du Bain.

Murray accepta en décembre 1814 une affectation en Amérique du Nord britannique et arriva à Québec le 2 mars 1815, après un dangereux voyage en traîneau à partir de Halifax. Il apprit au gouverneur sir George Prevost* qu’il était démis de ses fonctions et, en attendant l’arrivée du nouveau gouverneur, sir Cordon Drummond*, il consacra son temps à la rédaction d’une étude sur la défense des colonies canadiennes. Le 4 avril, Drummond le nomma commandant des troupes et lieutenant-gouverneur intérimaire du Haut-Canada. Murray entra en fonction le 25 avril, mais il n’avait toujours pas reçu d’instructions lorsqu’il apprit la reprise des hostilités en Europe. À la fin de mai, il partit rejoindre Wellington, mais à son grand regret il manqua la bataille de Waterloo. Nommé chef d’état-major de l’armée d’occupation, il vécut princièrement à Paris et à Cambrai et devint, après Wellington, l’homme le plus décoré de l’armée britannique. À la même époque, il noua une liaison avec lady Louisa Erskine, femme du lieutenant général sir James Erskine of Torriehouse, avec qui il vécut en permanence à compter de 1820 ; il l’épousa en 1825 après la mort de son mari. Cette relation allait lui coûter cher socialement et nuire à son avancement politique. En novembre 1818, on démembra l’armée d’occupation et, le 18 août 1819, Murray devint directeur du Royal Military College. En mars 1824, il fut élu au Parlement et, le 6 du même mois, Wellington le nomma lieutenant général du Board of Ordnance. Murray commanda les troupes engagées en Irlande à compter de 1825, après quoi, le 25 mai 1828, il devint secrétaire d’État aux Colonies dans le cabinet Wellington.

Malgré la faible expérience politique de Murray, on le considérait comme un « bon administrateur », et les gouverneurs de l’Amérique du Nord britannique, dont bon nombre avaient servi à ses côtés au cours des guerres napoléoniennes, accueillirent bien sa nomination. Sir James Kempt* prédit qu’il ferait « un secrétaire d’État aux Colonies de premier ordre » et s’attendait à le voir « se tailler une grande réputation au Parlement ». La nomination de Murray réjouit également les tories des colonies, John Strachan* notamment, qui avaient fait sa connaissance à l’occasion de son bref séjour au Canada et qui l’inondaient de conseils. Les deux groupes n’allaient pas manquer d’être déçus. Bien que conservateur, Murray avait une assez forte tendance libérale : il n’était, disait-il, « aucunement ennemi du genre de réforme qui peut se traduire par une adaptation graduelle et prudente [du] système politique [britannique] aux changements de conjoncture que le temps amène ». Il était déterminé à connaître « les opinions des divers partis » des colonies et à donner aux Assemblées une « juste part de pouvoir ». Malheureusement, il ne parvint guère à concrétiser ses bonnes intentions. Piètre orateur, il ne fit pas merveille à la chambre des Communes. De plus, il trouvait pénible son travail de secrétaire et dirigeait mollement son ministère ; selon un subordonné, ce furent des « années de torpeur » que celles qu’il y passa. Enfin, « intimidé » par Wellington, il ne représentait pas efficacement son ministère au cabinet.

En 1828, quand le comité spécial de la chambre des Communes sur le Haut et le Bas-Canada recommanda de réformer en profondeur le gouvernement de ces colonies, Murray se montra hésitant. Il souhaitait mettre fin à la longue querelle de la liste civile qui opposait l’Assemblée du Bas-Canada aux autorités britanniques, mais son indécision permit à l’Assemblée de prendre le dessus et plaça l’administrateur Kempt dans une position intenable. De même, il désirait régler le vieux débat concernant la répartition des réserves du clergé dans le Haut-Canada mais, tout en rejetant le « principe de l’exclusivité », il était décidé à apporter un « encouragement particulier » aux Églises établies d’Angleterre et d’Écosse et ne trouvait pas le moyen de concilier ces objectifs. En 1830, Wellington se vit fortement pressé de lui confier des responsabilités moindres. Quand Murray quitta son poste, en novembre, il n’avait réglé que très partiellement le litige entre les réformistes canadiens et le gouvernement impérial. Son départ fut peu regretté en Amérique du Nord britannique, même par les fonctionnaires qu’il avait nommés, sir John Colborne* par exemple.

Sir George Murray perdit son siège au Parlement en 1832, mais le regagna en 1834. Il servit comme maître général du Board of Ordnance tout en siégeant au cabinet de sir Robert Peel (1834–1835). Il perdit de nouveau son siège en 1835 et fut défait en 1837, 1839 et 1841, mais agit de nouveau à titre de maître général de l’Ordnance, cette fois sans siéger au cabinet, de 1841 à 1846. Lieutenant général depuis le 27 mai 1825, il fut promu général le 23 novembre 1841. Sa réputation d’officier est solide, quoique estompée par celle de Wellington, mais il demeure l’un des secrétaires d’État les plus médiocres de la première moitié du xixe siècle et, même s’il fut le seul d’entre eux à visiter les colonies d’Amérique du Nord britannique, il n’y exerça guère d’influence durable.

Phillip Buckner

Les papiers du général sir George Murray se trouvent à la NLS, Dept. of mss, Adv. mss 46.1.1–46.10.2. Il existe seulement une dépêche de Murray écrite pendant son séjour au Haut-Canada (PRO, CO 42/356 : 61–63) ; cependant, les dossiers de toutes les colonies de l’Amérique du Nord britannique entre 1828 et 1830 contiennent plusieurs pièces qui le concernent directement et quelques-unes de ses réponses. Un certain nombre de lettres échangées par Murray et le duc de Wellington sont publiées dans Despatches, correspondence, and memoranda of Field Marshal Arthur, Duke of Wellington, K.G., [A. R. Wellesley, 2e] duc de Wellington, édit. (8 vol., Londres, 1867–1880), et de nombreuses références à Murray se trouvent dans les papiers Dalhousie au SRO, particulièrement GD45/3/27B : 159, 201, 215. Les ouvrages suivants sont utiles : [Edward Law, 1er comte d’] Ellenborough, A political diary, 1828–30, [R. C. E. Abbot, 3e baron] Colchester, édit. (2 vol., Londres, 1881) ; [Harriet Fane] Arbuthnot, The journal of Mrs. Arbuthnot, 1820–1832, Francis Bamford et [Gerald Wellesley, 7e] duc de Wellington, édit. (2 vol., Londres, 1950) ; et Henry Taylor, Autobiography of Henry Taylor, 1800–1875 (2 vol., Londres, 1885). La carrière militaire de Murray a été étudiée en profondeur dans S. P. G. Ward, « General Sir George Murray », Soc. for Army Hist. Research, Journal (Londres), 58 (1980) : 191–208. Le rapport de Murray sur le Haut-Canada a été reproduit dans G. S. Graham, « Views of General Murray on the defence of Upper Canada, 1815 », CHR, 34 (1955) : 158–165. D. M. Young dans The Colonial Office in the early nineteenth century ([Londres], 1961) et l’auteur de cette biographie dans Transition to responsible government ont évalué la carrière de Murray au ministère des Colonies.  [p. b.]

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Phillip Buckner, « MURRAY, sir GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/murray_george_7F.html.

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Auteur de l'article:    Phillip Buckner
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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