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NAUKANA (Nanton, Manton, Nowkin), WILLIAM (aussi connu sous les noms de Likameen, Lakamine ou Lackaman), employé de la Hudson’s Bay Company et colon, né en 1813 aux îles Sandwich (Hawaï) ; décédé en décembre 1909 et inhumé à Fulford Harbour, Colombie- Britannique.

Selon la tradition familiale, William Naukana était apparenté à la famille royale hawaïenne, peut-être par l’intermédiaire d’un membre de la suite royale appelé Naukane, qui vint sur le littoral nord-ouest de l’Amérique du Nord en 1811 sous le nom de John Coxe. Au xixe siècle, beaucoup de navires marchands d’Europe faisaient escale aux îles Sandwich ou y passaient l’hiver. Parfois, des hommes du lieu, appelés Owhyhees ou plus souvent Kanakas, terme polynésien qui signifie « aborigènes », étaient pris comme membres d’équipage. Certains ne tardaient pas à retourner chez eux ou continuaient leur vie de marins, mais d’autres descendaient à terre lorsque le navire était arrivé à destination. Ceux qui s’attardaient ainsi sur le littoral nord-ouest de l’Amérique du Nord finissaient souvent par travailler dans la traite des fourrures aux côtés des Orcadiens et des Canadiens français, soit à titre de pagayeurs, de forgerons, de journaliers ou d’ouvriers de fermes ou de moulins. À compter du milieu des années 1820, la Hudson’s Bay Company, qui avait hérité des travailleurs kanakas des compagnies qui l’avaient précédée sur le littoral du Pacifique, en recruta d’autres par contrat pour ses postes. Au xixe siècle, 300 ou 400 y furent employés dans la traite des fourrures, et certains demeurèrent en Colombie-Britannique, où ils prirent une part importante à la vie pionnière.

Comme les Kanakas occupaient des positions plutôt humbles dans la traite des fourrures et que l’on modifiait souvent leurs noms, notamment pour en faciliter la prononciation, il est difficile de retrouver leurs traces. William Naukana n’émerge que par endroits des brumes du passé. Peut-être était-il arrivé sur la côte nord-ouest dès 1835, mais c’est seulement en 1845–1846 qu’il commence à figurer parmi les employés de la Hudson’s Bay Company ; il était alors au fort Vancouver (Vancouver, Washington). Il fut employé par contrat dans le district de New Caledonia (Colombie-Britannique) de 1846 à 1848, au fort Langley (près de Langley) en 1848–1849, au Thompson’s River Post (Kamloops) en 1850–1851 et au fort Victoria (Victoria) de 1853 à 1856. Dans sa vieillesse, Naukana évoquait les longues expéditions de chasse qu’il avait faites en territoire inexploré lorsqu’il travaillait pour la compagnie et parlait affectueusement de l’agent principal et gouverneur James Douglas*, qu’il avait bien connu et à qui il avait parfois servi d’interprète. Son nom ne figure plus dans les registres de la compagnie après 1856. Probablement faisait-il partie d’un groupe de Kanakas qui alla par la suite travailler dans l’archipel de San Juan ; du moins, il était là dans les années 1860. On raconte qu’il était d’abord retourné aux îles Sandwich mais que, apprenant que la terre de sa famille faisait désormais partie d’une plantation de canne à sucre, il avait regagné le Nord-Ouest.

Depuis 1859, l’archipel de San Juan faisait l’objet d’un litige entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, et en 1872, les îles furent attribuées aux Américains par un tribunal international d’arbitrage. Bon nombre des Kanakas qui s’y étaient installés décidèrent de passer en sol britannique, où ils avaient plus de libertés civiles, dont le droit de posséder des terres, d’acquérir la citoyenneté et de voter. Naukana et son bon ami John Palua (Palan) s’établirent dans la petite île Portland, juste au sud de l’île Salt Spring, où beaucoup d’autres Kanakas cultivaient la terre et pêchaient. Il passa le reste de sa vie dans l’île Portland et à Isabella Point, dans l’île Salt Spring. En 1889, il fut naturalisé sujet britannique.

Les Kanakas de l’île Salt Spring et des petites îles avoisinantes conservèrent longtemps le sens de leur identité commune. Ils vivaient proches les uns des autres, fréquentaient l’église catholique St Paul, qu’ils aidèrent à construire, célébraient des fêtes traditionnelles qui duraient des semaines et, à partir de la deuxième génération, se marièrent entre eux. La plupart des premiers Kanakas se lièrent à des femmes autochtones, et Naukana ne fit pas exception. Pendant les années 1850 et 1870, il eut un fils qui mourut jeune et six filles. Deux de ses filles épousèrent des compatriotes kanakas, et les autres, des colons européens ou partiellement européens. Il semble que la position d’autorité qui lui avait été attribuée dans la communauté découlait au moins en partie de sa longévité. Il mourut à l’âge de 96 ans et repose à l’église St Paul, aux côtés de plusieurs de ses contemporains pionniers.

Jean Barman

Les anecdotes concernant la vie de William Naukana et transmises dans la famille d’une génération à l’autre nous ont été contées par son arrière-petite-fille, Rosemary Tahouney Unger, de Victoria, au cours d’une entrevue réalisée le 27 juin 1990. Le certificat de naturalisation de Naukana, daté du 5 déc. 1889, a aussi été transmis d’une génération à l’autre et se trouve entre les mains de Rosemary Unger.  [j. b.]

AN, RG 31, C1, 1881, Salt Spring Island, 162 ; 1891, Salt Spring Island, 43.— BCARS, D-19, Portland Island file ; Tape 3807.1 (entrevue réalisée par Amber Hindle avec Jack et Paul Roland, 22 juin 1977).— PAM, HBCA, William Naukana file.— Daily Colonist (Victoria), 23 déc. 1909.— J. K. Duncan, « Minority without a champion : the Kanaka contribution to the western United States, 1750–1900 » (thèse de m.a., Portland State Univ., Portland, Oreg., 1972) ; une version abrégée (25 pages) de cette thèse a été publiée par l’Oreg. Hist. Soc. : J. K. Duncan, Minority without a champion : Kanakas on the Pacific coast, 1788–1850 (Portland, 1972).— Bea Hamilton, Salt Spring Island (Vancouver, 1969).— Susan Kardas, « The people bought this and the Clatsop became rich » : a view of nineteenth century fur trade relationships on the lower Columbia between Chinookan speakers, whites, and Kanakas » (thèse de ph.d., Bryn Mawr College, Bryn Mawr, Pa, 1971).— E. M. Naughton, « Hawaiians in the fur trade : cultural influence on the northwest coast, 1811–1875 » (thèse de m.a., Western Wash. Univ., Bellingham, 1983).— T. K. Ovanin, Island heritage buildings : a selection of heritage buildings in the Islands Trust area (Victoria, 1984 ; réimpr., 1987).

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Jean Barman, « NAUKANA, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/naukana_william_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jean Barman
Titre de l'article:    NAUKANA, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    29 mars 2024