TOWNSEND, ISAAC, officier de marine, né vers 1685 ; il épousa Elizabeth Larcum, dont il eut un fils et une fille ; décédé à Greenwich, Angleterre, le 21 novembre 1765.
Isaac Townsend entra dans la marine en 1696, sous le patronage de son oncle, sir Isaac Townsend, qui fut pendant longtemps commissaire permanent du Navy Board à Portsmouth, en Angleterre. Il passa les examens de lieutenant le 15 janvier 1705/1706 et fut promu capitaine de vaisseau en février 1720. Il passa presque toutes ses premières années de service à la station d’Irlande et dans les eaux territoriales anglaises. Lorsque éclata la guerre avec l’Espagne en 1739, il s’embarqua pour les Antilles comme capitaine de pavillon dans l’escadre envoyée comme renfort à l’amiral Edward Vernon et prit part à la tentative de blocus contre Carthagène (Colombie) en 1741. Il fut promu contre-amiral le 23 juin 1744.
Comme les Antilles réclamaient une protection navale après le départ pour l’île Royale (île du Cap-Breton) du commodore Peter Warren au printemps de 1745, l’Amirauté envoya Townsend aux îles Sous-le-Vent avec une escadre de huit navires. Arrivé à la Barbade, il découvrit que l’escadre française qui avait causé tant d’inquiétude avait déjà fait voile pour la France. Bien qu’il eût reçu l’ordre d’organiser une attaque sur l’île Sainte-Lucie, il se contenta de croiser au large de la Martinique, où, à la fin d’octobre 1745, il intercepta un convoi et captura ou détruisit plus de 30 navires.
Les activités de Townsend en Amérique du Nord se limitèrent à l’année 1746. En considération de l’opinion générale exprimée par William Shirley, gouverneur du Massachusetts, et Warren, selon laquelle les Français envisageaient de reprendre Louisbourg, l’Amirauté envoya Townsend à l’île du Cap-Breton avec son escadre. Parti d’Antigua en janvier 1746, il n’arriva à Louisbourg que le 9 mai ; comme il était plus ancien que Warren, il prit immédiatement le commandement. Son escadre fut bientôt renforcée par l’arrivée de deux vaisseaux de guerre ; à bord de l’un d’eux se trouvait le commodore Charles Knowles, envoyé en qualité de gouverneur de l’île du Cap-Breton.
Au début de juin, Townsend reçut de nouvelles instructions lui enjoignant de se préparer à attaquer Québec au cours de l’été. Il présida un conseil de guerre qui décida que Warren partirait pour Boston afin d’aider les troupes coloniales à coordonner leurs préparatifs, pendant que Knowles s’appliquerait à mettre la garnison de Louisbourg sur un pied d’alerte. Conformément aux ordres de Townsend, le Pembroke alla croiser au large de Terre-Neuve, le Kinsale et l’Albany remontèrent le Saint-Laurent jusqu’à l’île d’Anticosti tandis que le Dover partit prévenir la garnison d’Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse. Par ailleurs, le Shirley, commandé par le capitaine Rous, fut envoyé à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) pour annoncer les modalités de l’évacuation des lieux, et le sloop Hinchingbroke partit croiser le long de la côte est de l’île du Cap-Breton, afin de guetter l’arrivée des escadres française et anglaise qu’on attendait. Les mois de juillet et août s’étant écoulés sans qu’aucune escadre n’eût paru, on envoya des vaisseaux sur le Saint-Laurent, à Terre-Neuve et à Annapolis Royal, remplacer ceux qui y étaient déjà stationnés. Cependant, à la mi-septembre, la nouvelle de l’arrivée en force des Français parvint à Townsend. Celui-ci ne voulut pas attaquer l’ennemi qui, ancré dans la baie de Chibouctou, disposait d’effectifs beaucoup plus considérables. La Jonquière [Taffanel] réussit à ramener l’escadre intacte en France, après avoir fourni des armes et des vaisseaux aux Acadiens et envoyé un convoi de navires marchands à Québec. En novembre, Townsend partit pour Spithead (rade située entre l’île de Wight et Portsmouth) avec le gros de son escadre ; ce fut la dernière fois qu’il servit en mer.
En 1754, il fut nommé directeur de Greenwich Hospital, refuge de marins âgés et infirmes, au salaire annuel de £1 000 ; c’est à ce titre qu’en 1757 il devint geôlier du malheureux amiral John Byng, qu’il traita trop sévèrement, au dire de certains contemporains et historiens.
Townsend fut élu deux fois au parlement ; il représenta la circonscription électorale de Portsmouth, de décembre 1744 à 1754. À la mort de Byng, il fut élu député de Rochester, circonscription de Byng, qu’il représenta de mars 1757 jusqu’à sa mort survenue en 1765. Pourtant reconnu comme le défenseur de ministères successifs, il ne semble pas avoir adressé la parole en chambre ni avoir pris une part active à la politique.
Sa part de butin obtenue en 1745 et ses revenus imposants faisaient de Townsend un homme passablement riche. Il avait acheté une propriété à Thorpe dans le Surrey et, en 1756, ses investissements dans les fonds publics s’élevaient à quelque £19 000.
Le Greenwich Hospital possède un portrait anonyme de Townsend en tenue de jeune officier. Pour des renseignements sur sa vie, V. : PRO, Adm. 1/305 ; 1/480, ff.139–140, 142, 149–150, 152–153, 164 ; 2/65 ; 6/4, f.54 ; 6/9, f.85 ; 6/12, ff.103, 173 ; 6/15, f.325 ; 6/16, f.325 ; 50/25 ; 107/2, f.74. [j. g.]
Charnock, Biographia navalis, IV : 85.— DNB.— The history of parliament : the House of Communs 1754–1790, Lewis Namier et John Brooke, édit. (3 vol., Londres, 1964), III : 537.— Dudley Pope, At 12 Mr Byng was shot [...] (Londres, 1962).— H. W. Richmond, The navy in the War of 1739–48 (3 vol., Cambridge, Angl., 1920), II : 224–229.
Julian Gwyn, « TOWNSEND, ISAAC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/townsend_isaac_3F.html.
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Auteur de l'article: | Julian Gwyn |
Titre de l'article: | TOWNSEND, ISAAC |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |