Titre original :  Gravestone of John Thomas Twining. Fort Massey Cemetery - Veterans Affairs Canada.

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TWINING, JOHN THOMAS, ministre de l’Église d’Angleterre et instituteur, né le 14 mai 1793 à Cornwallis, Nouvelle-Écosse, deuxième fils de William Twining, rector de l’église St John, et de Sarah Weeks, fille de Joshua Wingate Weeks, ministre de l’Église d’Angleterre ; en 1814, il épousa Susan Mary Winnett (Winniett) d’Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, et ils eurent cinq fils ; décédé le 8 novembre 1860 à Halifax.

Émigré de Grande-Bretagne en 1770, le père de John Thomas Twining était un vicaire gallois impécunieux que la Society for the Propagation of the Gospel in the Foreign Parts employa d’abord dans les Bahamas, puis en Nouvelle-Écosse et dans l’île du Cap-Breton. Il travailla à Cornwallis de 1789 à 1805 ; à Sydney, dans l’île du Cap-Breton, jusqu’en 1813 ; à Rawdon et à Horton jusqu’en 1819 et à Liverpool jusqu’à sa mort en 1826. Ces déplacements fréquents avaient quelque chose à voir avec ses tendances méthodistes qui, si elles convenaient bien aux pratiquants américanisés établis dans la vallée de l’Annapolis et le long de la côte sud (entre Yarmouth et Halifax), lui valaient aussi des conflits avec l’élite traditionaliste anglicane et les autorités religieuses. William Twining, qui favorisait les pratiques de tendance low church, eut une influence sur John Thomas ; celui-ci marcha sur les traces de son père à la fois comme ministre et comme anglican évangélique.

Grâce à une bourse de la Society for the Propagation of the Gospel, le jeune Twining put étudier au King’s Collège de Windsor (licence ès lettres en 1813 ; maîtrise ès lettres en 1816 ; doctorat en théologie en 1823), dont il allait devenir plus tard un ancien élève dévoué ; il devint ensuite directeur de la King’s Collège School de Windsor de 1815 à 1817. Il fut élevé au diaconat en 1816, puis à la prêtrise en 1817, année où il commença sa carrière comme vicaire de John Inglis*, à l’église St Paul, à Halifax. La même année, il devint aumônier de la garnison britannique à Halifax, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort, et adjoint de George Wright*, directeur de la Halifax Grammar School, à qui il succéda en 1819.

Influencé par la prédication évangélique d’Isaac Temple, aumônier de lord Dalhousie [Ramsay*], et par le zèle manifesté par la Church Missionary Society et la British and Foreign Bible Society, Twining accentua les tendances low church à St Paul. En 1824–1825, il fut un des points de mire lors de la scission provoquée par ceux qui s’opposèrent à l’ingérence de la couronne dans la nomination d’un successeur à Inglis, après que celui-ci eut accédé à l’épiscopat de la Nouvelle-Écosse. Bien que les tendances évangéliques de Twining puissent avoir aidé à inspirer cette scission, c’est surtout le fait que les autorités de l’Église et de l’État refusaient de leur reconnaître le droit de choisir leur propre ministre qui poussa les paroissiens de St Paul à la scission. Twining fut pris entre deux feux et il quitta St Paul avec les dissidents mais refusa, peut-être pour des raisons financières, de devenir ministre de la congrégation épiscopale indépendante que ceux-ci désiraient. Il continua néanmoins de commander le respect et l’affection des paroissiens de St Paul qui, grâce à leurs députés et à leurs amis à l’Assemblée, lui obtinrent en 1825 une sinécure à vie, celle d’aumônier de la chambre d’Assemblée. Le Conseil de la Nouvelle-Écosse s’opposa à ce choix, mais les membres de l’Assemblée refusèrent catégoriquement de changer d’avis ; l’appui qu’ils accordèrent avec succès à Twining peut s’interpréter comme faisant partie de la campagne qu’ils menaient contre l’oligarchie et qui allait en s’amplifiant. La scission survenue à St Paul était en soi une façon de réclamer des méthodes démocratiques nord-américaines au lieu des règles autocratiques de l’Ancien Monde.

Contrairement aux scissionnistes, tel James William Johnston*, qui trouvèrent finalement la paix dans l’Église baptiste, Twining tenta d’en arriver à un certain compromis avec les chefs de file anglicans. Pour donner satisfaction à l’évêque et à la Society for the Propagation of the Gospel, il reconnut avoir fait plusieurs erreurs « graves » sur le plan doctrinal et dans l’exercice de son ministère et s’en repentit ; il admit aussi avoir participé à la scission, sans toutefois l’avoir menée. De son côté, Inglis, toujours soucieux de décourager les « dissidents dans l’Église », empêcha sa promotion à Halifax, et les recours de Twining à la Society for the Propagation of the Gospel et au ministère des Colonies afin d’obtenir une paroisse ailleurs n’aboutirent à rien. Pendant les 20 années qui suivirent, il resta en marge de l’anglicanisme de Halifax : il donna son appui à divers organismes religieux et d’enseignement que l’évêque désapprouvait et il fit des alliances avec d’autres membres évangéliques du clergé, dont les fils de certaines familles anglicanes en vue telles que les Uniacke et les Cogswell. Il était censé ne pas s’ingérer dans la ligne de conduite de l’évêque, mais lorsqu’en 1847 il apparut avec Robert Fitzgerald Uniacke* comme un ardent partisan de la Colonial Church Society, société d’éducation de tendance low church qu’évitait Inglis, ce dernier accusa Twining de « fomenter une division » et d’induire Uniacke en erreur. Les manœuvres d’Inglis, qui chercha à faire éloigner Twining de Halifax par l’aumônier général, échouèrent.

Déçu dans son ambition de s’élever dans la hiérarchie de son Église, Twining se consacra à ses fonctions d’enseignant et d’aumônier. À titre de directeur de la Halifax Grammar School, il mérita la réputation peu enviable d’être inflexible en matière de discipline. Sans aucun doute, sa propre sévérité et sa façon trop sérieuse d’aborder les enfants étaient dues à ses tendances évangéliques. Un de ses élèves rapporta plus tard qu’il était un véritable tyran et qu’il se montrait spécialement sévère envers ses enfants. Par bonheur, ses responsabilités comme aumônier fournissaient aux garçons de fréquents répits à leur routine scolaire. Des funérailles militaires signifiaient à la fois un congé et un divertissement pour les grammairiens en herbe.

Twining aborda ses fonctions d’aumônier militaire avec une incertitude considérable au sujet de son mandat. Le blâme que lui avait adressé l’évêque en 1827 signifiait qu’il lui était interdit de prêcher dans les églises diocésaines ; il devait accomplir ses fonctions d’aumônier anglican dans les chapelles louées par les dissidents ou dans l’entrepôt du commissariat de l’armée. Twining n’avait pas le droit d’occuper les chaires paroissiales, et, de leur côté, les soldats et leurs familles n’avaient pas accès aux bancs d’église, faute de place. Comme solution, de 1817 à 1844, Twining célébra les offices de la garnison dans 11 bâtisses différentes, et l’incertitude créée par ces déplacements répétés était loin d’être apaisée par sa crainte qu’un aumônier militaire dûment commissionné pouvait le remplacer. Même s’il eut reçu avec plaisir une telle nomination, il n’obtint pas le poste quand la nouvelle chapelle de la garnison ouvrit en 1846. Il devint néanmoins à ce moment-là aumônier à temps plein, avec un revenu augmenté à £400, et il abandonna la Halifax Grammar School. La chapelle lui fournit en fin de compte un toit respectable : cet élégant édifice néo-classique de 1 200 places assises rassembla non seulement des soldats anglicans, mais aussi ceux qu’Inglis appela les « sentimentalistes religieux » de l’église St Paul.

John Thomas Twining fut aumônier à une époque où un peu plus de la moitié des officiers et des hommes de l’armée britannique étaient anglicans. On peut probablement présumer qu’il prêtait d’abord attention aux officiers. Jusque dans la chapelle de l’armée, on maintenait un sens exagéré des distinctions sociales en confinant les sous-officiers et les simples soldats dans la galerie ; on leur imposait d’ailleurs le même traitement dans les églises civiles en tant qu’étrangers. Mais comme le mouvement évangélique avait des adeptes dans l’armée, Twining fut encouragé à faire plus que de simplement célébrer les offices, d’administrer les sacrements et de visiter les malades et les prisonniers. Il fonda donc une école du dimanche pour les militaires avec l’aide d’officiers de tendances évangéliques, tel le capitaine Maximilian Montague Hammond, dirigea des externats pour les soldats et leurs enfants et instaura des cours sur la Bible, au milieu de la semaine, ainsi que des réunions de prières, sur semaine, pour l’édification de la troupe. Durant la période de réformes militaires qui marqua les dix dernières années de son aumônerie, Twining se révéla l’homme qu’il fallait pour veiller sur la vie spirituelle de la garnison.

Judith Fingard

Une conférence donnée par John Thomas Twining devant la Young Men’s Christian Association de Halifax, intitulée « The age, and its demands on Christian young men », a été publiée dans le Presbyterian Witness, and Evangelical Advocate (Halifax), 7 (1854) : 201–202, 205.

APC, RG 8, I (C sér.), 1340 ; 1353 ; 1355 ; 1357–1361 ; 1721–1725 ; 1727 ; 1747.— PANS, MG 1, 804, no 1 ; RG 36, 31, no 680.— PRO, CO 217/143 : 133–135, 358–361 ; 217/144 : 63–66 ; 217/146 : 3–6, 59–61 ; 217/148 : 338–339 ; 217/149 : 367–368.— USPG, C/CAN/NS, 5 : 199–205, 209 ; 7 : 282, 287, 292–293 ; 9 : 26, 45 ; 11 : 355, 357.— [E. D. Hammond], Memoir of Captain M. M. Hammond, rifle brigade (8e éd., Londres, 1860).— Acadian Recorder, 5 oct., 9 nov. 1816, 12, 19 juill. 1817, 20 nov. 1824.— Halifax Morning Post & Parliamentary Reporter, 28 oct. 1844.— Morning News (Saint-Jean, N.-B.), 14 nov. 1860.— Novascotian, 5 nov. 1855.— Times (Halifax), 29 oct. 1844, 20 janv. 1846.— Eaton, Hist. of King’s County.— Judith Fingard, The Anglican design in loyalist Nova Scotia, 1783–1816 (Londres, 1972) ; « The Church of England in British North America, 17871825 » (thèse de ph.d., Univ. of London, Londres, 1970).— R. V. Harris, The Church of Saint Paul in Halifax, Nova Scotia : 1749–1949 (Toronto, 1949).— Halifax Herald, 10 oct. 1896.— Presbyterian Witness, and Evangelical Advocate (Halifax), 14 (1861) : 2, 56.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Judith Fingard, « TWINING, JOHN THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/twining_john_thomas_8F.html.

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Auteur de l'article:    Judith Fingard
Titre de l'article:    TWINING, JOHN THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    10 déc. 2024