La question des écoles du Manitoba compta parmi les sujets qui eurent des implications sérieuses sur l’unité nationale au cours des années 1880 et 1890. Les éléments épineux des droits religieux et linguistiques furent exacerbés par l’adoption, en mars 1890, de deux projets de loi : l’un qui abolissait le bureau d’Éducation et le remplaçait par un département ministériel, l’autre qui établissait au Manitoba un réseau scolaire public et non confessionnel. Bafoué, le droit d’accès aux écoles séparées pour la minorité catholique locale devint l’enjeu majeur des élections de 1896. La situation alarma, entre autres, une grande partie des électeurs francophones de la province de Québec, dont les votes étaient essentiels à la prise du pouvoir par Wilfrid Laurier. Favorable à un règlement négocié qui rallierait ultimement la majorité anglo-protestante, le chef libéral fut fustigé. Une fois élu, son gouvernement négocia une entente avec son homologue provincial Thomas Greenway : les écoles séparées ne furent pas réinstaurées et on n’autorisa l’enseignement religieux que sous de strictes conditions. Laurier espérait ainsi contenter la minorité catholique, tout en se rendant à la volonté de la majorité protestante du Manitoba.