Marguerite Dizy, dit Montplaisir (1663–1730), a entretenu, avec l’officier François Desjordy Moreau de Cabanac, une relation extra-conjugale qui a fait grand bruit en Nouvelle-France. Mariée très jeune à un coureur de bois de Batiscan, cette chirurgienne cohabite, lors des absences de celui-ci, avec le militaire. Leur liaison génère de vives tensions avec le clergé local, au point de contraindre les autorités de la colonie à intervenir.

DIZY, dit Montplaisir, MARGUERITE (Desbrieux), chirurgienne, née le 10 février 1663 et baptisée le lendemain à Trois-Rivières, fille de Pierre Dizy, dit Montplaisir, et de Marie Drouillet (ou Drouillard), sœur de Michel-Ignace et de Pierre* ; décédée le 20 octobre 1730 et inhumée le lendemain à Batiscan.

Marguerite Dizy attira l’attention des autorités, et plus tard des historiens, du fait de son aventure galante avec le militaire François Desjordy Moreau de Cabanac. Âgée de 14 ans, elle signait, le 4 février 1677, un contrat de mariage avec Jean Desbrieux, qu’elle épousa peu après. Elle en eut un fils, François, qui avait deux ans en 1681. Au recensement de cette année-là, le couple est signalé à Batiscan ; on dénombra un fusil, cinq bêtes à cornes et six arpents en valeur. À en juger par un contrat du 3 juin 1673, la terre de Desbrieux était exploitée par des fermiers ou des engagés, le maître consacrant la plus grande partie de l’année à ses voyages de traite vers les pays des Outaouais (Odawas) et des Népissingues.

Esseulée, Marguerite ne fut pas insensible aux avances de François Desjordy, capitaine réformé d’un détachement de la marine, stationné près de Batiscan. Ils finirent bientôt par cohabiter, en l’absence de Desbrieux. Le 9 février 1694, comme le scandale durait « depuis plusieurs années », les curés de Batiscan et de Champlain, les sieurs Foucault et Bouquin, lurent en chaire un mandement de Mgr de Saint-Vallier [La Croix] interdisant l’entrée de ces deux églises aux amants Desjordy et Desbrieux. (Il ne s’agissait toutefois pas d’une excommunication, comme on l’a parfois prétendu.) L’affaire se compliqua rapidement dans le cas de Desjordy et de son ami Jacques-François Hamelin* de Bourgchemin, beau-frère de Marguerite Dizy, mais ce n’est pas ici le lieu d’en rapporter les péripéties. Dès le mois de mars, Marguerite Dizy présentait une première requête au Conseil souverain, demandant l’annulation du mandement et réparation de l’offense qu’elle disait lui avoir été faite. La tension était vive, notamment entre Foucault et des membres de l’armée. Le gouverneur Louis de Frontenac [Buade*] étant intervenu dans la querelle, y voyant un empiétement possible de l’Église sur le domaine de l’État, le litige fut porté devant le Conseil privé du roi, et bientôt oublié.

Devenue veuve le 27 août 1699, Marguerite Dizy régla les affaires de son mari, décédé à Montréal, apparemment en pleine activité. Puis les traces la concernant se font rares. Elle continua cependant d’habiter Batiscan, ne s’entendant guère mieux avec son curé qu’à l’époque du sieur Foucault. Le 20 juin 1704, en effet, l’intendant François de Beauharnois* rendait jugement contre la veuve Desbrieux, accusée d’avoir calomnié le curé Boy, de Batiscan, et d’avoir répandu ces calomnies. (Juste retour des choses, peut-être, en 1721, Marguerite Dizy devait se pourvoir en justice contre Charles Duteau dit Tourville, coupable d’avoir médit d’elle et de sa famille.)

Marguerite Dizy exerça le métier de chirurgienne ; c’est à ce titre que, le 11 avril 1730, elle signait une attestation de blessures.

André Vachon

AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 4 févr. 1677 ; Greffe de Claude Maugue, 29 mai 1682, 11 sept. 1693, 30 août 1696 ; Greffe de J.-B. Pottier, 22 et 23 sept. 1697.— AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 15 oct. 1700, 30 oct. 1714.— AJTR, Greffe de J.-B. Pottier, 12 oct. 1700, 14 nov. 1701 ; Greffe de Michel Roy, 3 et 10 juin 1673, 4 août 1673.— L’affaire du prie-Dieu à Montréal, en 1694, RAPQ, 1923–24, passim.— Jug. et délib., III, IV, V, passim.— Recensement du Canada, 1681 (Sulte).— Catalogue du Château Ramesay (Montréal, 1962), 151, no 1914.— Ahern, Notes pour servir à lhistoire de la médecine, 171s.— Eccles, Frontenac, 299s., 303.— Gosselin, LÉglise du Canada, I : 114s.— Un compte de « chirurgienne », BRH, XXXII (1926) : 167.— R. Douville, Deux officiers indésirables des troupes de la marine, Cahiers des dix, XIX (1954) : 67–98.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de la Mauricie et du Centre-du-Québec (Trois-Rivières, Québec), CE401-S2, 22 oct. 1730 ; CE401-S8, 11 févr. 1663.— L. C. Jones, « Nicolas Foucault and the Quapaws », Arkansas Historical Quarterly (Fayetteville, Ark.), 75 (2016), no 1 : 4–26.

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André Vachon, « DIZY, dit Montplaisir, MARGUERITE (Desbrieux) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/dizy_marguerite_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
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