D’après la Saga des Groenlandais, l’explorateur du Xe siècle Bjarni Herjólfsson aperçut l’Amérique dès 986, mais n’y accosta pas. Quelque temps après l’an 1000, le Scandinave Leifr Eiriksson fit le même voyage que Herjólfsson, mais à rebours, atteignant d’abord des terres couvertes de glaciers puis, entre ceux-ci et le rivage, ce qui semblait être une étendue de roches hautes et plates. Leifr donna à cette région le nom de Helluland (pays des dalles), que l’on peut identifier avec la terre de Baffin. Sébastien Cabot chercha en 1508 un passage maritime au nord du continent et crut lui-même avoir découvert un tel passage. Le chroniqueur espagnol López de Gómara, qui avait peut-être connu Cabot en Espagne, ne craignit pas d’affirmer qu’il se proposait « d’atteindre le Cathay par le nord et d’en rapporter des épices en moins de temps que les Portugais ne mettent pour y aller par le sud ». L’exploration de l’Arctique connut un regain d’intérêt en Europe au début du XIXe siècle. John Barrow, deuxième secrétaire de l’Amirauté et voyageur renommé, la présenta en 1818 comme un débouché idéal pour les officiers et les hommes de la marine, que la fin des guerres napoléoniennes avait condamnés à l’inactivité. Il souhaitait trouver ce passage du Nord-Ouest, qui, pendant les 36 années suivantes, constitua le principal objet des explorations de la marine britannique, et auquel les noms de sir John Franklin, William Edward Parry et John Ross sont aujourd’hui inextricablement liés.