OLAND, GEORGE WOODHOUSE CULVERWELL, magnat de la bière, né le 31 août 1856 à Grayshott Farm, près de la frontière du Hampshire et du Surrey, Angleterre, dernier enfant de John James Dunn Oland et de Susannah Woodhouse Culverwell ; le 24 juin 1884, il épousa à Halifax Ella Young Bauld, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 25 janvier 1933 au même endroit.

George Woodhouse Culverwell Oland, qui reçut le nom de son grand-père maternel, avait neuf ans quand sa famille immigra en Nouvelle-Écosse, en 1865. Il apprit son métier de son père, dans la brasserie fondée par celui-ci deux ans plus tard, à Dartmouth, et que son frère aîné, John Culverwell, géra après la mort de leur père en 1870. Au décès de leur mère, en 1885, George et sa sœur Huldah Sarah héritèrent de sa part, soit le quart des actions de la brasserie située à l’extrémité nord de la ville. John encouragea et aida peut-être George à acquérir la part de leur sœur et, ensemble, ils rachetèrent par la suite celle des autres associés et reprirent l’entreprise qui, depuis 1877, s’appelait S. Oland, Sons, and Company.

George s’était marié en 1884. Sa femme, Ella Young, était la fille d’un marchand de Halifax, John H. Bauld. Presbytérienne convertie au catholicisme, elle épousa Oland, anglican, dans un mariage forcé au sein de l’Église d’Angleterre. Leurs enfants seraient tous élevés dans la foi catholique, conformément à la disposition du droit canon obligatoire pour les fidèles mariés en dehors de l’Église. Immédiatement après leur mariage, ils partirent vivre pendant un an à St John’s, où George dirigerait la brasserie d’Edward W. Bennett. Le premier enfant du couple, George Bauld, y naquit quatre mois plus tard.

De retour à Dartmouth, George travailla de nouveau avec John à la brasserie des Oland. En 1893, les frères et le beau-père de George constituèrent l’entreprise en société par charte législative et l’appelèrent la Maritime Brewing and Malting Company Limited. George fut nommé vice-président et administrateur délégué. En 1901, un consortium ayant son siège en Angleterre, la Halifax Breweries Limited, réunit quatre des cinq brasseries de la Nouvelle-Écosse (toutes situées dans l’agglomération de Halifax) et une autre de Charlottetown. Les Oland vendirent leurs intérêts à la nouvelle société. En contrepartie, ils devinrent actionnaires et George assura la surintendance de l’exploitation. Apparemment frustré dans ce rôle inhabituel de subalterne, il démissionna en 1899 pour travailler comme voyageur de commerce. En 1901, il s’installa toutefois à l’Île-du-Prince-Édouard pour y gérer l’usine de la Halifax Breweries Limited et, en 1904, il était de retour à Halifax en tant que directeur général de la firme.

La rupture définitive se produisit en 1909, quand George se lança en affaires lui-même. Il acheta la Highland Spring Brewing Company, brasserie tout à fait moderne de la rue Agricola, à l’extrémité nord de Halifax, avec l’intention d’en poursuivre l’exploitation. Fondée une décennie plus tôt, l’entreprise concurrençait directement l’employeur de longue date de George, la Halifax Breweries Limited. Après une absence de 14 ans, les Oland redevinrent propriétaires indépendants d’une brasserie. En 1914, George reconstitua en société la Highland Spring Brewing Company et la renomma Oland and Son Limited, le « fils » étant son deuxième, Sidney Culverwell, qui, au lieu d’avoir été formé en entreprise comme le voulait la tradition, avait reçu son diplôme de la United States Brewers’ Academy de New York en 1908. En 1915, John, le frère de George, se joignit à l’entreprise à titre de gestionnaire et maître brasseur. Après la destruction des installations dans l’explosion de Halifax, le 6 décembre 1917, qui tua son frère Conrad George dans une usine de la Halifax Breweries Limited et blessa grièvement John, George utilisa les fonds d’indemnisation et les prestations d’assurance, non pas pour reconstruire immédiatement, mais pour acquérir la Red Ball Brewery Limited de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, que possédait la Simeon Jones Limited, mise sous séquestre à l’époque. Entrepreneur-né, George était un fervent partisan de l’investissement stratégique et des économies d’échelle. Le succès de l’exploitation de Saint-Jean l’encouragea à faire reconstruire la brasserie de Halifax, mais cette dépense rendit insolvable l’Oland and Son Limited. La firme était également aux prises avec les effets de la prohibition et de la récession qui suivit la Première Guerre mondiale. En 1925, cependant, on l’avait libérée de la faillite, réorganisée et redressée à un point tel que, deux ans plus tard, elle put acheter la brasserie historique de Halifax fondée par Alexander Keith*, alors son seul concurrent local important. Vers le même moment, les Oland se portèrent acquéreurs de la James Ready Beverages Limited, à Saint-Jean, la plus grande brasserie du Nouveau-Brunswick de l’époque, qui lancerait l’étiquette Moosehead en 1931.

À l’instar d’autres fabricants de boissons alcoolisées des Maritimes, les Oland utilisèrent diverses stratégies pour survivre à la prohibition, en vigueur en Nouvelle-Écosse depuis 1916 et au Nouveau-Brunswick depuis l’année suivante. La Red Ball Brewery Limited aurait continué à produire de la bière à teneur normale en alcool qu’elle vendait à des magasins locaux, tout en aidant à payer les amendes imposées aux détaillants. Les ventes dans les Antilles britanniques, débouché important depuis longtemps, restèrent bonnes. En outre, les usines de la famille s’étaient peut-être lancées dans la fabrication de boissons gazeuses. La fin de la prohibition au Nouveau-Brunswick en 1927 et en Nouvelle-Écosse en 1930 stimula la croissance, et les entreprises des Oland dominèrent rapidement le marché des Maritimes.

Ella Young se révéla quelque peu libertine, comportement qui embarrassa son mari, très attaché aux idées conventionnelles. Leur mariage malheureux dura de longues années et aboutit à une procédure de divorce intentée par George en 1917. La poursuite fut abandonnée, peut-être à cause de l’explosion qui dévasta la région de Halifax cette année-là, et ils continuèrent à mener des vies plus ou moins séparées jusqu’au décès de George, 15 ans plus tard. Sa femme lui survivrait jusqu’en 1947. Les restes du couple reposent dans des cimetières différents : ceux de George dans le lot de la famille Oland, au cimetière anglican de Dartmouth, et ceux d’Ella Young dans un cimetière catholique de Halifax.

Comme beaucoup d’entrepreneurs à succès qui, ne disposant pas de capital substantiel, durent emprunter de l’argent pour financer leurs activités, George Woodhouse Culverwell Oland mourut avec plus d’actifs que de liquidités. Presque toute sa succession d’un demi-million de dollars était constituée de titres. Il laissa à sa femme sa voiture de luxe de marque Cadillac et lui permit de vivre le reste de sa vie dans son imposante demeure, rue Barrington. Le règlement de la succession se compliqua par le fait qu’il était propriétaire ou administrateur de quatre brasseries distinctes, soit deux à Halifax et deux à Saint-Jean, et président dans les quatre cas. Craignant les conséquences en matière d’identification de la marque, notamment une perte de confiance des consommateurs et une diminution de la part de marché, Oland semble n’avoir jamais réfléchi sérieusement à la consolidation des sociétés en une seule entité. Pourtant, une répartition inégale des brasseries entre ses trois fils participant activement à l’entreprise familiale (George Bauld, Sidney Culverwell et Geoffrey Charles) ne relevait pas de la planification rationnelle. Une lutte de pouvoir acharnée entre George fils, à Saint-Jean, et Sidney, à Halifax, qui avait commencé du vivant de George père, se termina par la division de l’empire entre eux : George Bauld prit le Nouveau-Brunswick et Sidney Culverwell, la Nouvelle-Écosse. Les répercussions de la tentative bien intentionnée, mais mal conçue, de leur père d’éviter une guerre de succession persisteraient jusqu’en 1971, année où les Oland de Halifax vendirent leurs intérêts à l’entreprise ontarienne qui avait pris de l’importance sous la direction de John Labatt* au début du siècle.

Barry Cahill

Les DUA conservent quelques papiers personnels de George Woodhouse Culverwell Oland dans l’Oland Family fonds (MS-2-135), George Woodhouse Culverwell Oland ser., ainsi que des dossiers des entreprises Oland and Son Limited, A. Keith and Son Limited et Oland’s Brewery Limited dans des séries individuelles de l’Oland and Son and Affiliated Companies fonds (MS-4-135). Les dossiers de la compagnie New Brunswick Breweries Limited se trouvent aux Moosehead Breweries Limited Corporate Arch. à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 13095.— NSA, RG 39, B, 9, 110 (dossiers de faillite, 1923, Re Oland and Son Limited) ; D, 16, C21 (dossiers de divorce, 1917, Oland c. Oland).— Acadian Recorder (Halifax), 1877–1930.— Dartmouth Patriot (Dartmouth, N.-É.), 1901–1933.— Halifax Herald, 1877–1933.— Lyndon Watkins, « Family feuding and beer : a success story », Globe and Mail, 24 févr. 1967 : B5.— M. J. Bellamy, « The Canadian brewing industry’s response to Prohibition, 1874–1920 », Brewery Hist. (Longfield, Angleterre), 132 (2009) : 2–17.— Canada, Commission royale d’enquête sur le commerce de l’alcool au Canada, Minutes of evidence (6 vol., Ottawa, 1893–1895), 1–5.— Ian Coutts, Brew north : how Canadians made beer & beer made Canada (Vancouver, 2010).— Jan Forster, « The Maritime Olands », Chatelaine (Toronto), 47 (1974), no 5 : 40–41, 52–54, 56, 58 ; no 6 : 30–31, 48–50, 52–53 ; no 7 : 28–29, 48–51.— G. B. Haliburton, What’s brewing : Oland, 1867–1971, a history (Tantallon, N.-É., 1994).— K. L. Johnston, « The Halifax drink trade, 1870–1895 » (travail de b.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1977).— Moosehead Breweries Ltd., Fifty years : 1928–1978 (s.l., 1978).— Harvey Sawler, Last Canadian beer : the Moosehead story (Halifax, 2008).— A. W. Sneath, Brewed in Canada : the untold story of Canada’s 350-year-old brewing industry (Toronto, 2001).— R. L. Sweet, Directory of Canadian breweries (past and present) (2e éd., Saskatoon, 1996).

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Barry Cahill, « OLAND, GEORGE WOODHOUSE CULVERWELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/oland_george_woodhouse_culverwell_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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