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NEVINS, ARCHIBALD, négociant et propriétaire de navires, né en 1782 dans le comté de Kildare (république d’Irlande), deuxième des fils survivants d’Archibald Nevins et de sa seconde femme, Grace Penrose ; il épousa une prénommée Jane, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 21 octobre 1812 à St John’s.

Archibald Nevins était le cinquième d’une famille de 11 enfants, dont 4 moururent en bas âge. Fils d’un fermier quaker cossu, sa lignée était établie dans son comté natal depuis le début du xviiie siècle. Son arrière-grand-père avait quitté le comté d’Antrim (Irlande) pour s’établir à Edenderry, sur la frontière ouest de Kildare. En 1800, le père d’Archibald mourait, et sa mère amena la famille à Waterford, où résidaient un certain nombre de ses parents. Avant sa mort, le père d’ Archibald avait sous-loué une partie de ses terres des comtés de Kings (Offaly) et de Kildare, et sa veuve utilisa dès lors ce capital, de même que le revenu d’autres terres appartenant aux Nevins – soit plusieurs milliers de livres – pour aider Thomas, frère aîné d’Archibald, à s’établir dans l’important commerce d’exportation outre-atlantique qui se pratiquait à Waterford et dans lequel son frère à elle, Richard, et l’oncle de Thomas, William Penrose, s’étaient illustrés, au moins depuis les années 1770 dans le cas de William Penrose. Ces fonds permirent à Thomas de louer dès le début un des immeubles commerciaux les plus avantageux de Waterford, situé sur le quai par surcroît, qui avait appartenu à son oncle Richard. Quand il se lança en affaires, Thomas avait pour voisins ses cousins, fils de William Penrose, qui avaient succédé à leur père comme propriétaires de la principale maison de Waterford faisant du commerce avec Terre-Neuve. Archibald s’associa en 1803 avec un autre quaker de Waterford, George Newsom. Devant l’échec évident de cette société, elle fut dissoute dès le mois de novembre de la même année. En 1804, Nevins alla s’installer dans la région d’où sa mère était originaire, près d’Arklow, dans le comté de Wicklow, et s’associa avec son oncle Thomas Penrose dans l’industrie meunière. En 1805, grâce à de l’argent de famille que lui procura son frère Thomas, il alla se fixer dans le sud du comté de Carlow, où il plaça ses fonds dans une tannerie. De nouveau, ces entreprises ne firent pas long feu, et il hypothéqua ou liquida ses biens aux deux endroits, dès l’année suivante.

À un certain moment, entre 1806 et le mois d’août 1808, Nevins partit pour St John’s, d’où il commença à expédier de la morue, de l’huile de morue, du bois de construction et d’autres produits à son frère Thomas qui avait comme associés, en 1807, ses frères cadets, Pim et Penrose. Les documents dont on peut disposer ne permettent pas de voir clairement quelles furent les relations d’Archibald avec cette entreprise familiale. Peut-être jouait-il le rôle de représentant de la firme, à salaire ou à commission, ou bien travaillait-il d’une façon indépendante en versant une commission aux associés. Le plus vraisemblable, c’est qu’il avait part avec ses frères aux profits de l’entreprise, sans en faire légalement partie. La compagnie utilisait au moins un navire, le Peggy, qui servait uniquement au commerce lucratif du transport des passagers et des marchandises entre Waterford et St John’s. Le Peggy faisait la navette entre ces deux points depuis 1802 au moins ; sous la direction des Nevins, il effectuait jusqu’à quatre voyages par année, transportant surtout du porc salé, du beurre, du pain, de la farine, du porter, du savon et des chandelles, entre autres choses, sans oublier le sel provenant de la raffinerie de Thomas et servant à saler le poisson. Ces marchandises étaient destinées à Archibald, mais les Nevins faisaient aussi du transport pour d’autres marchands de St John’s. Non seulement Nevins faisait-il le commerce de gros et de détail des produits qu’il importait par l’entremise de ses frères, mais il vendait aussi, à commission, des biens qu’exportaient à Terre-Neuve d’autres marchands irlandais. S’il était loin d’être un grand pourvoyeur, il offrait néanmoins un large éventail de produits dans son établissement, situé à l’extrémité ouest de St John’s, en bordure du principal quartier commercial du port. Outre les produits traditionnels de l’Irlande, il vendait du bœuf et du beurre américains, du rhum et de la mélasse en provenance des Antilles, du thé, du café, du sucre et du tabac acquis de fournisseurs britanniques, du vin, du brandy et du gin de l’Europe continentale, et tout l’assortiment habituel des boutiquiers.

Depuis toujours, les Nevins s’intéressaient au transport des passagers, jeunes hommes et parfois familles entières, de Waterford à St John’s, où la plupart étaient engagés par des planters pour un été, sinon pour plus longtemps, aux pêcheries sédentaires en rapide croissance. En avril 1807, par exemple, le Peggy transporta 70 adultes, à £6 chacun. À l’instar de tous les marchands ou représentants spécialisés dans le transport des passagers, qui résidaient à Terre-Neuve, Archibald devait habituellement conduire ces migrants ou immigrants à leur lieu de travail, percevoir le prix de leur passage quand ils avaient touché leur salaire, à l’automne, et faire parvenir les sommes recueillies à ses frères, à Waterford.

Outre son commerce de détail, Nevins approvisionnait des marchands et des pêcheurs de l’extérieur de St John’s, ville qui commençait alors à s’imposer comme le centre commercial de l’île. En 1808, il acheta un brick terre-neuvien construit 30 ans plus tôt, le Success, qu’il enregistra à son nom à St John’s et qu’il utilisa comme navire côtier, de même que comme auxiliaire du Peggy pour le commerce transatlantique. En novembre 1809, le Success, à peine rentré de Waterford avec un chargement de vivres, repartit de Ferryland, au sud de St John’s, avec une cargaison de morue, d’huile de morue et de bois de construction destinée aux frères d’Archibald, se rendit de Waterford à Liverpool pour y charger du sel, puis rentra à St John’s à la fin de mai 1810. Le navire fit un autre voyage aller retour à Waterford avant de se rendre à Burin, sur la côte sud, à l’automne de la même année, pour y prendre une autre cargaison de morue et d’huile. Nevins s’intéressait aussi aux pêcheries de la côte nord de l’île et du Labrador : il vendit des marchandises à George Garland, marchand de Poole établi à Trinity, et fournit cinq embarcations à des pêcheurs irlandais qui exerçaient leur métier à partir de Pitts Harbour, à la baie des Châteaux, au Labrador. Toutefois, une grande partie de son activité commerciale se limitait à St John’s, où il faisait surtout affaire avec la communauté locale des marchands écossais et avec les boutiquiers irlandais, les cabaretiers, les artisans et les pêcheurs.

N’ayant guère l’expérience des affaires à Terre-Neuve, Nevins tenta probablement d’accroître trop rapidement son activité commerciale. Du 1er novembre 1810 au 27 mars 1811, un certain nombre de marchands et de trafiquants de St John’s se servirent de lettres de change, totalisant £1 760, que Nevins tirait sur ses frères de Waterford pour payer des vivres fournis par un marchand de cette ville. Sans doute parce qu’Archibald usait trop facilement de ce procédé, le paiement fut refusé par Thomas Nevins et les lettres de change retournées. Un grand litige s’ensuivit entre les curateurs des biens d’Archibald, devenu insolvable, les frères Nevins, à Waterford, et les divers créanciers et débiteurs de St John’s. Mais l’insolvabilité d’Archibald avait d’autres causes que ses nombreux recours aux lettres de change : comme la plupart des marchands, il éprouvait des difficultés à percevoir l’argent que lui devaient ses clients. Les assignations en justice décernées à sa demande et, plus tard, à celle des curateurs, faisaient état, au total, de créances de plus de £2 700, ce qui se comparait à £2 900 au débit de Nevins et, plus tard, de la succession. Les poursuites judiciaires relatives à son insolvabilité n’étaient pas encore terminées lorsque Nevins mourut tragiquement le 21 octobre 1812. En tentant de secourir un homme en difficulté à bord d’un navire, dans le port de St John’s, il tomba du pont principal dans la cale et se fractura le crâne. La Royal Gazette and Newfoundland Advertiser écrivit qu’il avait été un mari et un père bon et affectueux, et qu’il laissait une femme inconsolable et quatre enfants sans ressources. La maison familiale fut cédée aux curateurs, et la veuve d’Archibald quitta Terre-Neuve avec ses enfants. Un de ses frères cadets, Robert, alla s’installer à St John’s et rétablit le commerce avec Thomas, à Waterford, jusqu’à ce que l’un des incendies de 1817 détruisît leurs magasins de la rue Water, à St John’s. Thomas Nevins mit alors fin à son activité commerciale de Terre-Neuve, soit le transport des passagers et des vivres ; il se lança plutôt dans le transport des émigrants alors de plus en plus nombreux de l’arrière-pays de Waterford vers l’Amérique du Nord, surtout à destination du port de Québec, et dans l’activité commerciale qui l’accompagnait, l’exportation du bois de construction. Il fut l’un des rares marchands de Waterford à adapter avec succès son activité terre-neuvienne aux particularités du commerce avec ce continent.

Archibald Nevins n’eut aucun poids politique, et sa carrière commerciale peut difficilement être considérée comme une réussite. Mais son activité n’est pas sans signification dans le contexte de son temps. Depuis le milieu du xviiie siècle au moins, les marchands quakers de Waterford avaient été de gros fournisseurs – à commission – d’approvisionnements pour les marchands du sud-ouest de l’Angleterre engagés dans les pêcheries de morue terre-neuviennes. Comme dans la plupart des autres parties des îles Britanniques, la communauté des marchands quakers de Waterford formait un groupe étroitement uni qui restreignait autant que possible ses associations commerciales aux membres de la famille immédiate, aux proches parents ou aux confrères de la Society of Friends. L’entreprise typique était formée du père et d’un ou deux fils, ou de deux frères ou plus. Le mariage jouait un grand rôle dans la formation de ces associations commerciales : souvent, les biens et les capitaux provenant d’un contrat de mariage étaient à l’origine de la création d’une entreprise. La famille Nevins était un bon exemple de ce modèle, mais elle s’éloigna des traditions commerciales des quakers de Waterford quand Archibald partit pour St John’s. À l’exception d’une autre famille dans le même cas, il n’existe aucune preuve voulant que des marchands quakers irlandais soient allés vivre à Terre-Neuve, malgré leurs importantes relations commerciales avec cette île. Les Nevins se singularisèrent également en possédant leurs propres navires. Les autres quakers de Waterford préféraient vendre directement aux sociétés anglaises, dont les navires, chaque printemps, venaient prendre les marchandises sur le quai de Waterford. Cette tentative des Nevins d’intégrer verticalement leur commerce se produisit à une époque de transition où les anciennes pêcheries saisonnières étaient sur le point d’être supplantées par les sédentaires. Le flot intense des ravitaillements et des passagers (en très grande majorité des émigrants, et non plus des pêcheurs saisonniers) de Waterford vers St John’s correspondait aux changements rapides que connurent les pêcheries de morue, à Terre-Neuve, pendant les guerres napoléoniennes. Un certain nombre d’autres marchands de Waterford, presque tous catholiques et, pour la plupart, à la tête de petites entreprises, tentèrent d’adopter la même stratégie, comme le firent aussi quelques-uns des marchands établis à St John’s. Mais la plupart disparurent à cause de l’instabilité de l’industrie de la pêche, tant pendant qu’après les guerres napoléoniennes.

John Mannion

Maritime Hist. Group Arch., Richard Fogarty, Waterford, ledger, 1er nov. 1810–1er nov. 1813.— PANL, GN 2/1, 19 ; GN 5/1/A/1–1816, minute books, 29 juill., 16 sept. ; GN 5/2/A/1–1812, minute-books : 66s.— Phoenix Assurance Company Ltd. (Londres), Jenkin Jones, report to Matthew Wilson on St John’s, 6 juin 1809 (photocopie aux PANL).— Registry of Deeds (Dublin), items 345911, 363453, 371338, 376379, 377468, 386821, 389420, 393844.— Religious Soc. of Friends Hist. Library (Dublin), Nevins pedigree, T. H. Webb, compil. ; Waterford Meeting, reg.— Reg. of shipping, 1802–1810.— Ramsey’s Waterford Chronicle (Waterford, république d’Irlande), 21 août, 9 déc. 1817.— Royal Gazette (St John’s), 16 août 1810, 13 juin 1811, 2, 16 janv., 22 oct., 19 nov. 1812, 15 avril, 15 juill. 1813.— Waterford Mirror (Waterford), 27 nov. 1803, 23 mars 1804, 26 mars, 21 déc. 1806, 28 avril, 13 juill., 15 août, 31 déc. 1807, 24 avril, 11 juill., 23 août 1808, 18 janv. 1810.

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John Mannion, « NEVINS, ARCHIBALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nevins_archibald_5F.html.

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Auteur de l'article:    John Mannion
Titre de l'article:    NEVINS, ARCHIBALD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024