O’BRIEN, JOHN DANIEL O’CONNELL, peintre, né le 30 novembre 1831 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils unique de Daniel O’Brien et de Jane Smith (Smyth) ; décédé célibataire le 7 septembre 1891 à Halifax.

John Daniel O’Connell O’Brien, dont les grands-parents avaient émigré d’Irlande, fut baptisé en l’honneur du « libérateur » irlandais Daniel O’Connell. Peu après sa naissance, sa famille s’établit à Halifax, où son père continua d’exercer le métier de « coiffeur et fabricant de chevelures d’ornement ».

À l’âge de 21 ans, John O’Brien s’annonçait comme « peintre de marines » dans le Morning Chronicle, mais il peignait déjà depuis trois ans des toiles qui représentaient des escadres, des yachts et autres navires. On peut considérer O’Brien comme le successeur du portraitiste haligonien William Valentine*, mort en 1849. Ses thèmes maritimes reflètent à la fois sa position dans la collectivité et le sentiment que les gens de Halifax avaient de l’importance de leur ville comme port stratégique. Quasi autodidacte, il apprit son art en copiant des gravures et des illustrations. Les gravures américaines et anglaises abondaient dans les librairies de Halifax, et la plus ancienne œuvre existante d’O’Brien, Yacht race, qui date de 1850, s’inspirait peut-être d’une lithographie produite en 1843 par l’artiste anglais J. Rogers. Il ne fait pas de doute qu’au début des années 1850 il imita l’œuvre d’Edwin Weedon, dont les illustrations de régates et de navires paraissaient dans l’Illustrated London News de Londres.

En 1857, des groupes d’Haligoniens rivalisèrent pour recueillir les fonds qui permettraient au talentueux artiste d’aller étudier outre-mer. Peu de temps auparavant, O’Brien avait présenté un portrait à James William Johnston*, qui devint premier ministre de la province le 24 février, et réalisé Halifax Yacht Club regatta pour le 20e anniversaire du club. Henry Pryor, avocat très en vue, prit bien soin de se faire remarquer au cours de la campagne dans l’espoir, semble-t-il, d’augmenter ses chances d’être élu à la mairie plus tard dans l’année.

O’Brien séjourna en Angleterre de juillet 1857 à mars 1858 ; ces neuf mois furent ses seules études à l’étranger. Avant son départ, il avait dit vouloir modeler sa carrière artistique sur celle de son contemporain John Wilson Carmichael, peintre britannique de marines, dont il avait pu admirer les œuvres dans l’Illustrated London News. Il devint son élève à Londres et, sous cette influence, le sens naturel de la clarté et la vision poétique des éléments du jeune peintre s’affaiblirent au profit d’un style tourmenté qui n’est pas sans rappeler Turner. De Londres, il écrivit à son père qu’il s’était aussi « inscrit à des leçons de coloriage de photographies dans l’un des meilleurs établissements » et qu’il assistait le soir à des conférences à la Royal Academy of Arts.

De retour à Halifax en avril 1858, O’Brien annonçait à la devanture de son atelier du front de mer qu’il enseignait la peinture de paysages et de marines, mais à la mi-novembre il coloriait des photographies pour Wellington Chase. Au début de 1860, le Morning Chronicle rapporta qu’il s’était rendu à Boston « pour consulter [des médecins] parce que peindre les bannières de la Catholic Temperance Society [avait] endommagé sa vue ». Ce malheur survenait à un moment où, dans le port de Halifax, les navires à vapeur remplaçaient les voiliers qu’O’Brien avait peints et où la construction du chemin de fer Intercolonial témoignait de l’inauguration de l’ère de la technologie. En outre, l’arrivée à Halifax de l’artiste et dessinateur naval anglais Forshaw Day en 1862 devait représenter une menace pour lui. O’Brien se résigna à appartenir à un « demi-monde » d’artisans, se désignant lui-même dans le bottin municipal de 1866–1867 comme « artiste et peintre d’ornements ». On ne lui connaît que deux toiles des années 1860.

Le père de John Daniel O’Connell O’Brien, qui avait dès le début soutenu énergiquement la carrière de son fils, mourut en 1878. Ayant probablement le sentiment de son propre échec, l’artiste reprit vers cette époque la peinture de chevalet. Il peignit plusieurs toiles à Yarmouth, dont Argyle, barque : departure and capsize, en 1880, diptyque dont le thème victorien est rendu en empâtements lisses. Sensible à l’étonnante renaissance culturelle des années 1880 à Halifax – moment où, comme l’a écrit le romancier et historien Thomas Head Raddall, « l’art, la musique et la littérature furent remis à l’honneur » – il peignit alors près de la moitié des 53 œuvres qu’on lui connaît. Elles comprennent des panoramas de la ville, des navires et la série historique de trois toiles sur le navire britannique Galatea, qui évoque un événement des années 1860. Toutefois, pendant ses dernières années, période qui vit la tenue, à Halifax, de l’exposition inaugurale de l’Académie royale canadienne des arts en 1881 et la constitution juridique de la Victoria School of Art and Design en 1888, O’Brien fut à peu près oublié par la ville et la province ; il avait pourtant été le premier Canadien à vivre de la peinture de marines. Au moment de sa mort, en 1891, il résidait au Poor’s Asylum de Halifax ; le registre d’inhumations le dit « barbier ».

Patrick Condon Laurette

Une liste complète des peintures de John Daniel O’Connell O’Brien donnant le nom des galeries et des particuliers qui les détiennent ainsi qu’une documentation exhaustive sur sa carrière se trouvent dans l’ouvrage de P. C. Laurette, John O’Brien, 1831–1891 (Halifax, 1984). Un certain nombre de ses peintures sont reproduites dans cette publication.

J. W. Carmichael, The art of marine painting in oil colours (Londres, 1864).— Acadian Recorder, 27 août 1857.— Illustrated London News (Londres), 1851–1852, 1855.— Morning Chronicle (Halifax), 28 juill. 1853, 22 févr. 1860.— Novascotian, 19 mai 1831, 3 juill. 1854, 18 janv. 1858.— D. A. Sutherland, « The merchants of Halifax, 1815–1850 : a commercial class in pursuit of metropolitan status » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1975).— P. C. Laurette, « John O’Brien, artist : Maritime talent in the imperial context », Canadian Collector, 19 (1984), n° 4 : 20–23.— Harry Piers, « Artists in Nova Scotia », N.S. Hist. Soc., Coll., 18 (1914) : 150–151.

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Patrick Condon Laurette, « O’BRIEN, JOHN DANIEL O’CONNELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/o_brien_john_daniel_o_connell_12F.html.

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Auteur de l'article:    Patrick Condon Laurette
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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