NELSON, FRANCIS JOSEPH, organisateur et journaliste dans le domaine du sport, né le 1er mai 1860 à Hamilton, Haut-Canada, fils d’Edward Nelson, voyageur de commerce, et d’Ellen Campbell ; le 30 septembre 1885, il épousa dans cette ville Kathleen Claudia Wright (décédée en juin 1922), et ils eurent deux fils et une fille, puis le 7 avril 1931, au même endroit, Mary Ellen Dolan, veuve de son ami Michael A. Pigott ; décédé le 14 avril 1932 à Balboa (Panamà), zone du canal de Panamà (république de Panamà).

Francis Joseph Nelson exerça une influence déterminante sur le développement du sport pour les garçons et les hommes canadiens pendant les années tumultueuses de la fin du xixe siècle et du début du xxe. Il aida à ramener l’ordre dans beaucoup de ses organismes de gouvernance tout en veillant à promouvoir un amateurisme pancanadien soutenu par l’État. Après avoir terminé sa formation scolaire dans sa région natale, Nelson s’inscrivit au collège d’Ottawa, dirigé par les oblats, où, selon l’archiviste Michel Prévost, les sports étaient « mis à profit comme outil éducatif » et où les étudiants jouaient un rôle de premier plan dans leur administration. Il reçut une licence ès arts en 1880 et une maîtrise ès arts en 1884. Nelson pratiqua de nombreux sports dans sa jeunesse, mais il brillait comme organisateur. En 1879, il avait fondé le Nautilus Rowing Club, dont les membres remporteraient quantité de titres canadiens et américains. Le moment fort en fut la victoire renversante à la course à quatre sénior au championnat américain en 1885. Robert S. Hunter, spécialiste de l’histoire de l’aviron, rapporterait qu’après le triomphe de l’équipe, « le surnom d’“équipe de cultivateurs de Hamilton” disparut rapidement, en même temps qu’un paquet d’argent ». Nelson continua de porter fièrement une épingle de cravate Nautilus longtemps après avoir quitté sa ville natale ; le club n’existerait plus en 1895.

L’expérience athlétique de Nelson et son aptitude à écrire lui permirent de trouver du travail dans le domaine, alors nouveau, du journalisme sportif, d’abord à Hamilton pour le Times, le Tribune et le Spectator, puis à Toronto pour le Globe, où on lui confia le poste de rédacteur sportif en 1888. Il devint le premier à tenir une chronique au Canada ; celle-ci s’intitulait « Jack at play ». Dans d’autres journaux, on s’attachait à promouvoir les activités et les résultats sportifs (qu’on appelait les valeurs d’échange des sports) ; quant à lui, Nelson se concentrait sur les bienfaits éducatifs, moraux et sanitaires (appelés les valeurs d’usage) de la participation au sport amateur. Dans sa rubrique du 1er janvier 1915, il déclara qu’il avait la responsabilité « d’encourager et d’étendre la pratique de tous les jeux sains […] en leur prêtant une attention particulière et en faisant de la publicité pour les activités des équipes innombrables de garçons et d’hommes qui s’adonn[ai]ent au jeu pour le sport ». Certains soutenaient qu’il aurait dû accorder plus de place aux sports professionnels en plein essor, mais il prétendait qu’une telle couverture constituerait une « publicité gratuite » pour les « promoteurs » et les « parasites ».

Nelson, ardent défenseur des règlements clairs et de leur stricte application, occupa des postes de décision au sein de nombreux organismes, dont la Canadian Association of Amateur Oarsmen, la Canadian Baseball Association et la Canadian Amateur Lacrosse Association. En 1899, quand John Ross Robertson*, éditeur de l’Evening Telegram de Toronto, prit la direction de l’Ontario Hockey Association pour débarrasser le sport de la rudesse au jeu, du professionnalisme déguisé, de l’usurpation d’identité et d’autres formes de tricherie, Nelson devint son préfet de discipline. Lorsque la Canadian Amateur Hockey Association fut créée, en 1914, il assumerait le même rôle en qualité de premier vice-président.

Nelson fut l’un des artisans de la victoire de l’amateurisme strict dans le conflit organisationnel connu sous le nom de « guerre [du sport] amateur » qui sévit entre 1906 et 1909 [V. Norton Hervey Crow*]. Au Canada, l’urbanisation et l’industrialisation rapides contribuèrent à l’essor du sport spectacle, grâce à la population croissante des grandes et petites villes, à la hausse du niveau de vie, aux succès des syndicats dans leurs batailles pour diminuer le nombre d’heures de travail et au déclin des modèles masculins traditionnels. Tous ces facteurs aidèrent à créer de nouveaux auditoires pour les exploits d’athlètes masculins. Les chemins de fer permirent les rivalités interurbaines, dont les médias faisaient la promotion, et un nombre grandissant de promoteurs urbains étaient prêts à payer des sportifs pour qu’ils se joignent à leurs équipes locales. Cette tendance déclencha d’âpres débats parmi les clubs amateurs et au sein de leur organisme national de régulation, la Canadian Amateur Athletic Union (CAAU). À Montréal et à Ottawa, la majorité des responsables des règlements temporisaient en permettant aux amateurs de jouer avec ou contre des professionnels, mais à Toronto l’opposition à cette pratique était féroce et catégorique. Les deux parties ne purent arriver à une entente. Les clubs de Montréal et d’Ottawa se dissocièrent de la CAAU pour former une entité rivale, l’Amateur Athletic Federation of Canada (AAFC).

Au cours des trois années suivantes, des partisans dans chaque organisation combattirent pour la loyauté et l’adhésion des clubs et des sportifs. Nelson était la tête pensante de la CAAU ; il fulminait dans ses chroniques contre le caractère immoral du professionnalisme et le « manque flagrant de dignité ou d’autorité dans la gestion » de la « drôle de fédération », comme il appela l’AAFC le 4 février 1907. Lorsque Toronto remporta la partie, en enrôlant des centaines de clubs dont les membres lisaient sans doute en grand nombre le Globe, Nelson fut nommé vice-président (et plus tard membre à vie) de l’Amateur Athletic Union of Canada (AAUC), nouvel organisme qui fusionnait l’AAFC et la CAAU, selon les volontés de cette dernière, et traçait une démarcation claire entre les sports amateurs et professionnels. Vers la fin de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle son fils hockeyeur Gregory Vincent perdit la vie, Nelson devint le convocateur du comité de reconstruction de l’AAUC, qui établit une stratégie d’amateurisme pancanadien appuyé par l’État qui exercerait son influence pendant des décennies. Quand l’AAUC remporta sa première victoire en réussissant à faire pression auprès du gouvernement provincial pour mettre sur pied la Commission athlétique de l’Ontario en 1920, Nelson fut nommé premier président, mais il choisit plutôt de siéger comme directeur du conseil de la boxe de l’organisme.

Nelson s’intéressait beaucoup aux courses de chevaux, attiré, comme il l’écrivit dans le Canadian Magazine, par leurs antécédents classiques et « la coopération des qualités intellectuelles, physiques et mécaniques du cheval », dont ce sport était selon lui la preuve. Grâce à sa réputation d’honnêteté et de cohérence, il fut recruté comme juge et commissaire par l’Ontario Jockey Club. Après sa retraite du Globe, en 1918, il devint commissaire à temps plein pour la Canadian Racing Association et travailla dans des hippodromes partout sur le continent. Il dirigeait d’une main de fer, sans favoritisme. Un jour, il suspendit même le propriétaire d’une piste de course où il était commissaire. Ce fut en rentrant d’une course à Agua Caliente (Tijuana), au Mexique, que Nelson succomba à une crise cardiaque. Il fut inhumé le 27 avril 1932 au cimetière Holy Sepulchre de Burlington, en Ontario.

En 1947, Francis Joseph Nelson fut admis au Temple de la renommée du hockey pour ses contributions au hockey amateur. À une époque où la plupart des sports canadiens étaient médiocrement organisés, se déroulaient selon des conditions et des règlements différents d’un endroit à l’autre, et étaient souvent minés par la violence et la tricherie, Nelson aida à leur procurer uniformité, respectabilité, organisation nationale et esprit de justice, tout en prônant farouchement les bienfaits de l’accessibilité au sport amateur. On peut le considérer comme l’un des pères fondateurs du système sportif canadien.

Bruce Kidd

Outre ses rubriques dans des journaux, Francis Joseph Nelson a écrit « Horse racing in Canada », Canadian Magazine, 19 (mai–octobre 1902) : 230–237. Une courte biographie de Nelson est accessible sur le site Web officiel du Temple de la renommée du hockey, « les Légendes : bâtisseurs : Francis Nelson » : http://www.hhof.com/LegendsOfHockey/jsp/LegendsMember.jsp?mem=b194703&type=Builder&page=bio&list=ByName (consulté le 2 juill. 2015), dans laquelle on lui attribue erronément la « découverte » du filet de but à mailles. On trouve une évaluation plus juste du rôle modeste qu’il a joué dans l’évolution du filet dans l’ouvrage de Paul Kitchen, « The early goal net : hockey innovation and the sporting page, 1896–1912 », dans Putting it on ice, C. D. Howell, édit. (2 vol., Halifax, 2002), 1 (Hockey and cultural identities) : 35–46.

Globe, 16, 28 avril 1932.— Hamilton Spectator, 15 avril 1932.— Toronto Daily Star, 15 avril 1932.— R. S. Hunter, Rowing in Canada since 1848 […] (Hamilton, Ontario, 1933).— Bruce Kidd, The struggle for Canadian sport (Toronto, 1996).— Don Morrow, « A case-study in amateur conflict : the athletic war in Canada, 1906–08 », British Journal of Sports Hist. (Londres), 3 (1986) : 173–190.— Michel Prévost, l’Université d’Ottawa depuis 1848 (Ottawa, 2008).— S. F. Wise et Douglas Fisher, Canada’s sporting heroes (Don Mills [Toronto], 1974).— Scott Young, 100 years of dropping the puck : a history of the OHA (Toronto, 1989).

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Bruce Kidd, « NELSON, FRANCIS JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nelson_francis_joseph_16F.html.

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Auteur de l'article:    Bruce Kidd
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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