Titre original :  Photograph Hon. S. L. Shannon, Montreal, QC, 1865 William Notman (1826-1891) 1865, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-17990.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

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SHANNON, SAMUEL LEONARD, avocat, officier de milice, fonctionnaire, homme politique, professeur et juge, né le 1er juin 1816 à Halifax, deuxième des six enfants de James Noble Shannon et de Nancy Allison ; le 31 octobre 1855, il épousa Annie Starr Fellows (Fellowes), et ils eurent dix enfants, dont quatre garçons et quatre filles vécurent au delà de l’enfance ; décédé le 7 janvier 1895 dans sa ville natale.

Issu d’ancêtres irlandais, Samuel Leonard Shannon (connu sous son second prénom) était étroitement lié à la tradition loyaliste. Son grand-père Richard Cutts Shannon, loyaliste du New Hampshire, avait envoyé son fils James Noble vivre chez un oncle à Parrsboro, en Nouvelle-Écosse. Leonard reçut ce prénom en l’honneur d’un grand-oncle, Samuel Leonard, qui avait été officier de l’armée britannique pendant la guerre d’Indépendance américaine. Son attachement permanent à la couronne britannique n’a donc guère de quoi surprendre.

Le père de Shannon tenait un prospère commerce de marchandises sèches à Halifax, et sa mère était la cousine de Charles Frederick Allison*, fondateur de la Wesleyan Academy de Sackville, au Nouveau-Brunswick. Indifférent aux affaires, Leonard préférait se plonger dans les livres d’histoire. Vivre dans une famille de la bonne société, qui comptait parmi ses amis des personnalités comme le propriétaire de navires Samuel Cunard*, l’auteur et juge Thomas Chandler Haliburton* et l’officier de l’armée britannique Harry George Wakelyn Smith, stimula sa curiosité pour le monde.

Shannon fréquenta d’abord une école élémentaire, puis la Halifax Grammar School. Par la suite, au King’s College de Windsor, il se distingua dans l’étude des humanités et de l’histoire. Diplômé en 1836, il demeura très attaché au collège : il fut trésorier des anciens étudiants et il était souvent invité comme orateur. En 1875, l’établissement lui décernerait un doctorat honorifique en droit civil.

Malgré son goût pour les humanités, Shannon décida de faire carrière en droit. À l’automne de 1836, il entreprit son stage au cabinet de Henry Pryor, à Halifax. Reçu au barreau de la Nouvelle-Écosse en janvier 1839, il ouvrit son propre cabinet dans la capitale. Durant ses nombreuses années de pratique, il serait réputé pour son comportement méthodique, son sens moral très développé et sa compétence de solicitor. En 1864, il fut nommé conseiller de la reine.

Citoyen actif, Shannon s’enrôla en décembre 1837 dans le 2nd Halifax Militia Regiment ; il allait le quitter avec le grade honoraire de lieutenant-colonel. En 1840, il participa à un débat controversé, à titre de secrétaire de l’assemblée publique qui, sous la présidence de Joseph Howe*, présenta, avec succès, une pétition dans le but de faire rappeler le lieutenant-gouverneur sir Colin Campbell*. En septembre 1845, il entra au Hand-in-Hand Fire Group, qui était à la fois un club masculin sélect et un groupe de pompiers bénévoles. Devenu secrétaire de la Halifax Water Company l’année suivante, il le demeurerait jusqu’à l’achat de cette société privée par la municipalité, en 1860.

À l’automne de 1847, Shannon entreprit un voyage de neuf mois en Grande-Bretagne et sur le continent. L’atmosphère était tumultueuse et enivrante, surtout en France et en Angleterre ; il assista aux émeutes chartistes à Londres et aux bouleversements politiques qui secouaient l’Europe. Ce qu’il avait vu lui donna de quoi prononcer des discours pendant des années.

Au cours de son séjour en Angleterre, Shannon conçut de la méfiance envers le libre-échange ; c’était « une grande illusion », affirma-t-il dans une lettre à son père. Selon lui, ni l’Europe ni les États-Unis n’offriraient assez de nouveaux débouchés aux produits néo-écossais. Il acquit aussi la conviction que l’Angleterre était « désireuse de [...] préparer [les colonies de l’Amérique du Nord] à l’indépendance ». Malgré son manque d’enthousiasme, Shannon se résigna dès 1848 à voir la Nouvelle-Écosse et les autres colonies de l’Amérique du Nord britannique se fédérer.

La construction ferroviaire intéressa toujours Shannon qui, en 1858, fut nommé à la commission néo-écossaise des chemins de fer. L’année suivante, il entra en politique provinciale en se faisant désigner comme candidat tory de la division ouest de la circonscription de Halifax, qui englobait la ville. Réélu en mai 1863, il siégea de juin 1863 à 1867 à titre de ministre sans portefeuille dans les gouvernements de James William Johnston* et de Charles Tupper*.

Pendant son premier mandat à la chambre d’Assemblée, Shannon promut des réformes qui reflétaient son souci de la justice. Il proposa une nouvelle loi sur les brevets qui donnerait des droits de réciprocité aux Américains, une nouvelle loi sur les faillites qui obligerait les créanciers à s’adresser au tribunal pour qu’on les rembourse et un système de tribunaux de comté qui réduirait la charge de travail des magistrats. Pendant son deuxième mandat, il prit fermement position pour le chemin de fer Intercolonial et la création d’un réseau d’écoles publiques gratuites financé par imposition universelle. Ses interventions en faveur de la Confédération étaient alors devenues particulièrement énergiques : il affirmait qu’elle réduirait le doublement inutile et coûteux des services, et qu’elle ouvrirait des marchés libres aux produits néo-écossais. Il laissa entendre que les « dirigeants [...] en auraient l’esprit élargi et occuperaient un rang plus élevé comme hommes d’État ». Le pacte confédératif fut conclu, et pourtant Shannon perdit son siège en 1867 parce qu’il le soutenait. Néanmoins, en 1870, la reine Victoria le récompensa de son appui en lui décernant le titre d’« honorable ». Le seul regret de cet homme profondément attaché à la Grande-Bretagne était que le nouveau pays n’ait pas été baptisé Amérique britannique.

Nommé en juillet 1862 au conseil d’administration du Dalhousie College, Shannon en fit partie jusqu’à sa mort, soit en qualité de membre, de vice-président, de vérificateur ou de conseiller en investissements. Il participa à la rédaction d’une nouvelle liste de règlements pour le collège en 1864 et donna son appui à ceux qui voulaient en faire une université non confessionnelle subventionnée par la province. Il collabora en outre en 1883 à la fondation de l’école de droit de la Dalhousie University et en fut l’un des premiers professeurs : jusque vers 1890, il enseigna l’immobilier, le droit criminel et le droit romain.

L’Église méthodiste joua un rôle central dans la vie de Shannon, qui fut administrateur de la congrégation Grafton Street. Pendant les 40 dernières années de sa vie, il présida la branche néo-écossaise de la British and Foreign Bible Society et, durant 30 ans, fut l’un des administrateurs de la Halifax Young Men’s Christian Association. De 1876 à 1893, il fut aussi président de la Nova Scotia Evangelical Alliance.

En 1881, on nomma Samuel Leonard Shannon juge à la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments du comté de Halifax. Bien qu’il ait été assez terne, on le respectait pour son jugement et son équité. Son maintien plein de dignité le fit surnommer « Count d’Orsay ». Sa santé, qui n’avait jamais été solide, déclina à compter des années 1880. Il était presque aveugle en 1892, mais il demeura relativement actif jusqu’à sa mort, trois ans plus tard. De grands hommes politiques, des ecclésiastiques, des avocats, des juges, des professeurs et des étudiants assistèrent à ses obsèques. Estimé comme un citoyen modèle, Shannon réunissait les traits des hommes de son temps et était bien intégré à son milieu.

Della M. M. Stanley

Dalhousie Univ., Faculty of Law Arch. (Halifax), Dalhousie College, Law Faculty, minutes of faculty meetings, 1883–1893 ; Law School, reg., 1883–1898 ; « List of donations, loans &c. to the Law Library of the University of Dalhousie, Aug. lst 1883 », J. T. Bulmer, bibliothécaire, compil.— DUA, MS 1-1, A, 1862–1890.— PANS, MG 1, 799–805.— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1860–1867 ; Journal and proc., 1860.— Acadian Recorder, 7 janv. 1895.— Halifax Herald, 8–10 janv. 1895.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 756–757.— Halifax directory, 1863 ; 1869–1870 ; 1882–1883 ; 1887–1888 ; 1895–1896.— G. E. Hodgdon, Shannon genealogy (Rochester, N.Y., 1905).— Legislative Assembly of N.S. (Elliott).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 397–398.— Eaton, Hist. of Kings County.— T. M. Punch, « The Halifax connection, 1749–1848 : a century of oligarchy in Nova Scotia » (thèse de m.a., St Mary’s Univ., Halifax, 1972).— John Willis, A history of Dalhousie Law School (Toronto, 1979).

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Della M. M. Stanley, « SHANNON, SAMUEL LEONARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/shannon_samuel_leonard_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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