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TUYLL VAN SEROOSKERKEN (de Tuyll de Serooskerken), VINCENT GILDEMEESTER VAN, baron van TUYLL van SEROOSKERKEN, spéculateur et promoteur foncier, né le 13 mars 1812 à Bath, Angleterre, fils de Carel Lodewijk van Tuyll van Serooskerken et de Marie Louise Gildemeester ; le 8 août 1844, il épousa à Londres Charlotte Henrietta Mansfield, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 17 mars 1860 à La Haye, Pays-Bas.

Les van Tuyll van Serooskerken étaient une vieille famille distinguée des Pays-Bas. Leur histoire se mêla pour la première fois à celle du Haut-Canada quand Carel Lodewijk van Tuyll van Serooskerken, au cours des années 1830, fit de la spéculation foncière sur la frange occidentale de la Huron Tract, vaste propriété de la Canada Company. À sa mort, ses terres revinrent à son fils, Vincent Gildemeester van Tuyll van Serooskerken, qui dut aussi assumer toute la série complexe de responsabilités contractuelles attachées à leur mise en valeur. Le jeune et pittoresque baron tenta d’ouvrir et de vendre la vaste superficie de terre dont il avait hérité, mais des problèmes financiers continuels, les piètres communications transatlantiques, l’éloignement relatif de ses propriétés et la difficulté de plus en plus grande d’obtenir plus de crédit auprès des responsables de la Canada Company l’obligèrent à réduire ses ambitions et, finalement, à abandonner la spéculation.

La famille van Tuyll van Serooskerken était bien établie aux Pays-Bas. Pendant l’occupation napoléonienne, van Tuyll s’enfuit en Angleterre où, en 1811, il épousa la fille d’un ancien consul général des Pays-Bas au Portugal. Quand Vincent Gildemeester naquit, l’année suivante, son père avait acquis assez de prestige pour le faire baptiser à l’abbaye de Bath. Après la restauration de la maison d’Orange, la famille rentra aux Pays-Bas. En 1816, van Tuyll devint gentilhomme de la chambre du roi Guillaume 1er et, un an plus tard, il fut nommé inspecteur des digues du district d’IJzendoorn. Il reçut le titre de baron en 1822. Même si, par la suite, il passa apparemment le plus clair de son temps à mener une vie de gentleman-farmer à Hillegom, il eut plus que des intérêts passagers dans le commerce, surtout dans les mines de charbon situées près de Liège (maintenant en Belgique). Il avait probablement entendu parler de la Canada Company (qui avait obtenu sa charte en 1826), par l’entremise des relations d’affaires qu’il s’était faites lors de son séjour en Angleterre, mais nous ne savons rien des négociations qui précédèrent son association avec cette société et à peu près rien ne laisse supposer qu’il vint jamais au Canada.

La responsabilité de choisir ou d’inspecter des terres dans la Huron Tract fut confiée au représentant du baron, Edward C. Taylor, de Goderich, dans le Haut-Canada, qui commença à en accumuler, en partie sur la recommandation du commander Henry Wolsey Bayfield*, un parent par alliance. En 1832, Taylor négocia pour le baron l’achat de plus de 4 000 acres, dont 1 800 acres dans le canton de Goderich et un lot urbain de 388 acres, arpenté la même année, dans le canton de Stanley, à l’embouchure de la rivière Bayfield. Le montant de l’achat, £1 500, devait être acquitté selon les modalités suivantes : £300 comptant en 1832 et le solde en versement annuels égaux, de 1833 à 1837. Par la suite, 700 autres acres furent achetées dans le canton de Colborne. Le baron accepta d’établir des colons, d’aménager des emplacements de moulins, d’ériger un barrage sur la rivière Bayfield et de construire à cet endroit une scierie et un moulin à farine pour la future ville de Bayfield – le tout avant 1836. Ce projet pouvait être avantageux, tant pour le baron que pour la Canada Company. Thomas Mercer Jones*, un des commissaires de la compagnie, manifesta d’abord beaucoup d’enthousiasme. Toutefois, cet optimisme contribua largement à l’échec des plans de van Tuyll : en effet, dans les années 1830, il y avait beaucoup d’excellentes terres plus près des autres centres de la province, et elles étaient souvent moins chères que celles offertes par la compagnie.

Au début des années 1830, le jeune van Tuyll inspecta des propriétés de son père et fit construire un beau manoir de style Regency au nord de Goderich. Par la suite, il revint à plusieurs reprises dans le Haut-Canada et sillonna la province et les États-Unis. On commença de construire un moulin à Bayfield en 1835 ; mais la mort du baron, survenue cette année-là, causa des retards, et la situation demeura confuse tant que ses affaires ne furent pas réglées aux Pays-Bas. Les versements ayant été suspendus, les membres du conseil d’administration de la Canada Company s’alarmèrent. Une menace de confiscation ne fut écartée que par l’invocation d’une exception péremptoire par le jeune baron, envers qui les responsables de la compagnie montrèrent de la courtoisie en la circonstance. En 1837, une nouvelle entente fut signée. Malgré tout, le baron eut du mal à trouver un répondant et, en juin de la même année, la compagnie accepta finalement £1 000 en garantie de ses dettes et de ses obligations. Le baron van Tuyll remit £500 aux banquiers de la compagnie mais, aux prises de toute évidence avec des problèmes financiers aux Pays-Bas (une récession internationale avait commencé en 1837), il eut de la difficulté à verser la deuxième moitié du dépôt, qui fut finalement payée en août 1838.

Il semble qu’aucun des deux barons n’ait été conscient du coût des améliorations qu’ils s’étaient engagés à effectuer. Le jeune baron parvint assez facilement à finir d’acquitter le prix d’achat en août 1841, mais c’était peu en comparaison des aménagements, qui allaient presque anéantir ses ressources. Taylor désapprouvait vivement les exigences de la compagnie et, en 1838, il signala à Jones que « l’autocrate de Russie ne pourrait pas placer ses plus méprisables vassaux dans une position plus désespérée [et plus] dégradante que celle que la Canada Company a[vait] réservée au baron van Tuyll ». Les pertes qu’occasionnerait une confiscation de ses biens seraient « environ vingt fois plus élevées que la valeur originale de l’achat, le prix d’achat en sus ». Voilà, concluait Taylor, « la récompense que l’on peut espérer pour avoir amélioré une contrée sauvage ! ! »

À ce stade, le commissaire Jones estimait certainement que l’affaire n’aurait jamais dû être conclue. À lui seul, le parachèvement du moulin de Bayfield coûterait en tout £2 000 au baron, fit-il remarquer aux membres du conseil d’administration de la compagnie ; en outre, il était convaincu que van Tuyll ne voyait pas encore à quelles dépenses il lui faudrait de nouveau consentir, non seulement pour respecter son contrat, mais pour rendre ses terres vendables. Les craintes de Jones ne tardèrent pas à se concrétiser. Le barrage de la rivière Bayfield coûta £1 600 – soit au moins £1 300 de plus que le prix figurant dans le contrat négocié par Taylor. En outre, la rébellion de 1837–1838 eut comme conséquence de ralentir les ventes, et le village de Bayfield était encore largement composé de lots non défrichés entre lesquels étaient disséminées quelques constructions en bois. Même si le baron s’employa quelque peu à honorer ses engagements, il emprunta de plus en plus à la Canada Company, soit par l’entremise des commissaires canadiens de la compagnie, soit en ne respectant tout simplement pas les modalités du contrat. Le conseil d’administration de la compagnie était furieux que ses commissaires consentent des avances à van Tuyll, mais les membres du conseil compatissaient avec lui et hésitaient à le poursuivre en justice. Un procès aurait pu nuire non seulement à la compagnie et au baron, mais aussi à l’immigration et à la colonisation en général – sans parler des baisses qu’aurait pu enregistrer la cote de la compagnie à la bourse de Londres.

En 1841, le barrage et le pont de Bayfield furent emportés par les crues, et la Canada Company dut prendre les réparations à sa charge. La mort de Taylor, survenue l’année précédente, avait semé la confusion dans les affaires du baron. Désespérant dès lors de pouvoir acquitter les frais des améliorations, van Tuyll, en août 1841, convainquit la compagnie d’accepter sur ses propriétés de Bayfield une hypothèque de £1 130, payable en décembre 1842. Une deuxième hypothèque de £800 fut accordée avec des réticences en août 1844. Pourtant, en février 1847, l’indulgente compagnie n’avait pas encore reçu un penny et, fait compréhensible, elle était à bout de patience. Les commissaires canadiens reçurent l’ordre de régler l’affaire, et on menaça le baron de saisir son hypothèque et le reste de ses propriétés canadiennes. Toutefois, van Tuyll avait assez d’influence pour qu’une dernière entente soit négociée. Un nouveau commissaire, Frederick Widder*, ayant pris pleinement conscience du coût et des dangers de ce qui ne pourrait être qu’un long litige, on accorda au baron plus de temps pour acquitter une dette de près de £2 200. En 1849, il commença à verser régulièrement des paiements substantiels à la compagnie, par l’entremise de la Bank of Upper Canada, et, dès 1857, la compagnie put déclarer qu’il avait tout payé. L’argent n’était toutefois par venu de ses terres de la Huron Tract, qui mirent de nombreuses années à se vendre.

On sait qu’à la fin des années 1840, van Tuyll avait commencé à spéculer sur l’extraction et la production d’étain dans l’île de Billiton (île de Belitong), partie des Indes orientales hollandaises (Indonésie). Il connut un succès immédiat (pour le célébrer, en 1850, il nomma une de ses filles Sophie Mathilde Henriette Bilitonia Wilhelmine). En 1852, le baron van Tuyll et le prince Hendrik des Pays-Bas furent chargés par le gouvernement, à titre de commissaires, du développement de l’industrie hollandaise de l’étain, dont un des débouchés importants était la production de petits soldats pour les enfants. Le baron mourut en 1860, juste avant la fondation de la N. V. Billiton Maatschappij (la Billiton International Metals Company), dont son fils et son petit-fils allaient être présidents-commissaires.

Pendant toutes les années où il eut des terres au Canada, van Tuyll occupa une place importante à la cour des Pays-Bas. En 1838, il devint chambellan et, comme membre de la délégation de son pays, il assista au couronnement de la reine Victoria. Dans la Huron Tract, il était considéré comme un personnage étrange, haut en couleurs. Grand et barbu, athlétique, vivement attiré par l’escrime, par la navigation et par la pêche, connu pour ses flirts, il aimait porter le costume du pays et était souvent vu revêtu d’un mackinaw et coiffé d’un casque orné d’une queue d’écureuil. En 1844, il épousa Charlotte Henrietta Mansfield, ce qui l’amena apparemment à se fixer quelque peu. Pendant les années 1850, il cultiva les propriétés familiales de Hillegom, éleva une famille nombreuse et fit de grands voyages, passant beaucoup de temps à la chic station thermale de Baden-Baden, en Allemagne, et à Munich. Lui et la baronne habitèrent la Huron Tract pendant une brève période et, même si aucun des deux ne s’y sentait particulièrement à l’aise, le baron semble avoir été un chef de file dans la dynamique société de Goderich.

Dans une perspective plus large, on peut dire que les deux barons ne jouèrent qu’un rôle mineur dans le développement du Haut-Canada. Néanmoins, ils sont intéressants dans la mesure où ils permettent de montrer la variété de personnes qui souhaitaient profiter des projets de mise en valeur de l’Amérique du Nord et parce que la carrière de Vincent Gildemeester van Tuyll ajoute une touche colorée au tableau social déjà varié de la colonie.

Frederick H. Armstrong et Roger Hall

Algemeen Rijksarchief (La Haye, Pays-Bas), Coll. Baud, inventory no 898 ; Royal Decrees, 17 nov. 1816, no 44 ; 9 déc. 1817, no 44 ; 21 mai 1822, no 68 ; 7 sept. 1830, no 84 ; 30 mai 1838, no 69 ; 22 nov. 1842, no 6 ; 3 juin 1852, no 5 ; 19 juin 1852, no 55.— AO, Canada Company records, A-2, 3 ; A-3, 4–8 ; A-4-5, box la, vol. 1 ; A-6-1, 2 ; A-6-2, 3–4 ; A-6-3, 1 ; B-3, 1, 3, 19, 49–50 ; C-1, 2–3.— GRO (Londres), Reg. of marriages for the parish of St George Hanover Square (Londres), 8 août 1844.— Somerset Record Office (Taunton, Angl.), Reg. of baptisms, Bath Abbey, 17 avril 1812.— Nederlands adelsboek (La Haye), 45 (1952).— R. D. Hall, « The Canada Company, 1826–1843 » (thèse de ph.d., Cambridge Univ., Cambridge, Angl., 1973).— Robina et K. M. Lizars, In the days of the Canada Company : the story of the settlement of the Huron Tract and a view of the social life of the period (Toronto et Montréal, 1896).— F. H. Armstrong, « The elusive barons of Bayfield : an excursion into the byways of history », Families (Toronto), 18 (1979) : 67–74.

Bibliographie générale

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Frederick H. Armstrong et Roger Hall, « TUYLL VAN SEROOSKERKEN, VINCENT GILDEMEESTER VAN, baron van TUYLL van SEROOSKERKEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tuyll_van_serooskerken_vincent_gildemeester_van_8F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick H. Armstrong et Roger Hall
Titre de l'article:    TUYLL VAN SEROOSKERKEN, VINCENT GILDEMEESTER VAN, baron van TUYLL van SEROOSKERKEN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024