Le prêtre et missionnaire Antoine Gaulin (16741740) a passé une longue partie de sa vie auprès des Autochtones d’Acadie, tout en servant les intérêts militaires de la France. Originaire de l’île d’Orléans, il arrive en 1698 chez les Abénaquis de Pentagouet, puis est nommé vicaire général en Acadie quatre ans plus tard. Il utilise alors sa position privilégiée pour inciter les Micmacs (Mi’gmaqs) à combattre les Anglais. Après la prise de Port-Royal en 1710, Gaulin travaille à renforcer la nouvelle colonie à l’île Royale en encourageant les Acadiens comme les Autochtones à s’y installer.

GAULIN, ANTOINE, prêtre du séminaire des Missions étrangères de Québec, missionnaire chez les Abénaquis et les Micmacs (Mi’gmaqs) d’Acadie et de la Nouvelle-Écosse, né à Sainte-Famille, île d’Orléans, le 16 avril 1674 et baptisé le lendemain, du mariage de François Gaulin, fermier, et de Marie Rocheron ; décédé le 6 mars 1740 à Québec et inhumé le lendemain à la cathédrale.

Ordonné prêtre à Québec le 21 décembre 1697, Antoine Gaulin arriva en Acadie en 1698 et, l’année suivante, remplaça l’abbé Louis-Pierre Thury* à la mission des Abénaquis de Pentagouet (près de Castine, Maine). L’abbé Philippe Rageot le secondait dans sa tâche. Durant cette période, l’abbé Gaulin employa tous ses efforts à combattre le commerce d’eau-de-vie que menait Claude-Sébastien de Villieu. Le 5 octobre 1702, Louis Ango Des Maizerets le nommait vicaire général en Acadie. Devenu missionnaire auprès des Micmacs, il utilisa l’écriture hiéroglyphique mise en place par Chrestien Le Clercq* pour appuyer son catéchisme.

C’est à cette époque que Gaulin forma le projet de réunir les Autochtones de la région de Penobscot dans une grande mission, près de Canseau (Canso), pour les éloigner de la Nouvelle-Angleterre tout en renforçant les positions françaises. En 1707, toutefois, les Anglais s’étant emparés des provisions destinées à la nouvelle mission, le projet se trouva contrecarré. La guerre avec les Anglais éclata et la même année Gaulin, avec Bernard-Anselme d’Abbadie de Saint-Castin, mena des guerriers micmacs à la rencontre de John March et de ses troupes. Il procéda aussi à un recensement détaillé de sept villages micmacs, achevé en 1708, dans le but d’évaluer leur potentiel militaire. Après la prise de Port-Royal (rebaptisé Annapolis Royal) en 1710, Gaulin, pour se conformer aux ordres de Pontchartrain, veilla à ce que les Micmacs harcèlent les Anglais pour les empêcher de s’établir fermement en Nouvelle-Écosse. La garnison anglaise était à cette époque sous les ordres de Samuel Vetch et de son adjoint Sir Charles Hobby. Toutefois, Gaulin ne put mener une attaque générale contre Annapolis Royal car le navire qui devait apporter vêtements, armes et munitions aux Micmacs fut capturé par les Anglais.

Entre les années 1717 et 1720, après que la France eut fondé une nouvelle colonie à l’île Royale (île du Cap-Breton), Gaulin réussit à réunir un grand nombre de Micmacs de la péninsule en une grande mission à Antigonish, à l’intérieur du territoire anglais mais près de l’île Royale. Plus tard, il fonda des missions au Cap-Sable, La Hève (Lahave), Shubenacadie et Mirligueche (près de Lunenburg).

Gaulin et ses confrères missionnaires, Justinien Durand* et Félix Pain*, eurent moins de succès dans leurs efforts pour convaincre beaucoup d’Acadiens d’aller s’établir à l’île Royale. Gaulin se rendit en France en 1718 pour demander de l’aide « pour le bien de la religion et l’avantage de la colonie ». Disposant de fonds plus importants, il fut en mesure de faire le recensement de la population acadienne en Nouvelle-Écosse en 1727 et de traduire, avec son aide, Michel Courtin, des prières et un catéchisme en langue micmaque. L’aide financière lui permit aussi de mieux remplir ses devoirs de missionnaire auprès des membres des Premières Nations, de maintenir chez les Acadiens un sentiment de fidélité envers la France et d’empêcher les Autochtones de signer un traité de paix avec les Anglais. Ces diverses activités amenèrent Lawrence Armstrong, le lieutenant-gouverneur d’Annapolis Royal, à le traduire devant le conseil exécutif en 1726 : le conseil réduisit ses fonctions à celles de curé des Mines (Minas, N.-É.). À la même époque, les Français l’accusaient d’inciter les Autochtones à faire la paix avec les Anglais. Toutefois, ces accusations se révélèrent sans fondement. Ces longues années de service avaient ruiné sa santé ; il vécut sans bruit aux Mines jusqu’en 1731, ensuite à Annapolis, et se retira finalement à Québec en 1732.

Les Anglais craignaient Gaulin à cause de l’influence considérable qu’il exerçait sur les Autochtones et les Acadiens ; les Français, dont il était le principal agent de liaison avec les Autochtones, lui faisaient confiance ; et ces derniers l’appréciaient car il avait contracté des dettes conséquentes afin daméliorer leurs conditions de vie.

Un ex-voto dans la basilique de Sainte-Anne de Beaupré représente Gaulin parmi les passagers d’un navire ballotté par la tempête, mais que l’intervention de sainte Anne sauve du naufrage.

David Lee

AN, Col., B, 27, f.28 ; 29, ff.7, 29 ; 33, f.42 ; 34, ff.85, 111v. ; 35, f.32 ; 36, ff.445, 447, 448 ; 37, f.226 ; 42, f.472 ; 48, f.410 ; 49, f.705 ; 50, f.581 ; 52, f.586 ; 53, f.24 ; 55, f.563 ; 57, f.744 ; 58, f.516 ; Col., C11A, 18, ff.139–141 ; Col., C11B, 1, f.249 ; 2, f.237 ; 3, f.42 ; 4, f.251 ; 5, f.358 ; 6, f.77 ; Col., C11D, 4, f.45 ; 6, f.250 ; 7, f.177 ; 8, f.3 – APC, Nova Scotia A, 15, pp.150ss ; Nova Scotia B, 1, pp.96–97, 99–101, 104ss.— ASQ : Fonds Amédée-Gosselin, 49 ; Polygraphie, IX : 23c.— Coll. doc. inédits Canada et Amérique, CF, I (1888) 190–193.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., II : 336s., 385, 466, 504, 566 ; III : 126s.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1939–40 : 337.— N.S. Archives, I : 68–69 ; II : 77 ; III : 204.— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français (6 vol., Montréal, 1910–1934).— Caron, Prêtres séculiers et religieux, BRH, XLVII (1941) : 295.— Bernard, Le drame acadien.— Casgrain, Les Sulpiciens en Acadie.— Gosselin, L’Église du Canada, I : 368 ; II : 229.— Harvey, French régime in P.E.I.— A. A. Johnston, A history of the Catholic Church in eastern Nova Scotia [1611–1827] (1 vol. paru, Antigonish, 1960), I.— McLennan, Louisbourg.— Gérard Morisset, Peintres et tableaux (2 vol., « Les arts au Canada français », Québec, 1936–1937), I : 54.— P.-G. Roy, L’île d’Orléans (Québec, 1928), 363–365.— R. V. Bannon, Antoine Gaulin (1674–1740) : an apostle of early Acadie, CCHA Report, 1952 : 49–59.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S11, 17 avr. 1674 ; ZQ6-S116, 7 mars 1740.— Mi’kmaq hieroglyphic prayers : readings in North America’s first Indigenous script, D. L. Schmidt et Murdena Marshall, édit. et trad. (Halifax, 2006).— William Wicken, « Mi’kmaq decisions : Antoine Tecouenemac, the conquest and the treaty of Utrecht », dans The « conquest » of Acadia, 1710 : imperial, colonial and Aboriginal constructions, J. G. Reid et al. (Toronto, 2004), 86–100.

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David Lee, « GAULIN, ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/gaulin_antoine_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
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Date de consultation:    4 déc. 2025