DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

LESAGE, DAMASE – Volume XV (1921-1930)

né le 28 mars 1849 à Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse, Québec)

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

Lien

Provenance : Lien

SISCOE, STANLEY EDWARD (nommé à sa naissance Stanisław Szyszka), mineur, prospecteur et homme d’affaires, né le 23 octobre 1891 à Nowa Wieś, dans le district de Krotoszyn (Pologne), fils de Frank Szyszka et de Frances Kurzyńska ; le 1er août 1924, il épousa à Montréal Lorette Lessard, et ils eurent deux filles ; décédé entre le 23 et le 26 mars 1935 sur la surface gelée du lac Matchi-Manitou, Québec.

Dans ses jeunes années, Stanisław Szyszka étudia à Posen, alors province allemande. Le 20 novembre 1907, à Anvers, en Belgique, il monta à bord du Mount Temple à destination de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Il prévoyait poursuivre ensuite sa route jusqu’à Chicago, où il comptait demeurer chez une tante et aller à l’école. Aucun de ces plans ne se réalisa. Le 2 décembre, pendant une tempête de neige, son bateau s’échoua sur l’île Ironbound, près de la côte de la Nouvelle-Écosse. Les femmes et les enfants furent transportés du bateau à la rive dans un panier suspendu à un câble qu’on avait attaché aux falaises de l’île, que les hommes atteignirent dans des canots de sauvetage. Tous passèrent la nuit « effrayés, trempés et frigorifiés », selon un journal local. Le lendemain matin, on évacua les 633 rescapés vers Halifax par bateau. La liste des passagers du Lady Laurier mentionne que Szyszka possédait 25 $ et était « manœuvre général ».

Szyszka se rendit à Cobalt, en Ontario, où vivait son oncle. Il y trouva un emploi de mineur, suivit des cours du soir et servit parfois de traducteur pour d’autres membres de la petite communauté polonaise de la ville. Il travailla quelque temps à la mine Nipissing [V. David Fasken*] et à la mine Hollinger [V. Benjamin Hollinger*].

En 1910, Szyszka était coursier pour une compagnie minière. Il commença à prospecter dans le nord de l’Ontario avant de poursuivre ses voyages de prospection en Abitibi, au Québec. Au printemps de 1913, il fit équipe avec trois hommes et se rendit en train à Latulipe (Amos), puis remonta en bateau la rivière Harricana jusqu’aux rives du lac De Montigny. Ils prospectèrent pendant l’été et obtinrent des contrats d’exploitation minière sur une île du lac, bientôt connue informellement sous le nom d’île Siscoe, puis officiellement en 1968 (Szyszka utilisait aussi un nom anglicisé : Stanley Edward Siscoe). Parfois, on parlait aussi, non officiellement, du lac Siscoe. Les membres du groupe revinrent à Cobalt à l’automne et travaillèrent dans les mines du coin. Comme deux d’entre eux refusèrent de retourner sur l’île, Siscoe racheta leurs contrats et repartit prospecter le 15 mai 1914. Il rejoignit une fois de plus Cobalt en automne. En raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale et de sa citoyenneté allemande, il dut s’y enregistrer auprès de la police locale à titre d’étranger ennemi. En octobre, il s’installa à Timmins [V. Noah Anthony Timmins], où il travailla dans un hôtel pendant l’hiver. Il continua de prospecter sur l’île durant l’été avec d’autres Polonais. Peu après, il créa le Siscoe Mining Syndicate avec des compatriotes mineurs de Timmins et de Cobalt afin d’obtenir des contrats d’exploitation minière dans ces deux endroits. Son frère Peter (Piotr), qui avait immigré en 1911, mourut à Amos de la grippe espagnole le 24 novembre 1918, à l’âge de 27 ans.

Pendant l’été de 1919, on procéda au forage d’un puits et à l’excavation d’une galerie vers les veines d’or sur l’île Siscoe. Quatre ans plus tard, de l’or d’excellente qualité provint de ce qu’on appela la « veine Siscoe ». Siscoe chercha des sources de financement variées et, le 23 mai 1923, il constitua la Siscoe Gold Mines Limited, qui exploiterait également des mines d’argent. La nouvelle compagnie succédait au Siscoe Mining Syndicate et à la British Minerals Corporation Limited, avec laquelle Siscoe avait signé une entente de financement conditionnelle, qui arriva à échéance avant le développement de la mine. Le capital social se composait d’un million de dollars en un nombre égal d’actions.

En avril 1923, Siscoe quitta Timmins pour s’installer à Amos. Après un peu plus d’un an, il épousa Lorette Lessard dans une cérémonie catholique à l’église de la paroisse Saint-Clément, dans le quartier Viauville de Montréal. Elle s’engagerait avec son mari dans l’industrie minière.

Le travail sur l’île Siscoe se poursuivit ; on défricha la terre et on mit en place la machinerie pour extraire du minerai d’or. Siscoe se rendit notamment à Montréal pour se procurer des fournitures et de l’équipement. Un de ses frères, Joseph (Józef), et son associé, Joseph (Józef) Samulski, le secondaient.

Le 8 juin 1927, Siscoe demanda un certificat de naturalisation au gouvernement du Canada. Dans le document, Joseph-Ovide Germain, qui deviendrait maire d’Amos l’année suivante, le décrivait comme « un homme honnête et fiable ». Il l’obtint officiellement le 12 décembre 1928.

À cette époque-là, l’entreprise de Siscoe avait considérablement grossi : le capital social de la Siscoe Gold Mines Limited se constituait de trois millions d’actions en 1924 et s’accrut à quatre millions en 1928. Le 8 janvier 1929, l’usine pour transformer le minerai entra en activité et on y coula le premier lingot d’or produit au Québec. On construisit de nouveaux bâtiments et infrastructures sur l’île Siscoe, dont un plus grand pavillon-dortoir, une salle de loisirs, trois maisons, une école, une caserne de pompiers et un système de distribution d’eau. Pendant les mois d’été, le Siscoe offrait un service régulier de traversier entre Amos et l’île pour le fret et les passagers.

En 1929, Siscoe était vice-président et directeur de la Siscoe Gold Mines Limited, dont les bureaux se trouvaient à Montréal et à Amos. L’année suivante, il devint président de la Stanley Siscoe Extension Gold Mines Limited (constituée le 6 août 1929), qui possédait une propriété sur la terre ferme, en face de la Siscoe Gold Mines Limited, et, elle aussi, des bureaux à Montréal. Siscoe vécut dans cette ville à partir de 1931, ou peut-être avant, et se rendait au besoin sur son île éponyme avec les autres dirigeants de la Siscoe Gold Mines Limited. En mars 1930, le capital social de la Siscoe Gold Mines Limited atteignit cinq millions d’actions d’une valeur nominale de un dollar. La compagnie versa des dividendes en mars 1932, ce qui représenta une première pour une mine d’or filonien au Québec. Le minerai d’or, de très bonne qualité, était particulièrement exposé à l’écrémage (ou vol de minerai). Les accidents miniers, l’éloignement des grands centres et les dangers des feux de forêt constituaient d’autres problèmes. Le succès de Siscoe stimula le développement de mines dans la région autour de Val-d’Or et de Cadillac (Rouyn-Noranda). L’homme d’affaires continua à rechercher des investisseurs pour ses projets miniers. En 1933, il acquit les droits d’une propriété près de Wawa, en Ontario, et établit la Stanley Siscoe Extension Gold Mines Limited afin d’exploiter le site et de le promouvoir à titre de projet personnel. La mine d’or Stanley, comme il l’appela, fournissait de l’emploi à une cinquantaine de mineurs. Il présenta une demande d’adhésion au Canadian Institute of Mining and Metallurgy en 1930, mais on jugea ses qualifications insuffisantes ; le 7 février 1934, il obtint son admission comme membre associé seulement.

Il n’était pas toujours aisé de s’entendre avec Siscoe. Samulski, son partenaire en affaires, souligna son caractère difficile et son penchant pour le sarcasme. Dans ses mémoires, il mentionne que Siscoe et lui se bagarraient parfois à coups de poing et finissaient le nez en sang. Dès les premières années, le président et le conseil d’administration de la Siscoe Gold Mines Limited se trouvèrent directement et indirectement mêlés à un certain nombre de transactions, concernant des actions de mines, qui entraînèrent des contentieux et des rumeurs publiques. Certaines disputes impliquèrent également la femme de Siscoe, qui, en novembre 1934, lança une poursuite juridique contre son mari à la suite d’une querelle sur les droits de propriété et la vente alléguée d’actions qu’ils détenaient conjointement.

Siscoe avait toutefois un côté moins dur. Il admirait les belles choses et aimait particulièrement les fleurs. L’équitation, la pêche et la navigation comptaient parmi ses activités favorites, et il voyageait beaucoup. L’un des premiers hommes d’affaires canadiens à préférer ce moyen de transport, il prit l’avion, le 9 septembre 1929, de Saint-Hubert, près de Montréal, à New York. En 1930 et 1932, avec sa femme et ses enfants, il visita sa famille en Pologne, où il acheta une ferme avec Samulski. Deux ans plus tard, il passa des vacances dans les Bermudes avec sa famille ; il séjourna de nouveau en Europe au début de 1935.

Le 19 mars de la même année, Siscoe nolisa un avion de la Canadian Airways [V. James Armstrong Richardson] à Montréal pour se rendre à l’île Siscoe. Après un atterrissage forcé près du lac Matchi-Manitou à cause d’un orage, Siscoe et le pilote, Tom Wrathall, se réfugièrent dans une cabane de trappeur abandonnée pour attendre la fin de la tempête. Lorsque le temps s’éclaircit, l’avion ne pouvait cependant plus voler. Après quatre jours, ils avaient presque épuisé leurs provisions de nourriture. Siscoe s’impatienta et décida, contre le conseil de son compagnon, de partir à pied pour aller chercher de l’aide. Wrathall obtint du secours le 25 mars. On retrouva Siscoe le lendemain, gelé à mort, dans son habit de ville, sur la surface du lac Matchi-Manitou. Sa veuve poursuivit la compagnie d’aviation et reçut une indemnisation. On enterra Siscoe dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. De nombreuses publications, dont des journaux de langue polonaise au Canada et aux États-Unis, rapportèrent sa mort.

À la fin de sa vie, Siscoe dirigeait la Siscoe Gold Mines Limited et la Northern Securities Limited, et présidait la Stanley Siscoe Extension Gold Mines Limited. Entre 1929 et 1936, les mines Siscoe avaient généré un revenu de 8,7 millions de dollars et de 4 millions en profits. Les gisements découverts s’épuiseraient cependant après 20 ans d’exploitation, alors que d’autres compagnies minières de la région creuseraient plus profondément et trouveraient de nouveaux dépôts minéraux. La Siscoe Gold Mines Limited mettrait un terme à sa production en 1949. Après la mort de Siscoe, la mine d’or Stanley près de Wawa interrompit son travail, avant de le reprendre en 1936. La Stanley Gold Mines Limited déclara faillite en 1937 et cessa ses activités en décembre de la même année.

On trouve diverses traces du passage de Siscoe à Val-d’Or. Outre l’île Siscoe, une rue y porte son nom depuis 1987 ; une vingtaine d’années plus tard, on en appela une autre du prénom de sa femme. De plus, l’île Lorette, dans la rivière Harricana, un peu au nord de La Motte, est inscrite dans le répertoire toponymique depuis 1981.

Les rubriques nécrologiques décrivirent Stanley Edward Siscoe comme un pionnier et l’une des figures prépondérantes de l’industrie minière au Québec. Réputé pour son habileté, il fit fortune de manière impressionnante pour un immigrant polonais arrivé au Canada au début du xxe siècle avec le titre de « manœuvre général ».

Myron Momryk

Les derniers jours de Stanley Edward Siscoe ont fait l’objet d’un roman de Daniel Saint-Germain : Sept jours dans la vie de Stanley Siscoe (Gatineau, Québec, 2005).

BAC, MG28-I394 (Institut canadien des mines et de la métallurgie : fonds du bureau national, dossiers des membres), vol. 47, dossier no 64 (Siscoe, Stanley E.) ; R1206-142-0 (Manifestes des navires de Saint John), mfm T-508, Mount Temple ; « Registres de naturalisation, 1915–1951 », Stanley Siscoe : www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/immigration/citoyennete-dossiers-naturalisation/registres-naturalisation-1915-1951/Pages/introduction.aspx (consulté le 5 mai 2020) ; RG42-C-1, vol. 1046, dossier n80-S49 (Steamship inspection service – ship Siscoe).— BAnQ-Q, E4, 1960-01-005/135, libro 108, ff.166, 208 ; E16, 1960-01-035/281, dossier no 2673.— L’Abitibi (Amos, Québec), 29 janv., 12 févr., 27 mai, 3 juin 1920.— Ameryka-Echo [Amérique-Écho] (Toledo, Ohio), 14 avril 1935.— Gazeta Katolicka w Kanadzie [la Gazette catholique du Canada] (Winnipeg), 27 mars 1935.— Gazette (Montréal), 29 juin 1935.— La Gazette du Nord (Amos), 20 sept. 1923 ; 1er mars 1929 ; 9 janv., 22 juin 1930 ; 13 nov. 1931 ; 4 mars 1932 ; 31 août 1934 ; 29 mars 1935.— Globe, 9 janv. 1930, 28 mai 1934, 27 mars 1935.— Morning Chronicle (Halifax), 3 déc. 1907.— New York Times, 3 déc. 1907, 27 mars 1935.— Northern Miner (Toronto), 3 janv., 28 févr. 1929 ; 28 mars 1935 ; 1er avril 1987.— Ottawa Journal, 22 déc. 1934, 26 juin 1936, 6 mars 1969.— Polonia (Montréal), 31 mars 1935.— La Presse, 26 mars 1935.— Toronto Daily Star, 11 oct. 1933 ; 4 janv., 26 nov. 1934 ; 26 mars 1935.— Annuaire, Montréal, 1934.— Maurice Asselin et al., Histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la dir. d’Odette Vincent (Sainte-Foy [Québec], 1995).— Canadian Mining and Metallurgical Bull. (Montréal), n272 (décembre 1934) : 571 ; no 276 (avril 1935) : 182–183.— Ontario, Dept. of Mines, Annual report, 1935, part. 1 : 141 ; part. 8 : 76–77.— L. T. Postle et W. F. Brown, « Mining at Siscoe », Canadian Mining Journal (Toronto), 57 (1936) : 482–492.— Québec, Ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, Service des mines, Rapport annuel, 1926 ; Ministère des Mines, Rapport annuel, 1930, 1935, part. A.— Répertoire des mariages de la paroisse Saint-Clément de Viauville de Montréal, 1899–1986, Raymond Bélanger et Raymond Lebeau, compil. (Ottawa, 1987).— A. H. A. Robinson, Gold in Canada, 1935 (3e éd., Ottawa, 1935).— Józef Samulski, Pamiȩtnik emigranta polskiego w Kanadzie [Journal d’un émigrant polonais au Canada] (2 vol., Wrocław, Pologne, 1978–1982).— D. G. Sinclair et al., Mines and metallurgical works of Ontario in 1933 (Toronto, 1934), 34.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— Gilbert Tardif, la Petite Histoire de Val d’Or, 1935–1985 (Val-d’Or, Québec, 1989).— B. F. Townsley, Mine-finders : the history and romance of Canadian mineral discoveries (Toronto, 1935).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Myron Momryk, « SISCOE, STANLEY EDWARD (Stanisław Szyszka) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/siscoe_stanley_edward_16F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/siscoe_stanley_edward_16F.html
Auteur de l'article:    Myron Momryk
Titre de l'article:    SISCOE, STANLEY EDWARD (Stanisław Szyszka)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    28 mars 2024