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McGRATH, sir PATRICK THOMAS, journaliste, fonctionnaire, auteur et homme politique, né le 16 décembre 1868 à St John’s, fils aîné de William McGrath et de Mary Bermingham ; décédé célibataire le 14 juin 1929 au même endroit.
Patrick Thomas McGrath souffrait d’un tremblement depuis sa naissance, et un côté de son corps était en partie paralysé. Il fréquenta l’école des Frères chrétiens d’Irlande à St John’s jusqu’à 14 ans, puis fut engagé comme commis à la pharmacie T. McMurdo and Company. En raison de sa santé médiocre, P. T., comme on l’appelait, fut attiré par un travail à l’extérieur, et en 1891 il entra comme reporter à l’Evening Herald de St John’s. En 1894, il deviendrait le correspondant de Terre-Neuve pour le Times de Londres, et il écrirait plus tard pour d’autres journaux et magazines d’Angleterre, du Canada et des États-Unis.
À Terre-Neuve, le succès d’un journaliste dépendait de ses alliances avec les hommes politiques locaux, et McGrath était un porte-parole talentueux pour ceux qu’il appuyait. Au cours des élections générales de 1893, il fut rédacteur en chef par intérim de l’Evening Herald, qui soutenait l’opposition tory dirigée par Moses Monroe* et Walter Baine Grieve. L’année suivante, il fut nommé rédacteur en chef. McGrath était une personne « intrépide », « virulente » et « haïe de beaucoup de gens », dirait de lui en 1967 Peter John Cashin*, fils de sir Michael Patrick Cashin et homme politique lui-même dès les années 1920. McGrath fut plusieurs fois victime de violence physique et fut apparemment forcé à un moment donné « d’engager un garde du corps ayant un permis de port d’arme ».
À la suite de vacances au Canada au début de 1895, McGrath écrivit plusieurs articles favorables au pays dans l’Evening Herald et, plus tard au cours de l’année, il encouragea activement les efforts (vains) de Terre-Neuve pour négocier une union politique avec le Canada. Aux élections générales de 1897, il aida le chef conservateur sir James Spearman Winter* à battre sir William Vallance Whiteway*. Il fut secrétaire particulier de Winter en 1898 lorsque ce dernier participa à la haute commission mixte anglo-américaine qui se tint à Québec pour discuter des pêches dans l’Atlantique. Il ne fut pas choisi pour ce poste seulement pour des motifs partisans, mais aussi pour sa connaissance des conflits sur les pêches mettant en cause la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne, sujet sur lequel il avait écrit dans plusieurs magazines étrangers. Au début des années 1900, il allait aider le gouvernement de Terre-Neuve à préparer sa cause dans des conflits similaires avec la France et les États-Unis.
De 1897 à 1900, McGrath fut greffier adjoint à la Chambre d’assemblée. Aux élections de 1900, il appuya le chef libéral Robert Bond et, quand ce dernier devint premier ministre, il fut nommé greffier de la Chambre en 1901. Lorsque le député de St John’s West, Edward Patrick Morris*, se sépara de Bond six ans plus tard et forma le Parti du peuple, McGrath quitta l’Evening Herald et lança l’Evening Chronicle pour l’appuyer. Aux élections de 1908, qui se terminèrent à égalité, il fut le principal militant en faveur de Morris, tout comme en 1909 quand ce dernier remporta une victoire sans équivoque. Il conserva son poste de greffier de l’Assemblée jusqu’à sa nomination au Conseil législatif en 1912. Comme conseiller, il s’avéra un dialecticien habile et bien documenté. Il mit ses talents à la disposition des gouvernements qu’il appuyait et fut souvent appelé à rédiger les discours sur le budget. Il devint président du conseil en 1915.
En 1911, McGrath avait publié à Londres Newfoundland in 1911 [...], analyse optimiste des conditions politiques, sociales et économiques de l’île. L’ouvrage faisait l’éloge des politiques du gouvernement Morris et des méthodes commerciales de William Duff Reid et de ses frères, propriétaires du Newfoundland Railway et détenteurs de vastes concessions foncières, forestières et minières dans la colonie. L’année suivante, la Chronicle Publishing Company de McGrath acheta l’Evening Herald et le fusionna avec le Chronicle. McGrath devint président de la nouvelle société et rédacteur en chef du Herald. En 1913, le gouvernement Morris fut réélu mais dut faire face à une opposition plus forte, soit la coalition des libéraux et des unionistes; ces derniers étaient dirigés par William Ford Coaker*, qui avait fondé le Fishermen’s Protective Union en 1908. De 1912 jusqu’à ce qu’il quitte le Herald en 1920, McGrath fut l’un des plus âpres critiques de Coaker.
Durant les périodes où Morris s’absentait de Terre-Neuve pour ses obligations gouvernementales, McGrath le tenait au fait de ce qui se passait dans la colonie. Ses lettres, surtout celles des années 1911 à 1914, sont précieuses en raison de leurs commentaires sur la vie politique et sociale locale. Pendant la Première Guerre mondiale, McGrath fut secrétaire honoraire du Newfoundland Patriotic Fund et secrétaire des finances du Newfoundland Regiment. Il contribua à la mise sur pied du Board of Pension Commissioners for Newfoundland, qui administrait les pensions de guerre, et il devint son premier président. En 1917, il présida la commission d’enquête gouvernementale sur le coût de la vie et accéda à la présidence du Food Control Board qui fut établi par la suite. Partisan de la conscription en 1918, il fut fait chevalier cette année-là pour sa contribution à l’effort de guerre. Il trouva la réaction locale à cet honneur démoralisante. « Mais il faut être assez grand pour ne tenir aucun compte de ces vétilles », écrivit-il à un ami.
Aux élections générales de 1919, McGrath appuya le Parti libéral-progressiste dirigé par sir Michael Cashin, qui perdit au profit de l’alliance formée par les libéraux de Richard Anderson Squires* et les unionistes de Coaker. Ce changement de gouvernement l’amena à démissionner de la présidence du Conseil législatif. En 1920, le premier ministre Squires, constatant les connaissances historiques et les talents de McGrath, lui confia la tâche de faire les recherches à l’appui de la cause de Terre-Neuve dans le conflit qui l’opposait au Canada pour la propriété du Labrador. Après avoir consulté Cashin, McGrath démissionna de l’Evening Herald (qui cessa d’être publié plus tard dans l’année) pour entreprendre ce travail. Ses recherches approfondies dans les archives britanniques, canadiennes et américaines jouèrent un rôle clé dans la constitution de la cause juridique qui déboucha, en 1927, sur la décision que le Comité judiciaire du Conseil privé britannique rendit en faveur de Terre-Neuve.
De 1925 jusqu’à sa mort, sir Patrick Thomas McGrath fut de nouveau président du Conseil législatif. À l’occasion, il représenta aussi Terre-Neuve à des congrès internationaux, mais il était surtout occupé à donner des conférences et à écrire des articles sur le conflit frontalier et la Confédération. Il avait été partisan de la Confédération toute sa vie, mais était resté discret sur ses opinions durant les beaux jours de sa carrière journalistique après 1895.
Centre for Newfoundland Studies, Memorial Univ. of Nfld, Arch. (St John’s), coll-175 (P. T. McGrath papers), McGrath à E. P. Morris, 13, 20, 28 juin, 4, 13 juill. 1911 ; McGrath à J. E. J. Fox, 8 avril 1918.— « Articles by Sir P. T. McGrath », Melvin Baker, compil. (photocopie, [St John’s, 1973] ; exemplaire au Centre for Newfoundland Studies).— Melvin Baker, « Prominent figures from our recent past : Patrick Thomas McGrath, [1868–1928] », Newfoundland Quarterly (St John’s), 87 (1992–1993), nº 4 : 37s. (texte accessible aussi sur notre site Web : www.ucs.mun.ca/~melbaker/) ; « Sir Patrick Thomas McGrath : a brief bibliography of his writings » (texte dactylographié, [St John’s, 1974] ; exemplaire au Centre for Newfoundland Studies).— P. [J.] Cashin, « Sir Patrick McGrath, a biography » (émission de radio de la Canadian Broadcasting Corporation, St John’s, 1967 ; transcription au Centre for Newfoundland Studies).— I. D. H. McDonald, « To each his own » : William Coaker and the Fishermen’s Protective Union in Newfoundland politics, 1908–1925, J. K. Hiller, édit. (St John’s, 1987).— Newfoundland Quarterly, 29 (1929–1930), nº 1 : 16.— B. J. Pippy, « Sir Patrick McGrath : a biographical essay » (travail de b.a., Memorial Univ. of Nfld, 1992). [m. b.]
Melvin Baker, « McGRATH, sir PATRICK THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 31 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcgrath_patrick_thomas_15F.html.
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Auteur de l'article: | Melvin Baker |
Titre de l'article: | McGRATH, sir PATRICK THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 31 oct. 2024 |