BÉGON DE LA PICARDIÈRE, MICHEL, commissaire de la Marine, conseiller au parlement de Metz, France, inspecteur général de la Marine, intendant de la Nouvelle-France, intendant de la Marine au Havre, de l’amirauté de la Normandie et des armées navales, né le 21 mars 1667 à Blois, France, décédé le 18 janvier 1747 à La Picardière.
Les Bégon étaient originaires de la région de Blois où ils possédaient plusieurs seigneuries, dont La Picardière, et servirent comme agents du trésor et hommes de loi jusqu’au milieu du xviie siècle. Le mariage de Marie Charron, dont la mère était une Bégon, avec Jean-Baptiste Colbert, le 14 décembre 1648, eut pour effet d’en faire des administrateurs maritimes et coloniaux. Michel Bégon de La Picardière, père de l’intendant de la Nouvelle-France et cousin de Colbert, fut intendant de Saint-Domingue (île d’Haïti) de 1682 à 1685 (les mêmes années où son beau-frère, Jacques de Meulles*, fut intendant de la Nouvelle-France), intendant des galères à Marseille de 1685 à 1688 et intendant du port de Rochefort de 1688 jusqu’à sa mort en 1710. Ce fut un des grands intendants du règne de Louis XIV et aussi un des collectionneurs et naturalistes bien connus de son temps. La plante ornementale bégonia reçut son nom en son honneur.
Trois garçons, Michel, Scipion-Jérôme et Claude-Michel, ainsi que cinq filles naquirent de son mariage avec Madeleine Druillon. L’une des filles, Catherine, épousa le chef d’escadre Roland Barrin de La Galisonnière et leur fils Roland-Michel fut gouverneur par intérim de la Nouvelle-France de 1747 à 1749. Scipion-Jérôme entra dans les ordres et fut évêque de Toul de 1721 à 1753.
Michel, l’aîné, resta en France pour poursuivre ses études durant le séjour de ses parents à Saint-Domingue. Sa préparation aux affaires du ministère de la Marine commença en 1686, peu après leur retour, lorsque son père obtint pour lui une commission d’écrivain principal à Toulon. En janvier 1690, il devenait commissaire de la Marine et, le 30 juin, il participait à ce titre à la bataille de Béveziers (Beachy Head, Angleterre). Entre ses voyages en mer et ses visites à la cour, il étudia le droit et, en 1694, il obtenait une licence à Orléans. En 1697, son père lui acheta une commission de conseiller au parlement de Metz. En 1704, il fit sans doute appel une fois de plus à la bourse de son père pour se procurer le poste d’inspecteur général de la Marine des provinces d’Aunis et de Saintonge où étaient situés Rochefort et La Rochelle. Ainsi, peu à peu, il se qualifiait pour un poste supérieur d’administrateur dans le ministère de la Marine. C’était un avocat compétent, connaissant à fond les affaires des ports et familier avec la situation des colonies nord-américaines, étant donné que Rochefort était le centre d’approvisionnement du Canada, de l’Acadie et de la Louisiane.
Le 31 mars 1710, Bégon succéda comme intendant de la Nouvelle-France à Jacques* et Antoine-Denis* Raudot, mais ne s’embarqua qu’en 1712 pour la colonie. Il était accompagné de sa femme, Jeanne-Élisabeth de Beauharnois de La Boische, qu’il avait épousée le 9 janvier 1711. Elle était apparentée aux Phélypeaux, qui donnèrent à la France trois ministres de la Marine, et sœur de François, ancien intendant de la Nouvelle-France et plus tard intendant de Rochefort ; elle était aussi la sœur de Charles, futur gouverneur de la Nouvelle-France. L’union des Bégon et des Beauharnois a constitué ainsi un véritable pouvoir dans l’histoire administrative de la Nouvelle-France, donnant à la colonie pas moins de trois intendants et deux gouverneurs généraux.
La guerre de la Succession d’Espagne approchait de sa fin, au moment où Bégon débarqua à Québec au début de l’automne de 1712 [V. Claude de Beauharnois* de Beaumont]. Grâce aux talents et à la bonne étoile du gouverneur Vaudreuil [Rigaud*], la colonie avait traversé en toute sécurité les années de guerre mais, du point de vue économique, elle n’avait pas encore trouvé son assiette. En 1712, la population du Canada comptait 18 440 habitants ; 52 965 arpents de terre étaient cultivés. Au cours de cette année, la récolte de blé atteignit 292 415 minots, soit 15,6 minots per capita. Il s’agissait d’une récolte au-dessus de la moyenne qui, elle, fluctuait généralement autour du niveau de subsistance, c’est-à-dire 12 minots per capita. La traite du castor n’était pas encore remise de la crise de surproduction qui sévit à la fin du xviie siècle. La firme française Aubert, Néret et Gayot, qui détenait le monopole de l’achat et de la vente des peaux, n’acceptait pas les peaux de castor gras à cause des stocks invendus et ne payait que 34s. par livre de peau sèche. En dépit de la crise de la traite du castor, due à des facteurs comme le coût élevé, la distance et l’insuffisance du transport maritime, la colonie n’avait pas diversifié son économie de base. Les habitants ne cultivaient que peu de chanvre malgré la forte demande pour ce produit en France. L’industrie forestière et les pêcheries attiraient peu de commerçants.
Mais tous ces problèmes étaient très secondaires à côté de celui de la monnaie de cartes. La guerre de la Succession d’Espagne avait vidé les caisses du trésor français, et les sommes versées par les trésoriers généraux de la Marine, à partir de 1702, ne suffisaient souvent pas à couvrir les dépenses courantes [V. François de Beauharnois]. Le gouverneur et l’intendant remédiaient au déficit chronique en émettant du papier-monnaie pour la confection duquel on se servit de cartes à jouer ordinaires. Au début, ces cartes n’avaient créé aucune difficulté, tout au moins en ce qui concernait le public qui avait confiance en elles. Les porteurs de cartes savaient que, sur demande, l’intendant les échangerait contre une lettre de change convertible en espèces par le trésorier général de la Marine en France. Mais en 1707, ce dernier refusa d’honorer les lettres de change émises au Canada et toute la structure économique commença à chanceler. La confiance dans la monnaie de cartes fut ébranlée et les prix grimpèrent, selon le cas, de 300 à 500 p. cent. La Nouvelle-France était aux prises avec une inflation incontrôlable, désastreuse pour son commerce et pour tous ceux qui vivaient d’un revenu fixe. « On ne peut plus vivre », se lamentait Charles de Monseignat*, qui faisait partie de cette catégorie. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à faire sur le plan économique, jusqu’à ce que le problème des cartes en circulation, dont la valeur fut estimée par François-Madeleine-Fortuné Ruette* d’Auteuil à 1 200 000ª fût réglé.
Le séjour de Bégon au Canada débuta tragiquement. Le 5 janvier 1713, il était invité avec sa femme à souper chez le gouverneur Vaudreuil au château Saint-Louis. Ce jour-là, des vents violents soufflaient du nord et il faisait très froid. Avant d’aller se coucher, Bégon ordonna à un de ses domestiques d’éteindre tous les feux. Mais une des cheminées fut mal vérifiée, et au milieu de la nuit un incendie ravagea l’intendance. Miraculeusement, les Bégon réussirent à s’enfuir en robe de chambre et en pantoufles [V. François de Lajoüe*]. Trois domestiques périrent dans les flammes et le secrétaire de l’intendant qui avait réussi à trouver la sortie succomba quelques jours plus tard des suites d’engelures ; les pertes matérielles furent estimées à 40 000#. Pour se renflouer, Bégon se lança dans les affaires et s’associa à Jean Butler, important négociant de La Rochelle. L’intendant s’occupa de la vente de marchandises expédiées à Québec par son associé et, en retour, il fournit à ce dernier du bois pour la construction de deux vaisseaux devant faire le commerce entre la Nouvelle-France, La Rochelle et les Antilles. Au dire de Bégon, il n’y avait rien de mal dans ces activités. Au contraire, il allégua que le pays ne pouvait qu’en profiter. Mais, de toute évidence, il se mouvait sur un terrain glissant.
En sa qualité d’intendant, il dut faire face tout d’abord au problème de la monnaie de cartes. En 1713, il y avait plusieurs propositions sur la table concernant la façon de la liquider. Le ministre de la Marine, Pontchartrain, qui fut d’abord en faveur de les convertir en titres à un taux d’intérêt fixe, renonça à ce plan en réalisant qu’il ne pourrait pas satisfaire au besoin urgent de la colonie en argent liquide. À la fin de 1713, Bégon proposa de racheter les cartes en circulation pour la moitié de leur valeur nominale sur une période de cinq ans. Chaque année, on échangerait 320 000# de cartes contre 160 000# de lettres de change convertibles en espèces. Il allégua que la population n’aurait pas à en souffrir car les détenteurs des cartes les avaient acquises en réalisant des profits fabuleux. La cour accepta l’essentiel de son argumentation. L’opération débuta en 1714 et, malgré de nombreuses difficultés, fut terminée en 1720. Ce fut une entreprise gigantesque, multipliant les occasions de gains illicites. On a des preuves laissant croire que Bégon ne manqua pas d’en profiter.
À côté de la monnaie de cartes, le plus sérieux problème durant les premières années de l’intendance de Bégon fut celui de la traite du castor qui commença à sortir de son marasme en 1715. Le monopole de l’achat et de la vente des peaux, accordé à Aubert, Néret et Gayot pour 12 ans, devait expirer en 1718 [V. Antoine Pascaud*]. Devait-on maintenir le système du monopole, après cette date, en renouvelant le leur ou en le concédant à d’autres, ou devait-on rendre libre la traite du castor ? Cette question donna lieu à des débats passionnés dans la colonie, et Bégon finit par devenir le porte-parole de ceux qui optaient pour la deuxième solution. Le Canada, disait-il, était maintenant suffisamment consolidé pour prendre en main ses affaires commerciales. Par principe, d’ailleurs, l’intendant n’avait pas grande confiance dans les compagnies. Il trouvait que les marchands individuels étaient plus à même de faire fleurir le commerce que les corporations dont les affaires étaient très souvent négligées par leurs directeurs. De plus, ce type de commerce présentait moins de risque car l’échec d’un individu n’affectait qu’un petit nombre de personnes alors que la faillite d’une corporation pouvait avoir des répercussions sur tout un pays. Au début, le gouvernement se rangea du côté de Bégon en annonçant, en juin 1716, qu’à l’expiration du contrat d’Aubert, Néret et Gayot la traite du castor serait libre. Mais peu après il changea de position. Le monopole fut maintenu et, en 1717, il fut accordé pour 25 ans à la Compagnie d’Occident, nouvellement créée.
Fait curieux, Bégon, qui à cause de son attitude vis-à-vis des compagnies pourrait passer pour quelque peu réactionnaire, était en même temps partisan du laissez-faire, théorie assez avancée pour son temps. « Le commerce, écrit-il en 1714, ne doit point dépendre de la volonté du gouverneur ni de celle de l’intendant qui ne doivent y entrer que pour empescher le désordre. » En conformité avec sa philosophie, il proposa la même année pour le territoire que constituait l’Ouest la création d’un système commercial révolutionnaire, fondé sur la liberté. Toute personne qui voulait s’y engager dans le commerce devait être libre de le faire. Il était convaincu que cette liberté n’aboutirait pas à l’accroissement indu du nombre des commerçants. La compétition se chargerait de le maintenir à un niveau acceptable pour le commerce. Il n’en résulterait pas non plus une surproduction de peaux de castor. Lorsqu’on les laisse faire, les marchands sont toujours circonspects dans la conduite de leurs affaires, et ils ne produiraient pas plus de peaux qu’ils ne pourraient en vendre. Malgré tous ces arguments, Pontchartrain, ministre de la Marine, considéra cette proposition un peu trop radicale et, ne pouvant se décider à rétablir les 25 congés de traite, l’affaire tomba à l’eau. Cela reste néanmoins un symptôme intéressant du mécontentement de la classe moyenne à l’égard du dirigisme vers la fin du règne de Louis XIV.
En 1714, Bégon en était arrivé à des jugements de base sur l’économie canadienne, caractérisée par un faible volume d’exportations. Les négociants du pays étaient obligés d’acheter en France plus de marchandises qu’ils n’y vendaient et se trouvaient ainsi perpétuellement endettés. Bégon recommanda, par conséquent, l’établissement de forges et de souffleries de verre dans la colonie. Ces industries assureraient l’équilibre de la balance commerciale, en réduisant la dépendance vis-à-vis des produits manufacturés en France, et stimuleraient l’industrie de base qu’était la construction navale, en lui fournissant du fer à un prix modique. Pontchartrain avec sa vision mercantiliste étroite – il écrivait en 1704 qu’on ne devait rien fabriquer dans les colonies pouvant entrer en compétition avec les produits français – dut être dérouté une fois de plus par les propositions radicales de son intendant. Il ne pouvait, cependant, qu’être d’accord avec son diagnostic sur les problèmes fondamentaux du Canada. Il avait d’ailleurs, indépendamment de l’intendant, abouti à des conclusions assez similaires. « Ce pays, écrit l’intendant, sera dans la misère de plus en plus si on ne trouve le moyen d’y faire passer du monde. » Toute initiative économique était vouée à l’échec à cause de la pénurie de main-d’œuvre. Pour y remédier, Bégon demanda des soldats, qu’il préférait aux engagés. Leur service terminé dans la colonie, ces derniers avaient tendance à retourner en France, alors que les soldats se mariaient pour devenir des habitants. Mais il devait bientôt se rendre compte que les habitants n’étaient pas disposés à travailler en dehors des fermes et ne constituaient pas une main-d’œuvre au vrai sens du terme. C’est probablement cette constatation qui l’amena à demander en 1716 l’envoi massif d’esclaves noirs. Bien qu’il n’ait pas employé ce terme, il est clair que pour lui ceux-ci devaient constituer un prolétariat permanent.
La demande fut rejetée lorsque Vaudreuil, à qui on l’avait transmise pour commentaire, exprima l’avis que le climat était trop froid pour les Noirs et que le coût de les vêtir pendant les longs hivers serait prohibitif pour les habitants. Cette demande, néanmoins, témoigne du radicalisme de l’intendant. Mais il n’était pas très conséquent. En affirmant que le Canada était pauvre parce que sa population était faible et sa balance commerciale défavorable, il contredisait ses allégations concernant la consolidation suffisante du pays pour prendre en main ses affaires commerciales. Et en même temps qu’il faisait ces déclarations contradictoires, il était engagé jusqu’au cou dans des activités qui allaient à l’encontre de son prétendu attachement au laissez-faire. En 1716, celles-ci avaient failli le discréditer aux yeux des autorités métropolitaines.
Le 24 janvier 1714, Bégon émit une ordonnance dont les clauses, très détaillées, immobilisèrent virtuellement le commerce du blé. Toute exportation de blé, de farine et de biscuits était interdite et toute transaction concernant le blé était prohibée, même dans la colonie. Bégon prétendit que cette mesure s’imposait pour éviter la famine, étant donné que la récolte de 1713 n’avait pas été bonne, mais Claude de Bermen* de La Martinière, premier conseiller au Conseil supérieur, contesta cette allégation. D’après lui, la récolte de 1713 avait été satisfaisante et il restait même du blé provenant de l’ample récolte de 1712. La famine, prétendait La Martinière, n’était qu’un prétexte inventé par Bégon pour justifier la gigantesque opération qu’il avait lancée en vue d’accaparer le blé. L’ordonnance de janvier avait mis les stocks à sa disposition et ses agents parcouraient la campagne pour acheter toutes les réserves disponibles en même temps qu’une grande quantité de porcs et de bêtes à cornes. Bégon payait apparemment ses achats avec les cartes déjà rachetées par le gouvernement et en émettait même de nouvelles. « Les cartes semblent ne luy avoir cousté qu’à faire », fit remarquer La Martinière. Une partie de ce blé fut transportée sur les bateaux de Butler aux Antilles, où il y avait une forte demande à cause de la mauvaise récolte en France. Le reste fut dirigé vers la boulangerie du roi pour y être transformé en pain que Bégon vendit ensuite à la population à un prix exorbitant.
Il est difficile de dire quelle est la part de vérité dans les accusations de La Martinière. La menace de famine n’était pas une pure invention de Bégon. La récolte de blé était tombée de 292 416 minots en 1712 à 251 460 minots en 1713 et à 236 049 minots en 1714. Dans une telle situation, l’intendant se devait de veiller à ce que les réserves de vivres de la colonie ne tombent pas entre les mains des amasseurs et des spéculateurs. Mais il reste également vrai que Bégon faisait affaire avec Butler. Cela suffit à éveiller les soupçons, probablement non sans fondement, que l’intendant utilisait ses vastes pouvoirs officiels pour l’avancement de ses propres intérêts et de ceux de ses associés.
Pontchartrain ne resta pas insensible aux accusations portées contre Bégon. « On m’assure qu’il se rend absolument le maître de tout le commerce du pays et que les gens du Canada sont perdus sans ressource si on ne met ordre à son avidité et à ses injustices », écrivit le ministre à Scipion-Jérôme Bégon, en apprenant que le frère de celui-ci était en train de devenir le principal boulanger, boucher et armateur du Canada. Scipion-Jérôme envoya aussitôt une lettre à Michel qui essaya de réfuter ces accusations. Il reconnut avoir fait du commerce avec Butler à titre privé, mais essaya d’en minimiser l’ampleur. Naturellement, il nia avec véhémence toute tentative d’accaparer les réserves de vivres de la colonie et réussit même à trouver quelques explications plausibles pour ses actes les plus bizarres de 1714 et 1715. La Martinière avait prétendu, par exemple, que des individus avaient fait le tour des campagnes pour acheter du bétail au nom de l’intendant. Bégon admit ce fait mais nia les motifs que lui imputait le premier conseiller. Il fit remarquer qu’une énorme quantité de viande était nécessaire pour nourrir les troupes. C’était plus économique, pensait-il, de l’obtenir de quelqu’un qui l’avait achetée directement des habitants que de suivre l’usage habituel consistant à passer un contrat avec un boucher. Même dans cette hypothèse, on pouvait reprocher à Bégon un manque flagrant de jugement pour ne pas avoir prévu la façon dont on interpréterait dans la colonie cette méthode très irrégulière de se procurer de la viande. Par ailleurs, il réussit, sinon à réfuter l’accusation beaucoup plus grave d’avoir spéculé sur les vivres, du moins à faire douter de sa véracité.
Tous ces revenus supplémentaires, légaux ou illégaux, ne l’enrichirent pas. Ils servirent probablement à remplacer en grande partie le mobilier et les provisions perdus lors de l’incendie de 1713, à divertir la haute société de la colonie – Monseignat dépeignit Bégon comme ayant été le plus prodigue des six intendants qu’il avait connus en Nouvelle-France – et à payer les dettes de son oncle François, grand maître des eaux et forêts du Berry. Finalement, à l’instar de Jean Talon*, qui avait fait lui aussi du commerce pendant son intendance en Nouvelle-France, Bégon investit des montants considérables dans la colonie. En 1718, il acquit de Françoise Duquet, pour la somme de 6 237#, monnaie de France, l’arrière-fief de Grandpré dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges où il fit construire des scieries et une tannerie, évaluées à 40 000#. Bégon n’a évidemment pas pu réaliser tout cela à même son traitement. Celui-ci s’élevait à 15 000#, y compris une gratification de 3 000# attribuée annuellement pour les pertes qu’il prétendait avoir subies lors de l’incendie de 1713. Le pouvoir d’achat de ce montant a dû être cependant très inférieur à sa valeur nominale, car on le lui versait en cartes dépréciées. Même avec les bénéfices qu’il tirait de ses activités commerciales, il n’arrivait pas à joindre les deux bouts. En 1719, il vendit pour 8 000# son hôtel d’Alluye en France. Deux années plus tard, il était à la recherche de créanciers.
Bien que la colonie ait profité de plusieurs façons de ses investissements, le commerce qu’il faisait en association avec Butler lui valut quand même la réprobation du Conseil de Marine, chargé de la direction des affaires coloniales et maritimes peu après la mort de Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715. « Vous convenez que vous avez fait le commerce, écrivit le Conseil à l’intendant, en quoi vous avez très mal fait puisque vous deviez pas ignorer que cela ne vous etoit pas permis et ne convenoit en aucune manière à la place que vous occupez.» Bégon fut averti qu’en cas de récidive, il serait immédiatement rappelé. Mais une autre épreuve encore plus pénible l’attendait. Pendant son congé en France, de 1714 à 1716, le gouverneur Vaudreuil se plaignit de ce que Bégon avait fait obstruction à ses plans en 1712. Non seulement il avait mis son veto au projet de réoccupation de Michillimakinac mais avait insisté pour contresigner les ordres donnés au personnel militaire. Pontchartrain adressa à Bégon un avertissement sévère ; le Conseil de Marine alla beaucoup plus loin. À la demande de Vaudreuil, il décréta qu’en cas de futurs désaccords entre l’intendant et le gouverneur, la décision de ce dernier prévaudrait. Bégon était placé sous la tutelle du puissant gouverneur.
Il semble s’être effondré sous l’effet de ces deux coups et tomba en léthargie. Une étude de la correspondance provenant du Canada pendant les années qui suivirent montre qu’il ne fit ni propositions substantielles ni commentaires pénétrants sur les questions sociales et économiques. L’intendant se confina à un rôle purement administratif, présidant les séances du Conseil supérieur, gérant les approvisionnements du roi et émettant des ordonnances royales concernant les affaires courantes. À la suite d’une longue sécheresse pendant l’été de 1717, le spectre de la famine hanta une fois de plus la colonie. Bégon émit une ordonnance interdisant toute exportation de farine et de biscuits. Vaudreuil à Montréal et son délégué à Québec, Jean Bouillet* de La Chassaigne, prétendirent que cette mesure n’était pas suffisante mais, malgré le ton violent de leurs lettres, l’intendant refusa de prendre d’autres mesures. Vous êtes le maître, dit-il de fait au gouverneur. Faites ce qui vous semble le mieux. Mais prendre une décision en cette matière aurait constitué une intrusion si flagrante dans la juridiction de l’intendant que Vaudreuil s’abstint d’intervenir.
En 1720, finalement, Bégon revint à lui. Depuis la mort de Louis XIV, la France était en train de réévaluer son attitude vis-à-vis des colonies et une nouvelle politique plus positive prenait progressivement forme. En ce qui concernait le Canada, elle prévoyait l’intensification des efforts pour peupler la colonie de soldats et d’engagés ainsi qu’une aide financière accrue pour aider au développement de nouvelles entreprises. Bégon pensait depuis longtemps que la colonie pourrait rendre un très grand service comme producteur de chanvre et il prit sur lui d’offrir pour ce produit 60# par quintal. C’était le triple du prix du chanvre français, mais il croyait que même cette incitation serait insuffisante tant que la colonie n’aurait pas réglé son problème de main-d’œuvre. Il renouvela avec beaucoup plus d’insistance qu’en 1716 sa demande pour des esclaves noirs. Comme point de départ, la Compagnie des Indes, qui détenait le monopole du commerce, devait envoyer 200 esclaves au Canada. Bégon prétendait qu’il avait déjà des acheteurs pour 100 esclaves des deux sexes à 500# par tête. Le Conseil de Marine fut favorablement impressionné par sa proposition mais il n’en fut pas de même de la compagnie qui ne donna pas suite à sa demande. C’était probablement tout aussi bien car une expérimentation sur une grande échelle avec des esclaves noirs aurait très vraisemblablement échoué au Canada.
La stimulation de la culture du chanvre ne fut qu’une des activités de Bégon durant ces années. En 1720, il inaugura, entre Montréal, Trois-Rivières et Québec, un réseau de distribution du courrier et de transport public, qui empruntait les voies navigables là où il n’y avait pas de routes. L’année suivante, il commença à dresser le colossal papier terrier de la Nouvelle-France qui consistait en une description précise de l’état de chaque seigneurie de la colonie. L’intendant pensait, avec raison, que les édits de Marly, prévoyant la confiscation des seigneuries et des rotures non défrichées, respectivement au profit de la couronne et des domaines seigneuriaux, ne pouvaient être mis rationnellement en application, tant que ces renseignements ne seraient pas disponibles. Malheureusement, au milieu de ces activités utiles, Bégon dut faire face à de nouvelles difficultés dans ses rapports avec les autorités de la métropole ; cette fois il s’agissait de finances. Ces difficultés convainquirent probablement le Conseil de Marine qu’il n’avait plus d’utilité comme intendant de la Nouvelle-France.
En 1720, la monnaie de cartes était entièrement retirée de la circulation, et Pierre-Nicolas Gaudion, trésorier général de la Marine, commença à dresser le bilan final de l’opération. À son étonnement, il constata que 157 251# avaient été tirées en trop sur le fonds de rachat des cartes. « [...] il paroit qu’il y a sur cela quelque chose de si extraordinaire, fit-on entendre à Bégon, que le Conel ne vous dissimulera point qu’il l’a veu avec beaucoup de peine. Il veut bien cependant suspendre son jugement jusques a ce qu’il ait reçû les eclaircissements qu’il souhaitte que vous lui donniés sur cela ». Les éclaircissements de l’intendant révélèrent que certains frais d’expédition avaient été chargés, par erreur, au fonds de la monnaie de cartes. Mais à peine cette affaire avait-elle été tirée au clair, si on peut parler ainsi, qu’une nouvelle complication surgit. Depuis l’abolition de la monnaie de cartes, une grande partie des fonds nécessaires pour couvrir les dépenses gouvernementales était envoyée au Canada en espèces. En 1721, la remise s’élevait à 188 000#. Mais un mois après l’arrivée des vaisseaux, l’agent local des trésoriers généraux de la Marine, Nicolas Lanoullier de Boisclerc, fit savoir que les fonds étaient épuisés et ferma sa caisse. La plus grande partie des officiers n’avaient pas encore reçu leur solde et très peu d’argent nouveau circulait dans la colonie. Vaudreuil adressa une plainte vigoureuse au Conseil de Marine qui demanda aussitôt à Bégon d’expliquer ce qu’il était advenu de l’argent.
Il se peut que l’intendant ait été victime de la négligence qui a caractérisé tant de ses actes au cours des années 20. Les retards et la pagaille générale dans les comptes des magasins du roi à Montréal, à Trois-Rivières et à Québec en sont un exemple. Mais il se pourrait aussi qu’il ait été la victime d’un système qui le tenait responsable de la gestion financière, tout en plaçant les fonds sous le contrôle de l’agent des trésoriers généraux de la Marine. En principe, ce dernier n’effectuait aucun paiement sans l’autorisation de l’intendant. En pratique, cependant, il était difficile d’empêcher un trésorier sans scrupule de dilapider les fonds, et Lanoullier avait la réputation de négliger sa comptabilité et d’être engagé dans des activités de caractère douteux. Bégon, néanmoins, en disait du bien et, en 1721, il lui concédait pour 20 ans la franchise exclusive de la poste et du transport des passagers entre Montréal et Québec. Cette attitude ne dissipe certainement pas les soupcons qu’on pourrait avoir concernant leur complicité.
En 1723, le Conseil de Marine était dissout et le Bureau de Marine et des Colonies fut de nouveau confié à un ministre, en l’occurrence, Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, fils de Pontchartrain, âgé de 22 ans. Une de ses premières décisions fut de nommer Bégon au poste vacant depuis peu d’intendant du Havre. De cette façon, Maurepas réglait la question d’un homme qui ne donnait plus satisfaction dans son poste, et rendait service à sa parente, Jeanne-Élisabeth de Beauharnois, qui était malheureuse au Canada et brûlait de rentrer en France. La nouvelle de son transfert enchanta Bégon. Il remercia profusément le ministre mais se dit intrigué par sa demande d’emporter avec lui les documents nécessaires pour fermer le dossier de la monnaie de cartes. « La chose vous intéresse trop pour que je ne vous la recommande très fortement », écrivit Maurepas. Bégon prétendit ne pas comprendre comment cette affaire pouvait le concerner, vu qu’elle était plutôt du ressort des agents des trésoriers généraux de la Marine. Il promit, cependant, de rendre compte de sa gestion qui, espérait-il, allait satisfaire son supérieur. « Tout ce que je pourrois dire au delà ne serviron à rien à présent », conclut-il de façon énigmatique.
Mais deux années devaient se passer avant que Bégon puisse quitter la colonie. Edme-Nicolas Robert, son successeur désigné, mourut en mer en 1724 et Guillaume Chazel, nommé pour succéder à Robert, périt dans le naufrage du Chameau en 1725 au large de l’île Royale (île du Cap-Breton). Le temps que Bégon passa dans la colonie comme intendant en instance de remplacement coûta cher. En décembre 1725, pour la deuxième fois en 13 ans, le palais de l’intendant fut détruit par le feu. Toutefois, ces deux années ne furent pas perdues. En consultation avec Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] et les curés, il réduisit le nombre des tavernes à deux par paroisse ; les réduire à une, pensait-on, aurait pu exposer la clientèle à surpayer et à se faire servir des boissons d’une qualité moindre. Comme moyen d’augmenter les revenus de la colonie, Bégon recommanda d’affermer les postes de l’Ouest plutôt que d’imposer les habitants récalcitrants. Ce fut une des plus importantes suggestions qu’il ait jamais faites car, en peu de temps, tous les postes de l’Ouest étaient loués à des particuliers. Il fit aussi un très grand effort pour maintenir des relations cordiales avec Vaudreuil, comme il en avait toujours été malgré les nombreuses tensions. En avril 1725, ces relations furent sérieusement mises en péril quand le gouverneur contesta l’adjudication par Bégon du poste de Témiscamingue à Joseph de Fleury de La Gorgendière. Celle-ci se fit conformément aux règlements et sur l’ordre de la cour. Mais Vaudreuil, qui avait des intérêts dans le commerce du poste, suspendit arbitrairement l’ordonnance de Bégon autorisant La Gorgendière d’en prendre possession. Devant cette provocation, l’intendant fit preuve d’une retenue admirable.
Le 2 septembre 1726, un nouvel intendant, Claude-Thomas Dupuy* arrivait enfin dans la colonie. Bégon pouvait donc partir. Il quitta Québec le 18 octobre, à bord du vaisseau du roi, l’Éléphant. Le 22 novembre, à onze heures du matin, après une traversée rapide mais houleuse, l’Éléphant entrait dans la rade de Rochefort. Quelques heures plus tard, après une absence de 14 ans, Bégon mettait pied « avec grande joie » sur le sol de France.
Il servit comme intendant du Havre pendant dix ans environ. Situé à l’embouchure de la Seine, voie d’accès au cœur de la France, c’était un port maritime très achalandé. En 1724, 893 navires y appareillèrent. Vers 1736, Bégon était nommé intendant de l’Amirauté de Normandie avec résidence à Rouen. Mais il fit de longs séjours à La Picardière aussi bien avant qu’après 1736. Selon le chanoine Pierre Hazeur* de L’Orme, c’était pour faire des économies car ses finances étaient en très mauvais état, Il devait de l’argent (on en ignore le montant) à Lanoullier ; il devait aussi 30 000# à des négociants de La Rochelle et il subit une dure épreuve en 1732 lorsqu’une cargaison de vin, destinée au Canada fut perdue en mer. Cependant, Claude-Michel, se montra peu compréhensif à l’endroit de son frère aîné lorsque, en 1740, ce dernier invoqua la pauvreté pour se justifier du retard qu’il mettait à lui verser la pension due aux termes du testament de leur père. « Ayant les revenus que vous avez, il n’est pas difficile de payer une aussi petite somme », écrivit amèrement Claude-Michel à l’intendant. Mais ce que Claude-Michel pensait être des revenus n’étaient peut-être en réalité que des emprunts faits par Michel à Scipion-Jérôme ou à ses sœurs carmélites, Marie-Rose et Marie-Thérèse, à qui il pouvait toujours recourir en cas de besoin. Ce sont probablement ces emprunts qui lui permirent de donner une jolie petite dot à ses filles, Jeanne-Élisabeth et Catherine, lors de leur mariage, et de s’offrir le luxe de quelques expériences exotiques. En 1743, il accompagna l’ambassadeur de Turquie, Sayde pacha, à Constantinople. Au cours de son séjour dans la capitale turque, il eut l’occasion, entre autres, de visiter, avec une permission spéciale, le harem du sultan. De retour en France, il fit un compte rendu écrit de son voyage.
Michel Bégon mourut à La Picardière le 18 janvier 1747, un an à peine après sa nomination comme intendant des armées navales. Trois de ses huit enfants lui survécurent : Catherine, Marie-Madeleine, ursuline à Blois, et Michel qui fut intendant à Dunkerque de 1756 à 1761.
Dans l’histoire de la Nouvelle-France, la période s’étendant de 1712 à 1726 est caractérisée par le relèvement progressif de l’économie. Celle-ci était pratiquement stagnante lorsque Bégon arriva dans la colonie, à cause de l’effondrement de la traite du castor et du système financier ; la situation fut encore aggravée par les mauvaises récoltes en 1713 et 1714. Au moment où il quitta la colonie, l’économie était en train de se rétablir rapidement. La traite du castor s’était remise de sa crise prolongée et il y avait des signes manifestes d’expansion dans l’exploitation forestière, la construction navale, les pêcheries et la culture du chanvre. Par exemple, 47 scieries fonctionnaient en 1726, alors qu’aucune ne figure dans le recensement de 1712. L’agriculture demeurait incontestablement le secteur le plus fragile de l’économie. En 1726, le nombre des habitants s’élevait à 29 396 et celui des arpents de terre cultivés à 96 202. Mais bien que depuis 1712 le défrichement eût gagné du terrain sur l’augmentation de la population, les taux de croissance étant respectivement de 81 et 59 p. cent, la colonie faisait face à d’énormes difficultés pour sortir de l’ère d’une agriculture de subsistance. La récolte du blé en 1726 n’atteignit que 14 minots per capita.
Dans ce processus de lente croissance economique, Bégon ne semble avoir joué qu’un rôle marginal. Dans l’histoire de la Nouvelle-France, on peut parler de l’ère de Talon et de l’ère de Hocquart* mais ce n’est pas le cas pour Bégon car, contrairement aux deux autres intendants, il n’a pas suffisamment marqué son époque. C’est grâce à lui si on décida de racheter la monnaie de cartes pour la moitié de sa valeur nominale, et il mérite des éloges pour avoir encouragé la culture du chanvre, mais c’est à peu près tout ce qu’on peut porter à son actif. L’incendie de 1713, à la suite duquel il semble avoir consacré plus d’énergie à ses affaires personnelles qu’à celles de l’Etat, et l’effet paralysant des blâmes dont il fut l’objet en 1716 expliquent en partie ses états de service peu impressionnants mais ne les justifient pas entièrement. De plus, Bégon semble avoir été prédisposé à l’indolence et doué d’une intelligence très moyenne. Le fait d’avoir mis tous ses espoirs dans l’importation d’esclaves noirs pour assurer le rétablissement de l’économie en est un exemple. Il n’eut pas de solution de rechange à offrir lorsque la cour omit à deux reprises de donner suite à sa proposition irréaliste.
N’empêche que Bégon avait beaucoup de qualités attachantes. Il était aimable et généreux. D’après Hocquart, les sommes qu’il investit au Canada « ont moins tourné à son profit qu’à celuy de quantité de malheureux qu’il a fait subsister ». Dans les moments difficiles, et il en connut beaucoup entre 1713 et 1726, il resta toujours serein. Ce sont ces qualités qui en firent l’un des intendants les plus populaires dans l’histoire de la colonie. « Nous perdons un parfait honnête homme et un très digne intendant dans la personne de M. Bégon », écrivait en septembre 1726 Mgr de Saint-Vallier, un homme avare de compliments. En 1732, après avoir décrit les problèmes financiers de Bégon, le chanoine Hazeur de L’Orme concluait tristement : « Il ne mérite pas un sort pareil étant un homme très bon et pacifique, n’ayant fait que du bien en Canada. »
AN, Col., B, 33–50 ; Col., C11A 33–48 ; Marine, B1, 8 ; Marine, C7, 23 (dossier Bégon) ; Section Outre-Mer, G1, 461.— ANQ, Greffe de Florent de La Cetière, 28 oct. 1718 ; Greffe de Claude Louet, 12 oct. 1728.— Archives du ministère des Affaires étrangères, Mém. et doc., Am., 7.— ASQ, Lettres, 0, 50, 51, 53 ; Séminaire, XIV, 4, no 7.— BN, mss, Fr., 29 624.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1947–1948, 137–339.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), I, passim.— Lettres de Claude Bermen de La Martinière, BRH, XXXVIII (1932) : 18–39.— Malgré la remarque de Frégault, dans La civilisation de la Nouvelle-France, à savoir que « la carrière de Michel Bégon mériterait d’être étudiée », il s’est écrit très peu de choses sur cet intendant. Les ouvrages suivants peuvent être considérés comme les plus utiles : Yvonne Bezard, Fonctionnaires maritimes et coloniaux sous Louis XIV : les Bégon (Paris, 1932) ; il s’agit essentiellement d’une étude biographique du père de l’intendant de la Nouvelle-France, fondée en grande partie sur les archives de famille conservées au château de Gemeaux, France. Il existe dans ces archives des lettres personnelles écrites par le Bégon du Canada, mais il a été impossible de les consulter pour la préparation de cet article.— Pierre Dardel, Navires et marchandises dans les ports de Rouen et du Havre au XVIIIe siècle (École pratique des hautes études, Centre de recherches historiques, « Ports, routes, trafics », [15], Paris, 1963) ; Commerce, industrie et navigation à Rouen et au Havre au XVIIIème siècle, rivalité croissante entre ces deux ports ; la conjoncture (Rouen, 1966) ; ces deux ouvrages d’envergure ne font pas mention de Bégon mais donnent une idée générale du Havre à l’époque où Bégon occupa le poste d’intendant.— Dubé, Claude-Thomas Dupuy.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie.— Frégault, La civilisation de la Nouvelle-France ; Le XVIIIe siècle canadien, en particulier, Essai sur les finances canadiennes.— Lanctot, Histoire du Canada, III.— Trudel, L’esclavage au Canada français.— J. F. Bosher, Government and private interests in New France, Canadian Public Administration (Toronto), X (1967) : 244–257.— J.-E. Roy, Notes sur l’intendant Bégon, BRH, IV (1898) : 265–273.— Régis Roy, Michel Bégon, BRH, VIII (1902) : 161–169.— Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France, BRH, XVI (1910) : 229. [y. f. z.]
Yves F. Zoltvany, « BÉGON DE LA PICARDIÈRE, MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/begon_de_la_picardiere_michel_3F.html.
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Auteur de l'article: | Yves F. Zoltvany |
Titre de l'article: | BÉGON DE LA PICARDIÈRE, MICHEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 5 nov. 2024 |