ADHÉMAR DE SAINT-MARTIN, ANTOINE (baptisé Anthony), notaire royal, greffier, huissier et concierge des prisons, baptisé le 24 janvier 1639 à Albi, France, fils de Michel Adhémar, bourgeois et praticien, et de Cécile Gasche, décédé à Montréal le 15 avril 1714 et inhumé le lendemain dans cette ville.

Parmi les militaires débarqués à Québec avec M. Chastelard de Salières, vers le 19 août 1665, était un soldat nommé Saint-Martin, de la compagnie de M. de Saurel*, en qui on est tenté de reconnaître Antoine Adhémar, d’autant que c’est à Sorel que ce dernier commença sa carrière civile, comme notaire royal, en 1668. (Adhémar aurait donc participé à l’expédition contre les Agniers (Mohawks), selon toute vraisemblance.) Le 3 novembre 1673, quand le gouverneur Frontenac [Buade*] le nomma « huissier sergent royal exploitant par tout le Canada », il résidait encore à Sorel, mais recevait régulièrement des actes dans les seigneuries du Cap-de-la-Madeleine, de Sainte-Anne de La Pérade, de Batiscan, de Champlain et même de Chambly. Il était sur le point d’aller s’établir à Champlain. À ses charges de notaire et d’huissier royal, il ajouta, selon des documents de 1681, 1682 et 1684, celles de concierge des prisons de Trois-Rivières, de greffier et d’arpenteur juré. De quoi l’occuper !

C’est à Champlain que, âgée de 33 ans et lui laissant quatre enfants, mourut le 30 août 1683 Geneviève Sageot, qu’il avait épousée à Québec le 10 octobre 1667. Adhémar se remaria deux fois, au Cap-de-la-Madeleine, qu’il semble avoir habité à partir de 1684 : le 8 février 1684, avec la veuve en secondes noces de René Blanchet, Marie Sédilot, qui mourut peu après la naissance d’une fille ; et, le 20 janvier 1687, avec la fille du notaire Jean Cusson, Michelle, et il eut un sixième enfant.

Lors de son troisième mariage, Adhémar était sur le point d’émigrer à Montréal, appelé par Dollier de Casson, pour y remplacer Hilaire Bourgine comme greffier de la justice seigneuriale. Le 2 mai 1687, Casson lui délivrait sa commission. Poursuivant sa carrière, mais se limitant maintenant à ses fonctions de notaire et de greffier, Adhémar s’occupa très activement aussi des intérêts de la veuve et des enfants mineurs de son beau-frère Jean Aubuchon, assassiné en 1685. De très nombreux actes, où il apparaît en sa qualité de tuteur, concernent cette succession. Greffier des seigneurs de Montréal depuis 1687, il passa, par commission du 17 novembre 1693, à la nouvelle juridiction royale de Montréal, à laquelle il resterait attaché jusqu’à sa mort. En 1703, il y siégea momentanément comme lieutenant général intérimaire.

Au moment de quitter la région de Trois-Rivières, en 1687, Adhémar avait vendu sa terre de Champlain à son beau-frère, Jean Cusson, et Jacques Babie* lui avait acheté ses « deux beuf Et La vache qui sont ches Mr quson » au prix de 140#. Quoiqu’il n’en eût rien déclaré lors du recensement de 1681, Adhémar avait donc des bestiaux, et probablement quelques arpents en valeur. Mais il ne paraît pas avoir eu un goût particulier pour la campagne, préférant, semble-t-il, l’atmosphère de la ville. À Montréal, il devint vite le notaire attitré des commerçants de fourrures et des coureurs de bois.

Sa correspondance, qui a été en partie conservée, montre que, une fois à Montréal, Adhémar continua d’entretenir des rapports avec les habitants de Champlain, surtout avec le marchand Jacques Babie et, plus tard, avec la veuve de ce dernier. On y apprend, entre autres choses, que, à l’automne de 1687, Adhémar, nouvellement installé à Montréal, fut très malade, « Emesme En danger de Mourir ». Adhémar était l’homme de confiance de Babie et de bien d’autres : on le chargeait des missions les plus diverses, auxquelles il se prêtait de bonne grâce.

Possédant quelques maisons à Montréal, Adhémar y vivait relativement à l’aise. Mais il poursuivait impitoyablement ses débiteurs : dans le Registre du Bailliage et des Audiences, on ne compte pas moins de 155 actions qu’il intenta. Malgré tout, ses créances s’élevaient en février 1711 à 2 066# 8s. 3d. La difficulté de se faire payer ne l’empêcha pas de se montrer charitable : il fut l’un des trois premiers directeurs du Bureau des pauvres de Montréal, et, en 1695, à la suite de l’incendie de l’Hôtel-Dieu, il souscrivit 20# pour sa reconstruction. Cet homme serviable, dur en affaires mais sensible à la misère, fut aussi un fonctionnaire soigneux, qui mérita en 1690 des éloges pour sa façon de tenir les registres. Malheureusement, les dernières années de sa vie furent assombries par des démêlés avec son gendre Deniau-Destaillis. Après sa mort, Deniau et Tessier, son autre gendre, soulevèrent autour de sa succession une querelle qui fut portée jusqu’au Conseil souverain.

Le 15 avril 1714, l’intendant Bégon* donnait à Jean-Baptiste Adhémar*, fils aîné d’Antoine, une commission de notaire royal, en remplacement de son père.

André Vachon

AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 1668–1714 ; Greffe d’Hilaire Bourgine, 17 mai 1686, 27 juin 1689 ; Greffe de Pierre Cabazié, 27 déc. 1685, 27 déc. 1688, 21 août 1689, 18 oct. 1689, 29 avril 1690, 15 mai 1690, 13 avril 1691 ; Greffe de Claude Maugue, 5 nov. 1688, 2 juin 1695, 29 févr. 1696 ; Greffe de Pierre Raimbault, 16 févr. 1711 ; Registre du bailliage et des audiences.— AJQ, Greffe de Gilles Rageot, 9 oct. 1667.— AJTR, Greffe de Séverin Ameau, 24 déc. 1680, 20 juin 1683, 4 janv. 1687 ; Greffe de Jean Cusson, 8 févr. 1684.— AQ, Antoine Adhémar ; NF, Ins. de la Prév. de Québec, I : 387 ; NF, Doc. de la jur. des T.-R., I : 28, 55 ; NF, Ord. des int., VI : 66 ; VII : 5s.— Jug. et délib., I, II, III, IV, VI, passim.— Recensement du Canada, 1681 (Sulte).— A. Roy, Inv. greffes not., V, VI, passim.— Godbout, Nos ancêtres, RAPQ, 1951–53 : 464s.— Les Notaires au Canada, RAPQ, 1921–22.— Massicotte, Les tribunaux et les officiers de justice, BRH, XXXVII (1931) : 127, 183, 188, 190.— Mondoux, LHôtel-Dieu de Montréal, 247.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : 147, 151s., 202, 221, 363, 382.— R. Roy et Malchelosse, Le régiment de Carignan, 103.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), I : 104–117.— Vachon, Histoire du notariat, 41, 43.

Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Tarn (Albi, France), « État civil », Albi (Saint-Salvy), 24 janv. 1639 : archives82.fr (consulté le 17 oct. 2022).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Montréal, CE601-S51, 16 avril 1714 ; Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 10 oct. 1667 ; Centre d’arch. de Trois-Rivières, CE401-S6, 8 févr. 1684, 20 janv. 1687 ; CE401-S7, 30 août 1683.— Germain Lesage, « l’Arrivée du régiment de Carignan », Rev. de l’univ. d’Ottawa, XXXV (1965) : 11–34.

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André Vachon, « ADHÉMAR DE SAINT-MARTIN, ANTOINE (baptisé Anthony) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/adhemar_de_saint_martin_antoine_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    11 oct. 2024