CHARRON DE LA BARRE, CLAUDE (baptisé Claude Charon), commerçant, échevin de Québec, juge de police, marguillier, syndic, baptisé le 3 mai 1622 dans la paroisse Saint-Saturnin, à Blois, France, fils de Baptiste Charon et de Claude Beguet ; décédé à Québec en l’année 1687. Il semble signer indifféremment Charron et Charon.
Arrivés à Québec en 1652 ou peu avant, Charron et son épouse, Claude Camus ou Le Camus, s’installèrent d’abord à l’île d’Orléans. Déjà, Charron avait des serviteurs, ce qui laisse croire qu’il disposait de quelques capitaux. Deux de ses serviteurs, peut-être dans l’intention de le voler, le blessèrent d’un coup de pistolet à la gorge, le 29 avril 1653.
Le 20 mai suivant, le gouverneur Jean de Lauson lui concédait une terre en roture de dix arpents située en l’île d’Orléans. Mais Charron ne s’intéressait guère au défrichement et à la culture. Aussi le retrouve-t-on bientôt à Québec, où il tenait boutique. Ses affaires prospérèrent si bien qu’il vendit, le 7 mars 1660, sa terre de l’île d’Orléans, y conservant néanmoins une autre propriété où il se retirait à l’occasion.
Vers 1660, Charron paraît compter parmi les principaux commerçants de Québec. Le 5 novembre de cette année-là, il s’embarquait pour la France, vraisemblablement pour un voyage d’affaires car, dès 1661, il importait des marchandises pour une valeur de « cinq à six mille livres ». En mars 1663, il était au nombre des 17 marchands à qui le gouverneur Pierre Dubois Davaugour affermait la traite de Tadoussac. Ce bail ayant été cassé par le Conseil souverain et Tadoussac mis aux enchères, Charron livra à Aubert* de La Chesnaye – le plus gros marchand de son temps – un excitant duel, enchérissant jusqu’à 46 000# et promettant une avance de 15 000# pour chaque année de bail, avant de le céder à son puissant rival.
Devenu l’un des notables de Québec, Charron pouvait s’attendre à recevoir bientôt charges et honneurs. Effectivement, le 7 octobre 1663, les principaux citoyens de Québec élisaient un maire et deux échevins, dont le sieur Charron. Mais le maire et les échevins – et Charron particulièrement – « ne se [mettant guère] en peine des dictes charges », le conseil résolut peu après d’abolir ces fonctions et « de se contanter d’un scyndic ». À l’élection de cet officier, le 3 août 1664, le sieur Charron fut de nouveau désigné par les quelques notables présents. Mais le peuple s’opposa à ce choix, dans la crainte que, par l’entremise de Charron, les marchands n’eussent trop d’influence sur l’établissement des tarifs applicables aux marchandises débitées dans la colonie. Aussi le conseil suggéra-t-il discrètement à Charron de donner sa démission, ce qu’il fit en septembre 1664.
S’il ne fut pas membre du Conseil souverain, Charron, néanmoins, fut souvent appelé à siéger au conseil en l’absence de l’un ou l’autre des juges. En outre, des documents du 8 août 1669 et du 7 octobre 1671 le mentionnent comme marguillier de l’église paroissiale de Québec. En 1673 et en 1674, il fut juge de police de la ville de Québec et, de nouveau, en 1675, échevin de la même ville.
Commerçant en vue, ayant rempli des fonctions officielles et propriétaire de biens fonciers à Québec, à l’île d’Orléans et à Montréal, Charron fut l’un des 20 notables de la colonie choisis par Frontenac [V. Buade] pour donner leur avis sur la traite de l’eau-de-vie, le 26 octobre 1678. Il se prononça en faveur du troc des boissons enivrantes, ainsi du reste que la plupart des commerçants présents à cette assemblée.
Grâce à sa connaissance de la colonie et à son expérience du commerce, Charron avait des idées personnelles sur le développement économique de la Nouvelle-France. Favorable à la traite de l’eau-de-vie, il déplorait cependant l’abandon des terres par les colons pour la chasse des castors et la course des bois. Dans un mémoire adressé au ministre, vers 1680, Charron, dans le but de stabiliser les habitants et de créer des manufactures d’étoffe, de toile, de chaussures, proposait la création d’une colonie sur la rivière Détroit. C’est un projet semblable que Lamothe de Cadillac [Laumet*] tentera de réaliser quelques années plus tard.
Claude Camus décéda à Québec le 12 avril 1684. Charron épousa en deuxièmes noces dans la paroisse Notre-Dame de Québec, le 21 août suivant, Élisabeth, fille de Mathieu Damours de Chauffours et de Marie Marsolet. Décédé en 1687, il laissait sa deuxième femme, quatre enfants vivants – dont deux issus du second mariage – et une fortune considérable.
ASQ, Paroisse de Québec, 124, 145.— JJ (Laverdière et Casgrain).— JR (Thwaites).— Jug. et délib., I–III.— P.-G. Roy, Le Sieur Charron de La Barre, BRH, XLII (1936) : 484–487.
Bibliographie de la version révisée :
Arch. départementales, Loir-et-Cher (Blois, France), Reg. paroissiaux et d’état civil, Blois, Saint-Saturnin, 3 mai 1622.— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 21 août 1684 ; TL1, S11, SS1, D12, P438, 9 sept. 1678 ; P462, 18 oct. 1678.
André Vachon, « CHARRON DE LA BARRE, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/charron_de_la_barre_claude_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/charron_de_la_barre_claude_1F.html |
Auteur de l'article: | André Vachon |
Titre de l'article: | CHARRON DE LA BARRE, CLAUDE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |