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WASHBURN, EBENEZER, marchand, homme politique, juge de paix et fonctionnaire, né le 8 avril 1756 à Attleborough (Attleboro, Massachusetts), fils de Simeon Washburn et de Jemimah Gary ; il épousa Sarah De Forest, et ils eurent neuf enfants, puis le 24 janvier 1803, à York (Toronto), une veuve, Hannah McBride ; décédé le 12 novembre 1826 à Hallowell (Picton, Ontario).

Lorsque la Révolution américaine éclata, Ebenezer Washburn était un petit fermier de Rutland, localité de la colonie de New York qui ferait bientôt partie du Vermont. Même si son père soutenait la cause des rebelles, Washburn joignit les rangs de l’armée du major général John Burgoyne* en juillet 1777. Peu après, il fut capturé et mis « aux fers » durant quelques mois avant d’être relâché. Au début d’octobre, il obtint des chefs de la révolution à New York la permission de rendre visite à son père à Keene, dans le New Hampshire. Il y passa une grande partie des mois qui suivirent puis, le 18 avril, sous prétexte d’aller chercher sa sœur, il quitta Keene et n’y revint pas. Sa terre de Rutland fut confisquée le 23 avril 1778. Entre-temps, Washburn avait fui à Québec et, le 16 mai, il s’enrôla dans l’unité d’Edward Jessup*, où il demeura jusqu’à la fin du conflit. Washburn fut promu au grade de sergent et servit comme adjoint au commissaire pendant trois ans. Après la guerre, il commença une nouvelle vie en s’établissant sur une terre de 200 acres, dans le canton no 2 (canton d’Ernestown), dans ce qui allait devenir la province du Haut-Canada.

Durant les années 1780, Washburn s’occupa exclusivement de sa famille et de sa ferme. Mais il avait de l’ambition, tant pour lui-même que pour ses enfants. Dès 1796, il était installé dans le canton de Fredericksburg puis, quelques années plus tard, il s’établit à Hallowell Bridge (Picton), dans le comté de Prince Edward. Bientôt, il devint l’un des plus gros propriétaires terriens du canton de Hallowell : dès 1808, ses terres s’étendaient sur 1 190 acres. En outre, il tira parti de l’emplacement de Hallowell Bridge qui, doté d’un bon port naturel, devint le principal centre d’expédition et de commerce du comté. Dès 1799, Washburn était solidement établi comme marchand général et transitaire ; à compter de 1800, il exporta de la farine dans le Bas-Canada. Il eut apparemment quelque difficulté à régler ses factures entre 1809 et 1811, et il souffrit gravement de la dépression qui frappa la province à la fin des années 1810. Dès 1819, cependant, ses affaires semblaient avoir repris, quoique lentement.

Aux yeux de ses contemporains, Washburn était un « homme riche et influent », et nombre d’histoires circulaient sur la fortune qu’on lui attribuait. Toutefois, c’est à titre d’homme politique que les historiens se souviennent de lui. En 1800, puis de nouveau quatre ans plus tard, il fut élu député de la circonscription de Prince Edward. Rien d’inhabituel ne distingua ses activités lors de la troisième législature (1801–1804). Il appuya, et souvent présenta, des projets de loi reflétant les intérêts de sa région et ceux des marchands. La situation du commerce, l’état des routes de la région, l’entente sur le partage des revenus avec le Bas-Canada et les projets de loi touchant le recouvrement rapide des petites dettes retinrent son attention. En outre, il s’occupa avec constance de ce que son critique, Richard Cartwright*, appelait son « projet extravagant », lequel consistait à « faire de Québec un port franc ». Ce projet lui avait été inspiré par sa conviction que les lois sur la navigation, en fermant les ports de Montréal et de Québec aux navires non britanniques, permettaient à une poignée de marchands bas-canadiens de dominer le commerce haut-canadien d’import-export. Enfin, en matière constitutionnelle, il soutint les tentatives faites pour défendre les prérogatives et accroître les pouvoirs de l’Assemblée.

L’importance de Washburn comme député découle plutôt de son association à l’opposition parlementaire qui prit naissance lors de la quatrième législature (1805–1808). Tôt durant la première session, il se dit prêt à appuyer, sur certaines questions, un petit groupe ordinairement composé de William Weekes*, Benajah Mallory*, Thomas Dorland et David McGregor Rogers. Il accorda son suffrage à ce groupe minoritaire lors du vote sur la motion par laquelle Weekes et Rogers proposaient, le 1er mars 1805, de prendre en considération « l’inquiétude que l’administration des charges publiques soul[evait] dans la province ». Au cours des autres sessions de cette législature, les députés de l’opposition gagnèrent en cohésion, Weekes, Robert Thorpe* et Joseph Willcocks* s’affirmant peu à peu comme leurs chefs. Leurs interventions portèrent notamment sur les réformes très impopulaires que le lieutenant-gouverneur Peter Hunter* avait apportées au système de concession des terres. Washburn, qui avait eu à souffrir au moins temporairement des nouveaux règlements, appuya la motion par laquelle Thorpe proposait, le 4 mars 1807, de faire des représentations au lieutenant-gouverneur Francis Gore* au sujet des changements apportés à ce système. Selon Cartwright, Washburn fut simplement la dupe de Thorpe en cette occasion. Une autre fois, soulignait Cartwright, Thorpe rédigea un discours qu’il fit prononcer par Washburn. « Mais, remarquait-il, Washburn n’ayant rien d’un érudit, comme vous le savez, et ayant un peu trop bu pour se donner du courage [...] malmena tellement l’horrible style du juge que [...] il dut s’interrompre brusquement et s’asseoir, ce qui ne manqua pas de jeter son ami dans la confusion. » De nouveau, le 7 mars, Washburn et Thorpe collaborèrent étroitement. Washburn avait siégé au comité des comptes publics que présidait Weekes et qui avait fait pression en 1806 auprès du président de la province Alexander Grant* à propos d’une somme dépensée par Hunter sans l’autorisation préalable de l’Assemblée. Une fois l’argent restitué à la chambre, une motion de conciliation par laquelle on renonçait à cet argent fut présentée, car on était « convaincu qu’il avait été dépensé à des fins publiques et pour le bénéfice de la province ». Comme elle avait gagné son point, l’Assemblée se montra disposée à accepter cette concession. Seuls Washburn et Thorpe la refusèrent et se prononcèrent contre la motion.

La contribution la plus durable et la plus importante de Washburn demeure cependant le District School Act de 1807, qui établit les bases du système d’enseignement public et dont il fut le principal initiateur. Il défendit le projet de loi jusqu’à son adoption, à l’encontre d’une puissante opposition dont Thorpe lui-même faisait partie. En raison de ses initiatives et de son appui constant au principe du financement public de l’éducation, il peut être considéré comme l’un des pères du système éducatif de l’Ontario. En 1808, les écoles ouvertes en vertu de la loi furent la cible d’une violente attaque dans la région de la baie de Quinte. À l’Assemblée, ce furent Rogers et Dorland qui menèrent l’assaut. Rogers reprocha à Washburn d’avoir soutenu un projet de loi qui avait été « universellement condamné » par les habitants de la circonscription de Prince Edward. Washburn répliqua que, après s’y être opposés, les colons avaient compris que « c’était une bonne mesure » et il ajouta que même si tous les hommes dans le comté [...] étaient contre le projet de loi, il lui accorderait tout de même son suffrage ! » Son engagement s’enracinait dans une conviction personnelle assez forte pour lui permettre de s’écarter de ses alliés de naguère ou de ne pas plier devant les récriminations populaires. Selon lui, les écoles étaient essentielles au progrès de la société et de l’individu. Parlant de ses fils cadets, Daniel et Simon Ebenezer*, il disait : « [J’ai] jugé bon de les mettre dans une école, la meilleure que nous ayons établie dans la province. »

Cartwright se trompait sur Washburn :s’il était certainement influencé par Thorpe sur certaines questions, il ne se laissait pas mener par lui, comme le montre son rôle de premier plan dans l’adoption du District School Act. En outre, il ne se rangea pas dans l’opposition parce qu’il était servile. Ses prises de position montrent qu’il était un homme indépendant, partisan du principe de l’opposition collective mais prêt à se distancier de ses alliés chaque fois que leurs vues et les siennes étaient incompatibles. Même si les autorités, incapables de comprendre la situation, prêtaient à l’opposition des visées républicaines (et réagissaient souvent de manière hystérique devant elle), Washburn était tout simplement de tendance whig et n’avait rien d’un radical. Tout au long de sa vie, il demeura fermement attaché aux institutions britanniques, surtout au système des contrepoids et à la séparation des pouvoirs inscrits dans la constitution. Dans cette perspective, l’opposition était importante, voire essentielle, et c’était parce qu’il était loyal que Washburn devint critique à l’endroit du gouvernement exécutif.

On ignore si Washburn se présenta aux élections de 1808. Nommé juge de paix le 10 mars de cette année-là, il le demeura jusqu’à sa mort. Il devint commissaire chargé de la répression de la sédition en 1812 et commissaire chargé d’enquêter sur les cas de haute trahison en 1814, mais il ne s’acquitta qu’irrégulièrement de ces deux fonctions. La politique continua de l’intéresser. Le 25 janvier 1810, il avait signé la pétition de protestation contre l’élection de John Roblin et de James Wilson à l’Assemblée, ces deux hommes « prêchant et enseignant publiquement » le méthodisme. La protestation fut acceptée et, deux mois plus tard, leurs sièges furent déclarés vacants. Le 14 février 1818, à Hallowell, Washburn présida une réunion de discussion sur l’adresse de Robert Gourlay* aux propriétaires terriens ; les participants conclurent que les propositions de Gourlay « seraient bénéfiques à l’ensemble de la province ». Le fils de Washburn, Daniel, avocat et collègue de Barnabas Bidwell, fut élu représentant du district à l’Upper Canadian Convention of Friends to Enquiry organisée par Gourlay. Washburn lui-même se présenta une dernière fois aux élections pendant l’été de 1820 mais, n’ayant eu que peu de voix, il se retira de la course le troisième jour du vote.

Ebenezer Washburn fut un presbytérien convaincu (sa fille épousa le révérend Robert McDowall*), et il fut également administrateur de la Midland District Agricultural Society. Pendant les dix dernières années de sa vie, il souffrit d’œdème, ou d’hydropisie, comme on appelait cette maladie à l’époque. Vers la fin, son état s’aggrava à tel point qu’il « subit dix fois une ponction ». À sa mort, on loua ce loyaliste qui, venu s’établir comme fermier dans les premières années de la colonie, s’était « distingué [en politique] tout en se faisant le serviteur apprécié de la population ».

Robert Lochiel Fraser

AO, ms 88, Hannah Washburn à St George, 28 janv., 3 mai 1815 ; ms 522, memoranda respecting the District School Bill, 5 mars 1808 ; ms 788, Washburn à David Young, 3 janv. 1818 ; MU 588, certificates, 15 janv. 1818 ; MU 3104–3105 ; RG 1, A-I-6 : 2837, 2904, 3772 ; RG 22, sér. 04, vol. 6, 9 janv. 1793 ; sér. 54, 2 ; sér. 131, 1 : fos 53, 112, 249–251 ; sér. 159, Ebenezer Washburn ; RG 53, sér. 2, 2 : fos 255–257.— APC, RG 1, E14, 12 : 253–254 ; L3, 522 : W2/48 ; 523 : W3/147 ; 525 : W8/87–88 ; 525a : W9/59 ; 527 : W11/47, 54 ; 545 : W leases/40 ; RG 5, A1 : 2952–2953, 4600–4601, 7788–7793, 8574–8575, 11316–11317 ; RG 8, I (C sér.), 20 : 142a–144 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 242, 244, 419–420, 432, 435, 441, 452.— BL, Add. mss 21826 : 245 ; 21827 : 317b ; 21828 : 7 (mfm aux APC).— Lennox and Addington County Museum (Napanee, Ontario), Lennox and Addington Hist. Soc. Coll., William Bell papers : 353–356 ; T. W. Casey papers : 11726–11727.— PRO, AO 12/38 : 331–333.— QUA, Richard Cartwright papers, letter-books (transcriptions aux AO, 140, 214–219, 252–257, 262–267).— « Assessment of the township of Hallowell for the year 1808 », OH, 6 (1905) : 168–170.— « District of Mecklenburg (Kingston) : Court of Common Pleas », AO Report, 1917 : 241.— « Early municipal records of the Midland District », Ontario, Bureau of Industries, App. to the report (Toronto), 1897 : 76.— « Grants of crown lands in U.C. », AO Report, 1928.— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1909 ; 1911 ; 1914.— « McDowall marriage register », [Robert] McDowall, compil., OH, 1 (1899) : 73.— Town of York, 1793–1815 (Firth), 89, 99.— « U.C. land book B », AO Report, 1930.— « U.C. land book C », AO Report, 1931.— « U. C. land book D », AO Report, 1931.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 1014.— Vital records of Attleborough, Massachusetts, to the end of the year 1849 (Salem, Mass., 1934), 279.— Vital statistics of the town of Keene, New Hampshire [...], F. H. Whitcomb, compil. (Keene, N.H., 1905), 238.— Vt., Secretary of State, Sequestration, confiscation and sale of estates, Mary Greene Nye, édit. ([Montpelier, Vt., 1941]), 15, 17, 345.— Kingston Chronicle, 5 mai, 14–21 juill. 1820, 24 nov. 1826, 19 mars 1831.— Kingston Gazette, 4 mai 1814, 6 juill. 1816, 17–24 févr., 21 juill. 1818.— Upper Canada Gazette, 5 mars 1812.— W. D. Reid, The loyalists in Ontario : the sons and daughters of the American loyalists of Upper Canada (Lambertville, N.J., 1973).— Rolls of the Provincial (Loyalist) Corps, Canadian command, American revolutionary period, Mary Beacock Fryer et W. A. Smy, compil. (Toronto, 1981), 89.— Canniff, Hist. of the settlement of U.C.— Cowdell Gates, Land policies of U.C., 277.— F. B. Kingsbury, History of the town of Surry, Cheshire County, New Hampshire [...] (Surry, N.H., 1925), 915– 916.— Richard et Janet Lunn, The county : the first hundred years in loyalist Prince Edward (Picton, Ontario, 1967), 89, 131.— Patterson, « Studies in elections », 313.

Bibliographie générale

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Robert Lochiel Fraser, « WASHBURN, EBENEZER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/washburn_ebenezer_6F.html.

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Auteur de l'article:    Robert Lochiel Fraser
Titre de l'article:    WASHBURN, EBENEZER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    18 mars 2024