SHAAW TLÁA (Kate Carmack), Indienne tagish, née vers 1862 aux environs de l’actuel lac Bennett, Yukon et Colombie-Britannique, fille de Kaachgaawáa, chef du clan tlingit du Corbeau, et de Gus’dutéen, membre du clan tagish du Loup ; elle épousa Kult’ús, et ils eurent une fille, puis en 1887, George Washington Carmack, et de cette seconde union naquit une fille ; décédée le 29 mars 1920 à Carcross, Yukon.

Shaaw Tláa, ses parents et ses sept sœurs et frères vivaient dans un village tagish près de l’emplacement actuel de Carcross. Quand elle était jeune femme, elle fit, avec un Tlingit nommé Kult’ús, un mariage conventionnel (il était le fils du frère de sa mère). Cette union fut de courte durée, car Kult’ús et leur bébé moururent de la grippe en Alaska au début des années 1880. Shaaw Tláa retourna alors dans son village. C’est là qu’elle se mit en ménage avec George Washington Carmack en 1888. Depuis l’année précédente, cet Américain faisait du transport par convois, de la chasse et de la prospection avec deux parents de Shaaw Tláa : son frère Skookum Jim [Keish] et son neveu Dawson Charlie [Káa Goox*]. L’union de Kate avec George Carmack cimenta l’association des trois hommes.

Dans le courant de l’été de 1889, Kate et Carmack remontèrent le Yukon pour prospecter la région de Forty Mile. Durant six ans, tandis que George faisait de la prospection, du piégeage et de la traite sur le cours inférieur du Yukon, Kate contribua aux maigres ressources familiales en vendant à d’autres mineurs des vêtements d’hiver de sa confection. La fille de Kate et Carmack, Graphie Grace Carmack, naquit en 1893 au fort Selkirk (Selkirk, Yukon).

À la fin de juillet 1896, Skookum Jim, Dawson Charlie et un autre neveu, Kooiseen (Patsy Henderson), se mirent à la recherche du couple, qu’ils n’avaient pas vu depuis plusieurs années. Ils trouvèrent Kate, son mari et leur petite fille en train de pêcher le saumon au confluent de la rivière Klondike et du fleuve Yukon. Après s’être échangé des nouvelles sur leur famille et s’être occupé des prises, Skookum Jim et Charlie partirent prospecter le bassin du Klondike avec Carmack. À la mi-août, les trois hommes trouvèrent de l’or au ruisseau Rabbit (ruisseau Bonanza), à quelques milles du campement de pêche. En moins de un an, cette découverte déclencha la ruée vers l’or du Klondike, qui attirerait des dizaines de milliers de chercheurs d’or au Yukon et marquerait le début de la colonisation par des non-autochtones.

Pendant l’hiver de 1896–1897, même s’ils se savaient à la veille d’être riches, Kate et sa famille n’avaient pas d’argent. Les hommes passèrent ces mois à foncer des puits dans la roche de fond. De son côté, Kate confectionnait des moufles et des mocassins de fourrure, et faisait du pain pour les vendre aux autres mineurs. Souvent, cette activité rapportait plus d’or que les travaux des hommes. Toutefois, au fil des quatre années suivantes, les concessions de la famille produisirent près de un million de dollars de poussière d’or. Kate put cesser de coudre et de faire la cuisine pour les autres.

La fortune apporta à Kate et à ses parents tagish un mode de vie tout à fait nouveau, et des problèmes. Kate et Carmack avaient passé ensemble 12 années de vaches maigres, mais à partir de ce moment, les choses n’allèrent plus entre eux. Kate se mit à boire avec excès, le mariage se brisa ; en 1900, Carmack rencontra et épousa une prostituée de Dawson, et laissa Kate presque sans le sou en Californie. Elle essaya plusieurs fois de lui intenter des poursuites, mais, lasse de la lenteur de la justice des Blancs, elle renonça et retourna vivre chez les Tagish à Carcross en juillet 1901. Rien n’indique qu’il y eut un règlement financier entre elle et Carmack.

Skookum Jim, qui avait aussi rompu avec Carmack, construisit une cabane à Kate près de sa propre maison à Carcross. La fille de Kate passa plusieurs années avec elle ; elle fréquenta, l’école de la mission et les pensionnats de Carcross et de Whitehorse, dirigés par l’évêque William Carpenter Bompas*, puis se fixa à Seattle, dans l’État de Washington. Kate Carmack, ou Shaaw Tláa, vécut dans une relative obscurité ; elle cousait des articles pour les touristes et soigna Skookum Jim durant la maladie qui allait l’emporter. Elle-même mourut au cours d’une épidémie de grippe en 1920.

Charlene Porsild

Yukon Arch. (Whitehorse), Acc. 82/31, mss 001 (W. L. Phelps papers) (photocopies ; une copie est déposée aux AN, MG 30, C43) ; mss 254, PHO 480, SR 11 (1–12) (Acc. 88/588, Skookum Jim oral hist. project).— G. W. Cannack, My experiences in the Yukon (s.l., [1933]).— J. [M.] Cruikshank, Reading voices : oral and written interpretations of the Yukon’s past (Vancouver, 1991).— Patsy Henderson, Early days at Caribou Crossing and the discovery of gold on the Klondike (s.l., [1950]).— J. A. Johnson, Carmack of the Klondike (Seattle, Wash., et Ganges, C.-B., 1990).— William Ogilvie, Early days on the Yukon : & the story of its gold finds (Ottawa, 1913).

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Charlene Porsild, « SHAAW TLÁA (Kate Carmack) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/shaaw_tlaa_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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