THOMSON, SAMUEL ROBERT, avocat, né vers 1825 à St Stephen, N.-B., quatrième fils de Skeffington Thomson, ministre anglican à St Stephen, décédé le 19 novembre 1880 à Londres.

Samuel Robert Thomson apprit le droit dans l’étude de George, son frère aîné, et fut reçu avocat le 5 février 1846. À la suite de son entrée au barreau, le 3 février 1848, il pratiqua quelque temps à Fredericton, puis à Saint-Jean, où il fut associé pendant plusieurs années avec Robertson Bayard, jusqu’à la mort de ce dernier. Thomson fut nommé conseiller de la reine en 1871 ou 1873. Il se risqua également dans la politique et fut battu au moins une fois aux élections de la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick.

En sa qualité d’avocat, Thomson jouissait d’une réputation peu commune, tant au Nouveau-Brunswick qu’à l’étranger. Sa première grande cause date de 1860, alors qu’il servit de conseiller juridique aux locataires devant la commission des terres de l’Île-du-Prince-Édouard, dans laquelle la couronne était représentée par John Hamilton Gray*, les propriétaires par John William Ritchie*, et les locataires par Joseph Howe. Bien qu’à Londres on désapprouvât les recommandations de la commission, la question agraire fut finalement résolue et on opta en faveur de la propriété perpétuelle et libre. En 1875, avec Louis Henry Davies*, Thomson fut de nouveau choisi par les fermiers pour les représenter devant la commission d’arbitrage créée pour s’occuper des revendications dans l’Île-du-Prince-Édouard sur la question des terres. C’est peut-être William Henry Pope qui, bien qu’étant un ardent défenseur des droits des propriétaires fonciers, a rendu le plus grand hommage au talent de Thomson. Pope décrivit le discours décisif prononcé par Thomson en 1860 comme « le plus éloquent qui ait jamais été prononcé au parlement de la colonie ».

Avant la fin des travaux de la commission en 1875, Thomson retourna au Nouveau-Brunswick pour défendre plusieurs Acadiens accusés de meurtre et de sédition, à la suite des troubles survenus en janvier 1875, à Caraquet, dans le comté de Gloucester. L’incident avait un rapport direct avec la loi sur les écoles publiques de 1871, qui retirait les subventions gouvernementales aux écoles confessionnelles. Les catholiques jugeaient la loi contraire à l’esprit de l’article 93 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique ; le gouvernement et les tribunaux soutenaient que les écoles confessionnelles n’existaient pas de jure, lors de la création de la Confédération. L’agitation, qui durait depuis quatre ans, atteignit son point culminant lors de l’incident de Caraquet, au cours duquel deux hommes furent tués. Thomson fut choisi pour défendre les accusés, de préférence à un avocat acadien, tant pour son sang-froid devant les sentiments sectaires soulevés par l’affaire que pour son habileté. Bien que les accusations aient été retenues contre les accusés en décembre 1875 devant le tribunal de Gloucester dont John Campbell Allen* était le juge en chef, Thomson, par une manœuvre des plus adroites, fit casser le verdict pour vice de procédure devant la Cour suprême du Nouveau-Brunswick, au mois de juin de l’année suivante.

La cause la plus importante de toute la carrière de Thomson fut plaidée devant la haute commission internationale qui, aux termes du traité de Washington de 1871, se réunit à Halifax en 1877, afin de déterminer ce que les États-Unis devaient payer au Canada en compensation du droit de pêche dans ses eaux territoriales. Alexander Tilloch Galt*, le commissaire nommé par la Grande-Bretagne, était pessimiste quant à l’issue des délibérations, mais il fut évidemment réconforté à l’idée que Thomson résumerait l’affaire pour la couronne. Les espoirs de Galt étaient fondés car, le 23 novembre, la commission accorda une indemnité de $5 500 000 au Canada. Lorsque Thomson mourut, ses confrères ne manquèrent pas de rappeler le discours qu’il avait prononcé devant la commission et qu’ils considéraient comme le grand événement de sa carrière.

En septembre 1880, alors qu’il était en tournée dans le comté de Northumberland, Thomson attrapa la typhoïde. Malgré son état de santé qui allait en s’aggravant, il s’embarqua, le 30 octobre, pour l’Angleterre, où il allait plaider une cause devant le Conseil privé. Après son arrivée à Londres, le 9 novembre, son état ne fit qu’empirer et il mourut 10 jours plus tard. Son corps fut ramené par la suite à Saint-Jean. Sa femme, Catherine McDonell, qu’il avait épousée moins de cinq ans auparavant, attendait alors son troisième enfant. Thomson mourut alors qu’il ne faisait qu’amorcer une brillante carrière professionnelle. Henry James Morgan* écrira à son sujet : « Il n’y a pas eu depuis 20 ans, au Nouveau-Brunswick, un seul procès important, tant au criminel qu’au civil, dans lequel Thomson n’ait joué un rôle éminent. »

Bernard Pothier

APC, FM 27, 1, D8 (Papiers Galt).— N.B. Museum, Webster Coll., Court record, Caraquet murder case, 1875.— Queen’s University Archives, Alexander Mackenzie papers (microfilm aux APC, FM 26, B1, Papiers Mackenzie, correspondance générale).— Daily News (Saint-Jean, N.-B.), juillet 1876, décembre 1880.— Daily Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), juillet 1876.— Examiner (Charlottetown), septembre–octobre 1860, août–septembre 1875.— Islander (Charlottetown), août–octobre 1860, août 1861.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), septembre–décembre 1875.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), septembre–novembre 1875, juin–juillet 1876.— Award of the Fishery Commission. Documents and proceedings of the Halifax Commission, 1877, under the Treaty of Washington of May 8, 1871 (3 vol., Washington, 1878).— Judgement of the Supreme Court of New Brunswick in the case of Maher v. the town council of Portland (1873), reported sub nomine Ex parte Renaud, 14 New Brunswick Reports (I, Pugsley, 1876), 273, et dans G. J. Wheeler, Confederation law of Canada ; Privy Council cases on the British North-America Act, 1867 [...] (Londres, 1896), 338–362. On en appela du jugement dans cette cause devant le comité judiciaire du Conseil privé en 1874, dont le jugement se trouve dans Wheeler, Confederation law [...], 362–367.— Can. biog. dict., II.— The Canadian legal directory : a guide to the bench and bar of the dominion of Canada, H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1878).— Dom. ann. reg., 1880–81.— Lawrence, Judges of New Brunswick (Stockton), 401.— G. H. Lee, An historical sketch of the first fifty years of the Church of England in the province of New Brunswick (1783–1833) (Saint-Jean, N.-B., 1880).— C. C. Tansill, Canadian-American relations, 1875–1912 (« Carnegie endowment for International Peace : Division of economics and history, pub. », New Haven, Conn., Londres et Toronto, 1943).— Onésiphore Turgeon, Un tribut à la race acadienne mémoires, 1871–1929 (Montréal, 1928).

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Bernard Pothier, « THOMSON, SAMUEL ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thomson_samuel_robert_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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