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Titre original :  Autoportrait

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TRIAUD, LOUIS-HUBERT (le nom a souvent été déformé en Triand, Briand, Friand et même Friend), peintre, professeur de peinture et de dessin, et restaurateur d’œuvres d’art, né en 1790 à Londres, de parents français ; le 7 janvier 1834, il épousa en secondes noces, à Québec, Élizabeth Pagé ; il eut au moins une fille ; décédé le 14 janvier 1836 à Québec.

Louis-Hubert Triaud semble avoir étudié les beaux-arts à la Royal Academy of Arts de Londres. Il figure d’ailleurs quatre fois parmi les exposants de cet établissement : avec un autoportrait, en 1811, et trois portraits de jeune femme, dont deux en 1818 et un autre en 1819. Triaud fait son apparition à Québec au début de l’année 1820. Le 4 janvier, il publie dans le Quebec Mercury, conjointement avec le peintre Jean-Baptiste Roy-Audy, une annonce dans laquelle les deux artistes proposent d’exécuter les « ouvrages qu’on leur demandera dans les Arts susdits », c’est-à-dire le portrait, la miniature et la peinture historique. Ils offrent également d’enseigner « l’Art du dessein et de la peinture dans toutes ses branches, et selon la méthode suivie dans les Académies Anglaises et Françaises ». La collaboration des deux peintres est étroite et, au moins une fois, ils signent une même œuvre. Mais rien ne permet de croire que leur association se soit poursuivie après le premier trimestre de l’année 1820.

Triaud trouve bientôt un protecteur en la personne de l’abbé Louis-Joseph Desjardins, dit Desplantes, qui intercède en sa faveur auprès des ursulines de Québec en juillet de la même année. Triaud travaillera pour elles et réalisera son plus fameux tableau, la Procession de la Fête-Dieu à Québec, en 1821. Il enseignera aussi aux élèves de ces religieuses à compter de mars 1821, durant quatre mois, à raison de trois ou quatre leçons par semaine. Les matières, selon un témoignage, devaient inclure des « paysages au crayon ainsi que de peinture à l’huile ».

Triaud reçoit aussi, dans sa carrière de peintre, l’aide d’un ami de ses parents, Mgr Alexandre de Thémines, évêque de Blois, en France, qui écrit de Londres à Mgr Joseph-Octave Plessis*, à Québec, le 26 mars 1821, et qualifie l’artiste de « jeune homme de beaucoup de talents surtout pour la peinture ». Peut-être est-ce grâce à cette intervention si Triaud fait en 1821, pour le maître-autel de l’église de Saint-André, près de Kamouraska, un tableau dont le sujet est le martyre du saint de ce nom. Ayant eu ainsi, à plusieurs reprises, l’occasion de prouver sa compétence, Triaud voit grandir sa réputation, et l’abbé Desjardins n’hésite pas à mettre de l’avant le nom de son protégé lorsqu’il s’agit de nouveaux contrats. Il va même jusqu’à préciser que Triaud est capable de réaliser un excellent tableau en trois mois.

Triaud pratique également la restauration d’œuvres anciennes, notamment aux côtés d’Antoine Plamondon* à Saint-Michel, près de Québec, en 1823. Il s’agit alors de « nettoyer, réparer & vernisser Les 4 tableaux de la Nef de L’Église ». Ce type de travail semble comprendre dans certains cas le rentoilage de l’image. L’année suivante Triaud « répare » des toiles chez les ursulines, et il est encore rémunéré par ces religieuses en 1825 pour des travaux de même nature.

En 1827, l’Hôtel-Dieu rejoint le nombre des établissements religieux de la ville de Québec qui bénéficient des talents de Triaud : on lui demande alors de peindre les armoiries de la duchesse d’Aiguillon, fondatrice de cet hôpital. Le musée de l’Hôtel-Dieu de Québec possède également la Vision de saint Antoine de Padoue, tableau signé Triaud et daté de 1830. Toutefois, les documents prêtent à croire qu’il s’agit d’une restauration, étant donné qu’une œuvre de ce nom figure dès 1818 dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu et que Triaud est payé, en 1829, pour la restauration d’une œuvre portant ce titre.

En 1830, Triaud s’essaie, avec succès, à un genre apparemment nouveau pour lui en peignant à la demande du Theatre Royal de Québec une scène pour une comédie de Richard Brinsley Butler Sheridan, The Rivals, et qui représente le château de Windsor, près de Londres. Assisté de J. F. Schinotti, il crée en 1832 la scène principale du même théâtre, à la suite de la réfection complète de la salle.

Dans une veine qu’on pourrait qualifier de peinture festive, Triaud réalise, en 1833, pour la Confrérie des imprimeurs de Québec, à l’occasion de la fête de saint Augustin, leur patron, une peinture sur satin ; on y voit une presse d’imprimerie qui repose sur un globe, le tout orné d’inscriptions appropriées. À partir de ce moment, on ne sait plus rien de l’activité professionnelle de Triaud, exception faite de quelques œuvres non datées. Il convient de signaler un Baptême du Christ, à l’église de Rivière-Ouelle, une Madone et Enfant, à Sainte-Marie, dans la Beauce, le portrait d’Hector-Simon Huot de même qu’un autoportrait.

En 1835, sa santé décline, et Triaud pressent sa mort. Il meurt le 14 janvier 1836, à l’âge de 46 ans. Son souvenir demeure très vivant chez l’abbé Desjardins qui réitère les conseils de Triaud à tous ceux qui butent sur les problèmes de la restauration des tableaux. Les recettes communiquées par l’abbé sont à ce point détaillées qu’il y a lieu de se demander si le peintre n’avait pas laissé une version écrite de ses procédés. Quoi qu’il en soit, le vide que créa la disparition de Triaud est ressenti surtout dans le domaine de la restauration des œuvres d’art. « Si Mr Tri Tri vivoit, écrit l’abbé Desjardins à mère Saint-Henri [McLoughlin] le 19 juin 1840, il vous Epargneroit bien de l’Embarras ! »

C’est à travers la correspondance de l’abbé Desjardins que l’on peut entrevoir la personnalité de Triaud. La première fois qu’il en fait mention, il le dit « volage ». S’il s’informe de la conduite de son protégé en 1824, par exemple, il exprime la crainte « qu’il ne voltige » et trouve dommage que cet homme de talent soit si peu responsable. En effet, les finances du peintre sont dans un état désastreux cette année-là, si bien que Desjardins avoue ne plus rien pouvoir pour le sauver de ses créanciers. Pendant l’agonie du peintre, l’abbé s’étonne de constater l’adoucissement du caractère de celui qui est devenu « doux comme une colombe plus facile à soigner qu’une None & dévot, presque comme un hermite ».

Triaud occupe une place de second rang dans la vie artistique de la capitale pendant le deuxième quart du xixe siècle, derrière Joseph Légaré*, Antoine Plamondon et Jean-Baptiste Roy-Audy. Mais il se montre supérieur à François Baillairgé* dans le domaine de la peinture. Les rapports de Triaud avec Roy-Audy sont loin d’être clairs, et une meilleure connaissance de ceux-ci pourrait peut-être jeter de la lumière sur le problème de la paternité véritable de certaines œuvres attribuées à ce dernier. De plus, au cours du demi-siècle qui s’étend du retour de Paris de Baillairgé en 1781 à celui de Plamondon en 1830, Triaud se révèle le seul artiste en mesure d’apporter aux peintres de la ville de Québec, tel Légaré, le témoignage vivant des pratiques artistiques d’outre-mer. Finalement, malgré une carrière où il s’est peu consacré à la grande peinture, Triaud, comme en fait foi son annonce de 1820, n’était pas sans ambition à cet égard. Les documents témoignent bien d’une amorce d’activité dans cette veine.

En résumé, le volage Louis-Hubert Triaud, malgré son amour de l’art, trouve plus difficile de vivre que de peindre, et il demeure pratiquement muet. N’eût été de son œuvre maîtresse, la Procession de la Fête-Dieu, il serait virtuellement inconnu aujourd’hui.

David Karel

L’auteur tient à remercier Michel Nadeau pour des recherches qui lui ont permis de rédiger cet article et John R. Porter pour lui avoir gracieusement communiqué des références à plusieurs articles dans les journaux de l’époque.  [d. k.]

AAQ, 90 CM, Angleterre, II : 86.— ANQ-Q, CE1-1, 16 janv. 1836 ; CE1-64, 7 janv. 1834.— Arch. du monastère des ursulines (Québec), Fonds L.-J. Desjardins, II : 34, 64 ; III : 27, 89.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, dossier L.-H. Triaud.— Le Canadien, 20 janv. 1836.Quebec Mercury, 4 janv. 1820, 20 févr. 1830, 16 févr. 1832, 29 août 1833.— Daphne Foskett, A dictionary of British miniature painters (2 vol., New York, 1972).— Algernon Graves, The Royal Academy of Arts [...] (8 vol., Londres, 1905–1906).— Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart [...] (37 vol., Leipzig, République démocratique allemande, 1907–1950).— Burke, les Ursulines de Québec, 4.— B. S. Long, British miniaturists (Londres, 1928).

Bibliographie générale

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David Karel, « TRIAUD, LOUIS-HUBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/triaud_louis_hubert_7F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/triaud_louis_hubert_7F.html
Auteur de l'article:    David Karel
Titre de l'article:    TRIAUD, LOUIS-HUBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    18 mars 2024