DUGUÉ DE BOISBRIAND, PIERRE, officier de Buade* de Frontenac et son protégé, commandant au pays des Illinois, né le 21 février 1675 à Ville-Marie (Montréal) ; deuxième fils de Michel-Sidrac Dugué* de Boisbriand, seigneur de Mille-Îles, et de Marie Moyen Des Granges, décédé le 7 juin 1736.
C’est sous l’égide du comte de Frontenac que Dugué fit ses premières armes dans la carrière militaire avec le grade d’enseigne réformé dans les troupes de la marine. En 1694, il fut promu enseigne en pied puis, en 1695, reçut sa première assignation militaire en qualité de commandant en second du capitaine Pierre de Saint-Ours. L’année suivante, il était de l’expédition de son cousin, Pierre Le Moyne d’Iberville, qui alla attaquer les établissements anglais de Terre-Neuve. Le dernier engagement contre les Anglais auquel Dugué prit part eut lieu en 1697 ; il faisait alors partie de l’expédition d’Iberville qui avait mission de reprendre le fort York (fort Bourbon) à la baie d’Hudson. L’escadre partit de Plaisance (Placentia) et, après un voyage pénible, Iberville réussit à vaincre une escadre de trois navires de guerre anglais et contraignit Henry Baley, le commandant du fort, à capituler. Iberville retourna alors en France et confia le commandement du fort à son frère, Joseph Le Moyne de Serigny, vraisemblablement avec Dugué pour lieutenant.
Après le traité de Ryswick, en septembre 1697, Dugué fut ramené en France. Dans l’intervalle, Iberville s’était rendu jusqu’à l’embouchure du Mississipi, afin de poursuivre les explorations de Cavelier* de La Salle. Il fit un autre voyage en 1699 et Dugué l’accompagna en qualité d’officier de marine, sur la frégate Renommée. Iberville érigea le fort Mississipi, sur la baie Biloxi, et le plaça sous les ordres de Maltot et de Louis Denys* de La Ronde. Par la suite ceux-ci furent remplacés par Le Moyne* de Bienville, le frère d’Iberville. En août 1699, un ordre royal vint confirmer la nomination de Dugué au poste de major de Biloxi.
Les deux frères Le Moyne fondèrent Mobile en 1702 et plusieurs officiers, dont Dugué de Boisbriand, obtinrent des concessions de terrains sur l’emplacement de la future ville. Deux ans plus tard, obéissant aux ordres de Bienville, Dugué escorta 70 hommes de la tribu des Chicachas à une conférence de paix avec les Chactas mais ces derniers massacrèrent les envoyés chicachas en présence de Dugué et de ses 25 soldats français. Dugué ayant été blessé au cours du combat, les Chactas s’efforcèrent de lui témoigner leur regret de l’incident et lui accordèrent une escorte de 300 guerriers pour rentrer à Mobile. Bien qu’on ne sache rien de Dugué pendant les dix années qui suivirent, il semble qu’il vécut à Mobile. Bienville fut nommé gouverneur en 1714 et il assuma luimême le commandement des forts Natchez et Saint-Jérôme dans l’intention de placer ce dernier fort sous le commandement de Dugué mais on le confia au capitaine Chavagne de Richebourg.
Dugué fut nommé major de la Louisiane en 1716 et commandant de Mobile et de la région environnante l’année suivante ; on lui accorda alors un congé pour retourner en France. À Paris, on l’accueillit comme un homme d’une haute importance. La Compagnie d’Occident venait justement de se porter acquéreur du monopole de commerce d’Antoine Crozat qui s’étendait sur un territoire allant du pays des Illinois jusqu’à la côte, et les directeurs de la compagnie étaient à la recherche de gens capables de les conseiller. C’est ainsi que, au printemps de 1718, Dugué retourna en Louisiane à bord de la Duchesse de Noailles nanti d’une commission de premier lieutenant de roi et d’un siège au conseil de la Louisiane ; quelques mois plus tard, il devenait commandant du pays des Illinois. En décembre de la même année, avec un fort détachement de soldats et quelques mineurs qui partaient à la recherche de gisements miniers, Dugué se mit en route pour la mission jésuite de Kaskaskia. Il arriva à bon port le 13 mai 1719. L’année suivante, il construisit le fort de Chartres, à 16 milles au nord-ouest de Kaskaskia. Il y demeura plusieurs années et malgré son infirmité – il était bossu – il devint très populaire auprès des indiens car il parlait leur langue et il leur portait beaucoup d’intérêt. Il chercha à pénétrer plus avant dans l’intérieur du pays, mais les luttes tribales, l’augmentation du prix des approvisionnements et les difficultés qu’il eut avec Rigaud de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, l’en empêchèrent.
Vers 1720, la Compagnie des Indes connaissait de graves difficultés, en grande partie à cause de querelles intestines. Accusé d’avoir mal administré la colonie, Bienville retourna en France en 1724 et Dugué assuma la charge de gouverneur. Il ne devait pas conserver ce poste très longtemps car on porta aussi des plaintes contre lui ; de plus, il refusa de collaborer avec Jacques de La Chaise, qui était venu faire enquête, ce qui entraîna son rappel. En France, il fut blâmé, dégradé et banni du service du roi. Louis XV lui accorda toutefois une pension de 800# en 1730. Il mourut en France, le 7 juin 1736. Malgré ce qu’a écrit Mgr Tanguay, il ne s’était jamais marié.
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W. Stanford Reid, « DUGUÉ DE BOISBRIAND, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dugue_de_boisbriand_pierre_2F.html.
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Auteur de l'article: | W. Stanford Reid |
Titre de l'article: | DUGUÉ DE BOISBRIAND, PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |