Titre original :  The Most Rev. J.A. Richardson (1907-1938)

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RICHARDSON, JOHN ANDREW, agriculteur, enseignant, et ministre et archevêque de l’Église d’Angleterre, né le 30 octobre 1868 à Warwick, Angleterre, fils de John Richardson et de Mary Watkins ; le 16 juin 1897, il épousa à Winnipeg Dora Lillian Fortin, et ils eurent un fils et quatre filles ; décédé le 7 octobre 1938 à Fredericton.

John Andrew Richardson fut marqué dans son enfance par la mort prématurée de sa mère. Son père était ministre anglican de la Haute Église et aumônier de la prison de Warwick. Après avoir fait ses études primaires à la grammar school historique de la ville, John Andrew, sur le conseil de son père, émigra dans l’ouest du Canada en 1888. Il travailla dans une ferme au Manitoba avant de fréquenter le St John’s College, établissement anglican qui faisait partie de l’université de Manitoba à Winnipeg. Il y obtint une licence ès arts en science mentale et morale avec mention très bien en 1895, et une maîtrise trois ans plus tard. Ordonné diacre en 1895 et prêtre en 1896, il accéda à un poste d’enseignant au collège, et contribua à l’œuvre missionnaire de l’église Holy Trinity. Quand l’archidiacre Octave Fortin fonda l’église St Luke à Fort Rouge (Winnipeg) en 1897, Richardson, qui avait épousé sa fille, en devint son premier rector.

Richardson, grand et athlétique, possédait un sens de l’humour mordant et ce que l’on décrivit souvent comme « une voix d’or ». Il acquerrait une réputation d’excellent orateur. Au début de 1899, Robert Machray*, archevêque de la terre de Rupert, l’envoya dans les Maritimes afin de collecter des fonds pour les églises de l’ouest du Canada. Pendant sa tournée, Richardson discourut dans plusieurs églises à Saint-Jean et effectua une mission auprès d’enfants. (Le révérend Cecil Caldbeck Owen de l’église Holy Trinity affirma que « sa plus grande force [était] sans doute son don particulier avec les enfants ».) Au sein de la congrégation Trinity, à Saint-Jean, ses qualités de prédicateur firent si bonne impression qu’on le nomma rector. Il prit ses fonctions en août et s’engagea dans la communauté. Il faisait preuve d’un désir évangélique d’améliorer la société, qu’il avait probablement cultivé durant ses années à Winnipeg, centre du mouvement Social Gospel [V. Frederick Beal Du Val*]. En 1901, alors qu’il présidait le chapitre du Nouveau-Brunswick de la Lord’s Day Alliance, il déposa une requête auprès du gouvernement provincial pour faire respecter le Profanation of the Lord’s Day Act. Partisan de la tempérance, il prôna une application plus stricte du Liquor License Act provincial. Il luttait contre les jeux de hasard, préconisait une réforme du système carcéral et protestait contre la surpopulation de la prison de la ville. En 1905, quand il témoigna devant une commission d’enquête dont faisait partie la réformatrice Emma Sophia Fiske [Skinner*], il critiqua les conditions misérables dans les manufactures de coton locales, et insista sur la nécessité de réglementer par des lois le travail en usine et le travail des enfants. Œuvrant à l’amélioration de la vie des jeunes, il appuya des campagnes en faveur de la fréquentation obligatoire des écoles, des jardins d’enfants et des terrains de jeux publics. Ses efforts lui valurent, selon le Daily Gleaner, une réputation de « travailleur ouvert d’esprit et zélé [au service du bien] ».

Richardson gravit les échelons de la hiérarchie de l’Église de façon fulgurante. En 1902, l’évêque Hollingworth Tully Kingdon le nomma chanoine de la cathédrale Christ Church de Fredericton ; quatre ans plus tard, après le déclin de la santé de Kingdon, on l’élut évêque coadjuteur. Le diocèse gagna ainsi un prédicateur populaire, fermement soutenu par les laïcs et animé d’un profond désir d’élargir l’œuvre de l’Église en améliorant d’abord la condition des gens. Sa consécration dans la cathédrale Christ Church de Montréal le 30 novembre 1906, un mois après son trente-huitième anniversaire, fit de lui le plus jeune évêque anglican du dominion. Le 6 février 1908, après le décès de Kingdon au mois d’octobre précédent, on intronisa Richardson évêque de Fredericton dans la cathédrale de la ville. Des moments mémorables l’attendaient outre-mer : en juin de la même année, tandis qu’il assistait à la conférence de Lambeth, Richardson eut l’honneur de prêcher devant Édouard VII dans la cathédrale St Paul à Londres ; en 1910, il représenta l’Église canadienne aux funérailles du roi à la chapelle St George du château de Windsor. Au cours de sa carrière, il prêcha également à la cathédrale de Salisbury et à l’abbaye de Westminster, et reçut des doctorats honorifiques en théologie de l’université de Manitoba et du King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, ainsi qu’un doctorat honorifique en droit civil du Bishop’s College de Lennoxville (Sherbrooke), au Québec.

Le long mandat de Richardson couvrirait une période d’immenses changements. La Première Guerre mondiale et la grande dépression transformeraient radicalement le tissu socioéconomique de la société canadienne et les Maritimes connaîtraient un déclin économique. Richardson prit en charge un diocèse auquel son premier évêque, John Medley*, partisan du mouvement anglo-catholique d’Oxford, avait instillé les valeurs conservatrices du tractarianisme de la Haute Église. Il chercha à convertir ses ouailles à un christianisme plus soucieux du bien commun. En 1908, il participa à la fondation et devint président de la section néo-brunswickoise du Moral and Social Reform Council of Canada [V. John George Shearer*], qui se réunit à Saint-Jean pour promouvoir l’amélioration sociale grâce à l’éducation, la législation et des mesures administratives. L’année suivante, il présida la section néo-brunswickoise de l’Église d’Angleterre, qui soutenait la réforme pénitentiaire, plaidait en faveur du bien-être des femmes et des enfants, et luttait contre les jeux de hasard et l’intempérance. Le travail de ce genre d’organismes devint une partie importante de la politique diocésaine.

Bon administrateur, Richardson réorganisa les groupes confessionnels et améliora la situation financière du diocèse, dont le nombre de membres passerait de 23 238 en 1907 à 35 167 en 1938. En juillet 1911, après un incendie causé par la foudre qui détruisit la flèche de la cathédrale, fit fondre les cloches et consuma l’orgue, il réussit à collecter des fonds pour réparer les dégâts, estimés à 100 000 $. Il apporta son soutien au King’s College (qui s’installa à Halifax en 1923), à la Rothesay Collegiate School [V. George Exton Lloyd], près de Saint-Jean, et au Church of England Institute [V. Charles William Vernon], à Saint-Jean. Convaincu que l’efficacité de l’Église connaissait son apogée « à l’étape de l’enfance », il renforça le travail des écoles du dimanche et, au milieu des années 1920, donna son appui à l’Anglican Young People’s Association.

Richardson, dont l’épouse instruite influença peut-être les opinions, valorisait le travail des femmes engagées dans l’Église. Avant sa nomination comme évêque, l’Église confinait les femmes dans des postes subalternes, malgré le fait qu’elles « remplissaient en grande partie les églises et effectuaient le vrai travail », comme le dit Richardson au synode en 1918. En 1903, il avait encouragé l’église Trinity à fonder la première Woman’s Auxiliary de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada, et, dans son premier discours au synode à titre d’évêque, il appuya une modification au canon des écoles du dimanche, autorisant leur comité permanent à recruter des membres des deux sexes. En 1919, une loi provinciale permit aux paroisses anglicanes d’accorder le droit de vote aux femmes aux réunions paroissiales.

Richardson soutint fortement la participation du pays à la Première Guerre mondiale. Il encouragea l’enrôlement dans le Corps expéditionnaire canadien pour aider le premier ministre sir Robert Laird Borden à atteindre son objectif de recruter 500 000 hommes en déclarant : « C’est une guerre sainte que nous menons. » Convaincu que la « boisson enivrante » constituait « une menace à la force et à la sécurité de l’État plus meurtrière qu’aucune terreur teutonne », il devint porte-parole de la New Brunswick Temperance Alliance et, en 1917, incita les membres du synode à appuyer la loi provinciale imposant la prohibition. La même année, la chambre des évêques du Canada l’envoya outre-mer, où il passa plusieurs mois à visiter les camps militaires, faire des entrevues avec les aumôniers [V. John Macpherson Almond] et rencontrer les soldats. Cette expérience l’inspira et l’amena à préconiser des rapports plus étroits entre l’Église et ses laïcs, et conduisit, en 1925, à la création de la Diocesan Laymen’s Association.

Les difficultés économiques de l’Église engendrées par la grande dépression s’aggravèrent en 1932, après la découverte du détournement, par l’avocat John Alexander Machray, d’une somme d’environ 759 000 $. Clarendon Lamb Worrell, alors primat du Canada, travailla sans relâche afin de récupérer l’argent. À la mort de ce dernier, deux ans plus tard, Richardson lui succéda à titre de métropolitain de la province ecclésiastique du Canada, fut élu président de la chambre des évêques et intronisé comme premier archevêque de Fredericton dans la cathédrale Christ Church de la ville. Déjà en mauvaise santé, il mourut d’anémie aplasique le 7 octobre 1938, dévasté, un mois plus tôt, par la mort prématurée de son fils unique, Wilfrid Randolph. Des milliers de personnes assistèrent aux funérailles de Richardson. Derwyn Trevor Owen*, primat du Canada, se remémora dans son éloge funèbre qu’« il était serviable, enthousiaste, avenant, optimiste et tentait toujours de résoudre les difficultés ». Il laissait dans le deuil sa femme et ses quatre filles. On l’inhuma près de la cathédrale, sous la fenêtre est, à côté de l’évêque Medley.

Grâce à sa personnalité charismatique, John Andrew Richardson, surtout dans sa jeunesse, revigora l’Église d’Angleterre dans les Maritimes. Homme modéré à l’esprit pratique, qui fit remarquer en 1906 que, « dans la vie religieuse, les extrêmes [constituaient] presque toujours une erreur », il guida son diocèse pendant une période de profonds changements, sans pour autant modifier radicalement son caractère tractarien. En 1940, à l’inauguration d’un monument en l’honneur de Richardson à Smiths Cove (site de la maison d’été de sa famille), son ami et collègue ministre Alfred Henchman Crowfoot le décrivit ainsi : « Évangéliste passionné, il devint un homme d’Église solide. Sa conviction que la position catholique était bonne ne le dépouilla néanmoins jamais de sa ferveur évangélique. »

Gillian Liebenberg

Les APNB conservent la majorité des sources primaires relatives à John Andrew Richardson, notamment les documents suivants sur ses années à l’église Trinity de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick : MC 223, D-SJ-1B (Saint John Deanery minutes, 1880–1913) ; MC 223, MC 1926, MS 2 (F17999) (Trinity Church, Saint John, vestry minutes), H, vol. 8 (en particulier la copie de la lettre du révérend Cecil C. Owen, 3 juill. 1899) et vol. 9 ; MC 223, S5-A-7B-1a (Trinity Church, Saint John, WA minutes, 1903–1910) ; MC 223, S5A-16D, C20 ; et MC 1926, MS3 (F21539) (Trinity Church, Saint John, annual reports, 1897–1908). S’y trouvent également d’autres sources sur la même période de sa carrière : RS9 (Executive Council), Richardson to Hon. L. J. Tweedie, 28 mars et 23 août 1901 ; et RS250 (Records of the commission to investigate the necessity of a factory act (1905), B1 (Evidence taken before factory commission), 16 mars 1905.

Le fonds John Andrew Richardson renferme de la documentation sur les allocutions de Richardson prononcées durant son épiscopat : MC 223, DB-3-5A-F, 20 A, E, D ; MC 223-13-33 (Synod journals, 1906–1940), F19902–4, F20099 ; MC 223, CA 19 (Christ Church Cathedral, special services), 1908, 1918, 1934, 1940 ; et MC 223, DB-3-1 (Richardson reg. of the diocese of Fredericton). Certains de ses sermons figurent dans : MC 2350, MS5 et MC 2513, 10. Des photographies de Richardson, de sa famille et des endroits où il a vécu se trouvent dans la collection de photographies P412, 1–39 ; on peut voir sa signature sur une photographie classée sous la cote MC 233, DB-3-17. Les APNB détiennent également un exemplaire d’un sermon à sa mémoire prononcé par A. H. Crowfoot, « A beloved father-in-God […] » (MC 2350, MS6), ainsi que de l’information issue de la tradition orale familiale : MC 2350, MS1, A–F (Janet McClellan Toole, transcripts of interviews with Richardson’s daughter Mary Sorensen, 18 mai 1994 et 17 sept. 1995) ; MC 2513 1–10 (transcripts of oral history by Richardson’s granddaughter Dorothea Claridge Murray) ; et MC 2737, MS1, B1 (transcripts of oral history by Richardson’s grandson John Murray Richardson, 28 avril 1998).

La Harriet Irving Library de la Univ. of N.B., à Fredericton, détient quelques ouvrages de Richardson : Charge delivered to the diocesan synod of Fredericton, on October 1st, 1907, at Saint John, N. B. ([Fredericton, 1907]) ; Pan-Anglican thank offering : appeal from the bishop and synod to the churchmen of the diocese of Fredericton ([Fredericton], 1908) ; « Contending for the faith » : a sermon preached by the lord bishop of Fredericton in the chapel of Bishop’s College, Lennoxville, Que., at the annual convocation service, June 23rd, 1910 ([Lennoxville, Québec, 1910]) ; Prohibition endorsed ([Fredericton, 1916]) ; et The groups movement (Milwaukee, Wis., 1935).

Daily Gleaner (Fredericton), 3 oct. 1906 ; 6 févr. 1908 ; 11–12 oct. 1938 ; 18 août 1940.— Daily Telegraph (Saint-Jean), 26, 28 août 1899 ; 3 oct. 1906 ; 7 févr. 1908.— Observer (Hartland, N.-B.), 13 oct. 1938.— St. John Daily Sun (Saint-Jean), 9 juill. 1902, 7 nov. 1905.— Saint John Globe, 5, 9 juill. 1902.— Sun (Saint-Jean), 6 févr. 1908.— Telegraph-Journal (Saint-Jean), 8, 11 oct. 1938.— Times (Londres), 10 oct. 1938.— Richard Allen, The social passion : religion and social reform in Canada, 1914–28 (Toronto, 1971 ; réimpr., 1990).— Philip Carrington, The Anglican Church in Canada : a history (Toronto, 1963).— A. L. Fleming, A book of remembrance ; or, the history of St. John’s Church, Saint John, New Brunswick (Saint-Jean, 1925).— L. N. Harding, Citizens with the saints : a brief history of Anglicanism in New Brunswick (Fredericton, 1994).— C. F. Headon, « The influence of the Oxford Movement upon the Church of England in eastern and central Canada, 1840–1900 » (thèse de ph.d., McGill Univ., Montréal, 1974).— Colin Howell, « The 1900s : industry, urbanization, and reform », dans The Atlantic provinces in confederation, E. R. Forbes et D. A. Muise, édit. (Toronto et Fredericton, 1993), 155–191.— G. A. W. Liebenberg, « “Cautious and conservative” : Anglican social policy in New Brunswick, 1906–1918 », Canadian Church Hist. Soc., Journal (Toronto), 41 (1999) : 27–55 ; Guide to use of the synod journals of the diocese of Fredericton, 1890–1990 (Fredericton, 1995).— A. G. McIntyre, Our first fifty years, 1903–1953 : Woman’s Auxiliary of the Church of England in Canada, Fredericton diocesan board ([Fredericton ?, 1953 ?]).— Ian McKay, « The 1910s : the stillborn triumph of progressive reform », dans The Atlantic provinces in confederation, 192–229.— J. L. Potter, « The episcopate of Hollingworth Tully Kingdon, second lord bishop of Fredericton » (mémoire de m.a., Univ. of N.B., 1970).— Prominent men of Canada, 1931–32, Ross Hamilton, édit. (Montréal, [1932 ?]).— Edward Pulker, We stand on their shoulders : the growth of social concern in Canadian Anglicanism (Toronto, 1986).

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Gillian Liebenberg, « RICHARDSON, JOHN ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/richardson_john_andrew_16F.html.

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Auteur de l'article:    Gillian Liebenberg
Titre de l'article:    RICHARDSON, JOHN ANDREW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
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Date de consultation:    2 nov. 2024