WHYMPER, FREDERICK, dessinateur et auteur, né en 1838 à Londres, fils aîné de Josiah Wood Whymper et d’Elizabeth Whitworth Claridge ; décédé le 26 novembre 1901 dans cette ville.

Frederick Whymper était le fils d’un graveur sur bois et artiste réputé ; il était aussi le frère d’Edward Whymper, le célèbre alpiniste. Dans sa jeunesse, il produisit des gravures pour plusieurs publications avec son père et son frère. En plus, de 1859 à 1861, il exposa ses paysages à la Royal Academy of Arts.

Arrivé à Victoria à l’automne de 1862, Whymper fit l’été suivant ce qu’il appela « une excursion artistique et pédestre » dans le district de Cariboo en Colombie-Britannique. « Bien des détenteurs de claims et compagnies minières des pays d’en haut » lui commandaient des dessins, ce qui pourrait expliquer pourquoi, dans sa production, il semblait soucieux de rendre les lieux avec la précision d’un topographe. Whymper faisait aussi « des croquis et des séries de dessins » pour certains des plus éminents citoyens de Victoria, dont le futur juge en chef Matthew Baillie Begbie* et un ancien membre du Conseil de l’île de Vancouver, Donald Fraser*.

En mars 1864, après un deuxième hiver à Victoria, Whymper partit pour l’inlet de Bute. Alfred Penderell Waddington* était en train de construire une route jusque dans le district de Cariboo, et Whymper avait été engagé pour exécuter des dessins qui feraient connaître cette route. Il fit son travail consciencieusement, mais son compte rendu des circonstances dans lesquelles, peu avant son départ de la région, des Amérindiens avaient tué des cantonniers [V. Klatsassin*], attira plus l’attention que ses dessins. Ceux-ci ne passèrent quand même pas inaperçus. Whymper avait su rendre de « magnifiques glaciers » ainsi que « les méandres de la piste et [... ses] formidables obstacles », signala le Daily Colonist de Victoria.

Peu après son retour à Victoria, Whymper offrit ses services d’artiste aux commanditaires de l’expédition d’exploration de l’île de Vancouver [V. Robert Brown*]. Maigre et nerveux, il supporta les rigueurs de cette expédition qui lui fit visiter une bonne partie de la section sud de l’île. En novembre 1864, 33 des dessins exécutés au cours de l’expédition furent exposés à Victoria. En 1865, Whymper fut engagé comme artiste par le groupe russo-américain qui projetait de relier les États-Unis et l’Europe par une ligne télégraphique passant par la Colombie-Britannique, l’Alaska et la Sibérie. Il se rendit dans la baie de Norton (Alaska) pendant l’été, puis passa à Petropavlovsk (Petropavlovsk-Kamchatski, Russie). Après un hiver à San Francisco, il se rendit de nouveau à Petropavlovsk, puis fit le tour du golfe d’Anadyr (Andayrsky Zaliv, Russie). Vers la fin d’octobre 1866, il se rendit à Mikhailovski (St Michael), dans la baie de Norton, puis, après un hiver à Nulato, il remonta le fleuve Yukon jusqu’au fort Yukon, où il apprit qu’un câble télégraphique avait été posé avec succès sous l’Atlantique [V. Frederic Newton Gisborne*]. À son retour à Mikhailovski en août 1867, on lui dit que le projet russo-américain avait été abandonné.

Whymper retourna en Angleterre en novembre 1867. L’année suivante, il publia à Londres Travel and adventure in the territory of Alaska. Quatre chapitres traitent de son voyage en Colombie-Britannique et dans l’île de Vancouver ; le livre est illustré de dessins de ces régions. En 1869, Whymper retourna à San Francisco en passant par New York et travailla au sein de l’équipe du journal Alta California. Les annuaires de la ville le désignent comme artiste et ingénieur minier. En 1871, il participa à la fondation de la San Francisco Art Association.

La publication d’autres écrits de Whymper en Angleterre à compter de 1875 environ suggère que, à ce moment-là, il n’était plus en Amérique du Nord. Ces écrits étaient essentiellement des ouvrages de vulgarisation, comme l’indiquent les titres de deux d’entre eux : The heroes of the Arctic and their adventures, paru à Londres et à New York en 1875, et The sea : its stirring story of adventure, peril, & heroism, série de quatre volumes publiée à Londres de 1877 à 1880. Ces livres sont parfois illustrés de dessins de sa main, mais il semble que, au moment de leur parution, Whymper avait délaissé. le dessin pour l’écriture et avait mis un terme à ses voyages. Il mourut à Londres. Une notice nécrologique attribue son décès à « une défaillance cardiaque probablement due à une indigestion, conséquence de travaux sédentaires ».

Lorsque Whymper était retourné en Amérique du Nord, il avait vécu à San Francisco plutôt qu’à Victoria, ce qui était significatif. On constate en lisant Travel and adventure qu’il était condescendant envers la société de Victoria, tout en en acceptant son parrainage et son hospitalité, et qu’il tenait pour acquis que l’Amérique du Nord britannique serait absorbée par les États-Unis. Il eut cependant le mérite de faire connaître la Colombie-Britannique, surtout au moyen des gravures tirées de ses dessins. Ces gravures parurent non seulement dans ses propres livres, mais aussi dans une œuvre en six volumes de Robert Brown, The countries of the world, publiée à Londres probablement de 1876 à 1892, dans Scenes and studies of savage life de Gilbert Malcolm Sproat*, publié à Londres en 1868, et dans l’Illustrated London News.

Prêter son talent à des entreprises commerciales ne répugnait pas à Frederick Whymper. Ses dessins de la route de Cariboo, des établissements miniers de la région et des endroits de l’île de Vancouver qui pouvaient intéresser les investisseurs en témoignent. Cependant, le sublime l’attirait aussi. Il délaissa la route de Waddington pour participer à une expédition jusqu’à un glacier qui « ressemblait beaucoup [...] à la mer de Glace », célèbre glacier qui s’élève près de Chamonix-Mont-Blanc en France. L’inlet de Bute lui rappelait des vers de Tennyson : « Eau entre parois / De granit ténébreux, dans un col luisant ». Certes, bon nombre de ses dessins ont plus de valeur documentaire qu’artistique, mais certains rendent bien ses diverses préoccupations. C’est le cas par exemple de celui où l’on voit une piste longeant précairement une gorge profonde à l’extrémité de l’inlet de Bute ou les pics s’élevant au-dessus de la modeste localité de Yale. Dans ces dessins, Whymper expose le problème qu’affrontent aussi bien le colon que l’artiste : s’accorder à un environnement qui risque de les réduire à néant.

John Hayman

La majeure partie des dessins de Frederick Whymper sont conservés au Visual Records Unit des BCARS, à la Bancroft Library, de l’Univ. of California (Berkeley), et à la Beinecke Rare Book and ms Library de la Yale Univ. Library (New Haven, Conn.). Les organismes et les établissements suivants conservent aussi quelques-unes de ses œuvres : la Calif. Hist. Soc. (San Francisco), le Glenbow Museum (Calgary), la Division de l’art documentaire et de la photographie des AN, la Royal Geographical Soc. (Londres), et le Scott Polar Research Institute (Cambridge, Angleterre). On trouve une liste partielle des croquis de Whymper et des gravures réalisées d’après ceux-ci dans Helen Bergen Peters, Painting during the colonial period in British Columbia, 1845–1871 (Victoria, 1979), 76s. Une liste des dessins sur l’expédition d’exploration de l’île de Vancouver figure dans l’annexe 2 de Robert Brown, Robert Brown and the Vancouver Island Exploring Expedition, John Hayman, édit., (Vancouver, 1989), 201–204.

Les lettres de Whymper dans lesquelles il demandait de participer à l’exploration de l’île de Vancouver et ses notes sur l’expédition sont conservées dans la collection Robert Brown aux BCARS, Add. mss 794, vol. 3, dossiers 4 et 9.

Plusieurs autres éditions du compte rendu rédigé par Whymper en 1868 et intitulé Travel and adventure in the territory of Alaska, formerly Russian America – now ceded to the United States – and in various other parts of the North Pacific, ont paru entre 1869 et 1871. On a publié deux traductions françaises de ce document (Paris, 1871, et une version abrégée, 1880) et une traduction allemande (Brunswick, Allemangne, 1869). Un de ses derniers ouvrages d’histoire populaire, The heroes of the Arctic and their adventures, a fait l’objet de dix éditions ; la dernière révision a paru à Londres et à New York en 1899.

Les publications de Whymper comprennent quelques monographies additionnelles écrites après son retour en Angleterre, ainsi que plusieurs articles sur ses voyages en Amérique du Nord figurant dans l’anthologie intitulée Illustrated travels ; a record of discovery, geography, and adventure, H. W. Bates, édit. (6 vol., Londres, [1869–1875 ?]), 1 et 2, et dans diverses revues. On trouve une liste de ses publications concernant la côte nord-ouest dans l’étude de Bergen Peters citée ci-dessus, pages 75s. ; la liste de ses livres figure dans The British Library general catalogue of printed books to 1975 (360 vol., Londres, 1979–1987), le Canadiana, 1867–1900, et le Répertoire de l’ICMH.

B. C. Gilmore, Artists overland : a visual record of British Columbia, 1793–1886 (Burnaby, C.-B., 1980).— J. B. Stanton, Impressions of an age (Vancouver, 1969).— Maria Tippett et Douglas Cole, From desolation to splendour : changing perceptions of the British Columbia landscape (Toronto, 1977).

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John Hayman, « WHYMPER, FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/whymper_frederick_13F.html.

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Auteur de l'article:    John Hayman
Titre de l'article:    WHYMPER, FREDERICK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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