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STANFIELD, JOHN, homme d’affaires, homme politique, et officier dans la milice et dans l’armée, né le 18 mai 1868 à Charlottetown, fils aîné de Charles Edward Stanfield et de Lydia Dawson ; le 5 juin 1902, il épousa à Truro, Nouvelle-Écosse, Sarah (Sadie) Yorston et ils eurent deux fils ; décédé le 22 janvier 1934 dans cette ville.
John Stanfield naquit deux ans avant que son père, immigrant britannique, ne transfère son usine de lainages de Tryon, dans l’Île-du-Prince-Édouard, à Truro. Après avoir fréquenté des écoles publiques locales, il fit son apprentissage à la Pacific Mills, à Lawrence, au Massachusetts, en vue d’entrer dans l’entreprise familiale. À l’époque, la firme était l’un des plus grands fabricants de textiles au monde. En 1896, John et son frère cadet Frank achetèrent l’entreprise de leur père sur son invitation, avec l’argent qu’il leur prêta à intérêt. Les frères restructurèrent rapidement l’entreprise en décidant de ne fabriquer que des sous-vêtements de haute qualité qui, grâce à un procédé qu’ils mirent au point eux-mêmes, seraient irrétrécissables. Constituée en société en 1902 sous le nom de Truro Knitting Mills Company Limited, l’entreprise fut reconstituée au début de 1906 sous la raison sociale de Stanfield’s Limited ; John en était président et Frank, vice-président et directeur général. John, qui supervisait la production et les aspects techniques des opérations, resta président jusqu’en 1924, quand l’entreprise fut une nouvelle fois réorganisée. Il céda alors son poste à Frank et devint vice-président, fonction qu’il occupa jusqu’à la fin de sa vie.
John Stanfield était davantage un homme politique qu’un homme d’affaires, contrairement à son frère, précoce, doué dans l’un et l’autre rôle. La dynastie Stanfield en politique fédérale débuta avec « l’honnête John », nommé président de la Colchester County Conservative Association en 1906. Lorsqu’une élection fédérale partielle fut déclenchée dans la circonscription en novembre 1907, Stanfield se présenta et, contre toute attente, remporta le siège pour les conservateurs ; par le fait même, il fit une brèche dans la solide phalange composée des 18 députés libéraux victorieux aux élections générales en Nouvelle-Écosse, trois ans plus tôt. Il triompha également en 1908 et en 1911. Il ne fut jamais un débatteur actif ; à Toronto, dans la notice nécrologique que lui consacra le Globe, on lirait qu’il « n’[avait] pas l’habitude des discours ». On évoqua la possibilité d’un poste ministériel pour Stanfield lorsque Robert Laird Borden devint premier ministre, en octobre 1911, mais on oublia la Nouvelle-Écosse dans la constitution du cabinet, tandis que le Nouveau-Brunswick reçut deux portefeuilles (tous deux attribués à John Douglas Hazen). Stanfield dut se contenter du poste de whip en chef du gouvernement.
Les dix années de Stanfield comme député prirent fin avec la crise de la conscription et le remaniement électoral résultant de la formation du gouvernement d’union de Borden en octobre 1917. Il fallait trouver un siège sûr pour Fleming Blanchard McCurdy*, qui avait dû céder la place dans la circonscription de Shelburne and Queens à William Stevens Fielding*, libéral favorable à la conscription que McCurdy avait battu en 1911. On persuada Stanfield de démissionner et McCurdy resta le seul candidat à se présenter dans Colchester aux élections générales de décembre 1917. Des preuves circonstancielles laissent croire qu’on promit à Stanfield, en guise de compensation, le premier poste de sénateur à pourvoir pour la Nouvelle-Écosse. Et, effectivement, après la mort du sénateur William Dennis en juillet 1920, Stanfield accéda à la Chambre haute en février. Cette nomination arriva à point nommé, car le gouvernement du premier ministre Arthur Meighen* fut défait en décembre 1921.
Stanfield se trouvait en Angleterre au déclenchement de la Première Guerre mondiale, en août 1914 ; membre de la milice active, il s’était empressé de rentrer au Canada et d’offrir ses services au ministère de la Milice et de la Défense. En janvier 1916, on autorisa la mise sur pied du 193rd Infantry Battalion et on nomma Stanfield commandant avec le grade de lieutenant-colonel. Populaire auprès des recrues, le bataillon, qu’on appelait le Blue Feather Battalion (« les irrétrécissables de Stanfield »), ne serait jamais opérationnel ailleurs qu’au Canada et en Angleterre. Il serait plutôt démantelé et fournirait des recrues aux unités de combat du front en France. En septembre 1916, Stanfield devint commandant provisoire de la Nova Scotia Highland Brigade, formée plus tôt cette année-là et composée, entre autres, du 193rd Infantry Battalion. Sa carrière militaire se termina prématurément, cependant. Après qu’il eut séjourné outre-mer en octobre, déjà en mauvaise santé, une commission médicale le déclara inapte au service et le démobilisa comme invalide ; on le libéra par la suite de ses fonctions et on l’inscrivit sur la liste des réservistes. Stanfield fut peut-être le seul député en exercice qui mit sur pied et commanda une unité du Corps expéditionnaire canadien.
Au Sénat, Stanfield mena une carrière sans histoire. Les conservateurs fédéraux avaient à peine repris le pouvoir à Ottawa en juillet 1930 que le poste de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse devint vacant. Le désir compréhensible du premier ministre, Richard Bedford Bennett*, de se débarrasser de la vieille garde unioniste discréditée – en particulier de ceux qui ne l’avaient peut-être pas appuyé durant la course à la direction du parti, en 1927 – donna naissance à des rumeurs voulant qu’on catapulte Stanfield à un poste supérieur ; le sénateur en fut insulté et, lorsqu’on lui offrit la charge, la refusa. Le poste alla plutôt à son frère Frank, qui y vit un honneur pour la famille. Il se peut que John ait éprouvé du ressentiment parce qu’on n’avait pas sérieusement envisagé de lui offrir un ministère dans le nouveau gouvernement de Bennett ; ce dernier choisit, comme représentant de la Nouvelle-Écosse, le premier ministre Edgar Nelson Rhodes*, qui quitta alors ses fonctions provinciales.
Après le décès inattendu de John Stanfield à la suite d’un accident vasculaire cérébral, en janvier 1934, son siège au Sénat resta inoccupé durant 18 mois. Ce poste compta parmi les quatre vacants au Sénat pour la Nouvelle-Écosse qui furent pourvus en juillet 1935, dans les derniers jours du gouvernement Bennett. L’historien John English dirait de John Stanfield qu’il était « un manipulateur politique notoire » ; cette description pourrait bien être juste. C’était un militant qui délaissa plus ou moins les affaires au profit des activités partisanes, dans lesquelles il réussit incontestablement. La génération suivante de Stanfield hérita du gène politique : l’un des neveux de John, Robert Lorne*, devint premier ministre de la Nouvelle-Écosse et plus tard chef de l’opposition à Ottawa, et un autre, Frank Thomas, reprit son ancien siège fédéral. Le poste de Stanfield au conseil d’administration de l’Acadia Trust Company, société d’investissement de la famille, dont il avait été président depuis la nomination de son frère Frank à la fonction de lieutenant-gouverneur à la fin de 1930, échut à un troisième neveu, Charles Edward Stanfield II. Quant à ses propres fils, l’un devint ingénieur civil et l’autre fit carrière dans la publicité.
Les papiers personnels ou liés aux activités politiques de John Stanfield semblent avoir disparu ; des particuliers détiennent des dossiers de la Stanfield’s Limited cumulés au cours de sa carrière. On trouve de nombreux renseignements sur ses activités en temps de guerre dans son dossier militaire conservé à BAC, RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 9228-47, et dans les dossiers du 193rd Infantry Battalion (voir « Guide des sources pour les unités du Corps expéditionnaire canadien », Bataillons d’infanterie, 193rd Battalion : www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/Documents/bataillons%20infanterie.pdf (consulté le 19 févr. 2016). Parmi les autres sources primaires d’intérêt figurent : Colchester County Registry of Probate (Truro, N.-É.), no 3883 ; et BAC, R14423-0-6 ; R6113-0-X. Les journaux suivants nous ont été utiles : Acadian Recorder (Halifax), Citizen (Truro), Colchester Sun (Truro), Halifax Chronicle, Halifax Herald et Truro Daily News.
Globe, 23 janv. 1934.— J. L. Colvin, « The sons of the man who made the business », Maclean’s, 1er sept. 1920 : 32–34.— John English, The decline of politics : the Conservatives and the party system, 1901–20 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).— A short history & photographic record of the Nova Scotia Highlanders, 193rd overseas battalion, C.E.F., Lt. Col. John Stanfield, commanding officer (s.l., 1916).
Barry Cahill, « STANFIELD, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stanfield_john_16F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill |
Titre de l'article: | STANFIELD, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2018 |
Année de la révision: | 2018 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |